Comment est façonnée la nouvelle
secte mélenchoniste
De Raphaël Arnault à Louis Boyard,
le leader de La France insoumise constitue un vivier d’élus fidèles qui
portent sa parole sans jamais la contester. Et ne menaceront pas une
future candidature…
Publié le 07/11/2024 à 13h00, mis à
jour le 07/11/2024 à 14h24
Comment est façonnée la nouvelle
secte mélenchoniste
De Raphaël Arnault à Louis Boyard,
le leader de La France insoumise constitue un vivier d’élus fidèles qui
portent sa parole sans jamais la contester. Et ne menaceront pas une
future candidature…
Un soir, dans les jardins à la
française du Palais-Bourbon, Vincent Jeanbrun (Droite républicaine) croise une
poignée de jeunes députés LFI, dont Raphaël
Arnault, et leurs collaborateurs. L'élu du Val-de-Marne, haï par les
hiérarques de La France insoumise pour avoir battu Rachel Keke aux
législatives, assiste à une scène peu ragoûtante.
« Ils se roulaient des
cigarettes dans l'enceinte de l'Assemblée puis crachaient par terre, jetant
leurs mégots au sol ! J'ai halluciné. » Le député garde aussi en
mémoire le regard noir de Paul Vannier, proche de Manuel Bompard, l'apparatchik
en chef de Jean-Luc Mélenchon, qui l'avait alpagué salle des
Quatre-Colonnes : « Vous avez battu la meilleure d'entre nous. On
saura s'en souvenir. »
Déjà, pendant la campagne, « la
meilleure » des Insoumis lui avait hurlé dessus lorsqu'il avait contredit
ses propos de 2022 considérant que la police « contrôle » et
« tue » des enfants en banlieue. « J'aimerais que la police tue
vos enfants pour que vous voyiez ce que ça fait », avait répliqué Rachel
Keke, hors d'elle.
Affalés à même le sol à la buvette
Un tel niveau de violence l'avait
stupéfié. Il semble pourtant endémique dans la jeune garde de LFI. Ce mercredi
30 octobre, le député Insoumis Thomas
Portes, récidiviste en la matière, s'en prenait au sein même de l'hémicycle
à un collègue du RN d'un brutal : « Ferme ta gueule, toi ! On va
s'occuper de toi. »
Fin juillet, c'est une ancienne élue
de droite de l'Assemblée qui s'étouffe en découvrant de jeunes Insoumis affalés
à même le sol à la buvette des parlementaires. « C'était surréaliste.
Comme il n'y avait plus de place, certains étaient assis par terre ! On a
de la chance, ils n'ont pas enlevé leurs chaussures… Il ne manquait plus que
les cracheurs de feu ! » narre-t-elle, effarée. Choc des cultures.
D'autres racontent qu'il n'est pas
rare de croiser Raphaël Arnault en sweat à capuche, l'œil menaçant, comme prêt
à en découdre dans les couloirs de l'Assemblée. Le
cofondateur de la Jeune Garde antifasciste, dont le but assumé est d'aller à la
bagarre avec des « fachos », est fiché S et a été condamné en
février 2022 à quatre mois de prison avec sursis pour violences en
réunion – il a fait appel et reste donc présumé innocent. Après les attaques du
7 Octobre, il saluait « la résistance palestinienne » pour son
« offensive sans précédent sur l'État colonial d'Israël », avant de
supprimer son tweet.
Stéphane
Le Foll : « L'union de la gauche est devenue une camisole
idéologique »
L'élu de 29 ans, qui se dit
« en stage découverte » à l'Assemblée, incarne, avec d'autres jeunes
visages de LFI, cette nouvelle génération mise en avant par Jean-Luc Mélenchon
dans le seul but de conquérir de nouveaux électorats : les jeunes et les
quartiers populaires. Louis
Boyard (24 ans), David
Guiraud (31 ans) et Rima
Hassan (32 ans), dont les prises de position mettent à mal la récente
stratégie de « normalisation » du mouvement, ont carte blanche pour
attirer le plus possible de « gens qui ont intérêt à une politique de
gauche », selon l'expression de Mélenchon.
Et tous
les moyens sont permis. Cette stratégie s'est avérée particulièrement
payante aux européennes de juin : à la faveur d'une
campagne outrancière sur la guerre à Gaza, la liste menée par Manon Aubry a
gagné un million de voix par rapport au scrutin de 2019.
« Il est flippant »
Sans qu'on y prête trop attention,
le chef de La France insoumise façonne une nouvelle génération. Il en fait même
une priorité, car il voit là la réserve de voix qui lui manquent pour, enfin,
accéder au second tour de la présidentielle. Ainsi déclarait-il, lors de la
manifestation du 7 septembre « contre le coup de force de
Macron » – après le refus du président de nommer Lucie Castets, du Nouveau
Front populaire, à Matignon – organisée par le jeune et déjà très
médiatique Manès Nadel, président de l'Union syndicale lycéenne (USL) :
« Il faut mobiliser la jeunesse et les quartiers populaires. Tout le
reste, laissez tomber, on perd notre temps. »
Mathilde Panot, la voix du
maître MélenchonManès Nadel, qui était en première ligne dans les cortèges
contre la réforme des retraites, représente sans doute l'exemple le plus
caricatural de cette jeunesse mélenchonisée. Le soir, avant de se coucher, il a
pris l'habitude d'écouter les discours du chef. Il étudie tout – le verbe, le
style, l'intonation, la gestuelle, le champ lexical – et peut réciter, de tête,
des passages entiers des harangues du tribun Insoumis.
Tant et si bien que le jeune
militant, qui n'a pas encore 18 ans, tend à prendre les traits de son
aîné, âgé de 73 ans… « Il est flippant. C'est l'avatar parfait de
Mélenchon. Il est totalement fanatisé, lobotomisé par le “lider maximo”. Il
incarne un pan de la jeunesse qui perçoit Mélenchon comme un gourou »,
observe un cadre du PCF qui a participé à plusieurs manifestations à ses côtés.
« Comment attirer le regard du
roi ? »
De Louis Boyard à Manès Nadel, en
passant par le député Andy Kerbrat – interpellé
dans le métro parisien alors qu'il achetait de la 3-MMC, drogue de synthèse
fréquemment utilisée lors de soirées « chemsex » –, des milliers de
jeunes s'engagent en politique par et pour Mélenchon. Le patron de LFI « a
compris que l'affect a tendance à remplacer la rationalité, décrypte
l'historien Christophe Bourseiller. Il s'inspire beaucoup des travaux de la
philosophe Chantal Mouffe, qui insiste sur l'importance des passions en
politique. Toute une partie de la jeunesse s'investit dans la FI parce qu'elle
voit en Mélenchon le porte-parole de sa colère. »
Cette stratégie d'inspiration
populiste lui a permis de se constituer un vivier d'élus qui lui doivent tout.
« Comme dans une secte, la concurrence est rude pour approcher le gourou.
Pour grimper dans la hiérarchie du mouvement, les compétences comptent moins
que le niveau de fidélité à Jean-Luc », égratigne un ancien militant
Insoumis.
LFI, le RN et la stratégie de
la cravate « Ça me fait penser au film Ridicule, de Patrice
Leconte. Il y a un effet de cour. Comment attirer le regard du roi ? Par
le buzz. Le problème, ce n'est pas le buzz, c'est la concurrence pour le buzz.
Ça les amène à faire des conneries », abonde Hendrik Davi, qui siégeait
sur les bancs Insoumis de 2022 à 2024 avant d'être
« purgé », comme François Ruffin, Clémentine Autain, Danielle
Simonnet et d'autres, coupables d'avoir osé afficher publiquement leurs
désaccords avec la stratégie de « Jean-Luc ».
Et l'élu marseillais d'oser cette
comparaison, que ne goûtera sans doute pas son ancien « camarade »
anticapitaliste : « La FI est comme une start-up dont le patron,
Jean-Luc Mélenchon, est parti de presque rien. Et, comme dans toutes les
grandes entreprises, le leader charismatique n'aime pas être contredit. »
Échange tendu
Ces jeunes élus partagent un point
commun : leur extraction bourgeoise. Ils ont fréquenté les mêmes facs et
ont, pour la plupart, des parents cadres ou hauts fonctionnaires. La mère de
Manès Nadel était préfète. « Ce sont de jeunes bobos qui parlent à de
jeunes bobos. Remplir une fac à Nanterre, c'est plus facile que de mettre des
gens dans la rue dans une sous-préfecture rurale », raille un député
socialiste qui relève que LFI a méthodiquement mis la main sur une bonne partie
des syndicats lycéens ou étudiants. « Ça leur permet d'écrire sur leurs
communiqués : “À l'appel des organisations de jeunesse”, mais ce sont des
officines Insoumises, des coquilles vides incarnées par des
pantins ! »
Léon Deffontaines, tête de liste
communiste aux européennes, se souvient d'un échange tendu avec Aurélien Le
Coq. « Il m'assurait que les jeunes aspiraient à la radicalité. Je lui ai
répondu : “Quels jeunes ? Les jeunes bien nés, surdiplômés, qui
vivent dans les grandes villes ? Qui va parler aux autres jeunes à part
Jordan Bardella ?” »
Inflexible. Clémence Guetté,
vice-présidente de l’Assemblée nationale, n’hésite pas à recadrer parfois ses
collègues de La France insoumise, comme ceux des autres partis, lors des
débats.
C'est cette même jeunesse qui défile
sur les bancs de l'Institut La Boétie, fondation destinée à devenir le
« phare idéologique de la gauche anticapitaliste », selon
l'expression de sa coprésidente, la députée Clémence
Guetté. « Mélenchon a deux piliers : la gauche culturelle et
radicale sur les questions de société, et la gauche des quartiers populaires.
L'avantage, c'est que ces électorats, qui lui garantissent un socle de 8 à
10 % d'électeurs fidèles, sont compatibles », résume Jean-Yves
Dormagen. Les
sociaux-démocrates ont-ils les moyens de lâcher Mélenchon ? Pour le
fondateur de l'institut Cluster17, le leader Insoumis peut parler à ses
premiers électeurs sans brusquer les seconds. Quand il assène que « la
police tue », il galvanise dans les quartiers populaires, sans choquer à
outrance ceux qui, au sein de la gauche bourgeoise des grandes villes, lui sont
acquis. « Son seul but, c'est de conserver cette rente électorale. Le
reste, il s'en fout. Il fait le choix de radicaliser sa base plutôt que de
l'élargir », regrette Assan Lakehoul, secrétaire général du Mouvement
jeunes communistes de France, assistant social de formation.
« C'est la khmérisation de
LFI »
Ce choix de s'adresser à une partie
de la jeunesse s'inscrit dans la droite ligne de la stratégie édictée par
Jean-Luc Mélenchon et Manuel Bompard, coordinateur national du mouvement :
aller chercher les électeurs du « quatrième bloc ». « Nous avons
encore des marges de progression. Nous assumons d'essayer de faire en sorte que
les abstentionnistes, et les jeunes en particulier, votent davantage »,
expose ce dernier. Reste que la promotion de ces profils jeunes, plus clivants
et radicaux que leurs aînés, témoigne d'une évolution notable. Le contraste
entre le groupe LFI de 2017 et celui de 2024 est saisissant sur les
bancs de l'Assemblée.
Du
buzz à la victimisation : la propagande de La France insoumise
décryptée
Parmi les dix-sept députés élus il y
a sept ans figuraient des personnalités formées, capées intellectuellement. Des
élus critiqués mais respectés, comme Éric Coquerel. Une partie des
71 députés de la promotion 2024 n'a presque aucune expérience et n'a
pas été spécifiquement formée à la politique.
« Un Coquerel ou un François
Ruffin savent faire de la politique. Un Louis Boyard ou un Antoine Léaument
font des TikTok, tranche un ex-militant Insoumis. On avait des bosseurs et,
aujourd'hui, on a des influenceurs. » « La différence avec le groupe
de 2017, c'est que les élus étaient Insoumis. Aujourd'hui, ils sont
mélenchonistes. C'est la khmérisation de LFI », persifle, avec son sens de
la formule, Jean-Christophe
Cambadélis, ancien premier secrétaire du PS.
« Il ne connaît pas le mot
succession »
À l'instar de « Camba »,
ancien trotskiste formé, comme Mélenchon, chez les lambertistes, les militants
de cette génération accédaient à la députation après avoir acquis une solide
culture historique. Aujourd'hui, ils sont propulsés, très jeunes, à
l'Assemblée. Et vite oubliés, aussi. « Chaque génération a vocation à être
remplacée très rapidement par une autre, et la concurrence est rude »,
glisse Hendrik Davi, député « purgé » qui siège désormais avec les
écologistes.
Ce qui pose la question de la
succession de Jean-Luc Mélenchon et, partant, de l'avenir du mélenchonisme.
« Il ne connaît pas le mot succession. C'est impensable. Dans son esprit,
c'est lui ou rien. Il se sert cyniquement de ces jeunes qui sont fans de lui
pour obtenir une nouvelle clientèle électorale et toucher du doigt son rêve,
qui est de débattre au second tour face à Marine Le Pen. C'est tout »,
accuse un autre Insoumis en rupture de ban.
Glucksmann,
Delga et les autres : toujours prisonniers de Mélenchon !
À Découvrir Le Kangourou du jour Répondre Pour
Christophe Bourseiller, Mélenchon reproduit en cela une stratégie de
gouvernance classique qui consiste à s'appuyer sur de très jeunes qui portent
sa parole sans jamais la contester, pour défavoriser les quadras ou quinquas
qui menaceraient de lui faire de l'ombre. « Ça lui permet de continuer à
régner. »
Ceux qui connaissent bien ce roué
politique n'ont pas l'ombre d'un doute sur le fait qu'il sera candidat à la
prochaine présidentielle. Beaucoup se souviennent de cette phrase qu'il avait
lâchée à quelques proches durant la présidentielle de 2017 : « Georges
Clemenceau a bien pris le pouvoir à l'âge de 76 ans, et la médecine a
progressé depuis. » Pour le jeune Manès Nadel et les autres, la relève
attendra…
De toute façon quand on voit comment
les électeurs lambda français qui votent ou choisissent (quand ils le font et si
mal) dans nos pays LES PLUS libres et démocratiques du monde comme aux USA avec
TRUMP qui a enfoncé une porte ouverte vindicatif et aussi mal élevé que notre
MELENCHON ces 2 vieux tribuns aboyeurs de foire cela confirme la pauvreté de
nos politiques intérieures et internationales à cause de peuples devenus peut être
ignares apathiques on ne s’intéressant plus à leur avenir et de toute façon la vie humaine
se résume à 80 ans en moyenne donc beaucoup se réfère « au chacun pour soi »
tout comme notre petit bourgeois de Macron bon chic bon genre grand discoureur donneur
de leçon hypocrite qui lèche les bottes de TRUMP reprenant le passé car n’ayant
aucun amour propre ( mais il n’y a pas que lui les autres avant chez nos présidents
hormis de Gaulle l’exception qui confirme cette règle n’étaient pas meilleurs !?
)
La France est redevenue petite et ne
survit que grâce à cette Europe dite unie mais qui s’effrite rapidement à cause
des Français lambda eux-mêmes qui ne s’y intéressent plus car trop
individualistes et d’autres extrémistes ce qui est plus dangereux de certains
pays et leur dirigeants car le monde entier change mais pas dans le bon sens et
vire au totalitarisme (mais les Français lambda ne semble comprendre rien alors
tant pis pour nous je l’ai déjà dit mais c’est une opinion qui en vaut bien d’autres …!?)
Jdeclef 08/11/2024 16h23
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