Ségolène
Royal : « Le capitalisme n'est pas compatible avec l'écologie »
ENTRETIEN.
Covid-19, crise sociale, sécurité, élection présidentielle : l'ancienne
candidate du PS à l'Élysée met en garde le gouvernement… et la gauche.
(Sauf que les conseilleurs ne sont pas les
payeurs elle en sait quelque chose !)
En janvier dernier, Ségolène Royal a lancé sa fondation, Désirs
d'avenir pour la planète (près de 4 000 membres revendiqués). Alors
que le PS tient ce week-end son université d'été à Blois (Loir-et-Cher),
l'ex-candidate à la présidentielle, qui n'y participe pas, s'inquiète de la
division qui règne à gauche à vingt mois de la présidentielle. Ségolène
Royal met également en doute les récentes décisions de l'exécutif face au
Covid-19. Elle est l'invitée de l'entretien politique du Point.
Le Point : Masque obligatoire dans les espaces clos, dans
certaines rues, pour tous les enseignants. Que vous inspirent ces décisions du
gouvernement ?
Ségolène Royal :
Ne passons pas de l'inertie sur les masques à l'obsession monomaniaque qui en
oublie le lavage des mains, plus important ! Ne soyons pas poussés, par la
crainte d'éventuels procès en inaction, vers une tyrannie hygiéniste, très bien
décrite par Bernard-Henri Lévy dans son livre Ce virus qui
rend fou (Grasset). Il ne faudrait pas que des décisions
sanitaires, mal annoncées et excessivement mises en scène, ruinent les premiers
signes encourageants de reprise économique. Quant à cette communication qui
consiste à donner tous les jours le nombre de cas positifs, il faut la revoir
très sérieusement. C'est une stratégie volontaire et malsaine pour faire peur
aux gens, afin qu'ils se replient sur eux-mêmes. Quand j'entends le Premier
ministre dire qu'un lycéen de 15 ans pourra écoper d'une amende à
135 euros s'il ne porte pas son masque… Il faut responsabiliser au
lieu d'infantiliser – les Parisiens étaient prêts depuis longtemps à porter le
masque, au lieu de cet incompréhensible zonage de rues –, faire confiance aux
entreprises et aux villes au lieu de les menacer de sanctions. Nous sommes à un
point de bascule : soit vers la dépression et la peur, soit vers la
volonté et le courage. Il faut remobiliser, au lieu d'accabler.
BHL : « Ce qui m'a frappé, c'est notre incroyable
docilité »
Le confinement a, selon
vous, laissé de lourdes séquelles non traitées.
Oui, et de façon inégalitaire. Voilà un vrai sujet
politique : comment soigner ces dépressions, ces angoisses, ces vertiges
devant la quête de sens de sa vie, les dégradations du relationnel familial, la
distanciation des liens professionnels. Je pense en particulier aux enfants et
adolescents privés d'école, aux personnes de grand âge effroyablement seules
face à la maladie, à la charge mentale des femmes, aux épreuves traversées par
tous les métiers du soin, aux privations de contact avec la nature, le sport,
la culture. Le risque sociologique, humain, c'est celui du repli, ce qu'on
appelle le syndrome de la cabane.
Je ne peux pas accepter que le socialisme disparaisse au moment
où, paradoxalement, ses valeurs sont à l'avant-garde.
Le PS fait sa rentrée ce
week-end à Blois. Ce parti est-il un astre mort ?
Je ne peux pas accepter que le socialisme disparaisse au moment
où, paradoxalement, ses valeurs sont à l'avant-garde, au point d'être
récupérées par la droite et les conservateurs libéraux. Pour gérer la crise que
nous traversons, il faut revenir aux fondamentaux du socialisme : assumer
le rôle de l'État, trop longtemps vilipendé ; conforter les services
publics, qui ont reçu des coups violents en trois ans ; promouvoir la
justice climatique et sociale comme facteur clé d'une croissance durable et
efficace ; mettre au cœur de tout l'éducation, la formation et la culture.
Certains voudraient faire disparaître cette histoire comme s'ils confondaient
le rejet des partis avec un rejet des valeurs que porte le socialisme. Ce n'est
pas parce que l'appareil du parti n'est pas populaire que le socialisme n'est
pas populaire.
Élisabeth Guigou : « Le PS n'a pas su prendre le virage
de la mondialisation »
Olivier Faure se dit prêt
à se ranger derrière un candidat vert à la présidentielle. Prend-il le risque
d'être le fossoyeur du PS ?
Je ne veux pas entrer dans des querelles et des accusations. Mieux
vaut apporter sa pierre que de critiquer. Dans une union, tout le monde doit
faire un pas. J'avais moi-même proposé aux Verts d'être tête de liste aux
européennes en 2019. Je regrette qu'ils aient refusé. Si Yannick Jadot avait
accepté ce ticket, on aurait devancé La République en marche et il serait
aujourd'hui incontestable comme candidat à la présidence de la République.
Vous en avez reparlé avec lui ?
Jamais. Il ne condescend même pas à me prendre au téléphone.
Les Verts veulent partir sous leurs propres couleurs aux
régionales. C'est la grenouille qui veut se faire plus grosse que le
bœuf ?
Je ne partage pas les jugements désobligeants à l'égard de telle
ou telle organisation. Je suis vaccinée, vous le savez, contre tous les mépris
et jugements péremptoires. Peut-être se croient-ils un peu parfois
propriétaires de l'écologie. Mais quand l'écologie aura imprégné toute la
société, tous les partis, comme ils sont nécessairement moins offensifs qu'une
Greta Thunberg, qu'est-ce qu'il leur restera ? Où étaient-ils contre le
glyphosate lors du précédent quinquennat ? Sur les néonicotinoïdes à
Bruxelles ? Il leur arrive de courir après la bataille.
Yannick Jadot, roi du pétrole
Pour gagner la présidentielle, le PS doit-il tendre la main à
Jean-Luc Mélenchon ?
Bien sûr, et à ses électeurs. Mais la question se pose en termes
de projet, pas en termes d'alliance entre appareils.
Ma génération a la responsabilité de sauvegarder cet héritage du
socialisme et de préparer la transmission du flambeau.
Faudra-t-il une primaire pour désigner le candidat de la
gauche ?
Faisons un rêve : les formations de gauche désigneraient
d'abord leur candidat, qu'on départagerait dans une primaire commune. On a vu
les inconvénients de la primaire totalement ouverte, où les électeurs du camp
adverse, pour un euro, peuvent démolir un candidat. Trouvons un système où la
primaire serait ouverte aux militants et élargie à ceux qui acceptent
d'adhérer. Quand j'avais été désignée en 2007, il fallait adhérer au PS pour 20 euros.
Personne n'émerge à ce stade au PS pour 2022. Votre génération
a-t-elle passé son tour ?
Je pense au contraire que ma génération a la responsabilité de
sauvegarder cet héritage du socialisme et de préparer la transmission du
flambeau. Depuis 2017, on s'aperçoit qu'en politique il faut de l'expérience,
avoir pris des coups, subi des échecs. Et je pense que Jean-Luc Mélenchon
partage mon opinion !
Vous voyez Emmanuel Macron réélu ?
La gauche et les écologistes ont une responsabilité historique. Il
faut tout faire pour parvenir à l'union, car le risque est que le représentant
de la droite, qu'il s'agisse d'Emmanuel Macron ou d'un autre, élimine une
nouvelle fois la gauche et se retrouve face au Rassemblement national. Or,
l'incapacité de cette droite, car c'est une droite, à régler les problèmes de
sécurité peut conduire à l'élection de l'extrême droite ! Dans la période
que nous traversons, ce sont les valeurs de la gauche qui peuvent apporter la
solution, pas les représentants du libéralisme, du capitalisme et de la finance
internationale.
Vous seriez prête à y retourner ?
J'ai déjà dit ma volonté de ne pas laisser l'histoire socialiste
disparaître.
Qui est votre modèle en politique ?
François Mitterrand. L'union de la gauche, il l'a faite.
Vous ne croyez pas au « green new deal » du
gouvernement ?
Ce qui me frappe, c'est la timidité des décisions. La leçon, c'est
que le capitalisme n'est pas compatible avec l'écologie. Le capitalisme, qui a
besoin d'une rentabilité à très court terme, ne prendra jamais la décision
d'investir sur le temps long. Quand le gouvernement diminue le prix de rachat
de l'énergie éolienne marine, c'est une catastrophe pour les investisseurs.
Emmanuel Macron est un libéral qui n'a pas compris, car ce n'est pas son
logiciel, que l'État pouvait intervenir comme créateur d'emplois dans le
domaine écologique. Prenez la Mia Electric d'Heuliez que j'ai encouragée,
malgré les dénigrements, quand je dirigeais la région Poitou-Charentes :
elle va entrer en Bourse, après avoir été reprise par un groupe suisse basé à
Munich. L'État aurait soutenu la région, ce serait un fleuron industriel
français depuis dix ans !
Votre successeure Barbara Pompili s'est vu imposer la
réautorisation des néonicotinoïdes « tueurs d'abeilles » pour la
culture des betteraves. Sa première couleuvre ?
On avait déjà vu ce qu'il en était avec Nicolas Hulot qui, écœuré
de ne pas être mieux soutenu, a préféré démissionner. C'est très dur d'être
ministre de l'Écologie, il faut tenir face aux lobbys de tout poil, il faut de
l'épaisseur politique. Je raconte dans mon livre (Ce que je peux enfin vous dire, chez Fayard)
les batailles que j'ai menées avec mes équipes sur le glyphosate, l'huile de
palme, les boues rouges, Sivens ou Notre-Dame-des-Landes. Et sur les
néonicotinoïdes : Barbara Pompili portait le texte de la loi sur la
biodiversité à l'Assemblée, contre le ministre de l'Agriculture qui avait écrit
à tous les députés de la majorité ! J'avais dit à Barbara : ne lâche
pas ! Elle n'aurait pas dû caler, cette fois non plus. Car d'autres lobbys
vont remonter au créneau.
Éric Dupond-Moretti parle des « ayatollahs de
l'écologie »…
Il voit des ayatollahs partout puisqu'il le dit aussi des
féministes. Pourquoi tant de mépris ? La méthode est bien connue dans les
prétoires : pour décrédibiliser une idée ou une action, on l'assimile à sa
caricature, pour mieux l'assigner au silence. Or, dans l'écologie comme dans le
féminisme, on a besoin d'avant-garde, d'audace, même maladroite, peu importe,
pour ouvrir la voie. Sinon rien n'avance. La parole des victimes dérange
l'ordre établi. Les réseaux sociaux ont permis une salutaire révolution.
Cotta – Dupond-Moretti et les « ayatollahs verts »
Roselyne Bachelot trouve davantage grâce à vos yeux !
Oui, je connais ses convictions. Je suis certaine que si elle
avait été ministre de la Culture pendant le confinement, les librairies et les
bibliothèques n'auraient pas fermé leurs portes, que des solutions auraient été
trouvées pour que le spectacle vivant puisse continuer, tout en respectant les
restrictions sanitaires. Il n'est pas plus dangereux d'aller au supermarché que
d'assister à une pièce de théâtre avec un siège sur deux ou trois occupé !
La culture nous a terriblement manqué. Or, le désespoir des entreprises
culturelles en faillite va bien au-delà d'une crise économique. C'est notre âme
qui est blessée.
Vous qui avez défendu l'ordre juste, que pensez-vous des propos de
Gérald Darmanin sur « l'ensauvagement » ?
On attend des actions, pas des formules. Il y a depuis trois ans
une violence sociale qui a commencé, soyons juste, lors des manifestations de
la fin du gouvernement Valls. Les Gilets jaunes, au départ, ce sont des femmes
isolées, des retraités, des gens qui n'arrivent pas à boucler les fins de mois
et qui se révoltent contre un nouvel impôt injuste – la taxe carbone – qui leur
prend ce qui leur reste pour vivre. Quand on ne répond pas à la crise sociale,
on crée de la violence. Car les casseurs viennent se greffer sur les révoltes
liées aux problèmes non résolus. La méthode de maintien de l'ordre pose
question : des mains arrachées, des yeux crevés. D'où une escalade de la
violence et la révolte des jeunes. Et, plus grave, la remise en cause de toute
autorité. On sort d'une phase du quinquennat où on a dénigré le modèle social
français en le présentant comme un système archaïque qu'il fallait
« dégraisser », j'ai même entendu le mot « décrasser », en
qualifiant les Français de Gaulois réfractaires. Or, c'est ce système social
qui a permis d'amortir le choc ! C'est l'ordre juste qui permet de
rétablir le respect de l'autorité. Je souhaite de tout cœur que le gouvernement
y parvienne, car on a besoin de calme pour remettre la France au travail.
En 2007, vous défendiez aussi la France métissée. Vous êtes
inquiète aujourd'hui ?
Comment ne pas l'être ? Je rejoins Jean-Pierre Chevènement
sur cette question du lien républicain, du patriotisme, du respect, du vivre
ensemble. Tous les enfants de France doivent sentir que la République
travaille sans relâche pour l'égalité des chances et pour la récompense du
travail et du mérite. Beaucoup a été fait pour lutter contre les
discriminations et la France est plutôt bien placée, grâce aux services
publics, notamment éducatifs. Mais l'effort doit être soutenu.
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Malgré son incompétence et ses erreurs
qualifiées avérées lors des mandats qu'elle a exercés qui ont créé des trous
financiers béants et elle continue à nous abreuver de ces messages illuminés
sur twitter entre autres médias !
De par son âge (67 ans) devrait être mise à la
retraite d'office, car elle ne sert à rien, un peu comme Mélenchon qui lui est
encore élu, mais tout aussi inutile !
(Et tous les deux se verraient bien président
de notre république !?)
Chez nos politiciens élus ou ex élus en fin de
carrière ou pré retraités ex ministres, il faudrait faire un ménage salutaire
dans ce monde politique qui s'engraisse grâce à nos institutions qui les
favorise et nous force à les supporter, alors qu’ils troublent la politique
française déjà médiocre sans eux, car ils ne servent à rien, souvent quelque
fois vindicatifs ou empêcheurs de tourner en rond, voire vieux bien-pensant
donneurs de leçons, par leurs expériences gouvernementales qu’ils ont exercés
dans le passé si médiocrement !?
Les électeurs français sont ils bêtes ou niais
à ce point là pour les supporter et quelque fois même les réélire et il y en a
d’autres de même acabit que ces deux-là, dans notre monde politique français de
tous bords !
Que les français ne s’étonnent pas si notre
pays va mal, car depuis des décennies on reprend toujours les mêmes, ce n’est
pas comme cela que l’on peut avoir un vrai changement que beaucoup réclament,
on a ce qu’on mérite !
Jdeclef 30/08/2020 11h50