Didier Lallement, un « ayatollah » pour remettre de
l'ordre à Paris
PORTRAIT. Le nouveau préfet de police a la réputation d'homme
à poigne. Choisi pour son profil de réformateur, il braque déjà une partie de
ses troupes.
Âgé de 62 ans, Didier Lallement a presque autant de sobriquets que d'ennemis. Surnommé « l'Ayatollah » pour son intransigeance, et plus méchamment « Ebola », en raison d'une gestion des ressources humaines qui aurait laissé plus d'un collaborateur exsangue, le nouvel arrivant est à peu près l'exact opposé de son prédécesseur Michel Delpuech, connu, lui, pour sa prudence et ses talents de manœuvrier.
Sphères de gauche
« C'est
un vrai républicain, doté d'une grande force de caractère. Je crois qu'il
correspond bien au profil d'un préfet de police dans une période difficile »,
estime l'ancien ministre (de droite) Dominique Perben. Ce
dernier, qui, à son arrivée au ministère de la
Justice a « hérité » de Didier Lallement comme directeur de la
pénitentiaire se souvient d'un haut fonctionnaire prenant les dossiers à bras
le corps. « Au ministère de l'Équipement et des Transports, où il m'a
suivi, il a su s'imposer dans une maison d'ingénieurs, composée de bastions et
de citadelles. Il va dans le détail et ne prend pas pour argent comptant les
discours qu'on lui sert. N'oubliez pas que c'est un homme qui a été chef de
bureau au début de sa carrière », rappelle celui qui fut son ministre
plusieurs fois. Avant de travailler avec le libéral Dominique Perben, Didier
Lallement avait fait un passage par la Mnef aux côtés de Patrick Mennucci, futur
pilier socialiste, et rallié le Ceres de Jean-Pierre Chevènement, qui
l'amena avec lui à Beauvau en 1997.C'est à cette époque où tous deux évoluaient dans les sphères de gauche qu'Alain Bauer et Didier Lallement se sont connus et sont devenus amis. L'ancien grand maître du Grand Orient, criminologue et conseiller influent en matière de sécurité, aurait permis à Didier Lallement de se recycler auprès de Manuel Valls en 2012, après presque une décennie passée dans l'ombre de gouvernements de droite (avec Dominique Perben d'abord, puis comme directeur de cabinet de Jean-Louis Borloo à l'Écologie). Cet œcuménisme fait dire à ses détracteurs que l'actuel préfet ne sert personne, si ce n'est lui même tandis que ses admirateurs louent – à l'instar d'Alain Bauer – « le grand commis de l'État, capable de travailler avec tous les camps ».
Chasse aux sarkozystes
Certains
se souviennent tout de même que, secrétaire général du ministère de l'Intérieur
sous Manuel Valls, il avait fait la chasse aux sarkozystes afin de donner des
gages au nouveau pouvoir. Et notent l'absence remarquée de l'ancien directeur
général de la police nationale de Nicolas Sarkozy, Frédéric Péchenard, lors de
l'« installation » du nouveau préfet, alors même que cet ancien grand
flic est aujourd'hui vice-président LR de la région Île-de-France.Sous Valls, le nom de Didier Lallement circule pour le poste de directeur de cabinet du ministre, puis pour celui de préfet de police, déjà. Mais sa gestion à la dure et ses visées expansionnistes (secrétaire général à Beauvau, il avait essayé de prendre la main sur la gestion des ressources humaines de la police et de la gendarmerie, un crime de lèse-majesté qui lui avait valu pas mal d'inimitiés) avaient suscité une telle levée de boucliers qu'il avait finalement été exfiltré à la Cour des comptes, son corps d'origine, par Bernard Cazeneuve.
« Main de fer dans un gant de
boxe »
De
retour aux affaires en 2017 en tant que préfet de la région
Nouvelle-Aquitaine, il avait suscité la polémique en prenant le parti des
policiers après que ces
derniers avaient été accusés d'avoir matraqué le député de La France insoumise,
Loïc Prud'homme, en marge d'un rassemblement de Gilets jaunes à Bordeaux.
Là encore, la méthode Lallement – une « main de fer dans un gant de
boxe », pour reprendre l'expression d'un haut fonctionnaire qui l'a croisé
– fait débat. Mais séduit l'édile local, Alain Juppé. À un élu en visite à
Bordeaux l'automne dernier, le directeur de cabinet de Juppé Ludovic Martinez
confie : « Nous sommes très contents du nouveau préfet, il fait tout
ce que lui demande le maire. »Est-ce par la connexion Juppé-Édouard Philippe que Lallement est finalement choisi pour la PP ? « Il a surtout le pedigree nécessaire pour remettre de l'ordre dans cette maison déboussolée », estime Alain Bauer. Une grande réforme de l'institution, qui aurait pour objectif de « normaliser » le rôle du préfet de Paris, historiquement doté de pouvoirs dérogatoires en matière de renseignement, de police judiciaire et de groupes d'intervention, est dans les cartons. « Le pouvoir compte sur Didier Lallement pour faire le boulot. Mais s'il s'exécute, cela reviendra à s'amputer lui-même d'une partie de ses prérogatives. Pas sûr que ce soit son genre », souligne, taquin, un fin connaisseur de la PP.
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Un « ayatollah » cette qualification de
dignitaire religieux iranien pour le nouveau préfet de police est
irrévérencieuse !
Car si un internaute lecteur et abonné
au point avait écrit cela, il aurait été censuré par les modérateurs de
l'hebdo..?!
Comme quoi, il y a deux poids deux mesures
chez les médias qui peuvent dire tout et n'importe quoi, alors que les abonnés
du point doivent moduler leurs textes pour ne pas que leurs commentaires
passent à la trappe de la censure des modérateurs du point ?!
Jdeclef 24/03/2019 09h04
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