lundi 3 août 2020

Cacher les vérités (parce que semble-t-il elles ne sont toutes pas bonnes à dire ?!)


Peggy Sastre – Ne blesser personne, le nouvel impératif

CHRONIQUE. Ce qui nous paraissait anormal est devenu monnaie courante : les écrivains et journalistes sous protection policière. Comment en est-on arrivé là ?


Dans les périodes de crise, il y a souvent cette question que l'on finit par poser : et vous, quand avez-vous pris conscience que quelque chose était en train de basculer ? Le fameux passage entre l'avant et l'après. Bien sûr, ce genre de jalon relève d'une reconstruction. A posteriori, notre esprit tire des fils entre des points qui n'ont rien à voir ensemble pour donner un sens à une réalité dont la complexité nous échappe. C'est une sorte de pansement de la cervelle ou, plutôt, de sac en papier dans lequel on respire quand vient poindre la crise de panique.
Sastre – Le tribunal des bien-pensants
Dans mes synapses surchauffées à moi, c'était un jour de 2016 ou de 2017. J'avais passé la bonne partie d'une soirée à discuter avec un ami journaliste des schismes apparus dans nos rédactions après l'attentat de Charlie Hebdo. Il s'étonnait que les choses soient allées si vite. Que les failles se soient creusées si fort. Que d'anciens camarades de machine à café en soient venus, quasiment du jour au lendemain, à ne plus s'adresser la parole et à (métaphoriquement) cracher par terre au passage de l'un ou de l'autre pour conjurer le mauvais œil d'une cohabitation désormais insupportable pour tout le monde. Moi, comme souvent, je faisais ma blasée. Je lui disais que ce n'était que la dernière métamorphose en date d'antagonismes remontant à très loin et faisant feu de tout bois pour se manifester.

Pourquoi nous privilégions désormais les sujets « à faible charge polémique »

Mes borborygmes sur les racines conflictuelles de notre nature humaine ayant moyennement attisé son attention, j'étais passée au niveau proximal. Je lui avais dit qu'il y avait eu des histoires similaires au moment de la fatwa contre Salman Rushdie et, encore avant, lorsque la « révolution » iranienne excitait des intellectuels bien au chaud à Neauphle-le-Château et glaçait le sang d'autres, ceux qui allaient vite devoir se décider entre la valise ou le cercueil à Téhéran. Qu'encore avant il y avait eu Césaire et Aragon, l'affaire Kravchenko, Victor Klemperer qui notait en douce ces si subtils changements linguistiques affligeant les démocraties qui s'effondrent. Bref, que les temps de tension reviennent à intervalles irréguliers et qu'on n'avait finalement pas tant que ça à se plaindre. (De mes gènes du ghetto, j'ai hérité de la technique de consolation dite « Vus de Babi Yar, tes problèmes, c'est peanuts ». Je vous la conseille, elle est super-efficace).
Peggy Sastre – Une si douce inquisition
À un autre moment de la conversation, je lui disais avoir remarqué une inflexion dans ses articles. Qu'il me semblait avoir changé un fusil d'épaule, ne plus écrire sur des sujets fâchant autant qu'auparavant les foules des réseaux sociaux, ces poissons rouges barbotant dans leur dopamine boostée par algorithmes interposés et tournant de l'indignation de la veille à celle oubliée le lendemain pour une autre. Je lui demandai si la chose était volontaire ou le fait d'ordres venant d'en haut. Sa réponse : que l'évolution était de son propre chef et qu'il avait effectivement préféré se focaliser sur des sujets à « faible charge polémique », de peur qu'une explosion de cocotte-minute réticulaire en vienne à ficher ses shrapnels dans sa santé mentale. Puis il avait ajouté : « Aujourd'hui, en France, il n'y a jamais eu autant de journalistes et d'intellectuels sous protection policière. »
Voilà, moi, elle est là mon épiphanie. La seconde où la grenouille prend conscience de la température de la casserole. Du monde où ce qui était encore anormal en 1989 avec le calvaire de Rushdie est devenu monnaie courante. Une fonction comme une autre dans l'équation du choix rédactionnel. « Sur quoi vais-je écrire aujourd'hui ? Ah, non, pas là-dessus, je risque de surchauffer la bile d'hypersensibles qui voudront me faire la peau, je vais plutôt en rester à un sujet à faible charge polémique. »
Marc Weitzmann : « Les terroristes ont gagné »
Quelques mois plus tard, j'entendais une ancienne journaliste préciser la nouvelle ligne éditoriale qu'elle comptait faire appliquer dans le magazine dont elle était récemment devenue la rédactrice en chef : « J'aimerais que personne ne soit blessé par nos contenus. » La boucle était bouclée. Le schisme ouvert avec les attentats de Charlie Hebdo s'était enfin refermé. Les terroristes avaient gagné.
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Sont une forme de lâcheté intellectuelle quelque fois pernicieuse qui se transforme en censure !

Notamment dans certains médias parce que pas dans ligne des écrits de leurs idées politiques de leurs rédactions, ceci surtout dans les états démocratiques puisque libres !

Mais les rédactions de ces médias qui éditent des chartes de bonne conduite à l’attention notamment des internautes qu’il faut qu’ils respectent (mais interprété quelque fois arbitrairement par des censeurs appelés modérateurs) suivant la ligne politique du média concerné !

Les états totalitaires pour conserver un pouvoir absolu en aliénant la liberté de parole ou d'écriture de leurs peuples pour éviter qu'ils contestent voire manifestent où se révoltent !

Nos pays démocratiques laissent en principe la liberté d'expression comme celle inscrite dans notre constitution française qui est la suprême liberté qu'il faut protéger absolument !

Mais quand le pays va mal ou traverse des crises graves ou la vérité est quelque fois édulcorée voire faussée par les gouvernements et dirigeants bien-pensants donneurs de leçons qui s’ingénient à faire passer leurs vérités, surtout quand ils n’ont pas de solutions pour les problèmes à régler !?

Dans le but conserver la paix civile, mais surtout de protéger leur pouvoir pour nos dirigeants se comportant comme de pseudo monarque éphémère digne de l’ancien régime...

Mais cette censure augmente bien qu’elle ne soit plus autant efficace à cause des réseaux sociaux « poubelles » qui déversent des contre-vérités pas toujours réelles dont il faut trier le vrai du faux !

C’est cela la France du XXI eme siècle ou l’information va à la vitesse de l’éclair mais qu’il faut trier !

Jdeclef 03/08/2020 11h52LP

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