Tunisie :
la citadelle islamiste ébranlée
SÉRIE. La
gestion du mouvement par Rached Ghannouchi, son président depuis vingt-neuf
ans, provoque départs et contestations. Une fin de règne ?
Tunisie : du rififi chez les islamistes
La Choura divisée pour
faire chuter le gouvernement Fakhfakh
Six semaines plus tard, le social-démocrate Elyes Fakhfakh
s'installe à la Kasbah. Ennahdha le soutient, obtenant six ministères. Les
relations ne sont pas au beau fixe, mais « nous ne sommes pas obligés de
nous aimer », lâche un membre d'Ennahdha. Très vite, elles empirent. Le
clan Ghannouchi propose de « tourner la page Fakhfakh », aux
commandes depuis à peine quatre mois. Il faudra trois conseils de la Choura,
l'instance décisionnaire du parti, pour qu'une majorité se cristallise en
faveur du « retrait de la confiance » par 54 voix contre
38.Les débats ont été ardents, laborieux, s'éternisant comme souvent au sein de ce cénacle. Certains estiment qu'il « y a beaucoup à perdre dans cette aventure ». Celui qu'on surnomme en interne le Cheikh (« le sage ») impose ses visées politiques. Malgré la crise du coronavirus, certes jugulé, Ennahdha provoque la chute de l'exécutif. Fakhfakh démissionne le matin et vire les ministres Ennahdha le soir même. Dont Abdellatif Mekki, ministre de la Santé, plutôt apprécié pour sa gestion du sujet. Par cet acte, Rached Ghannouchi défait l'image que peaufinait le parti depuis 2015 : celle d'un élément stabilisateur d'une vie politique byzantine. Le QG de Montplaisir, quartier fiché à l'entrée de Tunis, se lézarde. La gestion Ghannouchi, 79 ans, est devenue trop clanique. Il dirige avec un cercle restreint : l'un de ses fils, Mouadh, son gendre Rafik Abdessalem, des barons qui lui doivent beaucoup. Toute autre ligne politique se heurte aux centurions du Cheikh.
Tunisie : guerre des pouvoirs au sommet de l'État
La gestion Ghannouchi sur le déclin
Les signaux de défiance s'allument. Juillet 2019, Lotfi
Zitoun, conseiller politique de Rached Ghannouchi, démissionne. Il dit que sa
« démission est un conseil en elle-même ». Il pointe la façon dont le
mouvement est dirigé, explique que « pour certains, dominer est devenu un
but en soi, ainsi qu'avoir le monopole de la décision (1) ». Zied Ladhari
démissionnera de ses fonctions exécutives au sein du mouvement fin novembre. Il
expliquera que « les décisions prises n'étaient pas bonnes pour le
pays », qu'elles « n'étaient pas à la hauteur des attentes des
Tunisiens ».Ennahdha qui a souvent été présentée comme un modèle de discipline, d'organisation, ne parvient plus à dissimuler ses querelles internes. « Il y a toujours eu des désaccords, mais ça se réglait en interne et une fois la décision prise, elle était acceptée par tous », décrypte l'un de ses membres. Aujourd'hui, des décisions sont prises à la majorité grâce à l'insistance de Rached Ghannouchi. Hichem Larayedh, fils d'Ali Larayedh, ex-Premier ministre de 2012 à 2014, officialisera son départ. Que le rejeton d'une des figures historiques du mouvement claque la porte, via un post Facebook, n'a rien d'anodin.
La décision de provoquer la chute du gouvernement Fakhfakh accélère les désirs de changement au sein de l'organisation. Lors du prochain congrès, le président Ghannouchi devrait céder son fauteuil de président, règlement intérieur oblige. Aucune date n'a été fixée.
Tunisie : la République des dossiers
Un socle électoral divisé par trois
Ils sont un million cinq cent mille à voter Ennahdha en 2011. Ils
ne seront que cinq cent soixante mille en 2019. S'il demeure le premier bloc
parlementaire, son assise a fondu. Sa base a dû avaler de nombreuses couleuvres
sous le magistère Ghannouchi : vote de la loi de réconciliation
administrative (qui absout ceux qui ont commis des fautes sous la dictature),
alliance avec Nidaa Tounes, le parti de Béji Caïd Essebsi, après les élections
de 2014 (BCE qualifiait alors Ennahdha de « moyenâgeux »),
marginalisation de la justice transitionnelle (alors que des milliers de
sympathisants, torturés et emprisonnés sous Ben Ali, demandaient réparation)…
Quant au bilan de huit années d'exercice du pouvoir, il est économiquement
faible. Presque dix ans après la révolution, qui n'est pas le fait d'Ennahdha,
le bilan de l'ère Ghannouchi se ternit. À presque quatre-vingts ans, l'homme
est désormais contesté par les sympathisants de son parti.Tunisie : la stupéfiante stratégie des islamistes
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Avec la
Libye, voire l’Égypte qui repris un nouveau dictateur pour l'instant...
Depuis les
printemps arabes que les occidentaux croyaient être la solution pour ces pays
de la méditerranée qui c'étaient libérés de leurs dictatures à nos portes sont
des bouillons de culture islamiques !
L'état
islamique (DAESH) n'a pas arrangé cela, sans compter l'Afrique sahélienne et
ces pays africains ou la France et nos soldats par son opération Barkane sont
englués depuis 2013 pour lutter contre djihadisme !
Jdeclef 05/08/2020
16h47
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