dimanche 4 mai 2025

Je publie de moins en moins sur le POINT sur cet hebdo inféodé au pouvoir en place car cela semble inutile bien qu’abonné depuis des dizaines d’années !?

 

« Les barrières ont sauté » : le crime organisé menace ouvertement les magistrats car chacun tire la couverture à lui…

L’ENQUÊTE DU DIMANCHE. De plus en plus de juges ou de procureurs font l’objet d’intimidations larvées ou d’avertissement plus directs. La crainte d’une tentative d’assassinat se fait pesante.

Par Sandra Buisson

Publié le 04/05/2025 à 11h00

Selon le ministre de la Justice, 150 magistrats sont ou ont été menacés depuis 2021, notamment par le narcobanditisme. Une quinzaine se trouve actuellement sous protection policière, qu’il s’agisse de magistrats spécialisés dans la lutte contre le terrorisme ou contre la criminalité organisée. © Unsplash/Sipa

« Il nous est, à tous, un jour arrivé de recevoir un petit cercueil », note un magistrat ayant précédemment exercé en Corse. Mais ces dernières années, les menaces visant ces professionnels du droit se font plus inquiétantes et ne sont plus l'apanage d'une « spécificité » de l'île de Beauté, ni même du terrorisme.

En cause, la criminalité organisée, majoritairement dédiée au trafic de stupéfiants, qui charrie dans son sillage des sommes faramineuses et des appétits démentiels, au point de ne supporter aucune entrave au business fût-elle le fruit de l'action d'un juge ou d'un procureur.

« On a changé d'époque, souligne de son côté Franck Rastoul, procureur général près la cour d'appel d'Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). L'exécution des agents pénitentiaires au moment de l'évasion du narcotrafiquant Mohamed Amra a été un choc profond avec des morts sans aucune raison, gratuites. »

« Par ailleurs, désormais, l'assassinat est parfois sous-traité pour un prix dérisoire, pour des motifs futiles, poursuit-il. Le risque devient vertigineux. On confie l'acte de tuer à quelqu'un qui peut même ignorer l'identité de sa cible. Certains de ces exécutants, recrutés sur les réseaux sociaux, ont des comportements absurdes et décorrélés de toute analyse du risque, même pour eux. On connaissait “Uber shit”, maintenant on est passé à “Uber kill”. »

Le statut d'homme de loi ne protège plus

Pour preuve, l'effroi qui s'est répandu dans la magistrature après la soirée du 30 octobre 2024 lors de laquelle quatre individus ont été repérés armés, dans deux véhicules, au pied du domicile du procureur général de Douai (Nord). Quatre Algériens, dont trois sous OQTF (obligation de quitter le territoire français), ont été interpellés, avec un profil de petits délinquants.

Selon une source proche du dossier, « ils savaient qui habitait là ». « L'hypothèse basse est qu'ils venaient faire un home jacking, poursuit cette source. L'hypothèse haute est celle d'un enlèvement avec séquestration. » Pour faire un exemple ? L'enquête devra le déterminer.

Autre fait marquant : en février 2024, dans un village du Var, des individus cagoulés ont incendié des locaux d'un expert judiciaire en informatique, souvent désigné pour éplucher des ordinateurs ou des téléphones de criminels. « Ils ont gagné, nous confie un magistrat. Depuis les faits, il ne veut plus travailler sur des dossiers de criminalité organisée. »

 À Marseille, qui sont ces jeunes tueurs « sans sentiment ni émotion » ? C'est un constat que font tous les magistrats contactés par Le Point : le statut d'homme de loi, de représentant de l'État ne protège plus. « Ce qui était avant une protection, l'autorité institutionnelle, incarnée et respectée, est même devenu un facteur d'exposition supplémentaire au risque », explique Franck Rastoul.

« Ce n'est plus cantonné aux secteurs très sensibles, comme la Corse ou Marseille », constate Xavier Bonhomme, procureur général près la cour d'appel de Nîmes (Gard). « Ça ne concerne pas des centaines de cas mais on a l'impression qu'il n'y a plus de territoires à l'abri de cette menace. Les enjeux financiers sont tels qu'ils sont capables de tout. »

Selon les informations du Point, une enquête est en cours à la Junalco (Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée) concernant un magistrat qui suit ce type d'affaires. Un détenu a dit que « ce serait bientôt son tour ». Il est connu pour avoir déjà été suspecté d'être impliqué dans un homicide.

« Il m'a dit qu'il se vengerait quand il sortirait »

Il y a un an, une autre magistrate en région parisienne a été prise à partie par un prévenu en fin d'audience : « C'était un gros délinquant impliqué dans le narcotrafic, capable de mener une action pour reprendre un territoire, de commanditer un règlement de compte. Au moment du délibéré qui le condamnait, hors de lui, en frappant contre les parois du box, il m'a prise à partie et m'a dit qu'il se vengerait quand il sortirait de prison. »

« Je n'ai pas eu peur, poursuit-elle. On doit aller jusqu'au bout, on a une mission. Mais je prends des précautions, je ne sors plus immédiatement de la salle à la fin d'une audience parce qu'il peut y avoir l'entourage du prévenu. Je ne suis pas sur les réseaux sociaux, j'essaie d'être la plus transparente possible parce qu'on est googlisés et beaucoup de choses se propagent en détention. Il n'y a pas eu de suite après mon signalement à ma hiérarchie. »

 Cette criminalité organisée qui menace (aussi) la République… À ses yeux, la menace issue d'individus impliqués dans la criminalité organisée s'est accrue ces dernières années, arrivant au même niveau que le terrorisme. Une magistrate de la Junalco se rappelle qu'il y a plusieurs années, quand elle exerçait dans une petite ville en région, un homme l'a menacée de mort lors d'un débat dans le bureau du juge des libertés et de la détention. « Il m'a lancé : “J'ai bien ton visage en tête. Tu feras attention dans la rue, si tu sens qu'une voiture te suit.” »

« À travers nous, c'est l'État de droit qui est menacé »

Certaines menaces sont directes, frontales et peuvent être judiciarisées, faire l'objet de sanctions. Cet homme a, par exemple, été condamné à dix mois de prison pour les faits décrits. « Il y a aussi des courriers anonymes, des détenus peuvent parfois en envoyer sous leur vraie identité, il arrive aussi que des auteurs de menaces soient mineurs », souligne un magistrat en poste dans le nord de la France. « Il y a aussi beaucoup de menaces voilées, par exemple, on nous dit qu'un accident pourrait arriver… »

 EXCLUSIF. Laure Beccuau : « Nous piratons les organisations criminelles »

Notre interlocuteur recense, dans les Hauts-de-France, de cinq à six magistrats menacés, qui travaillent sur la criminalité organisée ou le terrorisme. « Les alertes sont prises au sérieux, c'est signalé à la chancellerie. Il peut y avoir des demandes de protection mais il est aussi possible pour ceux qui le souhaitent de changer de service ou de solliciter une mutation », poursuit la même source.

« À travers nous, c'est l'État de droit qui est menacé. Les barrières ont sauté, nous ne sommes pas loin de basculer sur un assassinat de magistrat, et après nous, seront visés les avocats et les journalistes. Parce que nous sommes des empêcheurs de tourner en rond. Ces individus vivent en marge de la loi et ne conçoivent pas qu'on leur impose des règles. »

« Une stratégie perdante pour les organisations criminelles »

Les menaces peuvent se faire également de manière plus pernicieuse. « Dans certaines audiences, vous avez, dans la salle, une sorte de comité de soutien au prévenu qui rend l'atmosphère pesante », relate Christophe Soulard, président du Conseil supérieur de la magistrature.

« Des magistrats préfèrent ne pas quitter les palais de justice par la même porte, parce qu'ils ne savent pas ce qui peut les attendre. J'ai connaissance d'un tribunal où une sortie a été aménagée spécialement pour les magistrats. » La magistrate de la Junalco abonde : « À l'audience, l'entourage des individus jugés peut être oppressant. Parfois ce sont des gens qui viennent s'assurer que le prévenu ne révèle rien de compromettant, par exemple. »

 Face au narcotrafic, la mue des maires de gaucheEst-on sur le point de voir un nouveau juge Michel, ce magistrat qui travaillait sur le narcotrafic et a été assassiné en octobre 1981 à Marseille ? « Les menaces ne vont aller qu'en s'amplifiant, indique au Point Aurélien Martini, secrétaire général adjoint de l'Union syndicale des magistrats (USM). On ne se demande plus si un magistrat peut être victime d'un assassinat ou d'une tentative d'assassinat, mais quand ça va arriver. » Laure Beccuau, procureure de la République de Paris, veut croire, elle, que l'intelligence des malfaiteurs ne les conduira pas à ça.

Un point de vue partagé par l'écrivain et journaliste italien Roberto Saviano, auteur de Giovanni Falcone (Gallimard), un roman-enquête sur le juge anti-Mafia assassiné en Sicile en mai 1992 dans l'explosion de sa voiture. Interrogé par Le Nouvel Obs, en janvier dernier, sur la probabilité que les narcotrafiquants français s'en prennent à un juge, l'auteur de Gomorra expliquait : « Je pense qu'ils ne le feront pas, car c'est une stratégie perdante pour les organisations criminelles. Elle les rend visibles et, par conséquent, la répression est accrue. […] Ils en ont les moyens, mais ils ne le font pas parce que ce n'est pas dans leur intérêt. »

Atmosphère entretenue par certains avocats

Un constat qui n'empêche pas la procureure de Paris de constater, dans une interview au Point en mars, que ce qui s'est passé pour le narcotrafiquant Mohamed Amra démontre que « certains profils sont en mesure de recourir à une violence inouïe, même quand cela ne leur est pas utile ».

La magistrate de la Junalco va au-delà : « Le risque augmente depuis plusieurs années. Les individus mis en cause ont une envergure de plus en plus importante et ils sont de plus en plus nombreux. Quand on a su pour les agents pénitentiaires exécutés pendant l'évasion d'Amra, on s'est appelé avec des enquêteurs et on s'est dit : “C'est nous les prochains. On ne peut plus se réfugier derrière le respect des institutions.” »

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Une atmosphère de menace larvée entretenue par certains avocats qui attisent la situation, multipliant plaintes et demandes de récusation. « Un petit noyau d'avocats a cannibalisé ce contentieux. Ils ont des méthodes qui dépassent les droits de la défense », relate un de nos interlocuteurs.

Des professionnels d'une Jirs (Juridiction interrégionale spécialisée) ont indiqué à Aurélien Martini, de l'USM, qu'il s'agit d'une petite minorité d'avocats : « Certains ont partie liée avec le crime organisé et peuvent relayer des messages de menace, mais c'est toujours très enrobé, ils ne peuvent pas être poursuivis pour ça. Ils “préviennent” de ce qui pourrait se passer, en se faisant passer pour de bons samaritains. »

« Fragilité psychologique »

Un magistrat spécialisé dans la criminalité organisée a dû changer de fonction pour éviter le blocage d'un dossier : « Un homme était déjà renvoyé aux assises et il était mis en examen pour meurtre en bande organisée. L'avocat a déposé une plainte pour faux contre moi au nom de son client et il a fait une requête en récusation. Il savait très bien qu'il y avait peu de chances que cela prospère parce que le faux dénoncé correspondait à un acte juridictionnel. Et il a continué à m'attaquer dans d'autres dossiers, m'accusant de déloyauté, de partialité. »

« J'ai demandé à ma hiérarchie de rappeler au barreau les règles déontologiques, mais on m'a dit de ne pas m'attarder et de continuer à travailler », détaille-t-il. Une réaction qui n'est pas généralisée, souligne toutefois Aurélien Martini, car plusieurs chefs de cours sont déjà montés au créneau sur ce sujet.

 Général Bonneau : « La criminalité organisée menace la cohésion nationale » Parfois, les signalements de menaces se retournent contre le magistrat. C'est ce qu'a ressenti une spécialiste de la criminalité organisée dans le sud de la France, placée sous protection il y a une dizaine d'années parce qu'un détenu avait mis un contrat sur sa tête.

« Ce ne sont pas des choses qui suscitent la bienveillance, explique-t-elle. On vous montre du doigt, en sous-entendant que c'est à cause de votre manière de travailler ou que vous êtes fragile. Certains collègues préfèrent ne pas en parler pour ne pas être dessaisis du dossier ou être taxé de “fragilité psychologique”. »

« La sécurité, un impensé au ministère de la Justice »

Une cellule a été constituée à la chancellerie, en juillet dernier, pour centraliser les demandes de placement sous protection. Elle est en lien avec les services du ministère de l'Intérieur chargés d'évaluer le niveau de la menace et d'y adapter un niveau de protection correspondant. Elle peut inclure une protection physique, des rondes près du domicile, une sécurisation des trajets domicile-travail, notamment.

Selon le ministre de la Justice, 150 magistrats sont, ou ont été menacés depuis 2021, en particulier par le narcobanditisme. Une quinzaine se trouve actuellement sous protection policière, qu'il s'agisse de magistrats spécialisés dans la lutte contre le terrorisme ou contre la criminalité organisée.

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« On peut se réjouir que le sujet vienne dans le débat mais on peut se demander si ce n'est pas un peu tard, réagit Béatrice Brugère, secrétaire générale du syndicat Unité-magistrat FO. La sécurité des magistrats reste un impensé au ministère de la Justice, et ce, même hors de la criminalité organisée, pour les audiences tardives ou de cabinet un peu sensibles. »

« La dernière fois que ce sujet a été évoqué à la chancellerie, c'était avec Jean-Jacques Urvoas, se souvient Béatrice Brugère. Au regard du volume important de magistrats menacés révélé par le garde des Sceaux en mars, il serait intéressant que l'on puisse avoir le détail de ces menaces et prendre toutes les mesures qui s'imposent. Jusqu'à présent, la réactivité sur la protection des magistrats n'a pas toujours été à la hauteur lorsque nous avons signalé des cas de professionnels en difficulté, et la protection du corps non plus. »

« Ne pas attendre un drame pour se poser des questions »

Des solutions, ou au moins des mesures pour se prémunir d'un passage à l'acte, certains magistrats en identifient quelques-unes, détaillées par la magistrate de la Junalco. Elle estime que, comme ses collègues travaillant sur l'antiterrorisme, qui sont d'office placés sous protection, ce devrait être également le cas pour les magistrats travaillant sur les affaires du crime organisé.

Une protection qui peut être compliquée à supporter, comme en témoigne un magistrat parisien travaillant sur le terrorisme : « On perd toute spontanéité dans la vie courante. Même si je descends prendre un café, mon officier de sécurité vient avec moi. Je prends aussi des précautions sur les réseaux, j'y suis sous de faux comptes. Mes proches sont aussi prudents, je leur dis de ne pas se géolocaliser, notamment. »
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Aux yeux de certains interlocuteurs, cette protection ne devrait toutefois pas être automatique mais déclenchée au cas par cas, en fonction de la menace. Pour Éric Corbaux, président de la conférence nationale des procureurs généraux, « il ne faut pas attendre un drame pour se poser des questions. Les magistrats sont des personnages publics, à visage découvert, qui ont des enfants, qui ne vivent pas dans une tour d'ivoire. Ils n'ont pas de logement sécurisé ni de protection particulière. Il n'est pas interdit de penser que, dans certains cas, il faille, par exemple, des appartements réservés ou des moyens d'alerte spécifiques ».

Anonymiser et dépersonnaliser

Plusieurs professionnels, consultés par Le Point, considèrent qu'il serait nécessaire d'anonymiser les magistrats dans les procédures, comme l'explique la magistrate de la Junalco : « Il n'est évidemment pas possible d'être anonyme quand nous siégeons à l'audience. Mais dans les actes d'investigation, c'est faisable. D'ailleurs, ça se fait déjà pour les enquêteurs. Ça démontre bien que l'on considère qu'il y a une dangerosité. Il est même incohérent que cela ne soit pas déjà le cas. »

 À Marseille, la guerre contre les trafics commence à porter ses fruits À Découvrir Le Kangourou du jour Répondre Autre précaution envisagée : la dépersonnalisation. « Il arrive que nous retrouvions le même suspect dans différentes procédures et parfois les individus font une fixette sur le magistrat. Ils pensent qu'il les persécute. Pour pallier ce sentiment, dans notre section, nous avons la possibilité d'attribuer à des magistrats différents les dossiers concernant un même mis en cause. » Une dynamique prônée également par le procureur général près la cour d'appel d'Aix-en-Provence.

Pour autant, les magistrats consultés indiquent ne pas vouloir quitter leur spécialité : « Nous faisons un métier à risque, comme nos collègues de l'antiterrorisme », conclut la magistrate de la Junalco. « Mais il ne faut pas tomber dans la paranoïa ni quitter le navire. Il faut s'équiper face à la menace, monter en puissance dans la lutte contre le crime organisé, et ne pas céder, parce que c'est ce qu'ils cherchent. »

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Mais là je suis indirectement obligé sans en dire plus si on appelait cela : « le plus court chemin vers l’anarchie » : car là c’est grave à cause de nos dirigeants et politiciens mais élus réélus de tous bords par nous-mêmes Français lambda stupides voir nuls ne sachant plus voter ou choisir pour leur destin voir même pour leur sécurité quotidienne dans notre PAYS si libre et démocratique et qui va devenir un pays infréquentable dans cette EUROPE dite UNIE mais bien malade aussi comme la France mal gouvernée et mal protégée par un président bavard réélu et sa clique « macronienne »  inexistante et inutile comme notre 1er ministre choisi par lui et en plus pour le reste des élus députés de l’assemblée nationale par des citoyens et lui donc qui attend 2027 tranquillement : merci à eux tous ( mais qu’ils ne se plaignent pas SVP !? )

Jdeclef 04/05/2025 16h37 LP


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