Exploit
de SpaceX : « Pour Ariane, c’est irrattrapable »
ENTRETIEN.
L’Europe spatiale est un champ de ruines, assène André Loesekrug-Pietri,
président de la Joint European Disruptive Initiative. Ses pistes pour la
sauver.
Propos
recueillis par Guerric
Poncet
Publié le
17/10/2024 à 12h00
Vue d'artiste de la capture
du premier étage de Starship par les bras robotisés de Mechazilla, le pas de
tir nouvelle génération de SpaceX imaginé par Elon Musk. © SpaceX (beau
travail technique mai c’est tout !?)
Le
13 octobre, SpaceX a réussi à capturer
en vol le premier étage de la fusée géante Starship, la plus grande du
monde, lors de son retour vers la surface de la Terre. Un exploit technologique
réussi bien plus tôt que prévu, et qui ouvre la voie à des innovations pour les
constellations du futur, le retour sur la Lune et la conquête de Mars...
André Loesekrug-Pietri, président de
la Joint European Disruptive Initiative (JEDI, précurseur d'une agence
européenne d'innovation de rupture), décrypte ce moment historique et ses
conséquences pour l'Europe
spatiale, freinée par la bureaucratie, les règles de partage et le manque
d'audace. Diplômé de HEC et de la Harvard Kennedy School, il a enseigné la
géopolitique des technologies à Sciences Po.
Le Point : Quelle a été votre
réaction en regardant SpaceX réussir la récupération du premier étage de
Starship ?
André Loesekrug-Pietri, président de
la Joint European Disruptive Initiative. © DR André Loesekrug-Pietri :
C'est un exploit, que l'on n'imaginait possible que dans une dizaine d'années.
La science-fiction est devenue la science. C'est fabuleux pour l'humanité, qui
a toujours tourné ses yeux vers l'espace pour répondre à ses questions les plus
existentielles. Et c'est la preuve que, avec une vraie vision et, surtout, une
capacité d'exécution forte, qui n'hésite pas à casser les codes du secteur et à
aller très vite, on peut arriver à tout. Une grande leçon pour les enjeux
terrestres auxquels nous sommes confrontés et sur lesquels nous n'arrivons pas
vraiment à avancer : le changement climatique, la pauvreté, les tensions
géopolitiques, la santé…
Luna,
un morceau de Lune pour entraîner les astronautes sur TerreSpaceX a réussi
son exploit en un temps record : comment ?
Par des process radicalement
différents et par une obsession de la vitesse : huit ans seulement se sont
écoulés entre la première preuve de réutilisabilité de la fusée Falcon 9,
en 2016, et le pas de tir « Mechazilla » qui récupère le premier
étage de Starship. Il y a une accélération, avec un rythme presque exponentiel
chez SpaceX, ce qui n'est pas le cas chez Boeing ou ArianeGroup.
Technologiquement, que pensez-vous
du vaisseau d'Elon Musk ?
Avec ce vol d'essai, Starship semble
maîtrisé. Ce vaisseau, qui mesure 50 mètres de longueur,
soit 13 mètres de plus que la navette spatiale, est capable d'arriver
en orbite, de s'orienter dans le vide et de s'aligner correctement pour revenir
dans l'atmosphère. Ses protections thermiques semblent avoir atteint une
efficacité presque totale.
Elon Musk a dit “je vais le faire”,
et il a économisé un poids important en retirant les pieds rétractables.
Quand, il y a deux ou trois ans,
Elon Musk parlait de ne pas avoir de pieds à la fusée pour récupérer son
premier étage mais plutôt des bras articulés au sol, tout le monde l'a pris
pour un fou. En fait, non ! C'est ce genre d'approche qu'il faut avoir :
il a dit « je vais le faire », et il a économisé un poids important
en retirant les pieds rétractables de son plan de lanceur, pour déporter ce
poids de la fusée vers une installation au sol. Et avec ses 33 moteurs
Raptor, il dote son lanceur à la fois d'une manœuvrabilité digne de Star
Wars et d'une échelle industrielle. Résultat, il économise du carburant et
de l'argent.
Robot
humanoïde d'Elon Musk : « Il fait preuve de moins d'intelligence
qu'un chat »
Qu'est-ce que cela signifie pour
l'Europe ?
Malheureusement, c'est une immense
claque pour les Européens, qui sont en train de sortir de l'Histoire. Le
succès de Starship est une démonstration éclatante que nous n'avons plus la
vision, ni le courage ni l'audace que l'on perçoit partout ailleurs. Ce
devrait être un signal de réveil majeur, et
on parle du… Doliprane.
Ariane 6 ne sera probablement jamais
compétitive.
On est passé de
100 000 dollars le kilo mis en orbite pour la navette spatiale à
environ 10 000 dollars pour Ariane 5, puis de 5 000 à
6 000 dollars pour Ariane 6… et demain de 100 à 200 dollars
par kilo amené en orbite basse par Starship. C'est exceptionnel. Et cela rend
toutes les autres options complètement dépassées. Nous devons continuer avec
Ariane 6, avec détermination car c'est notre accès à l'espace, notre socle
de souveraineté. Mais ayons la lucidité de constater qu'elle ne sera
probablement jamais compétitive.
Conquête
spatiale : « Les Chinois pourraient totalement dépasser les
Américains dans dix ans »
La raison pour laquelle l'Europe
n'aurait pas de fusée Ariane réutilisable est qu'elle n'en lance pas assez
chaque année : si on les réutilisait, l'industriel et ses sous-traitants
mettraient la clé sous la porte. Qu'est-ce que cela vous inspire ?
C'est comme si l'on disait :
« Ne produisons pas trop d'automobiles, car on va mettre les écuries au
chômage. » On se complaît dans le passé. Ariane est totalement dépassée,
mais il faut continuer parce que, sans elle, nous n'avons pas d'accès à
l'espace. Lancer nos satellites-espions avec SpaceX serait inacceptable.
Les Allemands ont tort en critiquant
le programme, mais ils ont raison quand ils disent qu'il consomme trop de
ressources. Avoir le programme Ariane qui mobilise l'essentiel des moyens et de
l'attention est d'une absurdité sans nom. Ariane
6 : mission accomplie pour le premier tir, l'Europe « de retour dans
l'espace » !
Ariane peut-elle évoluer pour
rattraper son retard ?
La seule chose qui compte dans ce
métier, c'est la fiabilité du lanceur et le poids du kilo mis en orbite. Et
encore, de nombreux clients sont prêts à prendre des risques quand le prix est
faible. Pour Ariane, commercialement, cela semble irrattrapable, comme je le
crains pour la génération actuelle de véhicules électriques occidentaux face
aux voitures chinoises.
L’Europe spatiale est actuellement
un champ de ruines.
Et arrêtons de dire que le contrat
Kuiper [la constellation du fondateur d'Amazon, Jeff Bezos, concurrent de
SpaceX, NDLR] démontre le succès d'Ariane 6 : pense-t-on
vraiment que Jeff Bezos confierait ses satellites à son rival Elon Musk ?
On manque profondément de réalisme, ce qui conduit à de mauvaises décisions.
Que pouvons-nous faire pour
redresser la barre à moyen terme ?
L'Europe spatiale est actuellement
un champ de ruines, chacun tire de son côté : les Français, les Allemands,
les Italiens. Il n'y a pas de vision, pas de projet mobilisateur, pas de
concentration de moyens. Il faudrait mettre en œuvre quelques mesures clés pour
que la situation change radicalement et que nous ayons une chance de continuer
à exister dans le spatial, un secteur qui va définir nos vies sur Terre au XXIe siècle.
Nous soutenons plus de 10
microlanceurs en Europe, c’est ridicule !
D'abord, il faudrait supprimer
immédiatement le retour géographique pour les programmes européens [le
retour sur investissement des pays qui, pour 1 % du budget fourni, veulent
1 % des emplois générés, et qui entraîne une grande dispersion des moyens,
NDLR]. Il faut aussi arrêter le saupoudrage de subventions sur des
projets : nous soutenons plus de dix microlanceurs en Europe, c'est
ridicule ! Il faudrait avoir le courage de choisir et d'en financer deux
ou trois, et pas par des subventions mais par de la commande publique
intelligente.
La panne de la
voiture électrique affole Bruxelles
Manque-t-on d'audace ?
Nous devons nous lancer dans deux ou
trois paris industriels et technologiques « moonshots » [solutions
radicalement nouvelles, NDLR] avec une exigence sans faille
d'excellence, de rapidité et de performance sur la propulsion, les matériaux,
le système de guidage et les communications.
Pour cela, il faudrait avoir des
décideurs qui comprennent quelque chose à la science et à la technologie, pour
pouvoir se concentrer sur le coup d'après avec ces paris technologiques et
industriels, et les penser en semaines ou en mois et non en années. Je suis
d'accord avec ceux qui pensent qu'il faut changer la plupart des têtes. Parmi
les exceptions, le patron de l'Agence spatiale européenne (ESA), Josef
Aschbacher, qui est quelqu'un d'exceptionnel, mais dont la marge de manœuvre
est trop faible.
En France, le spatial dépend de
Bercy, alors que ce secteur nécessite une expertise très poussée dans
l’aérospatial.
Le fait que le pouvoir soit
totalement concentré entre les mains des représentants administratifs des États
membres au sein du conseil de l'ESA est ahurissant : nombre d'entre eux
n'y connaissent rien, ou appliquent des appels à projets bureaucratiques. En
France, le spatial dépend de Bercy, alors que ce secteur nécessite une
expertise très poussée dans l'aérospatial, le numérique, les matériaux, et
d'autres domaines technologiques de pointe. De la stratégie, de l'audace, de
l'exigence, de l'enthousiasme. Et nous reviendrons en tête !?
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Car si Mr MUSK (d’ailleurs fan de
TRUMP semble-t-il car c’est son droit) à trop de fortune à dépenser il faudrait
(je pense) déjà qu’il l’utilise à s’occuper EN PRIORITE de notre vielle terre
et de son monde malade et de ses habitants dont certains souffrent et s’entretuent
par mysticisme religieux remontant au moyennage et à l’âge des ténèbres ou à
nos croisades comme des malades irresponsables et ou certains de ces humains
hommes femmes et enfants crèvent de faim ?!
Car moi bien sûr comme d’autres je suis
fan de cette soi-disant conquête spatiale et de ses films de science-fiction
comme DUNE ou même STAR WAR FICTION DE SPACE OPERA mais ça c’est du cinéma et
loisir qui n’est pas inutile pour se distraire mais ça ne suffit pas !?
Car cette génération passée et la mienne
ne vivent que 80 ans en moyenne et rien que les voyages interstellaires pour
aller simplement vers ces planètes ou il n’y a rien n’y vies diverses dans
notre système solaire dont le voyage durent des mois voir des dizaines d’années
pour simplement se poser sur celles-ci et ramasser des cailloux ?!
Excusez-moi car nous enfin ces certains
terriens éminents scientifiques émérites savent aussi inventer des armes pour
nous faire la guerre à qui mieux-mieux avec des fusées et missiles sophistiqués
pour s’auto détruire et que l’on utilise sans cesse sans retenue pour soi-disant
se défendre le tout piloté par des biens pensants donneurs de leçons hypocrites
qui nous gouvernent et que nous élisons et réélisons car nos peuples pour ceux
des pays libres et démocratiques votent et choisissent (mal) leurs dirigeants
qui ne pensent qu’à eux !?
DONC Il Y A D’AUTRES PRIORITE
NOTAMMENT CELLE DE LA PAIX ENTRE LES HOMMES DE BONNE VOLONTE ET ON N’EST LOIN D’Y
ETRE ARRIVE ?!
JDECLEF 17/10/2024 14h35
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