Monde
Visite
d'al-Assad à Moscou: «Poutine veut monter un nouvel ordre concurrent»
INTERVIEW Le président russe a affiché son soutien à son homologue
syrien...
Elle a surpris tout
le monde. Le président syrien Bachar
al-Assad a effectué une visite surprise à Moscou, sa première
sortie officielle de son pays depuis le début de la guerre civile, pour
remercier l’allié russe de son engagement militaire auprès de ses troupes face
aux rebelles. Michel Eltchaninoff, philosophe et auteur de Dans la tête
de Vladimir Poutine (Ed. Actes Sud), revient pour 20
Minutes sur les raisons du soutien du président russe à Bachar
al-Assad.
Pourquoi Valdimir Poutine
apporte-t-il un soutien indéfectible à Bachar al-Assad ?
Poutine a cette idée
que l’on ne renverse pas un dictateur. Dans son
discours lors de l’assemblée générale Nations Unies, il a assimilé
les révolutions arabes à des manipulations des services secrets occidentaux, à
des attaques de l’Occident à l’encontre de régimes politiques stables.Par ailleurs, la Syrie est un allié historique de la Russie. Cette alliance est aussi un atout précieux pour Vladimir Poutine puisqu’il y gagne un accès à la Méditerranée, avec la base militaire russe à Tartous.
L’implication de Poutine
dans le dossier syrien lui permet aussi de revenir sur la scène internationale…
La crise en Ukraine a
privé la Russie de G8. Avec le dossier syrien, Poutine rachète son ticket
pour le devant de la scène internationale. La Russie veut démontrer sa capacité
d’intervention unilatérale.Poutine veut montrer au monde qu’il mène la politique qu’il veut, quand il le veut. Il a dans l’idée d’instaurer un nouvel ordre concurrent, que l’on pourrait appeler l’axe des non-alignés et qui rassemblerait l’Iran, la Russie, la Syrie et tous les pays qui seraient "déçus" par l’Occident. En atteste l’Union eurasiatique qu’il a créée, sorte de concurrente de l’Union européenne. En recevant al-Assad, il se pose en concurrent des Etats-Unis. Il poursuit là sa logique de confrontation.
Vladimir Poutine peut-il
jouer un rôle déterminant dans la résolution du conflit syrien ?
La coalition
internationale s’est entendue pour ne pas envisager de solution au conflit qui
incluerait le maintien d’al-Assad au pouvoir. Or, c’est exactement ce que prône
le président russe. Il a choisi son camp et enfonce le clou avec cette
rencontre à Moscou entre lui et al-Assad.Poutine est comme un éléphant dans un magasin de porcelaine : aujourd’hui, on se retrouve avec deux coalitions sur le terrain, dont une qui est acquise à la cause d’al-Assad. Poutine complique les choses plus qu’il ne les simplifie. Il contribue à faire que la situation en Syrie est aujourd’hui encore plus conflictuelle. Et plus dangereuse, tant sur le plan politique que militaire.
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