Les « shooters », ces effrayants
tueurs à gages au cœur du trafic de drogue
INTERVIEW. Alors que Marseille vient
de connaître deux nouveaux faits divers sanglants, un saisissant livre-enquête
qui paraît ce 9 octobre décrit ces nouveaux tueurs à gages sans foi ni
loi.
Propos recueillies par Bartolomé
Simon
Publié le 08/10/2024 à 08h05
Un narchomicide à Marseille en septembre 2023. © Capture
d'écran Twitter
Une « sauvagerie
inédite ».
Encore un nouveau inventé pour
qualifier un e horreur sans nom qu’on n’est même pas capable de sanctionner et
punir severement !?
À Marseille, la semaine dernière, deux
nouveaux épisodes sanglants ont rappelé l'horreur du narcotrafic : un
jeune de 15 ans a été lardé de 50 coups de couteau et brûlé vif,
tandis qu'un chauffeur de VTC a été tué d'une balle dans la tête par un tueur à
gages de 14 ans. Un nouveau cap a été franchi dans la violence du
narcotrafic, contre lequel l'État semble parfois en difficulté. En 2023, la
puissance meurtrière des trafiquants a éclaté au visage des Français, émus par
les multiples fusillades à Marseille, mais aussi l'évasion
sanglante de Mohamed Amra ou encore les morts innocentes de Fayed,
10 ans, ou Socayna,
25 ans. Dans le très informé Tueurs à gages, enquête sur le
phénomène des shooters (Flammarion), en librairie ce 9 octobre, trois
journalistes du Parisien-Aujourd'hui en France, Jean-Michel Décugis,
Vincent Gautronneau et Jérémie Pham-Lê, racontent dix histoires prenantes où la
réalité dépasse la fiction. Un document éclairant sur l'ampleur du narcotrafic
en France, la violence décomplexée de ses acteurs et l'apparition d'un phénomène
nouveau, les shooters, ces très jeunes tueurs à gages engagés par les
trafiquants. Rencontre avec l'un des auteurs, Jérémie Pham-Lê.
Le point du soir
Tous les soirs à partir de 18h
Le Point : Deux faits divers
d'une particulière horreur ont eu lieu à Marseille la semaine dernière. Le
procureur Nicolas Bessone parle de « sauvagerie »…
Jérémie Pham-Lê : La séquence
criminelle de la semaine dernière bat un nouveau record de précocité. Des
adolescents de 14 et 15 ans ont été recrutés comme exécutants
depuis la prison par un commanditaire détenu, avec une violence toujours plus
obscène et décomplexée. Dans le cadre de notre enquête, nous sommes d'ailleurs
tombés sur ce donneur d'ordre. C'est un personnage intéressant, déjà mis en
examen pour avoir envoyé un tueur à gages de Paris à Marseille. Mais le tueur a
raté sa mission et tenté de se suicider deux fois, dont une fois avec ses
chaussettes…
Dans votre livre, vous nous décrivez
les « shooters », ces jeunes tueurs aveugles et inexpérimentés
missionnés pour des « contrats ». En quoi est-ce nouveau ?
Ces nouveaux tueurs à gages
s'appellent entre eux « shooters » ou « charcleurs »,
termes popularisés dans le rap et qui signifient « tueurs ». Un
shooter est recruté le plus souvent sur les réseaux sociaux par une organisation
criminelle afin d'aller tuer quelqu'un. Le but, c'est de créer un coupe-feu
entre les donneurs d'ordres et l'exécutant pour qu'on ne remonte pas jusqu'à
eux. Les shooters peuvent être recrutés loin de là où se commettra leur
crime. Ces sous-traitants sont un symptôme de la dérégulation de la criminalité
organisée, qui s'est libéralisée et ubérisée. À toutes les chaînes du trafic,
du vendeur au tueur, le réseau externalise. On peut parler de règlements
de comptes sous-traités.
Peut-on dater l'apparition de ce
phénomène ?
Les services spécialisés de la
police judiciaire le voient apparaître en 2021. Le confinement a accéléré
l'ubérisation de la criminalité organisée. Avant, on faisait appel à des tueurs
à gages de métier. Mais c'était plus confidentiel. Les règlements de comptes
avaient lieu entre deux têtes de clan, pour une question
d'« honneur ». Désormais, on fait appel à ces jeunes
interchangeables, prêts à tout, et qui méconnaissent les risques dans lesquels
ils s'embarquent.
Le seul point commun qu’on retrouve
chez ces shooters, c’est le conflit autour de la figure paternelle.
Quelles sont leurs
motivations ?
Elles sont très variées. Il y a
d'abord l'appât du gain pour des jeunes issus de milieux très défavorisés. Même
si on parle de parfois 10 000-15 000 euros par contrat :
des sommes dérisoires au regard du risque qui est pris. Pour un assassinat, le
tueur encourt la réclusion criminelle à perpétuité ou trente ans de prison s'il
est mineur… Certains cultivent aussi un goût pour l'ultraviolence et fantasment
d'appartenir à une « mafia » telle qu'ils l'imaginent. Et puis il y a
une part d'exploitation, de manipulation de ces jeunes. Certains ont pu se
sentir obligés de commettre des assassinats sous la pression. D'autres sont
incapables de s'expliquer. Je pense à ce jeune homme du sud de la France qui
dit : « Personne ne m'a obligé. J'ai du mal à comprendre, alors que
je venais d'avoir le bac, pourquoi je suis monté à Paris assassiner
quelqu'un… » Le seul point commun qu'on retrouve chez ces shooters, c'est
le conflit autour de la figure paternelle. Un père absent, peu présent ou
violent. Cela dit, les psychiatres qui les ont expertisés n'ont trouvé aucune
pathologie marquante. Ils sont radicaux, mais sans idéologie. C'est du pur
nihilisme.
Trafic
de drogue : pourquoi la liste des « victimes collatérales » ne
cesse de s'allonger
Il y a un personnage effrayant,
c'est Mattéo, qui détient le record de « contrats » à Marseille en
très peu de temps. A-t-il le profil type du « shooter » ?
Mattéo présente en effet un profil
assez emblématique, d'abord par son jeune âge, 18 ans. À l'image d'autres
shooters inexpérimentés, il a laissé plein de traces qui ont permis de
l'identifier : il s'est filmé, a laissé son ADN et de la téléphonie un peu
partout. Son activité s'est limitée à seulement un mois, entre mars et
avril 2023 selon la justice. Et pourtant, il serait celui qui aurait fait
le plus de victimes [il est mis en examen pour six assassinats, NDLR].
Pourtant, il ne semble pas venir
d'un milieu très défavorisé…
Rien ne le prédestinait à cela, en
effet : il a un frère boulanger, un beau-père chef d'entreprise, une mère
dans la restauration, une belle maison à Gardanne… Mattéo a commencé par du
petit trafic autour d'Aix-en-Provence. À l'image du narcotrafic d'aujourd'hui,
atomisé, il s'est « exporté » en région parisienne, où il a été
incarcéré à Fresnes. Là, il s'est connecté avec des narcotrafiquants qui l'ont
fait travailler à Marseille, avec la puissante organisation DZ Mafia. C'est
pour eux qu'il a exécuté des contrats. Mattéo ne connaissait absolument pas les
gens qu'il assassinait : soit il tirait aveuglément sur un point de deal,
soit on lui donnait une cible qui lui était inconnue. Il se vante de ses
actes et n'a pas l'air conscient des risques. Nous révélons notamment la
manière glaçante dont il raconte ses assassinats, avec un détachement très
froid…
On retrouve la ville de Marseille
dans quasiment tous les chapitres. Quelle place occupe-t-elle dans le
narcotrafic ?
Marseille est devenue l'épicentre du
narcotrafic en France. Ses voyous s'étendent sur la ceinture du Sud-Est, à
Arles ou à Nîmes. On les voit remonter et s'implanter dans la vallée du Rhône,
jusqu'à Nantes, Dijon ou en région parisienne ! La culture criminelle
« à la marseillaise » s'étend, impose ses codes et ses shooters avec.
La guerre
sanglante de 2023 entre les groupes Yoda et DZ Mafia marque-t-elle l'apogée
des « narchomicides » à Marseille ?
Marseille gangrenée par le trafic de
drogue, ce n'est pas nouveau. Mais cette guerre a rendu le phénomène visible.
Auparavant, les règlements de comptes avaient lieu dans les quartiers gangrenés
par la drogue. Les shooters ont déplacé les meurtres sur l'espace public :
boulevard de Courcelles ou rue
Popincourt à Paris, sur le Vieux-Port à Marseille… Jamais Marseille n'a
connu autant d'homicides qu'en 2023. C'était une spirale dont on ne voyait pas
la fin. On atteignait quasiment un meurtre par semaine. Avec des mobiles très
flous, des belligérants ne connaissant ni le commanditaire ni la cible. Les
autorités marseillaises ont parlé de « narcoterrorisme » : une
volonté aveugle de tuer, des victimes dépersonnalisées, d'autres victimes
collatérales, et un but manifeste de semer la terreur dans le camp adverse.
Nîmes :
dans le quartier Pissevin, les habitants « otages » des dealers
En août 2023, trois jours après
la
mort du jeune Fayed à Nîmes, malgré le déplacement du ministre de
l'Intérieur et le déploiement de la CRS 8, une nouvelle victime est tuée à
Pissevin. Qu'est-ce que cela raconte de la détermination de ces groupes
criminels ?
Les tueurs semblent vivre dans une
autre réalité, un monde criminel où la menace de la justice n'a que très peu
d'effet. Quand ils ratent une cible, ils peuvent repasser rapidement à
l'action. Pour eux, la prison fait partie des « risques du métier ».
Il y a un côté frénétique, ultra-violent, doublé d'un sentiment de
toute-puissance. Malgré les bonnes volontés politiques et policières, le
narcotrafic atteint une telle puissance que les pouvoirs publics ont du mal à
le contenir.
Jusqu'où cela peut-il aller ?
Quand on voit ce qui est arrivé à
Fayed, ou aux agents pénitentiaires tués pour faire libérer Mohamed Amra…
quelle est l'étape d'après ? Est-ce
qu'on basculera dans un narco-État ? Nous n'en sommes pas là, mais il
y a des alertes. Certes, les opérations « place nette » ont pu
apporter de la paix publique. Mais l'efficacité de la lutte contre le
narcotrafic tient
surtout aux opérations de police judiciaire qui ont remonté les filières à
Marseille, permettant d'arrêter les exécutants et quelques commanditaires de
ces narchomicides.
Dans votre livre, on découvre aussi
en détail les activités criminelles que poursuivait l'évadé Mohamed Amra depuis
sa cellule. La prison est-elle encore efficace pour de tels profils ?
On savait que la prison n'était pas
l'endroit de réinsertion idéal, mais on n'imaginait pas à quel point le crime
organisé s'y structurait. Qu'il y ait un assassinat à Mulhouse, à Marseille ou
à Paris, les mêmes cercles de narcotrafiquants reviennent. Certains donneurs d'ordre
agissent depuis leur cellule, on le voit encore à Marseille la semaine
dernière. L'obsession première des trafiquants quand ils « tombent »,
c'est de se « brancher », c'est-à-dire de tout de suite revenir aux
affaires, gérer le « stup » depuis sa cellule. Les téléphones sont
très faciles à obtenir via un agent pénitentiaire corrompu, des yo-yos dans les
fenêtres ou des drones. La prison n'effraie plus. On le voit avec la DZ
Mafia : le chef historique s'est exilé en Algérie, mais les deux autres patrons
actuels sont incarcérés en France. Ils font l'objet de plusieurs mandats de
dépôt criminels pour des faits commis avant et pendant leur détention.
Tueurs à gages, enquête sur le
phénomène des shooters, de Jean-Michel Décugis, Vincent Gautronneau et
Jérémie Pham-Lê (Flammarion), en librairie ce 9 octobre.
Vous ne croyez pas que c’est soulant de répéter la même
chose qui ne profite qu’à ses médias qui en font des gorges chaudes car depuis
G.DEFERRE né
le 14 septembre 1910 à Marsillargues (Hérault)
et mort le 7 mai 1986 à Marseille, est
un homme
politique et résistant français.
Membre de la Section française de
l'Internationale ouvrière (SFIO) puis du Parti socialiste, il est maire de Marseille d'août
1944 à novembre 1945, puis de mai 1953 à sa mort.
Parlementaire et ministre à
plusieurs reprises sous les IVe et Ve Républiques,
« numéro deux du gouvernement » à deux reprises, puis candidat à l'élection présidentielle de
1969 ?!
Donc depuis çà ne date pas d’hier
car après lui l’état central parisien n’a rien fait jusqu’à ce jour en oubliant
MARSEILLE la laissant tomber avec ces trafics illicites règlements de comptes
sanglants sous tous ces gouvernements et politiciens de tous bords et nos
dirigeants incompétents et leurs cliques de ministres qui s’engraissent sur le
dos de tous les Français qui les ont élus voire réélus toujours les mêmes !?
Quant à la justice n’en parlons pas
on l’a dit répressive mais de qui se moque-t-on quand on voit la pauvreté des
peines encourues surtout en plus quand çà concerne des mineurs d’ailleurs cette
voyoucratie devenue dangereuse s’en moque car avec un code pénal inadapté car
trop laxiste et des kyrielles d’avocats qui en ont fait leur spécialité (comme
notre ministre de la justice Dupond Moretti) qui ne recherchait que ces erreurs
de procédure ce qui a fait sa fortune !?)
Et puis surtout maintenant cela
concerne PARIS et toute la France qui prend toujours l’exemple sur les USA qui
au XIX EME siècle réglait leurs comptes à coup de pistolets dans leur ville qui
en on tirer des « westerns » célèbres mais qui ont hérité d'une guerre de cessation
meurtrière mais nous aussi on a fait pareil des films avec les regrettés
acteurs DELON BELMONDO car c’est la capitale mais aussi la France entière qui n’est
plus correctement sécurisée et mal protégée par des incapables ne pensant qu’à
eux !?
Car hélas ce n’est pas avec ce vieux
1er ministre BARNIER sympathique mais déjà plus en phase avec son
patron Macron l’inutile président qui lui mettra des bâtons dans les roues car cela
ne changera rien jusqu’en 2027 !?
Car moi qui voyage depuis 20 ans et ait
séjourné dans le monde je peux comparer les autres pays équivalents et démocratiques !?
Il serait temps d'ouvrir les yeux et
cesser de se regarder le nombril de donneurs de leçons hypocrites que personne
n'écoute Mrs les FRANCAIS lambda SVP !?
Jdeclef 08/10/2024 10h51
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