PS : pronostic vital engagé
Le parti n'a jamais paru aussi proche de l'implosion. Ses
dirigeants ont tenté de sauver les apparences autour d'une nouvelle plateforme
législative. Récit.
"Je
suis partie à 4 h 30 de ma circonscription pour être au
bureau national, et je peux vous dire que je n'avais pas forcément envie de
venir sur Paris ce
matin... » Il est aux alentours de 18 heures ce mardi, et Karine
Berger est tout bonnement lessivée. Il fallait la voir, la députée socialiste
des Hautes-Alpes, dossiers sous le bras, descendre les escaliers de la maison
de la Mutualité tout en gonflant ses joues, au sortir d'une réunion avec près
de 300 candidats aux prochaines législatives. L'air de dire :
« J'en ai plein le dos, mais le plus dur est passé. »Comme la plupart de ses collègues parlementaires ou aspirant à le devenir, elle profite de la conférence de presse du premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis au premier étage pour s'échapper du bâtiment sans avoir à passer devant une forêt de caméras ni répondre aux questions des journalistes. Après la sortie de Manuel Valls le matin même indiquant qu'il souhaitait briguer une investiture sous la bannière de La République en marche, après un interminable bureau national – axé sur la plateforme législative – qui sentait le soufre, personne ne veut faire entendre une voix trop discordante et remettre de l'huile sur un feu qui s'est peu à peu calmé. Chez les dirigeants socialistes, les mots d'ordre sont clairs et partagés : « autonomie » et « unité ».
« Dé-macroniser »
la plateforme
Pourtant,
c'est peu dire qu'ils partaient de loin. Vendredi dernier, deux jours avant la
victoire probable d'Emmanuel
Macron, Paris Match
publiait sur son site internet la première mouture de la plateforme
programmatique rédigée par la direction du PS sous l'autorité du député de
Seine-Maritime Guillaume
Bachelay. Baptisée « Un contrat clair pour la France, une gauche
constructive et solidaire », elle tirait un large trait sur les
propositions faites par Benoît Hamon durant l'élection présidentielle – exit le
revenu universel d'existence, le passage à une VIe République ou encore la
reconnaissance du burn-out – et, surtout, envoyait quelques clins d'œil appuyés
au candidat d'En marche ! : création de 10 000 cellules de
prison dans la décennie, « pas plus de 12 élèves par enseignant
pour 12 000 classes » dans les territoires de l'éducation
prioritaire, et suppression de la taxe d'habitation pour 80 % des
foyers (l'une des mesures phares d'Emmanuel Macron, pourtant décriée par les
socialistes ces trois derniers mois).Le texte fait donc débat, et hérisse les cadres de l'aile gauche. « Au-delà du fait que c'est un programme indigent et, disons-le, pas très bien écrit, il n'y a quasiment rien de la plateforme présidentielle, ce qui est complètement imbécile d'un point de vue politique, fulminait le premier lieutenant hamoniste Guillaume Balas au Point.fr vendredi soir. Sans compter les appels du pied à Macron ! Ce texte n'est pas du tout satisfaisant. Ils sont en train de refermer la parenthèse Hamon alors qu'elle ne fait que s'ouvrir. C'est une erreur. »
En dehors de cette frange contestataire, des critiques se lèvent également dans les rangs peillonistes et chez de nombreux élus locaux – notamment la maire de Nantes, Johanna Rolland – contre la suppression de la taxe d'habitation, jugée non seulement trop marquée « Macron » mais surtout quasi-inapplicable et inefficace. Karine Berger, économiste de formation, soutenue par des maires et les membres de sa motion D (La Fabrique), est « l'une des rares », selon ses termes, à obtenir le droit d'amender la plateforme sur ce point.
Le
nouveau ni-ni du PS
C'est
donc pour débattre de cette « version 2 » que les dirigeants
socialistes se sont retrouvés, ce mardi à 10 h 30, au bureau national
du PS rue de Solférino. Un « BN » exceptionnellement long, près de
trois heures et demie coupées par une suspension de séance, que les uns et les
autres ont vécue, semble-t-il, assez différemment. « L'ambiance était
tendue, avec un sentiment d'urgence à clarifier les choses pour les
législatives. Il est certain que la sortie de Valls n'a rien apaisé »,
confie l'eurodéputée hamoniste Isabelle Thomas. Autre son de cloche chez
Emmanuel Maurel, lui aussi parlementaire européen. Lui assure que la réunion
« n'était pas pourrie » malgré une petite passe d'armes avec
Jean-Marie Le Guen, bien installé dans son envie de rejoindre la majorité
présidentielle. Au final, la plateforme programmatique rebaptisée « Un
contrat clair pour la France, une gauche constructive et vigilante »
a été adoptée sans vote. « Constructive et vigilante » : le
titre symbolise en lui-même l'orientation que souhaite prendre la direction du
PS lors du quinquennat qui s'ouvre. C'est un nouveau ni-ni : ni réelle
opposition à Macron, ni adoubement à son projet.« Vu d'où on partait, franchement, le résultat est moins pire que prévu », confie quelques heures plus tard Emmanuel Maurel devant la maison de la Mutualité. « C'est une plateforme plutôt satisfaisante, souffle quant à elle Karine Berger. Bien sûr, il y a des tiraillements aux deux extrêmes, on peut regretter les prises de paroles notamment de Jean-Marie Le Guen ou de Gérard Filoche, mais il y a une unité qui s'est créée sur ce texte. Le plus important, c'est que les gens qui le lisent se disent qu'ils sont devant une proposition autonome. C'est le cas. » Le jeune Sébastien Lombard, candidat pour la première fois à la députation dans le Val-d'Oise, confirme : il se satisfait de cet entre-deux idéologique. « C'est extrêmement important, les socialistes ont besoin d'être rassurés sur leur utilité », déclare-t-il.
Même du côté de certains hamonistes, on joue l'appel au calme : « Ce programme est la base d'une campagne autonome de la part du Parti socialiste. Il n'y a pas à se placer dans l'opposition puisqu'on ne sait pas encore ce que Macron va faire », commente Alexis Bachelay, porte-parole de Benoît Hamon durant la primaire de la Belle Alliance populaire, face caméra. En privé, celui-ci fait part de son soulagement de voir les clins d'œil macroniens disparaître :"Si les gens comme Stephane Le Foll veulent singer le programme d'En marche !, je leur dis qu'il ne faut pas le faire. Les gens préfèrent toujours l'original à la copie", lâche-t-il.
Et, dans tous les cas, Bachelay – comme Maurel – ne s'interdit absolument pas de porter ses propres revendications dans sa circonscription. Finalement, seul le fidèle hamoniste Guillaume Balas s'est montré vindicatif. « En pratique, Balas s'est retrouvé très esseulé au sein de sa motion, commente un membre du bureau national qui avait publiquement soutenu Benoît Hamon lors de la campagne. Il voulait probablement aller au bout de ce qu'ils s'étaient dit avec Benoît ces derniers jours, mais les gens qui étaient présents ont bien compris qu'on en était plus à discuter de la moindre virgule. » En somme, comme le résume le très pressé Olivier Faure, patron des députés socialistes, avant de faire le service après-vente sur les plateaux télévisés : « La plateforme ne peut convenir à tout le monde, mais il est trop tard pour les tergiversations. »
Trois
lignes et le risque d'une scission
Si
les responsables du parti à la rose s'échinent à mettre en avant l'unité qui
ressort de cette journée à haut risque, le navire socialiste menace toujours de
sombrer. En effet, schématiquement, trois lignes cohabitent plus que jamais au
sein du PS : une aile gauche ouverte à des coalitions avec La France
insoumise de Jean-Luc Mélenchon et les autres forces de la gauche radicale, une
ligne majoritaire dans le ni-ni « constructif mais vigilant », et
enfin une aile droite – emmenée par Jean-Marie Le Guen et le sénateur Didier
Guillaume – tout à fait prête à s'associer sans condition avec Emmanuel Macron.Selon beaucoup de dirigeants, tout se jouera dans les jours à venir. « Les socialos vont atterrir deux fois, indique Emmanuel Maurel. Une première fois quand ils verront, jeudi, la liste des candidats de Macron face à eux, et une seconde fois, lundi prochain, quand celui-ci nommera son Premier ministre. » Si les clés de Matignon sont données à une personnalité issue des Républicains et que les « réformateurs » socialistes continuent leur marche vers le président de la République élu, le risque d'une scission irrémédiable n'est effectivement pas à exclure.
De l'autre côté de l'échiquier rose, Benoît Hamon, dont la parole était attendue par ses soutiens, a annoncé ce mercredi matin sur France Inter qu'il allait lancer, le 1er juillet, son propre mouvement transpartisan afin de « reconstruire une gauche inventive qui dépassera les étiquettes politiques ». Se positionnant clairement dans l'opposition à Emmanuel Macron, le candidat à la présidentielle a indiqué vouloir continuer « à défendre les idées portées lors de [sa] campagne, sur l'écologie, le revenu universel, car elles seront fécondes ». Quelques minutes plus tard, Jean-Luc Mélenchon – qui a rompu les négociations avec le PCF – l'a invité « à quitter le Parti socialiste » pour qu'ils puissent « se rencontrer ». Tiraillé entre deux recompositions à ses deux pôles, le Parti socialiste risque bien de finir par craquer.
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Les français en ont marre de ce vieux parti qui n’a pas su se rénover et il n’y a pas que celui-là, avec ces vieux politiciens usés ringards surnommés « éléphants » à juste titre !
La droite n’est guère en meilleur état !
E.MACRON l’opportuniste (inconnu) que ces partis dénigraient, l’a bien compris !
Ce fait est inscrit dans notre classe politique sclérosée dont tout le monde se plaint à juste titre !
Les français ont commencé (enfin) à réagir positivement, espérons que cela ce concrétisera aux législatives !
Et qu’ils voteront au mieux, comme ils l’ont fait à l’élection présidentielle et ses primaires ultimes fiascos qui ont permis d’éliminer ces ex leaders de tous bords !
Car il n’y a pas d’autres solutions que de changer radicalement !
Après on verra, il faut essayer pour voir le résultat, avec pour une fois volonté et courage et ne plus s’enfermer dans de vieilles habitudes conservatrices que l’on traine depuis trente ans sans évolutions probantes !
Jdeclef 11/05/2017 15h51
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