MERCI MR DELORS
D’AVOIR CRU A LA France ET A l’EUROPE ?!
Que serait aujourd'hui l'Union européenne sans Jacques Delors ? Décédé le 27 décembre 2023,
l'ancien président de la Commission européenne (1985-1995) a été le père de
l'euro, du programme d'échange Erasmus ou encore de l'ouverture des frontières
au sein de l'espace Schengen. En 1995, il avait douché les espoirs de la gauche
française en renonçant à postuler à l'élection présidentielle. Pour Alain Minc, le conseiller des
présidents et des patrons du CAC 40, qui l'a connu à l'École nationale
d'administration, rien ne dit pourtant qu'il aurait remporté ce scrutin.
L'essayiste préfère retenir l'« immense héritage européen » de
Jacques Delors, à un moment où l'Europe se doit d'être unie face à la puissance
de géants comme la Chine ou l'Inde.
Alain Minc : Il est le père d'une Europe qui est leur
quotidien et dont ils sous-estiment souvent les incroyables atouts. Le père du
programme Erasmus, une matrice culturelle sans égale pour créer un esprit
européen, de l'espace Schengen et de l'euro, leur monnaie de tous les jours
sans laquelle la France serait beaucoup plus pauvre qu'elle ne l'est
aujourd'hui.
Jacques Delors fut une personne totalement
orthogonale au modèle français, hiérarchique et vertical.
Quel souvenir personnel gardez-vous de lui ?
J'éprouve beaucoup de tristesse, car je le connaissais depuis 1974. Il était
le tuteur en économie à l'ENA de la promotion Léon Blum à laquelle
j'appartenais aux côtés de Martine Aubry et de Pascal Lamy. C'était un homme
qui ne pratiquait pas le magistère autoritaire. Au contraire. Il accordait aux
autres une immense attention et possédait un goût immodéré pour le dialogue,
dont il pensait que pouvait surgir une forme de progrès ou de vérité. Il était
en ce sens un personnage peu conforme à la vision que les Français ont d'un
président de la République, qui commande et ne dialogue pas. Une personne
totalement orthogonale au modèle français, hiérarchique et vertical.
Ce qui illustre le mieux Jacques Delors ce
sont les images où il est à côté de Margaret Thatcher, avec laquelle il a eu un
corps-à-corps idéologique incessant.
Le 11 décembre 1994, Jacques Delors annonce devant
12 millions de téléspectateurs à l'émission « 7 sur
7 » qu'il ne sera pas candidat à l'élection présidentielle de 1995.
Comprenez-vous aujourd'hui ce rendez-vous manqué avec les Français ?
Cette image ne résume heureusement pas sa vie. Ce fut un rendez-vous manqué
avec la candidature. Mais il ne faut pas réécrire l'histoire. Rien ne dit que
cela aurait été une élection facile pour Delors, qui n'était pas un animal de
campagne. La gauche cohabitait depuis 1993 avec une droite triomphante. Il
y avait une grande hypocrisie de la part de nombreux soutiens à gauche,
notamment de la part d'Henri Emmanuelli, premier secrétaire d'un Parti
socialiste qui avait longtemps combattu Jacques Delors. Les socialistes
n'étaient pas nécessairement en adéquation idéologique avec ce qu'incarnait
Delors, trop social-démocrate à leurs yeux.
Plutôt que sa non-candidature à la présidentielle de 1994, je trouve que ce
qui illustre le mieux Jacques Delors ce sont les images où il est à côté de
Margaret Thatcher, avec laquelle il a eu un corps-à-corps idéologique
incessant. Quels qu'aient pu être la rage anglaise, les tabloïds et
l'agressivité de Thatcher, il n'a jamais lâché. Delors n'était pas frêle.
C'était un politique en acier trempé.
Pour Delors, le processus fédéral n’était pas
une faucheuse arasant les différences nationales.
Après Schuman et Monnet, il est l'un des derniers grands bâtisseurs
de l'Europe. À quoi ressemblerait l'UE sans lui ?
Je ne sais pas si elle existerait encore. Elle ne serait peut-être qu'un
vague accord de libre-échange. Les Anglais, qui avaient fait de Delors leur
bouc émissaire, l'ont caricaturé en fédéraliste impénitent. Pourtant, il
plaidait pour une fédération d'États-nations. Pour lui, le processus fédéral
n'était pas une faucheuse arasant les différences nationales.
Aurait-il pu faire tout ce qu'il a fait sans le soutien du couple
franco-allemand ?
Non. Il a pu donner à l'Europe un énorme coup d'accélérateur parce qu'il a
été soutenu indéfectiblement par François Mitterrand et par Helmut Kohl. En
1989, au moment de la chute du Mur, Jacques Delors réagit d'ailleurs de manière
très différente de Mitterrand, qui était sur ses gardes. Lui adhère
immédiatement au projet de réunification et considère cette dernière comme une
chance pour l'Europe. Trois jours après la chute du Mur, il affiche un soutien
sans faille à Helmut Kohl en déclarant à Berlin « Ich habe keine
Angst » (« Je n'ai pas peur »).
Jacques
Delors : ses dernières confessions au « Point »
Il a beaucoup insisté sur l'importance de la dimension sociale de
l'Europe. A-t-il été entendu ?
Quand il la quitte, en 1995, l'Europe marche à cloche-pied, avec une branche
libérale économique mais pas de branche redistributive et sociale comme il
l'aurait souhaité. La construction européenne a toujours été bancale à ses
yeux. Néanmoins, il faut revenir à la phrase d'Angela Merkel qui disait en
substance « l'Europe, c'est 7 % de la population mondiale, 25 %
du PIB mondial et 50 % des aides sociales de la planète ». Cela
signifie que chacun des pays membres de l'Union européenne pratique la
redistribution.
“L’espace Delors” va de Raphaël Glucksmann à
Emmanuel Macron, écologistes compris.
Comment expliquez-vous qu'une partie de la gauche semble renier son
héritage politique ?
Aujourd'hui, l'espace de Delors, pro-européen, assez fédéraliste et
interventionniste, se retrouve dans la partie de la gauche qui n'est pas
« insoumise ». « L'espace Delors » va de Raphaël Glucksmann
à Emmanuel Macron, écologistes compris. La seule épine dorsale du président est
d'ailleurs l'Europe.
Que pensait-il de la politique d'Emmanuel Macron ?
S'il n'est jamais vraiment intervenu dans le débat politique depuis 2017, sa
conception contractuelle et sociale-démocrate de la vie collective était assez
antinomique avec la vision assez « chevènementiste » que Macron a du
fonctionnement d'un État. À savoir, une vision verticale et autoritaire.
Ceux qui imaginent qu’on peut s’évader de
l’Europe sont des fous que la réalité finit toujours par ramener à la raison.
Jacques Delors avait-il anticipé la défiance actuelle de certains
vis-à-vis de l'Europe ?
Comme nous tous, il avait sous-estimé les vagues populistes d'extrême droite
et d'extrême gauche. Lui a connu des années heureuses, la chute du Mur, une
certaine vision commune du futur, des États-Unis merveilleusement bien dirigés
par George Bush père. Cependant, si on regarde l'Italie, il est intéressant de
voir que Giorgia Meloni, après avoir expliqué qu'elle mènerait une politique
migratoire nationale, est allée mendier à Bruxelles le soutien d'Ursula von der
Leyen pour gérer la crise migratoire. Quel bel aveu ! Ceux qui imaginent
qu'on peut s'évader de l'Europe sont des fous que la réalité finit toujours par
ramener à la raison.
La guerre ukrainienne nous rappelle qu’il n’y
a pas d’Europe de la défense et que l’ancrage occidental n’existe qu’à travers
le leadership américain.
Aurait-il accepté de nouveaux États membres comme l'Ukraine ?
En 1991, au moment où il est à
Bruxelles, l'Ukraine se sépare de la Russie et nul n'imagine que c'est une
séparation totale qui débouchera sur la guerre actuelle. Il existe aujourd'hui
une autre carte géostratégique. Je suis néanmoins convaincu qu'il aurait été
partisan de l'adhésion de l'Ukraine à l'Union européenne comme réponse
stratégique. La guerre ukrainienne nous rappelle qu'il n'y a pas d'Europe de la
défense et que l'ancrage occidental n'existe qu'à travers le leadership
américain. Si par malheur Donald Trump est élu, les Européens n'auront pas
d'autre choix que de compter sur leurs propres forces vis-à-vis de la menace
russe. Plus des acteurs puissants comme la Chine ou l'Inde apparaissent dans le
monde, plus on a besoin d'Europe. J'ose espérer que ce discours, héritage de
Delors, sera porté pendant la campagne électorale européenne.
Mr DELORS était un homme politicien dirigeant d’exception
de qualité comme on n’en n’a pas beaucoup vu dans cette Veme république qui se dégrade
depuis qu’elle existe !?
Mais faire parler les morts en leur attribuant des
faits qu’ils n’ont pas vécus et donc réalisés par des hypothèses cela fait partie
de l’hypocrisie actuelle de nos dirigeants en place si donneurs de leçons pleutres
qu’ils veulent donner au monde entier mais qui ne sont même pas capable de mieux
diriger la France ni la protéger avec en plus un dédain digne de notre président
pour ce peuple Français lambda « ces gens de peu » comme il s’est plut
à le dire !?
Alors honorer ce grand Monsieur DELORS n’est que
justice, mais curieusement sa fille elle-même politicienne ayant eu de hautes fonctions
n’a pas été à la hauteur comme quoi « les chiens ne font pas des chats »
comme dit le proverbe !?
Et aussi notre président actuel qui se complaira
dans un discours habituel d’hommage ne lui arrive pas à la cheville et ce n’est
pas grâce à une couleur politique différente car cet homme était vraiment au-dessus
du lot des classes politiques actuelles qui sont d’une médiocrité désespérante !?
jdeclef 05/01/2023
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