mercredi 26 août 2020

Le départ de la France du MALI devrait être entériné par ce coup d'état plutôt que de s’enferrer dans une possible guerre civile qui ne nous concerne pas !


Situation militaire au Mali : « Tout le monde craint une aggravation du chaos ! »

LETTRE DES ARMÉES. Élie Tenenbaum, chercheur à l'Institut français des relations internationales, revient sur les causes et les conséquences du putsch au Mali.

La plus grosse opération militaire française se trouve à la croisée des chemins. Alors que Paris poussait depuis près d'un an pour que la force Takuba, composée de forces spéciales européennes, se mette en place pour former leurs homologues maliennes à la guerre contre les djihadistes, sa création avait été annoncée fin juillet. Prématurément… Moins de trois semaines plus tard, le patron des forces spéciales maliennes, le colonel Assimi Goita, prenait le pouvoir lors d'un coup d'État. Auteur du très remarqué Partisans et centurions, une histoire de la guerre irrégulière au XXe siècle (Perrin), Élie Tenenbaum est chercheur à l'Institut français des relations internationales (Ifri), coordonnateur des travaux du laboratoire de recherche sur la défense. Il revient sur les causes et les conséquences du putsch au Mali. Sur Takuba, notamment.
Le Point : Comment analysez-vous la situation du terrorisme au Sahel et les réponses qui lui sont apportées ?
Élie Tenenbaum : Le Sahel se trouve face à une menace terroriste devenue insurrectionnelle. Initialement, avant 2012, des groupes djihadistes étrangers à la zone, algériens notamment, s'y sont installés. Mais au fil du temps, surtout après 2013 et l'intervention française au Mali, ils sont parvenus à entrer en résonance avec une partie des aspirations populaires et des mécontentements locaux. Cela s'est d'abord produit dans le nord auprès des populations arabo-berbères, puis dans le centre du Mali en capitalisant sur le sentiment de marginalisation des éleveurs peuls, avant de s'étendre dans le nord et l'est du Burkina Faso à partir de 2016, et enfin dans l'ouest du Niger dès 2017. Actuellement, ce bassin insurrectionnel s'étend, les groupes armés développent une assise territoriale réelle, possèdent des relais dans les villages et les structures sociales. Ils se sont durablement insérés dans l'économie de la violence qui prospère dans cette région sillonnée de longue date par des flux criminels. Face à eux, les États du G5 Sahel semblent perdre pied, gangrenés par la mauvaise gouvernance : cela vaut pour la gestion de leurs armées (politique RH, retards de soldes, etc.), mais s'étend à d'autres missions de service public : justice, fiscalité, éducation, etc. Des régions entières échappent ainsi à leur administration, générant aussi bien l'anomie qu'un contre-pouvoir milicien ou insurgé exerçant une gouvernance de l'ombre. En ce qui concerne les acteurs djihadistes, deux grandes mouvances dominent : le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM) est lié à Al-Qaïda et l'État islamique au grand Sahara (EIGS) s'est affilié à la Province Afrique de l'Ouest du groupe État islamique. Elles sont entrées en conflit et se partagent aujourd'hui des zones d'action.
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Comment agit la France ?
De deux manières. D'une part à travers ce que les militaires qualifient d'attrition, c'est-à-dire l'élimination physique des cadres combattants djihadistes et le démantèlement de leurs réseaux. L'opération Barkhane bien entendu à travers ses groupements tactiques, mais aussi la Task Force Sabre, composée d'élément de forces spéciales qui est la pointe de tungstène de ces actions. Le deuxième volet est la formation des armées locales. Frapper d'un côté, renforcer de l'autre, jusqu'à rétablir un rapport de force favorable permettant une réduction de l'implication française, c'était l'idée. Dans les faits, au cours des dix-huit derniers mois, les armées africaines partenaires ont accumulé les revers et ont subi de lourdes pertes. Malgré son importance (plus de cinq mille hommes), Barkhane ne peut pas être partout. Au début de l'année, la France a désigné l'EIGS comme son adversaire principal, qui évolue pour l'essentiel dans la région des trois frontières. Cela ne signifie pas que l'on renonce à s'attaquer au GSIM, comme le montre l'élimination d'Abdelmalek Droukdel. C'est un point marqué contre Al-Qaïda, mais les grands chefs opérationnels, Iyad Ag Ghali ou Amadou Koufa, courent toujours… Le problème est que l'attrition militaire produite par les Français n'est pas suivie d'effet politique. En clair, les États locaux ne comblent pas les vides. Ils n'offrent pas aux populations d'alternative sociale, économique et politique à l'insurrection. Les responsables militaires le disent assez : ils luttent contre les djihadistes. Aux acteurs politiques, à ceux de la diplomatie et du développement de faire le reste ! Mais tant que l'on n'aura pas changé l'offre politique, le contrat social, dans ces régions, l'insurrection continuera de prospérer.
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À quoi tient cette absence d'effet politique ?
À la délégitimation du pouvoir politique et de ses élites, surtout. On sait quelles crises ont fait naître au Mali les élections législatives de mars-avril, débouchant in fine sur un putsch contre un pouvoir moribond. Au Burkina Faso, un scrutin présidentiel est programmé pour novembre 2020 et il doit avoir lieu au Niger le mois suivant. Ces deux pays sont eux aussi dans la tourmente. L'effondrement de la légitimité des pouvoirs centraux a renforcé les figures politiques locales. Au nord du Mali, il faut compter avec une multiplicité de groupes armés qui sont les vrais détenteurs du pouvoir. Certains, signataires des accords d'Alger de 2015, continuent pourtant à entretenir des liens avec les djihadistes. Doit-on les considérer comme partenaires ou adversaires ? Au Centre, les tensions sont très vives entre des milices d'autodéfense peules, dogon et bambara, avec de très inquiétants phénomènes de violence de masse au cours de l'année 2019. Les exactions, documentées au Mali et au Burkina, des forces étatiques de défense et de sécurité ajoutent également à la décrédibilisation de l'État et viennent alimenter les rangs insurgés permettant aux djihadistes de se poser en protecteurs des populations. Les États en déliquescence se traduisent entre autres par la fermeture des services de base (eau, électricité, santé) et des écoles : en janvier 2020, 1 113 écoles étaient fermées au Mali, avec 350 000 enfants déscolarisés. Les conséquences ne traînent pas : quand les djihadistes récupèrent dans leur giron des enfants de dix ans, ils peuvent en faire des combattants cinq ans plus tard !
Avec quelles conséquences ?
Le coup d'État militaire en est une, dans un contexte de manifestations de masse contre le pouvoir d'IBK. Enkysté dans des querelles picrocholines à Bamako, le régime s'est montré incapable de mener la guerre au centre et au nord du pays. Tout le monde craint une aggravation du chaos, en se souvenant du coup d'État du capitaine Sanogo en 2012, qui a contribué à la course du Mali à l'abîme, les militaires lâchant le nord du pays. J'ai le sentiment que la junte ne souhaite pas que ces événements se reproduisent. Mais qu'en sera-t-il des soutiens internationaux du Mali ? La France restera présente, si le nouveau pouvoir se comporte de façon acceptable, mais que feront les autres Européens et les grands bailleurs, dont l'appui est si nécessaire au fonctionnement du pays ? La junte a dit le 24 août vouloir une transition durant trois ans. Dans cette hypothèse, les pressions internationales risquent de s'accentuer, de même que celles des capitales voisines. Certains n'attendaient qu'un prétexte pour se retirer.
Depuis près d'un an, la France cherche péniblement à mettre sur pied la force Takuba. Ce projet peut-il se poursuivre ?
Le putsch est un coup dur, mais Takuba conserve des chances. Cette initiative est une première fort intéressante pour la France, pour l'Europe, pour le Mali. Ce groupement de forces spéciales doit être associé avec les forces maliennes, notamment pour encadrer la formation des forces spéciales maliennes. Évidemment, les choses auraient été plus simples si le patron de ces forces spéciales, le colonel Assimi Goita, n'était aussi l'homme fort de la junte. S'agissant de la coopération militaire plus généralement, nombre de pays européens sont plus circonspects que la France. Ils ont des exigences compréhensibles en matière de respect des droits de l'homme et des protocoles démocratiques qui font parfois défaut, surtout en ce moment. Pour fonctionner, la coopération militaire a aussi besoin d'une chaîne de commandement lisible et stable. C'est tout ce contexte aujourd'hui remis en question par le putsch. Dans quelle mesure les Européens accepteront-ils de s'associer à un gouvernement qui n'est pas issu des urnes ? À mes yeux, il reste du travail !
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Les maliens veulent une vraie indépendance même si ça débouche sur une dictature militaire plutôt que de voir des troupes française et occidentale sur leur sol !
Ils veulent tirer un trait sur ce colonialisme qui veut leur donner des leçons de blancs qu'ils ont subit depuis 60 ans par des missionnaires ou autres occidentaux européens !

Ce pays en plus est islamisé depuis longtemps avec cette capitale islamique ancienne qu'était TOMBOUCTOU « la ville aux 333 saints » ou « la perle du désert », il s'agit d'une ville historique de renommée mondiale classée par l'UNESCO à plusieurs titres au patrimoine mondial de l'humanité

L'Empire peul du Macina conquiert la ville en 1825.
Après des siècles où Tombouctou est une cité recluse vis-à-vis de l'Occident  son entrée est interdite aux non-musulmans sauf comme marchandise pour le trafic d'esclaves 

Le 20 avril 1828 c'est au tour du Français René Caillié d'entrer dans la cité, dissimulé sous le costume d'un lettré musulman et d'en partir vivant.

Elle était dirigée jusque-là par une élite musulmane payant tribut aux Touaregs.

La conquête et la stabilisation de la ville marque la fin de la pacification des zones du Nord du Mali à la veille de la Première Guerre mondiale

Puisque E.MACRON dit-on aime l'histoire de France et peut être de la décolonisation il faut qu'il retire du MALI et ses zones sahélienne l'armée française !

On ne s'en sortira pas il faut en finir avec l'Afrique francophone ex AOF/AEF !

Ce problème trop grand pour la seule armée française, d'ailleurs les autres européens ne s'y sont pas trompés ils n'aident pas la FRANCE il serait temps que nos dirigeants le comprennent !

Depuis le départ forcé des français après la guerre d'Algérie, il fallait complètement abandonner nos colonies d'Afrique !

De plus après l'Indochine française que l'on a aussi perdue militairement !
Nos dirigeants de tous bords ne savent pas tirer les leçons !

Jdeclef 26/08/2020 14h39

1 commentaire:

  1. Une guerre de 7 ans qui n'aboutit à rien est trop longue et ne mène pas à la victoire !

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