François Bayrou :
« Il n’y a pas de démocratie si on ne comprend pas où l’on va » !?
INTERVIEW. Le
chef du MoDem, absent du gouvernement Attal, veut œuvrer pour la
« réconciliation » en vue de 2027 et appelle à en finir avec les
normes qui font le lit du populisme.
Publié le
22/02/2024 à 12h00, mis à jour le 22/02/2024 à 15h04
BAYROU ce
politicien ex ministre prêchi prêcha est aussi soulant que notre président mais encore plus gonflé d’orgueil
comme une baudruche que notre président en place mais là il semble s’être dégonflé
car en demandant trop…
L'expression
de son désaccord et son refus d'entrer au gouvernement
ont provoqué un séisme dans la majorité présidentielle. Une « péripétie
politique », a pourtant cru bon de minimiser Emmanuel Macron, presque
injurieux. Dans son bureau de haut-commissaire au Plan, qui surplombe
l'esplanade des Invalides, François Bayrou ne montre aucun trouble apparent. Au
contraire, chaque pile de livres est ordonnée et le ton, posé. Marguerite
Duras, Annie Ernaux, Pierre Michon (Vies minuscules)…
Cet agrégé de lettres classiques donne à voir à ses visiteurs son amour de la
littérature française. À 72 ans, le président et fondateur du MoDem
s'inquiète toutefois du « risque de fin de l'unité du pays ». Le
centriste pointe aussi, en creux, une forme d'impuissance du président à mettre
en œuvre ce pour quoi il a été élu et ce pour quoi il l'a soutenu en
2017 : la révolution démocratique. Déterminé, le triple candidat à
l'élection présidentielle se dit prêt à reprendre ce combat. Y compris
dans la course à l'Élysée.
Le Point : Après votre relaxe, vous avez proposé au Premier
ministre de prendre la tête soit du ministère de l'Éducation,
soit d'un grand ministère de la Réforme de l'État, de la
Simplification mais aussi de l'Aménagement du territoire. Pourquoi
cela n'a-t-il pas été possible ?
François Bayrou : Après sept années de poursuites
judiciaires conclues par une relaxe, si je
revenais au gouvernement, je voulais que ce soit dans un domaine de crise très
grave et sur lequel des idées fortes pourraient agir vite et utilement. Mon but
est de travailler à contrer la dérive qui conduit au divorce absolu, qui paraît
irréversible, entre les pouvoirs et la base – la province, qui paraît comme de
plus en plus loin, le monde rural, les banlieues, les métiers, les citoyens.
Ce grand divorce, j'ai l'impression qu'on s'y habitue ou qu'on le considère
comme une fatalité : pas moi ! Deux voies étaient possibles :
assumer une responsabilité gouvernementale dans un secteur difficile ou
affirmer politiquement un projet de réconciliation que je juge vital. La
première option s'étant avérée impossible, c'est la seconde voie que
j'emprunte.
Pourquoi François
Bayrou a-t-il été relaxé ? Avec quel message ?
La France dispose de beaucoup de ressources pour être un modèle, mais,
paradoxalement, sombre dans une dépression collective, enchaînant les crises.
Les causes se voient tous les jours : l'incapacité de faire remonter la
voix du terrain dans les sphères de pouvoir ; un sentiment de désespérance
chez les acteurs, élus, entreprises et même familles ; la conviction que,
quelles que soient les annonces, rien ne change. Par exemple, on multiplie les annonces de
simplification, et on a une complexification accrue, une prolifération
bureaucratique qui touche tous les secteurs.
Comment en est-on arrivé là ?
La France est un pays d'administration. Péguy disait : « Tout
commence en mystique et tout finit en politique. » Je prolonge ce constat.
Tout commence en politique et finit en administration. Et tout commence en
administration et finit en bureaucratie ! L'augmentation des
réglementations, des contrôles et la fixation de nouvelles obligations qui
entraînent de nouveaux contrôles. Dans un livre extraordinaire, Les lois de
Parkinson, le sociologue anglais spécialiste des administrations Cyril
Northcote Parkinson expliquait que la logique interne de toute administration,
pour justifier son existence, est la multiplication, sans but réel, de ses
tâches et donc du nombre de ses membres.
Les citoyens ne sont pas des sujets, ils
doivent être considérés comme les partenaires des gouvernants.
Selon lui, l'administration n'est pas un corps à l'état solide, pas non plus
à l'état liquide, mais à l'état gazeux. Vous connaissez le propre du gaz… Il
occupe tout l'espace disponible et a toujours besoin de plus. Cette dynamique a
été très aggravée par l'irruption du numérique. Regardez par exemple
l'explosion du nombre de mails. Chacun s'oblige à y répondre parce que ces
mails ne sont pas seulement un moyen de communiquer, mais un moyen de
contrôle du travail par tous et pour tous. Et cette prolifération numérique
fait que personne ne parle plus à personne.
On a l'impression que, pour vous, ce sont des phénomènes
devenus incontrôlables…
C'est le plus grand risque, la fin de l'unité du pays. On retrouve le
problème le plus ancien de l'humanité, la tour de Babel : nous ne parlons
plus la même langue ! Regardez l'écart de plus en plus grand entre la
langue de tous les jours et la langue du droit – droit pénal, droit fiscal,
droit du travail, droit social –, l'épaisseur des codes qui pèsent des kilos,
que personne ne peut lire, sauf les spécialistes, et encore !
Le fameux adage « nul n'est censé ignorer la loi » est une farce.
Cette opacité d'un monde devenu incompréhensible est l'une des raisons
de la progression de tous les populismes. Rien n'est plus urgent et
vital que d'expliquer, de partager la compréhension de la situation et les
principes qui nous régissent en une langue simple. Les citoyens ne sont pas des
sujets, ils doivent être considérés comme les partenaires des gouvernants.
Affaire Bayrou :
relaxe, appel et dix de derLes Français ne sont-ils pas paradoxaux, qui
se plaignent de cette paperasse et, en même temps, demandent davantage de
sécurité ?
L'équation entre paperasse et sécurité, je la récuse. Autrefois, la gestion
administrative était moins pesante, on en comprenait les règles. Il suffisait
d'un stylo-bille. Avec l'avènement du numérique, tout semble dériver vers une
complexité sans fin. Cette transition fait exploser le temps investi et les
risques, y compris légaux, pour les citoyens, les professionnels, les
entreprises ou les associations. On vient de le voir avec les paysans. On le
voit avec les médecins ou les professeurs.
C'est la démocratie qui est en cause ?
Il n'y a pas de démocratie si personne ne comprend où l'on va. Le premier
devoir civique, c'est l'explication, le partage de l'information. J'ai mal vécu
la réforme des retraites. Nous avions, avec le haut-commissariat au Plan,
établi les chiffres qui prouvaient, contrairement à toutes les affirmations
officielles, qu'une réforme était inéluctable, et le refus de la réforme,
inacceptable, car immoral.
Personne n'a voulu se servir de ces chiffres ! Quand on ne partage pas
avec les citoyens les raisons de l'action publique, ils ont l'impression de
l'arbitraire, qu'il y a des responsables, en haut, qui décident pour leur faire
du mal. La révolution démocratique, c'est rendre les citoyens non pas soumis
mais partenaires des grands choix. Et leur rendre une capacité
d'initiative.
Révolution démocratique… N'était-ce pas l'engagement du
président ?
Parmi les responsables, le président est le seul qui ait eu l'intuition de
cette nécessité vitale ! Le Grand débat, c'était ça. Le Conseil national
de la refondation, c'est ça. Mais l'inertie l'emporte si souvent, pour qu'on
change le moins possible ! Et le plus dangereux de ces obstacles, c'est
l'indifférence : « Cause toujours, tu m'intéresses ! »
C'est ainsi que cette intuition absolument juste a été gravement empêchée.
Grand
débat : Macron et la « démocrassouille » Vous dites que le
président est entravé ?
Lui, non, mais la révolution démocratique qu'il porte en lui l'a été.
Mais qu'est-ce qui l'a empêché ?
Les mécanismes de l'organisation du pouvoir et de l'influence en France
sont fondés sur des habitudes, sur des relations qui s'accommodent d'une
certaine opacité et parfois la recherchent. C'est cela que le président a
appelé « l'État profond ».
Macron a-t-il
peur de l'« État profond » ? De quoi s'agit-il au
juste ?
C'est l'ensemble de relations, de hiérarchies, d'obligations, de réflexes et
de situations d'influence ouvertes ou discrètes qui font qu'on préfère que les
choses se règlent dans un petit cercle de quelques centaines de personnes qui
partagent les mêmes codes et, au fond, les mêmes intérêts.
On vous sent sur la réserve.
Oui, parce que ces responsables, dans leur majorité, sont des gens
compétents, intéressants et, si j'ose dire, experts de l'expertise. Des gens
bien, mais partie prenante et prisonniers d'un système coupé du peuple, des
citoyens.
Interview
d'Emmanuel Macron : comment faire nation demain ? Qu'auriez-vous
fait si vous aviez obtenu ce poste de ministre de la Simplification ?
Quelle aurait été votre première mesure ?
Quelque chose de très simple. L'administration contrôle toutes les
déclarations que vous faites. Elle a donc tous les éléments en main pour le
faire. J'aurais proposé d'inverser cette logique. Que ce soit l'administration
qui remplisse les papiers et le citoyen, ou l'entreprise, qui les contrôle.
Dans ces deux quinquennats, il y a eu une réussite formidable : la retenue
à la source des impôts. On nous disait « ce n'est pas possible », et
tout a été réglé sans qu'il y ait la moindre anicroche.
Certains pensaient même qu'il fallait la refuser dans le principe. Il faut
rendre hommage au président et au gouvernement qui l'a faite, à Gérald Darmanin
qui l'a mise en œuvre. J'aurais suivi la même logique. J'aurais dit : au 1er janvier
2026, chacun des papiers qu'on va imposer de remplir aux Français,
préalablement contrôlé dans sa rédaction par une centaine de citoyens de tout
niveau d'instruction, ou mis au point avec les entreprises, sera prérempli par
l'administration. Et ce sera aux citoyens de les vérifier.
Remaniement :
comment l'opération retour de Bayrou a capotéOn n'a pas besoin de
grands moyens, à vous entendre.
Non. Il faut simplement pouvoir, sous réserve expresse de l'accord préalable
des citoyens ou des entreprises, croiser les fichiers numériques qui
les concernent, détenus par les différentes administrations.
Avez-vous compris le refus qui vous a été opposé ?
On a dû craindre que l'arrivée d'un acteur incommode change quelque peu les
équilibres du gouvernement.
N'est-ce pas le président qui a aggravé ce « divorce » qui
vous inquiète ?
Non, il est le seul à avoir voulu sortir de cette glaciation !
L'élection d'Emmanuel Macron, à laquelle j'ai contribué, a ouvert un nouveau
cycle historique. Et, pour la démocratie française, un nouveau type de rapport
de force. Jusqu'en 2017, deux partis exerçaient le monopole du pouvoir,
chacun son tour, et participaient donc à l'immobilisme général. Le président
l'avait bien senti, j'ai partagé avec lui cette idée. Mais il est très
difficile d'imposer de tels changements. Ce sont toutes nos habitudes de pouvoir
qui sont en cause.
Gabriel Attal,
sauveur ou tueur d'Emmanuel Macron ? En quoi la situation
d'aujourd'hui, le tripartisme, serait préférable pour la démocratie ?
Il n'y a pas de tripartisme, c'est une blague ! Pour qu'il y ait
tripartisme, il faudrait qu'il y ait un bloc central – j'espère que ça viendra,
et je fais tout pour ça –, une seule gauche, une seule droite ! On en est
à des années-lumière : il y a au moins trois droites et trois ou quatre
gauches ! L'évolution des sociétés, c'est le pluralisme. Le droit de tous
les courants d'opinion à la reconnaissance. Mais on continue comme avant, avec
l'idée qu'il faut qu'un courant impose sa loi aux autres. C'est pour cette
raison que l'Assemblée devient un champ de bataille, avec les blocages et le
climat d'insultes…
Macron, le nouveau
ClemenceauMais comment échapper au désordre de l'Assemblée
nationale ?
La technique existe et marche très bien. Prenons exemple sur le Parlement
européen ! Les débats sont séparés des votes, tous les votes sont
regroupés sur une demi-journée, la présence personnelle est obligatoire pour
voter, et tous les votes sont publics. S'il y a passion pendant les débats, la
passion ne bloque ni l'examen ni le vote. Et, très vite, cela fait baisser les
tensions. Le pluralisme, cela s'apprivoise et se régule. Le pluralisme régulé
interdit de fait les intimidations, les insultes, la volonté d'écraser l'autre.
Assemblée
nationale : la fabrique des braillards de la NupesOn entend vos
critiques sur le « système », « l'État profond ».
Mais jamais vous ne mettez en cause le président lui-même. Or, c'est
lui qui est au pouvoir, qui a la capacité de changer les choses…
Si l'on ne crée pas le mouvement d'opinion nécessaire pour comprendre le
sens de l'action et pour la soutenir, le pouvoir n'a pas le pouvoir. Sans
mouvement d'opinion, toutes les résistances et toutes les réticences bloquent
les évolutions. Le président dit souvent cela : chaque fois qu'on a une
catastrophe – incendie, inondations, attentats –, l'État est formidable. Et
puis, lorsque les temps redeviennent ordinaires, tout ce qui était action,
initiative, redevient frein ! C'est l'idée du Conseil national de la
refondation. Est-ce qu'on est arrivés à faire suffisamment bouger les
choses ? Non, bien sûr, pas suffisamment.
Votre constat est terrible. Un homme comme lui, audacieux, qui
est parvenu à pouvoir faire ce pour quoi vous vous battez depuis des
années, et qui n'y arrive pas…
Tout est toujours à reconquérir ! S'il y a pour moi une chose
nécessaire, c'est que nous disions clairement vers où nous allons, ce à quoi
nous aspirons, ce que nous voulons atteindre.
Pouvez-vous peser à l'extérieur du gouvernement ?
Bien sûr, car il y a deux manières d'être utile. En étant responsable
de l'action ou en étant à l'extérieur, dans le combat d'opinion. Et c'est
dans l'opinion que ça se joue.
Vous préparez 2027 ?
2027, c'est dans trois ans. Et trois ans, dans l'état du monde que nous
connaissons, c'est une éternité. Mais, pour notre pays, ce sera quitte ou
double. Il n'est pas un homme politique, pas un citoyen qui puisse ne pas
s'y investir.
C'est ce que vous êtes en train de faire…
Sur le grand espace central, il y a des talents et des idées. Que chacun
fasse valoir sa vision de l'avenir et sa personnalité ! Ensuite,
il faudra s'entendre ! J'ai montré que je pouvais provoquer ces
rassemblements. J'ai bien l'intention de porter un idéal, un projet et une
méthode, à destination de ceux qui s'intéressent et de ceux qui s'inquiètent.
Êtes-vous prêt à mener une campagne ?
Ce combat-là, ce n'est pas seulement le combat de ma vie, c'est le combat de
la vie du pays. J'y suis investi depuis des années.
Le festival surréaliste de
François BayrouAvez-vous déjà regretté votre soutien à Emmanuel
Macron ?
Jamais. Le président est souvent mal jugé, mais c'est pour de mauvaises
raisons. Par exemple, je ne l'ai jamais ressenti comme arrogant, jamais. Je ne
lui ai jamais vu aucune complaisance à l'égard des puissances et des
influences. Y a-t-il des idées que je n'ai pas encore réussi à faire
passer ? Certainement. Mais si je n'ai pas réussi à convaincre, c'est de
ma faute.
Comment voyez-vous votre rôle ?
Un rôle d'avant-garde. Je vois venir les orages tôt et j'essaie de proposer le moyen de les détourner. Je me sens en charge de penser des voies nouvelles pour le monde qui vient. Buts nouveaux à définir, moyens nouveaux à inventer, démocratie nouvelle. Cela seul peut nous éviter la catastrophe.
Après l'interminable remaniement, le risque de l'enlisementEn restant à la tête du haut-commissariat au Plan ?
Ce n'est pas tranché dans mon esprit. Je dois en parler avec le président.
Comment qualifieriez-vous votre relation avec Emmanuel Macron ?
Il est dans la responsabilité la plus difficile et dans le moment le
plus difficile. Et je suis plus sensible que d'autres aux immenses dangers qui
nous menacent. Entre nous, il y a une compréhension réciproque, qui a des
aspects « camarades de combat ». Confiance sur le fond, complicité
civique et exigence.
Vous le soutiendrez jusqu'au bout ?
Je ne manque jamais au soutien, dès
l'instant que je sais où nous allons ensemble.
Mr BAYROU ce grand bien-pensant
est la copie conforme de notre président bavard (qui l’a laissé tomber ceci en
passant) malgré qu’ayant essayé de le sauver une 1ere fois en le prenant dans son
1er quinquennat et ayant démissionné car ayant fauté défaut de bien
de certains de ces politiciens de tous bords pas toujours nets en lui offrant
un poste pépère s’écoutant parler grand donneur de leçons que plus personne n’écoute
récidiviste avec ses candidatures multiples à la présidence de cette Veme république
usée de 65ans qu’il faudrait changer plus âgée que lui a 72 ans ce qui n’est
pas forcément un gage de qualité !?
Si c’est cela le monde de
cette classe politique française magouilles et Cies les Français ne devraient pas
s’étonner si la France va si mal et d’ailleurs cette « macronnie » et
notre président n’en n’a pas élevé les performances à peu près inexistantes
depuis 2017 alors tant pis pour eux ils ont ce qu’ils méritent car ne sachant
plus voter ni choisir leurs dirigeants et politiciens de tous bords depuis + de
40 ans on ne le dira jamais assez et ça c’est plus que préoccupant pour notre
PAYS !?
Jdeclef 22022024 16h02
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