Société
Affaire
Kerviel: La Société Générale va-t-elle devoir rembourser 2,197 milliards
d’impôts à l’État?
JUSTICE La cour d’appel
de Versailles (Yvelines) a pointé du doigt, ce vendredi, la responsabilité de
la banque dans cette affaire…
La justice a toujours été une question de balance. Et pour la Société Générale, elle a radicalement changé de sens, ce vendredi, avec l’arrêt rendu par la cour d’appel de Versailles (Yvelines) dans le dossier Kerviel. Alors qu’elle demandait à bénéficier de 4,9 milliards d’euros de dommages et intérêts, la banque va peut-être, à l’inverse, être contrainte de rembourser plus de deux milliards d’euros d’impôts à l’Etat.
>> Les faits: Jérôme Kerviel jugé «partiellement responsable»
La cour d’appel de Versailles a, en effet, jugé Jérôme Kerviel « partiellement responsable » de la fraude qui porte son nom depuis 2008. L’autre « partie responsable » n’est autre que la Société Générale elle-même. Noir sur blanc, dans leur arrêt, les magistrats ont pointé du doigt « l’organisation défaillante » et « l’accumulation de manquements en matière de sécurité et de surveillance des risques » de la banque.
La banque a-t-elle commis
une faute ?
La décision de la cour d’appel de Versailles change tout. Pour la comprendre, il faut remonter au début de l’année 2008 alors que « l’affaire » venait à peine d’éclater. Se basant sur la législation existante en matière de fraude, la Société Générale a bénéficié, à cette époque, d’une ristourne fiscale de 2,197 milliards d’euros d’impôts, soit un peu plus d’un tiers de la perte qu’elle estime avoir subie. Tout est légal dans cette opération.
Sauf que pour bénéficier d’un tel cadeau fiscal, la législation précise bien que la banque ne doit pas avoir commis de fautes. La cour d’appel de Versailles a estimé, ce vendredi, que ce n’était pas le cas. Et se pose désormais la question de savoir si la banque va devoir rembourser à l’Etat 2,197 milliards d’euros d’impôts.
Kerviel, « pourvoyeur
d’argent public »
Intéressés par cette question de longue date, Jean-Luc Mélenchon (PG), Eva Joly (EELV) ou encore Thierry Solère (LR) n’ont pas attendu longtemps avant de demander aux services de Bercy de réclamer des comptes à la banque. Bien aidés en cela par les avocats de Jérôme Kerviel qui estiment que leur client est aujourd’hui « le plus gros pourvoyeur d’argent public en France ».
Sans surprise, Jean Veil, l’avocat de la Société Générale a une tout autre analyse du problème. Pour qu’il y ait un remboursement « il faudrait une faute volontaire, une faute excessive [de la banque] et ça n’est pas ce qui est écrit dans l’arrêt de la cour d’appel de Versailles. » La Société Générale a d’ailleurs rapidement publié un communiqué précisant que la décision était « sans effet » sur sa situation fiscale.
Michel Sapin veut défendre
les « intérêts de l’Etat »
Ce n’est sans doute pas à elle d’en décider. En déplacement à Berlin (Allemagne), Michel Sapin, le ministre de l’Economie et des Finances a indiqué « avoir demandé à l’administration fiscale d’examiner les conséquences de cet arrêt sur la situation fiscale de la Société Générale (…) et de préserver intégralement les intérêts de l’Etat. »
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