mardi 16 août 2016

Avec de tels propos il est difficile de tendre l’autre joue, comme dit l’évangile des chrétiens, c’est utopique (ou masochiste !)

Comment les islamistes tentent de justifier l'assassinat de prêtres


Alors que l'islam reconnaît le christianisme comme religion révélée, pour les djihadistes, les prêtres "à la tête de la mécréance" doivent être tués.

L'assassinat fin juillet de Jacques Hamel, prêtre auxiliaire de la paroisse de Saint-Étienne-du-Rouvray, âgé de 85 ans, a horrifié la grande majorité des musulmans. Certains ont même tenu à se rendre à la messe le dimanche suivant pour manifester leur solidarité avec les chrétiens. La protection des chrétiens et des juifs est un principe de la loi islamique depuis les origines. La tradition musulmane recommande de respecter le clergé chrétien. Le Coran ne dit-il pas que Jésus est un « messager divin » comme le prophète Muhammad ?* Alors, pour justifier leur crime, les adeptes de l'organisation islamique exhibent sur Internet des écrits, souvent vieux de plusieurs siècles, émanant de théologiens particulièrement extrémistes.
Spécialisée dans l'analyse stratégique, la société suisse JMF Recherches et Analyses a ainsi retrouvé sur les réseaux sociaux des textes qui tentent de faire la différence entre les moines et les prêtres. « Le moine dans son monastère ne doit pas être tué ni les gens des églises qui ne côtoient pas les gens extérieurs à l'église », écrit le juriste Muhammad Amin Ibn Abidin, décédé en 1836. « Mais s'ils les côtoient, alors ils sont tués comme le prêtre », ajoute-t-il. Certains islamistes, durant la guerre civile algérienne, avaient ainsi pu justifier l'assassinat des moines de Tibhirine. Même s'ils ne faisaient pas de prosélytisme, les religieux côtoyaient les villageois, allant même jusqu'à les soigner…

Viser particulièrement les religieux

Si les moines restent cloîtrés dans leur monastère, ils ne représentent pas un danger pour l'islam. En revanche, un prêtre comme Jacques Hamel, « qui se mêle aux fidèles », est considéré comme « se trouvant à la tête de la mécréance », prétendent les djihadistes. Taqî ad-Dîn Ahmad Ibn Taymiyya (1263-1328) va plus loin encore en considérant que les prêtres doivent être spécialement visés en cas de guerre. Or, Daech se considère comme étant en guerre contre les « croisés » et les juifs. Le théologien Ibn Taymiyya, particulièrement radical, a longtemps été oublié, avant qu'il ne serve de référence théologique d'abord au courant wahhabite, en Arabie saoudite, puis aux militants islamistes, afin de légitimer leurs actions violentes.
Quitte d'ailleurs à déformer les écrits de ce salafiste, mort en prison à Damas au XIVe siècle. Il faut dire qu'Ibn Taymiyya avait été emprisonné en raison d'une de ses fatwas qui interdisait de se rendre à La Mecque sur la tombe du prophète... Il fallait, selon lui, visiter la mosquée à côté de la tombe, mais pas la tombe elle-même. Pour JMF Recherches et Analyses, qui édite le site web terrorisme.net, il est clair que les partisans de l'organisation État islamique tentent « de justifier cet assassinat de prêtre auprès d'un public musulman aussi large que possible, et de préparer ce public à d'autres actes du même genre qui pourraient suivre »**.

Daech décrypté

Le site terrorisme.net décrypte également le numéro de juillet 2016 de Dabiq, le magazine de Daech, intitulé « Break the cross » (Briser la croix). Pour cette publication, il ne s'agit pas seulement de combattre les chrétiens et les juifs, notamment en frappant « derrière les lignes ennemies », il faut carrément les haïr ! Un article est ainsi intitulé : « Pourquoi nous vous haïssons et pourquoi nous vous combattons ». La première raison de cette haine ne tiendrait pas à la politique étrangère des pays occidentaux (qui sont intervenus militairement en Afghanistan, en Irak, en Libye), mais au simple fait qu'en n'étant pas musulman, les chrétiens et les juifs brisent l'unité d'Allah… crime impardonnable.
Les djihadistes semblent faire bien peu de cas de la sourate du Coran sur les infidèles :
O infidèles,
Je n'adorerai point ce que vous adorez.
Vous n'adorerez pas ce que j'adore.
Je n'adore pas ce que vous adorez.
Vous n'adorez pas ce que j'adore.
Vous avez votre religion, et moi j'ai la mienne.
* Dictionnaire encyclopédique de l'islam, Cyril Glassé, Bordas, 1991.
** « Des sympathisants de l'organisation État islamique font circuler en ligne des textes pour justifier religieusement l'assassinat des prêtres », www.terrorisme.net.






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