mercredi 15 septembre 2021

Cet « ancien nouveau venu » dans la classe politique médiocre nationale est le seul qui semble avoir les pieds sur terre !? (Mais si les français l'élisent cela tiendra du miracle car beaucoup sont trop versatiles !)


 

« Souveraineté juridique » : Michel Barnier s’explique

ENTRETIEN. En proposant que les États européens redeviennent maîtres de leur politique migratoire, l’ex-commissaire européen a déclenché une vive polémique. Il répond.

En proposant un débat sur un retour à une « souveraineté juridique » des États européens en matière d’immigration, Michel Barnier, l’ancien commissaire européen et négociateur du Brexit, a suscité une vive polémique. Le candidat à la primaire de la droite a-t-il pris le risque d’écorner son image d’Européen convaincu pour faire avancer sa campagne présidentielle ? Il répond aujourd’hui dans Le Point, en s’indignant des attaques dont il a été l’objet et en clarifiant ses propos.

Le Point : Votre défense de la « souveraineté juridique » des États européens a surpris et choqué. On vous accuse de conversion souverainiste sous l’effet de la primaire française. Quelle mouche a donc piqué l’ancien commissaire européen que vous êtes ?

Michel Barnier : C’est de la mauvaise polémique, une agitation provoquée par telle ou telle cellule macroniste pour défendre le président sortant. J’ai été européen avant ces gens, je le serai après ; je n’ai aucune leçon d’engagement européen à recevoir d’eux, pas plus que de fierté nationale de Mme Le Pen. La situation est très grave pour le projet européen, et tout le monde serait bien inspiré de le mesurer, comme j’ai pu le faire en ayant la charge de la négociation du Brexit. Ceux qui pensent que le Brexit étant maintenant derrière nous, les négociations ayant été bien conduites de l’avis général, on peut continuer « business as usual » commettent une très grave erreur. Un certain nombre de hauts fonctionnaires, de politiques, de journalistes seraient bien inspirés d’ouvrir la bulle bruxelloise dans laquelle ils sont enfermés, comme je le dis depuis une quinzaine d’années. Je ne fais pas là référence à ces militants qui font du zèle pour le président français sortant avec arrogance et sectarisme, je parle de ceux qui sont plus sincèrement et plus profondément européens et qui croient qu’il ne faut rien changer. Si l’on ne change rien, il y aura d’autres Brexit.

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Pour être clair, pouvez-vous nous préciser votre position sur « la souveraineté juridique » ? Qu’avez-vous voulu dire ?

La politique d’immigration nationale et la politique d’immigration européenne ne fonctionnent pas. Et donc, quand les choses ne fonctionnent pas et qu’on est candidat à la présidence de la République, il faut les changer. Je ne suis pas quelqu’un qui fait des coups. J’ai travaillé sérieusement sur cette question avec des hauts fonctionnaires du Conseil constitutionnel et du Conseil d’État, dont je suis membre d’ailleurs, et des experts européens. Et au terme de cette analyse, nous pensons qu’il faut marquer une pause, un coup d’arrêt à l’immigration extraeuropéenne, pendant trois à cinq ans : c’est ce que j’ai appelé un moratoire. Pendant ce temps de suspension, il faut mettre à plat l’ensemble des procédures sur la mise en œuvre du droit d’asile, du regroupement familial, de l’attribution des titres de séjour, des expulsions. Il faut prendre le temps de la négociation avec nos partenaires européens sur le fonctionnement de Schengen, notamment les frontières extérieures. Le temps de discuter aussi d’un vrai contrat avec les pays d’émigration économique ou écologique. Pendant ce moment, nous voulons retrouver notre souveraineté, sous la forme d’un « bouclier constitutionnel » qui sécurise les décisions prises pour refonder notre politique migratoire. Pourquoi ? Parce que dans la mesure où il n’y a pas de référence réelle à la question des flux migratoires dans notre Constitution et que nos textes nationaux et européens sont trop généraux ou imparfaits, beaucoup de place est laissée aux jurisprudences nationales et européennes dans l’interprétation des textes. Il y a de multiples trous juridiques, comme on l’a vu dans l’affaire de ce Rwandais qui a assassiné le père Olivier Maire. De façon raisonnable et raisonnée, nous prônons donc une autonomie réglementaire de la France, dans ce seul domaine et durant le seul temps du moratoire, le temps que les choses changent en France comme en Europe. Ce « bouclier constitutionnel » sera mis en place par référendum. Les cris d’orfraie pourfendant ma proposition, je ne les ai pas entendus quand, il y a quelques mois, Édouard Philippe a écrit dans un article qu’une décision de la Cour de justice européenne était inacceptable, scandaleuse, contraire à l’intérêt national et à la souveraineté nationale. C’était à propos du temps de travail dans l’armée. Je n’ai pas entendu Clément Beaune et ses amis sur ce sujet. Pas un mot. Ni quand Emmanuel Macron met en cause directement une directive européenne sur les deux-roues. Pourquoi ne sommes-nous pas assez lucides pour voir qu’il y a un certain nombre de choses à changer, calmement, de manière ciblée, pour avoir une maîtrise de notre immigration ? Une telle attitude d’aveuglement provoquera de nouveaux Brexit. Ceux qui m’attaquent sont les mêmes qui ont dit pendant trente ans qu’il fallait déréguler les services financiers au nom du libre-échange, qu’il ne fallait pas faire de protectionnisme… Je ne suis pas fédéraliste, je ne l’ai jamais été. Je suis passionnément européen, en plus d’être patriote. Ou plutôt, parce que je suis patriote, je suis profondément européen. Je n’accepterai pas de leçons de ces gens-là. J’ai quelque chose de plus qu’eux : j’ai géré le Brexit. Un grand pays qui quitte l’Union européenne, ce n’est pas rien. Si on n’en tire pas toutes les leçons, c’est que l’on n’a rien compris.

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Après ce moratoire, mettrez-vous en place une politique de quotas ?

Attention, pour éviter les polémiques inutiles, soyons précis : pour ce qui est de l’intérieur de l’Union européenne, je reste très attaché à la libre circulation. Je parle là de l’émigration à partir de pays tiers. Et dans ce cas, oui, nous instaurerons des quotas pour l’émigration économique, à la canadienne, pour choisir qui nous voulons accueillir dignement chez nous. Je ne vais pas fixer de chiffres précis. Tous les ans, le Parlement devra se prononcer. Il faut regarder les choses de près. Allez interroger ceux qui travaillent dans les associations et qui sont confrontés notamment aux titres de séjour pour soins si souvent détournés, toutes celles et tous ceux qui viennent se faire soigner chez nous ou qui sont déboutés du droit d’asile et restent quasi systématiquement.

Vous critiquez la Cour européenne de justice. En 2016, François Fillon proposait de quitter la CEDH (Cour européenne des droits de l’homme), et Nicolas Sarkozy de la modifier ? Vous approuvez ? Souhaitez-vous aussi suspendre l’application de la convention de Genève de 1951 sur le droit d’asile ?

Nous avons besoin pour préserver l’Union européenne d’un ordre juridictionnel cohérent. Donc je reste attaché à la Cour européenne. Ensuite, tous les sujets doivent être mis sur la table et débattus, et nous verrons après.

Vous qui apparaissiez comme le plus européen des responsables politiques français, n’êtes-vous pas en train de brader votre image de proeuropéen pour combler votre retard dans les sondages ?

Je suis triste si certains pensent cela. C’est mal me connaître. Ces critiques sont pathétiques et dérisoires. Je ne suis pris d’aucune fébrilité. Je reste ce que je suis : un gaulliste européen convaincu. S’engager dans une campagne présidentielle, c’est regarder les problèmes en face et proposer des solutions. Sur la question de l’immigration où les politiques sont en échec depuis des décennies, nous avons entendu beaucoup de grands discours et de promesses, jamais suivis d’effet. Cela compromet gravement la crédibilité de l’action politique. Beaucoup de responsables politiques limitent leur discours à dire ce qu’il faudrait faire. Ce que je propose avec le moratoire sur l’immigration, c’est une méthode pour y parvenir, en France comme en Europe.

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Car semble-t-il, il prend le temps de réfléchir !?

J.declef 15/09/2021 12h50

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