Bruckner : à quoi sert Nicolas Hulot ?
Emmanuel Macron vante le progrès. Mais c'est un prophète de
la catastrophe qui entre au gouvernement, selon le philosophe.
Le Point :
L'écologie ne semblait pas une préoccupation majeure d'Emmanuel Macron. Nicolas Hulot numéro trois
du nouveau gouvernement, est-ce un simple trophée ?
Pascal Bruckner : Nicolas
Hulot est une prise de guerre qui dérobe à la gauche un de ses thèmes de
prédilection. Figure sympathique et populaire, inapte au cynisme, Hulot, avec
son air de Tintin triste qui aurait endossé l'habit de Philippulus (le fou qui
prophétise la fin du monde dans L'Étoile
mystérieuse), n'a jamais varié dans ses convictions depuis vingt ans.
L'occasion lui est donnée de mettre en application une partie de son programme
et donc de quitter la posture de la dénonciation pour celle de la proposition.
Que vous inspire le changement d'appellation
de ministère de l'Écologie, de l'Énergie et de la Mer à ministère de la
Transition écologique et solidaire ?
Les
mots ont leur sens : la transition, c'est encore le mouvement, la marche
vers un avenir meilleur, et l'adjectif solidaire rajoute une petite touche
sociale qui ne nuit pas, même parachuté là de façon arbitraire. Cela veut dire
que le souci environnemental rejoint le combat en faveur des plus faibles.
Déjà
les dames de la Cour, sous l'Ancien Régime, s'entouraient de confesseurs austères
qui leur promettaient les feux de l'enfer si elles persistaient dans leur vie
de plaisirs...
Le Premier ministre, Édouard Philippe, a été
lobbyiste pour Areva, tandis
qu'Hulot souhaite sortir du nucléaire à moyen terme. Quelle cohérence dans tout
ça ?
La
nomination d'Hulot a un double but : lui permettre d'assurer la
fermeture de Fessenheim et d'entériner l'abandon du chantier de
Notre-Dame-des-Landes, que François Hollande n'a
pas osé mettre en oeuvre durant son quinquennat. Le nouveau président a mieux à
faire que de rouvrir un foyer de tension avec les zadistes et les agriculteurs
de Loire-Atlantique. Hulot pourra dire qu'il a mis un terme à l'existence d'une
centrale nucléaire en fin de parcours et qu'il a définitivement enterré la
construction d'un aéroport jugé démesuré par de nombreux habitants. Ne nous
payons pas de mots : Notre-Dame-des-Landes n'aura pas lieu. Les
néo-primitifs violents (écoguerriers, Black Blocs), les éleveurs et les
défenseurs des tritons ont gagné. À méditer pour les prochains chantiers. Il
est très étrange de voir que l'écologie, grande critique des illusions du
progrès, continue à parler le langage du progressisme classique, celui du monde
d'hier et du monde de demain. Elle reste prisonnière du cadre théorique et
historique qu'elle remet en cause. Par ailleurs, je ne suis pas certain qu'on
puisse enterrer le nucléaire d'une simple pirouette, pas plus que le pétrole ou
le gaz de schiste. Pour l'instant, les énergies alternatives n'assurent qu'un
tout petit pourcentage de nos besoins.
Un gouvernement libéral, qui
défend la croissance, est-il philosophiquement compatible avec un ministre qui,
comme son ami Pierre Rabhi, prône la « sobriété heureuse » ?
Sobriété
heureuse était déjà, je crois, le mot d'ordre du régime de Pétain, qui voulait
punir la France d'avoir trop joui. Quant à Pierre Rabhi, dont je ne conteste
pas la sincérité, il est la coqueluche des stars mondiales et du CAC 40. Le
système a besoin d'un contrepoids médiatique et philosophique pour se donner un
supplément d'âme. Déjà les dames de la Cour, sous l'Ancien Régime,
s'entouraient de confesseurs austères qui leur promettaient les feux de l'enfer
si elles persistaient dans leur vie de plaisirs...
Comment voyez-vous l'homme
Hulot ? Surnommé « commandant couche-tôt » par ses proches, il a
des airs de janséniste à mille lieues de l'insouciance de ses années
d'aventures en ULM dans Ushuaia...
Hulot
est la contradiction faite homme : ses adversaires l'appellent
« l'hélicologiste », car il a beaucoup voyagé en hélicoptère. Il
expie par sa mine grave son passé d'animateur télé. Il est riche, sa fondation
est financée par EDF et L'Oréal, mais il s'obstine à contester le monde qui l'a
fait roi et se veut « anticapitaliste ». Il adopte la mine grave de
celui qui prédit l'Apocalypse pour demain matin. Il a été nommé « délégué
spécial à la planète » par Hollande. Rien que ça ! À quand les
délégués au cosmos ? Parler au nom de la nature ou de la planète peut
engendrer une certaine fatuité. On peut leur faire dire n'importe quoi, car
elles ne viendront jamais vous contredire. Le catastrophisme est inséparable
d'une certaine mégalomanie et de la pose prophétique.
L'écologie,
étant devenue le souci de tous, a périmé les partis écologiques
Nicolas Hulot impute à l'homme des
typhons et autres fléaux météorologiques. Lors de la COP21, il est allé jusqu'à
évoquer une sécheresse en Syrie qui aurait contribué à la guerre dans ce
pays...
On
est là dans un mythe moderne et un délire interprétatif qui voudrait relier le
réchauffement climatique et l'élévation du niveau de la mer avec le djihadisme
ou la guerre. C'est la thèse de l'Allemand Harald Welzer. On prend des causes
indirectes pour des causes premières. Pour l'instant, les migrations sont dues
essentiellement à la violence, au fanatisme religieux et à la misère. L'idée
que la nature se vengerait de l'insouciance humaine en déclenchant des tempêtes
relève de la fantasmagorie : par un curieux retour de bâton, on
anthropomorphise Gaïa au moment ou l'on conteste la suprématie de l'homme.
En 2011, il a échoué à la primaire
écologiste et s'est vu reprocher, par la frange gauchiste des Verts, ses liens
avec des multinationales. N'est-ce pas pour vous une bonne nouvelle que
l'écologie redevienne transpartisane ?
La
manière dont les partisans de Mme Joly ont traité Nicolas Hulot
en 2011 est scandaleuse, puisqu'on est allé jusqu'à lui déverser une
poubelle sur la tête en Bretagne. Ces staliniens verts ont gardé les pires
méthodes de l'ultragauche. La vérité, c'est que l'écologie, étant devenue le
souci de tous, a périmé les partis écologiques. Ils sont désormais inutiles. La
preuve : leur absence du scrutin présidentiel. En plus, ils se détestent
entre eux et forment comme autant de sectes.
Vous défendez une « écologie
de la raison ». Quelles seraient pour vous les priorités d'un nouveau
ministre chargé de ce dossier ?
Trois
choses : cesser de criminaliser le genre humain comme si nous étions
coupables d'exister et de vouloir améliorer notre sort. L'écologie de la raison
tente de penser ensemble le développement et la protection de l'environnement.
Ensuite, encourager l'innovation à tout prix : seule la recherche
« sauvera » la planète, si tant est que cette dernière ait besoin
d'être sauvée. En d'autres termes, le remède est dans le mal, dans cette
civilisation industrielle honnie, cette science qui effraie. Il faut
transformer la raréfaction des ressources en richesse des inventions. Enfin, il
est un projet qui me paraît contraire à tous les enseignements de
l'écologie : faire de Paris une ville olympique en 2024. Entreprise
ruineuse, contraire aux engagements de campagne de Mme Hidalgo en 2014, qui va
contribuer à engorger un peu plus la capitale, nous endetter pour des
décennies. Paris est déjà magnifique, il n'a nul besoin d'être olympique. Si
Nicolas Hulot pouvait arrêter cette course folle, motivée par la démesure et la
volonté de puissance, il aurait bien mérité de la patrie.
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E.MACRON l’opportunisme machiavélique
l’a-t-il piégé ?!
Cela semble plus à un mariage de raison avec
"le Macronisme" ou à un faux cadeau pour faire plaisir au bon peuple
gogo !
Car depuis que les écolos (apprentis politique, « empêcheurs de
tourner en rond ») existent les différents gouvernements les ont courtisés
en leur donnant des postes importants aux gouvernements pour des raisons
essentiellement électorales et les résultats après ont été médiocres ?!
Mais celui-ci a une aura envers le peuple par
son passé télévisuel de documentaires spectacles qui l’on fait
connaitre, un vernis qui pourrait craquer!
Pour le reste, « c’est au pied du mur que l’on voit le maçon », car
quand on voit ses prédécesseurs notamment Ségolène royal pour la nommer, on
avait déjà un fiasco ou d’autres connus inutile de les nommer qui se sont
succédés, une galerie de pattes cassées plus médiocres les uns que les
autres !
Alors on est réduit à ce dire pour ce brave
HULOT avec son caractère entier, écologiste semblant pur jus bio, combien de
temps tiendra-t-il, car quand même en opposition avec les idées générales
d’E.MACRON et de son 1er ministre ?!
Jdeclef 24/05/2017 09h44 LP