Malgré les discours hostiles du régime algérien
envers Paris, notre pays reste un eldorado pour toute une partie de la
population, analyse le directeur général de l’Ofii, Didier Leschi.
Par Didier Leschi*
Publié le 15/03/2025 à 11h00
On ne peut comprendre l'exacerbation des tensions
avec l'Algérie si l'on s'en tient au seul récit justificatif des autorités
algériennes. Ou encore à la manière dont elles instrumentalisent notre commune
mémoire douloureuse, avec comme principe actif « Vous nous avez colonisés
pendant cent trente-deux ans, nous avons cent trente-deux ans de droits sur
vous. ».
Une manière d'empêcher les jeunes générations
d'avoir une vision plus nuancée de ce qu'a été la lutte pour l'indépendance. Et
d'occulter le fait que l'ex-puissance
coloniale est, depuis 1962,
le lieu refuge des perdants du régime.
Car l'histoire de l'Algérie indépendante,
jusqu'à aujourd'hui, c'est aussi ce qui leur est tu : l'histoire des
luttes entre factions ponctuées d'assassinats et d'excommunications. C'est
l'élimination des combattants de la première heure comme Abane Ramdane,
partisan du pluralisme politique comme linguistique au sein d'une Algérie
nouvelle, assassiné en 1957. Ou, pour les mêmes raisons, celle de Krim
Belkacem, un des six initiateurs de l'insurrection de novembre 1954.
Un sentiment d'ouverture au monde
Mais le plus célèbre des bannis du régime
autoritaire algérien fut Messali Hadj, grande figure que l'historien
Benjamin Stora sortit de l'oubli. Celui qui impulsa, dès les années 1920,
le combat pour l'autodétermination des Algériens mourut dans l'Oise en 1974,
sans avoir pu fouler le sol de sa patrie libérée, en emportant dans la tombe la
mémoire du drame que fut le massacre par milliers de ses partisans en France
comme en Algérie.
L'autoritarisme qui caractérise l'Algérie
d'aujourd'hui vient de loin. En
1963, Ahmed Ben Bella décida que la nationalité algérienne ne serait
reconnue qu'aux personnes ayant au moins deux ascendants
« musulmans ». Ce fut la manifestation juridique du refus à la fois
des « Européens » et des Juifs, dont la présence était bien antérieure
à l'islamisation. L'instrumentalisation d'un antijudaïsme populaire permet de
dénier à Boualem
Sansal le choix de son avocat parce que juif.
Accords
franco-algériens de 1968 : une genèse compliquée
Alors, comment expliquer à une population de
moins de 30 ans n'ayant été biberonnée qu'à une histoire officielle qui
interdit l'accès aux archives des chercheurs que la
France est le refuge de nombre d'opposants et de victimes économiques du
système d'accaparement des richesses par une minorité légitimant ses prébendes
sous couvert de rente mémorielle ?
Dans les décennies qui suivent l'indépendance
vont fuir vers les bords de la Seine ceux qui espéraient l'émergence d'une
société autogérée comme l'historien Mohammed Harbi (Le FLN, mirage et
réalité, Syllepse, 2024) ; des féministes refusant l'enfermement que
leur réserve un droit de la famille patriarcal calqué sur la charia ; des
écrivains détestés parce que, en excellant en français, ils attestent que la
colonisation est une dimension du passé algérien comme la romanisation est une
dimension de l'histoire de France ; et les perdants économiques et
sociétaux.
L'Algérie connaît une accélération des départs
vers la France de centaines de milliers d'Algériens
rêvant d'une vie meilleure. Quelle explication les autorités peuvent-elles
en donner ? Et quelle explication peuvent-elles donner de l'émotion qui
agite la société algérienne dès que l'ex-puissance coloniale annonce qu'elle
pourrait
diminuer le nombre des visas ? Pour les Algériens en quête de ce
sésame, la France est le lieu qui donne un sentiment d'ouverture au monde. Même
pour un temps limité.
Un titre de séjour pour soins
En 1968, au moment où sont signés les
accords qui font débat, n'étaient présents dans notre pays que
378 000 immigrés algériens, contre près de 900 000 aujourd'hui,
dont 250 000 ont obtenu la nationalité française. Et la moitié de ces
immigrants est arrivée après 2000, ce qui témoigne d'une accélération.
2,5 millions de personnes, sur trois générations, ont des origines
algériennes. Elles sont diverses dans leurs aspirations, leurs cultures, leurs
rapports à l'islam, en rien cette « cinquième colonne » qu'espèrent
mobiliser quelques influenceurs stipendiés par Alger.À LIRE AUSSI Algérie : sortir du piège
mémoriel
Cette immigration n'est que marginalement le
fait de travailleurs. En 2024, la plupart des 30 000 Algériens ayant
le droit de résider en France l'ont obtenu pour des motifs familiaux. Dans la
longue histoire qui lie nos deux pays, il est indéniable qu'il y eut des
victimes d'un racisme odieux. Et même criminel. Il n'en reste pas moins que
la société française aura été accueillante à l'égard de ceux qui fuient l'échec
de leur pays natal, et les politiques publiques accompagnatrices l'attestent.
L'accès au logement social en est un exemple.
Un immigré algérien sur deux y vit. Autre exemple, dans le domaine de la
santé : les Algériens sont les seuls à bénéficier d'un accord leur
permettant d'être pris en charge, à l'exemple des ressortissants de l'UE. Ils
sont les premiers à bénéficier d'un titre de séjour pour soins. Et il leur
suffit d'un an de présence régulière pour bénéficier du minimum vieillesse. Il
en faut dix à des ressortissants des pays de l'ex-Indochine, où la guerre
coloniale fit, pour le moins, autant de victimes que la guerre d'Algérie.
Un taux d'incarcération 7 fois supérieur
Ce désir éperdu de France est tel qu'il
explique l'arrivée de plus en plus importante, au péril de leur vie, de jeunes
clandestins qui traversent la Méditerranée vers l'Espagne. Plus de 10 000
en 2024. Il fait aussi partie de ce qui construit les tensions, car, hélas,
trop de sans-papiers – 33 000 Algériens contrôlés en situation
irrégulière en 2024 – se trouvent dans une impasse, que la prison matérialise
pour trop d'entre eux qui ont basculé dans les trafics, la délinquance
d'appropriation et la violence. Les Algériens représentent 20 % des
étrangers détenus, soit presque le double de leur poids au sein des étrangers
résidents. Et leur taux d'incarcération est 7 fois supérieur à celui des
Français.
De même, si les défenseurs du refus de
l'Algérie de collaborer en bonne intelligence à la gestion des flux migratoires
entre nos deux pays arguent que certains hôpitaux ne pourraient fonctionner
sans l'apport des médecins formés à Alger, ce que révèle surtout
la présence de ces derniers, c'est qu'ils préfèrent fuir un pays où le
nombre de médecins pour 1 000 habitants est 3 fois inférieur à
celui de la France et qui aurait, pourtant, bien besoin d'eux.
Comment
les réseaux du régime algérien déstabilisent la FrancePour Alger, toutes
ces réalités sont gênantes. Comme l'est le fait d'avoir enfanté les monstres à
l'origine de la
décennie noire des années 1990 et son cortège de centaines de milliers de
victimes en utilisant l'islam le plus rétrograde. Pour continuer à s'enfermer
dans le déni des échecs, les
autorités algériennes musellent la presse, embastillent les
opposants ou ceux qui osent ne pas jeûner pendant le ramadan. Et ont besoin
de pousser
à l'extrême les affrontements avec la France.
À Découvrir Le Kangourou du jour Répondre Il n'est pas
certain que c'est en refusant l'épreuve de force que l'on aidera le peuple
algérien à soulever la
chape de plomb islamo-nationaliste à laquelle il souhaite échapper en
votant avec ses pieds pour la France. Pour renouer avec l'espoir.
*Didier
Leschi, directeur général de l'Ofii (Office français de l'immigration et de
l'intégration), est l'auteur de « Ce Grand Dérangement. L'Immigration en
face » (Gallimard, « Tracts », 2023).
Bien sûr c’est évident mais pas de faire une
comparaison stupide en L’ALGERIE devenue indépendante après cette guerre Franco
Algérienne d’indépendance inutile post coloniale qui a couté cher aux deux pays
en vies humaines de leurs ressortissants jeunes justement à cause de leurs
gouvernements depuis 1962
Et ses fameux accords dit d’EVIAN obsolètes et
qui toute façon ne plaisait PAS à l’Algérie et ses gouvernements qui se sont succèdes
depuis + de 62 ans après avec en plus de la part des dirigeants algériens une détestation
anti Français avérée dont ils ne se cachent pas ?!
Car l’orgueil démesuré des dirigeants et
gouvernements algériens est sans limite malgré des concessions faites par la France
et ce n’est pas Mr MACRON trop jeune à l’époque de ces évènements qu’on a appelés
hypocritement comme cela avant de l’appeler enfin guerre d’Algérie qui réglera
ce problème car en politique internationale et même nationale il est
incompetent et nul que les Français ont réélu et que malheureusement on doit le
supporter jusqu’en 2027 ( à sa décharge ces prédécesseurs de cette V eme république
n’ont pas fait mieux pour çà et le reste de ses diverses politiques passées et
présentes) et on se fait insulter à domicile par l’ALGERIE qui nous déteste merci
à ceux censés nous gouvernez en nous protégeant mal par des incapables qui sont
élus par les Français donc c’est de leur faute !?
Là on comprend mieux que la jeunesse algérienne
préfère la France un de pays au monde les plus libres et démocratiques tolérant
à peu près tout (trop peut-être) avec nos bienpensant donneurs de leçons et même
le coté mystique moyenâgeux islamique et son terrorisme latent toujours présent
qu’ils nous exportent indirectement dans notre pays judéo chrétien car en matière
de liberté individuelle et quotidienne c’est le jour et la nuit par rapport à l’ALGERIE
ou au MAGREBH donc il faut vraiment fermer la porte à ce pays vindicatif et autres
anti-français car cela suffit et pour notre sécurité !?
JDECLEF 15/03/2025 13h29
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