Arnaud
Rousseau : « Le discours de Macron est aux antipodes de ce que
fait son administration » !?
L’ENTRETIEN
POLITIQUE DU WEEK-END. À l’aube des européennes, le président de la FNSEA
s’alarme de la déconnexion des politiques avec le monde agricole.
LES AGRICULTEURS
SONT COMME LES FRANCAIS LAMBDA SOUFFRENT ET EUX CE N’EST PAS LA 1ERE FOIS DEPUIS
QUE CETTE V EME REPUBLIQUE EXISTE ET EN PLUS MACRONIEENNE POUR CES MANDATURES JUSQU’EN
2027 !?
Occupée par l'actualité du
remaniement décidé par Emmanuel Macron à la veille d'une
campagne des européennes qui s'annonce périlleuse, la classe politique
française aura peu commenté les manifestations qui
paralysent l'Allemagne depuis bientôt une semaine. Pour
protester contre la disparition d'un avantage fiscal décidée par Berlin, les
agriculteurs bloquent les centres-villes de nombreuses municipalités avec leurs
tracteurs, dans un mouvement impressionnant qui a rapidement fait tache
d'huile, et inquiète tous les gouvernements d'Europe. Des vagues de colère
similaires ont traversé les Pays-Bas, la Roumanie… et la France, où la grogne,
bien que contenue, dure depuis des mois.
Colère
des agriculteurs : après les Pays-Bas et l'Allemagne, la
France ?
Le Point : Après la Roumanie et les Pays-Bas, les agriculteurs
manifestent en Allemagne. En France, le mouvement des panneaux de
municipalité retournés traduit le même ras-le-bol. Est-ce que cela vous
inquiète ?
D’un côté, on contraint nos agriculteurs à
produire moins, et de l’autre on importe plus de denrées alimentaires,
produites dans des conditions qu’on interdit sur notre sol.
Cette année, l'Europe, dans son entièreté, a importé plus de denrées
alimentaires brutes ou transformées qu'elle ne le faisait hier. C'est une
réalité. D'un côté, on contraint nos agriculteurs à produire moins et, de
l'autre, on importe plus de denrées alimentaires, produites dans des conditions
qu'on interdit sur notre sol. Cela heurte le bon sens des producteurs, qui
vivent cette contradiction – et les politiques mises en œuvre – comme une
réelle violence.
De la ferme à la
fourchette… ou à la famine
Aux Pays-Bas, pour réduire les émissions d'azote de l'élevage, le
gouvernement a voulu forcer la réduction des cheptels de 50 %, en une
poignée d'années ! La brutalité de la décision a embrasé les
campagnes. Plus à l'est, en Pologne et en Roumanie, les importations
massives de denrées ukrainiennes concurrencent la production de ceux
auxquels on impose, par ailleurs, de changer du jour au lendemain leurs
standards environnementaux. L'Europe importe en masse des volailles
ukrainiennes, élevées dans des fermes qui comptent 2 millions de poulets,
quand en France, les éleveurs de plus de 21 500 poules devront se
soumettre en 2030 aux contraintes d'une directive sur les émissions
industrielles. On marche sur la tête ! La technocratie bruxelloise est
totalement déconnectée du réel.
La folie administrative
excède les agriculteurs
Ces critiques du Green Deal et de ses conséquences ne sont
pas nouvelles… Pourtant vous peinez à être entendus.
Moins d’une dizaine d’eurodéputés français ont
une connaissance minimale des questions agricoles. C’est terrible.
Aujourd'hui, quelle que soit l'obédience politique, moins d'une dizaine
d'eurodéputés français ont une connaissance minimale des questions agricoles.
C'est terrible, car ces sujets demandent de vraies compétences. Ils touchent au
cadre européen et national, relèvent de négociations internationales, ils sont
liés à la santé, à l'économie, à l'environnement, au climat… Cette complexité
agit comme un repoussoir. Et sur le terrain, les acteurs se retrouvent seuls…
Les préfets écrivent des notes toutes les semaines pour alerter les politiques
des difficultés qui sont en train de monter, et personne ne leur répond.
Ce qui se passe en Allemagne est très éclairant. Le gouvernement a voulu
résoudre son problème de déficit budgétaire en supprimant un avantage fiscal
sur le diesel, faisant bondir d'un coup les charges de production à l'hectare.
Nous avons failli connaître le même sort en France, mais le gouvernement a
accepté de négocier et de définir une trajectoire de réduction de notre
avantage fiscal. J'en paie le prix politiquement, car nos charges de production
augmenteront. Mais la décarbonation nous concerne tous.
En 2017, Emmanuel Macron promettait de « relever le
défi de la souveraineté alimentaire » du pays. Six ans plus tard, les
productions s'effondrent et la France n'a jamais été aussi dépendante de
l'extérieur pour son alimentation. Qu'est-ce qui ne marche pas ?
Le malaise vient du décalage entre ce que dit le président de la
République et ce qu'on observe dans la chaîne administrative. Je l'ai dit
à Emmanuel Macron quand je l'ai rencontré en septembre : son discours
est aux antipodes de ce que fait concrètement son administration ! Cela
décrédibilise totalement la parole publique et pousse les agriculteurs
vers les extrêmes. Prenez l'exemple de l'eau ! Il y a plus de deux ans, le
président a mis sur pied, avec le gouvernement, un Varenne de l'eau et
du changement climatique, qui devait mettre en œuvre les
possibilités de stocker de l'eau. Combien de mètres cubes supplémentaires sont
stockés depuis ? Quasiment aucun !
Gestion
de l'eau : comment s'adapter au changement climatique
Qu'espérez-vous des élections européennes ?
Nous devons pouvoir rediscuter non pas des mesures du Green Deal (dont
la plupart resteront), mais de sa philosophie. Les dispositions concernant le
changement climatique et la biodiversité sont nécessaires et demeureront,
quelles que soient les futures majorités. Mais nous devons réaffirmer notre
attachement à notre souveraineté alimentaire. Aujourd'hui, les politiques
agissent comme si les pertes de production n'étaient pas importantes – que
nous pouvions nous acheter un espace de vie décarboné, tout en faisant produire
ailleurs, à vil prix, les productions moins-disantes et bon marché qu'il
suffira d'importer. Ce n'est pas tenable.
Nous devons admettre que la transition
écologique a un coût […]. Il faut que le consommateur accepte de payer la
demande sociétale qui est la sienne.
La question de la décarbonation ne peut pas être seulement européenne. Nous
devons aussi admettre que la transition écologique a un coût. Et la question
est simple : qui va la payer ? On ne peut pas, dans le même temps,
conduire des discussions sur le prix des denrées alimentaires, avec un gouvernement
qui nous enjoint de maintenir des prix bas et imposer des
contraintes environnementales de plus en plus coûteuses. Il faut que le
consommateur, au final, accepte de payer la demande sociétale qui est la
sienne.
Les
Français, premiers consommateurs de poulets en Europe
Nos politiques publiques sont incohérentes, selon vous ?
Elles le sont à tous les maillons de la chaîne. Nos importations de viande
porcine, par exemple, ne cessent d'augmenter. Mais toutes les demandes pour
ouvrir des exploitations en France traînent pendant des années. Les
autorisations administratives sont bloquées, car personne n'assume le fait que
l'ONG du coin viendra manifester. Tout le monde se planque. Et tout le monde
fait la courte échelle aux importations…
Les chiffres sont incontestables : tous les jours, nous devenons plus
dépendants de l'extérieur en fruits, en légumes, en porc, en viande. Même en
lait, nous ne serons plus autosuffisants d'ici à 2027. Les vins et spiritueux
perdent des parts de marché. Si vous ajoutez à ces tendances le facteur climat,
l'équation conduit à un cocktail détonnant. Car, en parallèle, nos politiques
publiques nous préparent toujours à une alimentation qui sera,
structurellement, de plus en plus chère !
Les objectifs en bio sont déconnectés des
réalités du marché, et croire que le problème se réglera à coups d’argent
public est de la pensée magique.
Aujourd'hui, l'agriculture
biologique est en plein marasme – les gens ne peuvent plus payer, et
nous devons absolument soutenir les agriculteurs bio qui ne s'en sortent pas.
10 % de nos surfaces agricoles sont en bio. Or la planification écologique
prévoit toujours que, en 2030, nous aurons atteint 25 % ! Mais de qui
se moque-t-on ? Ces objectifs sont déconnectés des réalités du marché, et
croire que le problème se réglera à coups d'argent public est de la pensée
magique. La réalité, c'est que les gens achètent de l'entrée de gamme et des produits
importés. Tous les warnings que nous avons allumés depuis cinq ans se sont
avérés justes… Un fossé s'est creusé entre les gens qui produisent la
loi et la réalité. Cela, les agriculteurs ne le supportent plus.
Inflation :
« La viande, désormais, c'est une fois par semaine »
L'adaptation au changement climatique est un autre défi. N'avez-vous
pas pris trop de retard ?
L'agriculture française est reconnue comme étant une des plus durables au
monde, et il n'existe pas d'agriculteur qui soit climatosceptique. Nous avons
tous observé l'avancée des dates de moisson, de fenaison ou de vendanges. Nos
retards d'adaptation sont importants, pour une raison simple : faire
évoluer nos modèles nécessite d'investir et, pour cela, nous avons besoin
de capacités d'investissement. L'assolement en maïs a été le plus faible l'an
dernier depuis vingt-cinq ans. De nouvelles cultures progressent, comme le
tournesol.
Serge Zaka, le cow-boy de
l'agroclimatologie
Mais la plus grande urgence sera de stocker l'eau, pour garantir sur la
durée nos approvisionnements. Quel que soit le modèle d'agriculture, petit,
gros, biologique, agroécologique… tous ont besoin d'eau, et aucun territoire ne
sera épargné par la raréfaction de la ressource, ou par la modification du
calendrier des averses. Est-ce qu'on doit la réutiliser, la stocker, la
désaliniser ? Toutes les solutions sont ouvertes. C'est maintenant, alors
que nous avons encore quelques marges de manœuvre, que nous devons traiter ce
sujet, sans nous laisser intimider par ceux qui mènent un combat contre l'acte
de production.
Ceux qui conduisent la mobilisation contre
les « mégabassines » de Sainte-Soline rêvent d'une
agriculture décroissante, où l'on gratte la terre avec les doigts. La
Confédération paysanne écrit dans son programme qu'il faut remettre un million
d'agriculteurs dans les champs. Un million ! Certes, Mao l'a fait, avec
son Grand Bond en avant. Le fait de ne pas y croire ne fait pas de moi un
affreux techniciste. Je crois qu'il existe d'autres solutions.
Souveraineté
alimentaire : la France au bord de la falaise
Comme les nouvelles techniques de sélection des plantes, ces
fameuses NBT (« new breeding techniques »), que leurs opposants
qualifient de « nouveaux OGM ») et que la Commission européenne
envisage d'autoriser ?
Nous avons besoin, pour remplir les objectifs que nous demande la société,
d'innovation et de recherche. Cela passe notamment par la génétique. Pouvoir
demain sélectionner de manière plus rapide des plantes qui répondent aux défis
de consommer moins d'eau, de repousser certains insectes ou de résister à des
maladies fongiques, serait une réelle avancée. La sélection massale, grandeur
nature, prend des années.
La génétique au secours de
l'agriculture
Nous avons aujourd'hui des technologies, développées notamment grâce à un Prix Nobel français,
Emmanuelle Charpentier, qui permettent d'aller beaucoup plus vite,
avec des ciseaux moléculaires et de la génomique. Une vision de la société
décroissante, là encore, s'y oppose. Il est d'ailleurs surprenant que cette
frilosité s'exprime à propos de ces techniques, mais pas de la viande ou du
poisson cellulaires, qui se développent de plus en plus. Tant que nous subirons
ces oppositions idéologiques, il sera difficile d'avancer… Et, donc, de réduire
drastiquement notre consommation de pesticides.
Je m’inscris en faux avec l’idée que le monde
agricole ne voudrait pas évoluer. Mais il faut des alternatives.
N'y a-t-il pas, sur ce dossier, des réticences du monde
agricole ?
Je m'inscris en faux avec l'idée que le monde agricole ne voudrait pas
évoluer. Mais il faut des alternatives. Personne n'obligerait les Français à se
passer demain de médicaments, d'anxiolytiques et d'antidépresseurs, alors
qu'ils sont parmi les plus gros consommateurs au monde… Les agriculteurs, eux,
ont considérablement réduit leur usage de produits phytosanitaires. On peut
faire davantage, mais pas sans solutions. Et cette recherche doit mobiliser les
meilleurs chercheurs, de l'Inrae, du secteur public et privé. Quand je demande
à mes adhérents : qu'a changé l'Inrae dans votre ferme depuis
dix ans ? Ils ne savent pas me répondre… Pourtant l'Inrae est notre
bras armé. Ce sont 14 000 chercheurs et personnel, près d'un milliard
d'euros de financement annuel. Nous devrons bientôt nous passer
de 75 nouvelles molécules… Par quoi les remplacer ? Il faut
accélérer !
Réduction
des pesticides : un beau ratage au Parlement européen
Plus de la moitié des agriculteurs partiront à la retraite d'ici à
2030. C'est quasiment demain… Seront-ils remplacés ?
Ce mur se dresse devant nous, et nous
devons montrer que notre métier revêt du sens, tout en permettant de gagner sa
vie. Car l'un ne va pas sans l'autre. Personne n'acceptera un métier purement
sacrificiel. Le secteur agricole est devenu un secteur d'ajustement,
aujourd'hui, comme le furent le textile ou la sidérurgie… Qui peut s'y
résoudre, alors que nous connaissons l'issue ? Si on ne réagit pas très
vite, nous en paierons tous le prix collectif.
En fait c’est plus simple et prouvé par ce nouveau
remaniement ministériel avec changement à minima des ministres et non ceux dit poids
lourds reconduits à leur poste et avec ce 1er ministre ATTAL minet bobo
aussi servile que la précédente Mme BORNE mais plus souriant voire plus sympathique qu’elle ce qui plait semble-t-il aux
Français gogos malgré une insatisfaction marquée d’une majorité de Français pour
leur président (qu’ils méritent car ayant
commis l’erreur de l’avoir réélu jusqu’en 2027 !?)
Ce n’est pas pour faire croire avec la nomination
de RACHIDA DATI qui à fustiger sans cesse la politique présidentielle macronienne
mais qui bien sûr n’a pas refusé cette nomination qui changera quelque chose ce
qui montre la bassesse de cette classe politique de tous bords à opinion variable
et celle au pouvoir de notre roi sans couronne fat qui dédaigne les Français « d’en
bas ou de peu » comme il a dit au demeurant
et qui ne le gêne pas n’ayant aucun amour propre en continuant à se moquer sans
vergogne des Français lambda et même des autres…
Cet épisode de plus dans cette Veme république usée
obsolète devenue monarchique n’est que du mauvais théâtre de boulevard dirigé par
un mauvais acteur qui a été ceci en passant éduqué par sa professeure de Français
qu’il a épousé d’ailleurs…
Il a d’ailleurs un bon public restant chez les Français
gogos incurables qui râlent ou manifestent périodiquement bien que sans majorité
à l’Assemblée nationale qui a peut-être indirectement (obligé) le président à changer
à la marge son gouvernement et 1er ministre bien que lui est indéboulonnable
donc vive 2027 ! (Et non pas 2024 qui prend le même chemin en faisant perdre
du temps à la France un pétard mouillé habituel !?)
Mais il faut le répéter c'est la faute des
Citoyens FRANÇAIS qui votent dans notre pays (encore libre et démocratique...)
JDECLEF 13/01/2023 10H53
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