Rambouillet
: « On oublie très vite désormais les attentats de ce type »
Selon
Jérôme Fourquet, auteur de « L’Archipel français », il y a une
« colère rentrée » chez les Français, qui apprennent à vivre avec le
terrorisme islamiste.
Directeur
du département opinion de l'Ifop, Jérôme Fourquet est l'auteur de L'Archipel
français (éditions du Seuil), le livre qu'il faut lire pour
comprendre les fractures françaises. À un an de la prochaine élection
présidentielle, le politologue analyse pour Le Point l'état de l'opinion dans notre pays. L'attentat
islamiste de Rambouillet, dans les Yvelines, qui a causé la mort d'une femme
fonctionnaire de police a suscité moins d'émotion que celle du
professeur Samuel Paty il y a six mois. Les Français s'habitueraient-ils
au terrorisme ? Comment la police est-elle perçue ? Cet événement
peut-il influencer les prochaines échéances électorales ? Quels effets
ces six années d'attentats ont-elles eus sur la psychologie du pays ?
Entretien.
Le Point : L'attentat visant la policière de Rambouillet, qui
s'inscrit dans une longue liste d'actes islamistes, peut-il avoir un écho
particulier dans l'opinion ?
Jérôme Fourquet : Cet
acte est d'autant plus marquant qu'il vise une femme, mère de famille, exerçant
un métier administratif (ce qui explique pourquoi elle n'était pas armée). Elle
s'appelait Stéphanie, prénom très commun, ce qui fait que beaucoup de nos
concitoyens peuvent s'identifier à elle. Le mode opératoire de l'assassin, une
attaque au couteau, ajoute à l'effroi.
Plus globalement, la tragédie de Rambouillet s'insère dans une
double série d'événements visant les forces de l'ordre qui témoignent d'un
déferlement de la violence dans le pays.
Il y a tout d'abord la litanie macabre des attentats
islamistes : 17 attentats visant les forces de l'ordre depuis
Mohammed Merah en 2012. On se souvient de ce couple de policiers tué à son
domicile à Magnanville, ville des Yvelines située à 50 kilomètres de
Rambouillet. Un policier fut abattu sur les Champs-Élysées durant la précédente
présidentielle ; on peut aussi citer la policière de Montrouge tuée par
Coulibaly ou bien encore, en octobre 2019, l'attaque de la préfecture de police
à Paris.
Mais, ces dernières années, les forces de l'ordre n'ont pas
seulement été visées par le terrorisme. Elles sont également attaquées en
permanence par des voyous, qui n'ont plus peur d'aller « au
contact ». Les Français assistent à la « désanctuarisation » de
leurs policiers censés les protéger. Dans une cité de Villetaneuse, on a
placardé des portraits de policiers d'Épinay avec le message suivant :
« Dernier avertissement ! »
La mort d'une fonctionnaire de police peut-elle avoir le même
effet sur l'opinion que celle d'un professeur de collège ?
Selon la dernière étude que nous avons réalisée à l'Ifop, plus des
deux tiers des Français éprouvent de la sympathie pour la police et lui
font confiance. Ils se sentent majoritairement solidaires de leurs policiers.
Néanmoins, une part de la population va considérer que cela fait partie
des « risques du métier » et il n'y aura probablement pas la même
mobilisation que pour Samuel Paty. Cela n'enlève rien à l'émotion, mais
l'impact dans l'opinion sera sans doute moins fort.
La figure du
« radicalisé » a rejoint celle du rôdeur violant une joggeuse isolée
ou du pédophile enlevant un enfant.
Quelques heures à peine après les faits, l'attentat de Rambouillet
ne faisait plus l'ouverture des journaux sur certaines radios publiques…
Le terrorisme islamiste se banaliserait-il ?
À l'Ifop, nous avons créé un baromètre mesurant les sentiments des
Français vis-à-vis du terrorisme islamiste. Depuis l'été 2017, nous avons
observé une décrue de la menace terroriste dans la perception des Français. Ils
ont appris à vivre avec cette menace de la même manière qu'ils s'habituent à
vivre avec le Covid. Nous assistons à une « faitdiversation »
du terrorisme islamiste. Celui-ci se banalise. Dans l'inconscient collectif, un
attentat comme celui de Rambouillet, commis à l'arme blanche, faisant une seule
victime, s'apparente désormais presque à un meurtre sordide. La figure du
« radicalisé » a rejoint celle du rôdeur violant une joggeuse isolée
ou du pédophile enlevant un enfant. On oublie très vite désormais les attentats
de ce type. Comme si le corps social s'était mithridatisé à force d'être
confronté à ces actes depuis plusieurs années. Le fait que ces attentats soient
perpétrés par des individus solitaires et non plus par des commandos
organisés renforce ce sentiment de fatalité. On n'est pas à l'abri d'une
mauvaise rencontre, se dit-on…
Est-ce la peur qui explique cette attitude ?
Cette attitude peut être analysée de différentes manières.
Certains y verront une apathie collective. D'autres, au contraire, souligneront
la maturité civique du peuple français, qui ne panique pas. Nous n'avons pas
assisté à des actes de représailles à la suite de tous ces attentats.
Quelques mosquées ont été taguées ou attaquées, mais on n'a pas vu de milices
d'autodéfense se constituer. Je crois qu'il y a une colère rentrée chez les
Français. Pour le moment, le corps social tient et encaisse en serrant les
dents.
Dans la géographie des attentats islamistes, que représente la
ville de Rambouillet ?
Tout d'abord, le fait qu'un attentat islamiste puisse se produire
dans cette petite ville cossue et paisible à 60 kilomètres de Paris
renforce cette impression de « faitdiversation » du terrorisme.
Cela peut arriver n'importe où ! Et pas seulement dans le cœur des grandes
métropoles, dans les banlieues difficiles ou dans les sites touristiques
mondialement connus comme la promenade des Anglais ou le marché de Noël de Strasbourg,
qui avaient été frappés. C'est la France de Houellebecq qui est touchée
désormais par le terrorisme islamiste. Le lotissement pavillonnaire de
Magnanville, la zone logistique de Saint-Quentin-Fallavier, le Super U de
Trèbes, l'église de Saint-Étienne-du-Rouvray, le collège de Samuel Paty
constituent un kaléidoscope de la France moyenne contemporaine, celle dans
laquelle vit une majorité de nos concitoyens… Cela renforce l'inquiétude et
l'effroi des Français.
.
La France, le grand bouleversement
Le dernier attentat, dans la basilique Notre-Dame-De
L'Assomption-de-Nice, remonte à six mois… La menace n'était-elle pas sortie des
radars de l'opinion ?
Auparavant, moins de trois mois s'écoulaient environ entre chaque
attentat. Le fait que six mois nous séparent de la dernière attaque avait sans
doute contribué à faire un peu baisser le sentiment de menace. Pour autant, les
Français, du fait du nombre élevé d'attaques déjà subies, ont plus ou moins
consciemment intégré des repères chronologiques et calendaires. Beaucoup
d'attentats ont été perpétrés un vendredi, comme celui de Rambouillet :
Samuel Paty, le deuxième attentat de Charlie, les attentats du 13 novembre 2015,
l'attaque de Trèbes… Les Français savent désormais que ce jour-là, jour de la
grande prière, il y a un risque plus élevé d'attentat. Surtout si
c'est en période de ramadan, comme nous le sommes aujourd'hui.
Le samedi soir est, lui, désormais associé dans l'imaginaire collectif aux
attaques de mortier contre les forces de l'ordre qui se produisent chaque
semaine dans un ou plusieurs quartiers de France. Et les vacances
scolaires, on le sait aussi, sont propices aux violences urbaines, tout comme
le sont la nuit de la Saint-Sylvestre et, depuis plusieurs années, celle
d'Halloween ou bien encore les soirs de matchs de l'équipe de football
d'Algérie. Tous ces repères sont désormais inscrits dans le paysage mental des
Français et dans le calendrier du ministère de l'Intérieur, qui diffuse pour
l'occasion des consignes de vigilance particulière à ses troupes. C'est la
triste réalité.
À
Rambouillet, l'émotion après l'horreur
Face aux attentats, y a-t-il un réflexe légitimiste ?
Ce temps-là est révolu. Le ralliement au drapeau, c'est terminé.
François Hollande fut probablement le dernier à en bénéficier après les attentats
de Charlie Hebdo
et du Bataclan. Désormais, les critiques contre l'exécutif fusent
immédiatement après une attaque. Macron et son équipe, de surcroît, souffrent
depuis le début du quinquennat d'une défiance sur les sujets régaliens,
défiance qui s'est accentuée ces derniers mois. Les jours précédant l'attentat
de Rambouillet, le président avait certes durci son discours, mais les Français
ont en tête d'autres phrases de lui, notamment sur les violences policières ou
les attentats de 2015, qui nourrissent l'idée d'une insuffisante fermeté.
L'itinéraire du terroriste de Rambouillet pose de nouveau la
question du contrôle de l'immigration…
Pour résumer son itinéraire, on peut dire qu'il est entré
clandestinement en France sous Sarkozy, qu'il n'a pas été expulsé sous Hollande
et qu'il a été régularisé sous Macron. Les parcours des terroristes de
Nice, de Conflans-Sainte-Honorine, de la seconde attaque contre les anciens
locaux de Charlie ou
bien de l'agresseur du photographe de L'Union à Reims posent également la question du
contrôle de l'immigration. Les Français se demandent s'il y a une volonté
réelle de leurs dirigeants de surveiller les frontières et de maîtriser l'accès
au territoire national. Ou bien si on a décidé de baisser les bras, comme
dans le cas du variant brésilien du Covid, où l'on met plusieurs jours à
interrompre les vols depuis le Brésil sous prétexte que « on ne peut rien
faire ». Les Français sont inquiets car ils savent que de nombreux
profils comme celui de ces terroristes circulent en liberté sur leur territoire.
« Que peut-on faire concrètement ? » se demandent-ils. Cette
question leur importe davantage que celle qui consiste à se demander si cela
fait le jeu ou non de Marine Le Pen.
Le débat, à gauche, n’est plus
entre collectivistes et réformistes, mais entre « islamo-gauchistes »
ou « islamo-naïfs » et républicains.
Quel est l'effet des attaques terroristes sur le vote Le
Pen ?
La colère rentrée des Français s'exprime en partie dans les urnes.
Les dernières élections régionales se sont déroulées juste après les attentats
du 13 novembre. Nous avions évalué à trois points l'impact de ces
événements sur le vote lepéniste. Je ne pense pas que l'attentat de Rambouillet
puisse être un point de bascule ou « la goutte d'eau qui va faire déborder
le vase ».
Mais celui-ci va probablement conforter et consolider la solide assise du RN.
Les effets de ces événements continueront à se faire sentir souterrainement.
Ils ont déjà provoqué un déplacement vers la droite du centre de gravité des
débats politiques sur les sujets régaliens. Même à gauche. De ce point de vue,
la mort de Samuel Paty a constitué un tournant. C'est comme si un membre de la
grande famille de gauche était mort. Il y a du sang sur la table. Le débat, à
gauche, n'est plus entre collectivistes et réformistes, mais entre
« islamo-gauchistes » ou « islamo-naïfs » et républicains.
Et le débat est d'une violence inouïe.
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Que l'on fait semblant de
modifier à la base pour calmer le peuple choqué par de tels agissements
criminels !
En France il faut qualifier au
plus haut dans l’échelle des crimes divers par ce type d’attentat ou actes
criminels et les sanctionner avec une extrême sévérité par une justice d’exception
car ces criminels illuminés n’ont aucun respect de la simple vie humaine et ce
depuis 20 ans !
Alors bien sûr ils ont évolués,
ils ont changé de méthode, ils frappent à l’aveugle souvent seul donc moins
détectables et puis une pauvre victime qui était là au mauvais endroit au mauvais
moment !
Ce qui a mis une famille dans le malheur (cela
touche moins que les 100000 victimes du covid...) et puis on l’oubliera comme d’habitude
cette pauvre femme et ses enfants comme pour un simple accident de la route par
exemple...
Et on laissera passer le temps
comme d’habitude et ce type de crimes recommencera car on se pose bien plus de
questions sur les criminels que sur les victimes qui on eut le malheur de
croiser leur route !
Il est impératif que tout ce qui
touche à ce terrorisme islamique et ses dérivés soit décrété cause nationale
prioritaire (comme cette insécurité exponentielle ou tout le monde veut faire
sa loi !
Et soit sanctionné par des
lourdes peines exemplaires en mettant dans la tête de ses criminels, la même
peur qu’ils essaient de distiller en France (sous soi-disant prétexte de
religions obscurantistes moyenâgeuses !)
Car le reste de la part de nos
dirigeants et politiciens de tous bords depuis 40 ans n’est que des discours
qui ne sont que du politiquement correct et qui s’écoutent parler pour ne rien
dire en larmoyant sur les victimes !
Nos politiciens eux ne font
que de la mauvaise politique et rien d’autre en ne servant à rien ces pleutres
élus par nous, il faut impérativement que cela change dans notre Veme
république usée obsolète, car tout va mal dans tous les domaines et
notamment dans notre justice médiocre !
Jdeclef
26/04/2021 10h51LP
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