samedi 12 janvier 2019

Les gilets jaunes sèment le trouble dans le monde politique médiocre français !

Gilets jaunes – Benoît Hamon : « Mélenchon parle, Le Pen récolte »

VIDÉO. En pleine crise des Gilets jaunes, le leader de Génération·s estime que Jean-Luc Mélenchon fait le jeu de l'extrême droite. Entretien.


Son avenir politique immédiat ne semble pas s'éclaircir tant le dirigeant de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a fait de lui une cible prioritaire. D'autant que les européennes ne s'annoncent pas plus heureuses pour Benoît Hamon, qui vient de fermer la porte à une « liste commune » avec le Parti socialiste d'Olivier Faure. Qu'importe, à l'heure des Gilets jaunes, l'ancien candidat se refuse au populisme de gauche pour les draguer : « J'assume la sobriété de ma parole, ne pas rajouter mes propres angoisses, mes propres colères et une forme de grossièreté au débat politique. Et j'assume aussi la radicalité des propositions que je porte. » Son cheval de bataille est ailleurs : reconstruire la gauche, une nouvelle gauche, par les idées plutôt que par les appareils politiques. Et tracer son chemin entre un Emmanuel Macron entouré « de marquis » et un Jean-Luc Mélenchon « qui entretient une zone grise » avec Marine Le Pen...
Le Point : Violences sur les forces de l'ordre, couacs du gouvernement, situation réenflammée en ce début d'année… Quand est-ce que l'on arrête tout ça ?
Benoît Hamon : Je ne suis pas persuadé que quelqu'un puisse appuyer sur un bouton pour tout arrêter. D'abord, ce mouvement social a sa propre dynamique, sa propre logique, et il n'est pas indifférent aux décisions du gouvernement et du président de la République. Le caractère qu'a Emmanuel Macron de faire sentir en toute circonstance qu'il est plus intelligent que tout le monde. Le gouvernement peut en partie répondre à ce mouvement, mais je ne crois pas qu'il ait désormais la clé seul. Ce qui est certain, c'est qu'on est devant un mouvement inédit depuis plusieurs décennies, par sa durée, par le soutien dont il bénéficie dans l'opinion publique en dépit de l'absence de porte-parole et de la multitude de messages qui parfois sont contradictoires les uns avec les autres. Il est inédit aussi par la critique radicale du système : système inégalitaire de répartition des richesses, pas assez démocratique au regard des attentes des citoyens… Il me semble donc que le minimum que peut faire le gouvernement est de répondre aux deux questions majeures posées par ce mouvement et qui feront largement consensus chez ceux qui y sont impliqués ou le soutiennent.
D'abord, la question de la répartition des richesses : qui paie les impôts ? Comment ? Avec quelles contreparties ? Le consentement à l'impôt est légitimement mis en cause quand deux habitants, l'un au cœur de l'Indre et l'autre en région parisienne, gagnent 2 000 euros et paient autant d'impôt sur le revenu, mais que le premier a quatre fois moins de services publics, parce que la maternité a fermé, que les classes fermeront à effet différé, que la ligne de chemin de fer est menacée, que la qualité du service public se dégrade… Il y a également cette question : « Pourquoi est-ce que je paie alors que d'autres ne paient pas ? » C'est la question de la fiscalité écologique. Emmanuel Macron rend un très mauvais service à la transition écologique en faisant tout porter sur les épaules de celui qui fait son plein d'essence et rien sur celles de Total, des banques qui financent les projets d'extraction d'énergie fossile, des plus riches et donc des plus gros pollueurs. L'autre thème, très fort, avec des revendications comme le Référendum d'initiative citoyenne (RIC) ou la destitution d'Emmanuel Macron, c'est « on nous prend pour des imbéciles, quoi qu'on dise on a toujours tort, et encore c'est quand le pouvoir daigne nous adresser la parole ». 





Mais lorsque les Gilets jaunes souhaitent la destitution du président de la République, ne vont-ils pas trop loin ?

Il y a des mouvements politiques, très minoritaires, qui souhaitent renverser le régime par la violence, parce que leur seule possibilité de conquérir un jour le pouvoir est de miser sur cette stratégie-là. Ce n'est pas parce que cette réalité existe, et qu'elle est condamnable, qu'elle relégitime les institutions de la Ve République. Le point fort de ce mouvement est la dénonciation d'un mode de gouvernance de la nation. Il est en réalité très peu démocratique et assez immature dans la manière dont les autorités centrales et la représentation politique se méfient du citoyen. Ce système résume la démocratie à deux scrutins tous les cinq ans et ne propose aucune forme de respiration du débat démocratique entre deux élections. Cette critique forte, sans concession et irréversible de la Ve République est une bonne nouvelle. Tout comme la critique de la manière dont Emmanuel Macron l'a incarnée jusqu'à la caricature dans le fait de convoquer les symboles de l'Ancien Régime, des différents pouvoirs de type autoritaire et personnel.
Vous prônez en réalité une révolution de velours ?
En tout cas j'assume la sobriété de ma parole. J'assume de ne pas rajouter mes propres angoisses, mes propres colères, une forme de grossièreté au débat politique. Mais j'assume aussi la radicalité des propositions que je porte. Le revenu universel par exemple, c'est une transformation radicale de notre mode de protection sociale. La VIe République ne doit pas seulement corriger à la marge ce qu'était la Ve. Elle doit proposer ce que Mendès-France appelait une « démocratie constante ». J'aime l'idée de révolution de velours, s'il faut l'assumer je l'assumerai, mais le mot « révolution » a tellement été galvaudé, notamment par le président de la République lui-même avec son livre… Ce que met en lumière ce mouvement des Gilets jaunes – qui est puissant et nous ébranle un peu tous –, c'est une forme de confiscation du pouvoir économique, politique, d'une minorité. Si on pose pour acquis qu'il faut mieux partager les richesses, ça veut dire aussi qu'il faut poser pour acquis qu'il faut mieux partager le pouvoir.
On a vu Jean-Luc Mélenchon, Nicolas Dupont-Aignan et Marine Le Pen embrasser totalement la cause des Gilets jaunes. Même des ministres de la République en marche disent qu'ils ne sont finalement pas si loin d'eux. Vous considérez-vous comme un Gilet jaune ?
Je ne peux pas parler à la place de ce mouvement social. En revanche, à Génération·s, on a des Gilets jaunes dans nos comités. Grâce à cela, on a pu prendre la mesure des violences policières par des témoignages de nos membres, dont le profil type n'est pas celui d'un boxeur avec un bonnet sur la tête ! Ce sont principalement des femmes, qui ont des engagements bienveillants, souvent associatifs, humanitaires, et qui ne sont pas du genre à aller violenter les forces de l'ordre. Grâce à elles, on note un durcissement un peu partout de la répression, de son caractère parfois aveugle, indifférent face au statut de ceux qui manifestaient entre ceux qui allaient à la baston et ceux qui souhaitent seulement exprimer leurs revendications. Bref, on est dedans, on se sent totalement solidaires de cette colère, de la radicalité de certaines propositions…
Sans nier la part de violences contre les policiers ?
Je ne nie pas qu'il y a de la violence des deux côtés. Mais l'État a une responsabilité puisqu'il a le monopole de la violence légitime. La question est de savoir s'il choisit de réprimer ce mouvement-là pour envoyer un signal à l'opinion publique. Du type : « C'est la chienlit, je vais vous montrer, on doit se faire respecter. » Il s'agit d'une sorte de réflexe d'un pouvoir acculé qui, pour incarner une autorité, tient le bâton. Mais quand il ne reste plus que ça, il ne reste plus grand-chose. Le vrai moment charnière est celui que nous connaissons en ce moment, et il suppose de ne pas ajouter dans le répertoire des angoisses de l'acrimonie, de la vindicte. On voit bien qu'il y a une tentation autoritaire chez des groupes politisés des Gilets jaunes qui diraient « la solution c'est la destitution du président pour installer un militaire, la solution c'est la fin de la démocratie représentative ».
Et cette tentation autoritaire existe aussi du côté du gouvernement, en miroir, de régler ce moment démocratique par une solution basée seulement sur « on a besoin d'ordre, on a besoin d'un chef, et celui-là va remettre le pays au pas ». Si on pose cette analyse-là, on a une responsabilité politique. La mienne est de remettre le clocher au centre du village, au sens de redonner des repères : dire qu'il existe une gauche et une droite, d'en définir quels en sont les principes, les valeurs, les digues à ne pas franchir. Sur la question du rapport à la violence, sur la question de la liberté de la presse, la gauche a aussi des digues. Et elles tombent parce qu'il y a des stratégies politiques qui sont mises en œuvre de la part de Jean-Luc Mélenchon. Cela nous oblige à poser ces clarifications. On peut être très radical dans les propositions que l'on formule sans tomber dans le verbe outrancier, qui rajoute du bruit, de la colère. Certains ont l'insulte au bord des lèvres. Moi je préfère avoir des arguments, même si ce n'est pas simple quand il y a du brouhaha partout.
Dans votre programme citoyen, vous proposiez un « 49.3 citoyen » : si 1 % du corps électoral était atteint, une loi pourrait être bloquée, mise à l'agenda parlementaire ou proposée par référendum. On imagine alors que le RIC a vos faveurs...
C'est intéressant parce que déjà, dans la campagne des primaires, j'avais été pris à partie sur ce sujet-là. On me disait : « Benoît, est-ce que tu te rends compte que tout pourrait être, tout le temps, l'objet d'un 49.3 citoyen  ? » La réponse est non, en réalité. Je pense que si, c'est un instrument qui sert la respiration démocratique et aux citoyens d'inscrire un sujet dans le débat politique. Je me réjouis que ce débat autour du RIC existe, oui !
Doit-on aborder les questions de la peine de mort, de l'IVG, du mariage pour tous dans le grand débat national organisé par le gouvernement  ?
Elles seront dans le débat public. On ne peut pas empêcher les gens d'inscrire des thèmes dans les cahiers de doléances. Mais il ne me semble pas que dans la rue on réclame le rétablissement de la peine de mort ou la fin de l'IVG. Ce sont des groupes organisés qui veulent se servir du débat pour remettre sur la table des sujets sur lesquels ils ont perdu, notamment dans l'opinion publique depuis longtemps. Ce sont des minorités. Doit-on les empêcher de parler ? Évidemment que non. Mais il me semble que les sujets qui doivent être débattus sont : la répartition des richesses, la justice fiscale, la question sociale, la façon dont elle s'articule à la transition écologique, la manière dont on peut répondre à la demande démocratique qui s'exprime… Il n'y a pas de débat interdit, mais si tout ça ne doit servir qu'a remettre en cause ces droits fondamentaux, ce serait une imposture politique totale.
Revenons aux manifestations des Gilets jaunes : estimez-vous que Jean-Luc Mélenchon, en ne condamnant pas les violences à l'encontre des forces de l'ordre ou du ministère de Benjamin Griveaux et de Marc Fesneau, a quitté le champ de la République ?
(Silence)
Vous dites, tout du moins, qu'il a quitté les rives de la gauche…
Mais parce que c'est lui qui l'assume ! Quand je nomme ce qu'il fait – il considère désormais que sa stratégie est populiste et que le mot gauche ne l'intéresse plus –, je prends acte de ce qu'il formule lui-même. Pendant la campagne présidentielle, j'ai vu deux types de « vote utile » fragiliser le socle électoral supposé qui pouvait être le mien. Il y avait Emmanuel Macron, sur le thème « on ne veut pas d'un second tour Fillon-Le Pen, Macron sera le moindre mal ». Et l'autre pour Mélenchon, sur un mode « sauvons la gauche, etc. ». Sauf que lui ne s'en revendique plus et le type d'opposition qu'il exerce aujourd'hui n'est pas très utile. Moi je ne suis pas dans une stratégie qui considère que ce mouvement est insurrectionnel et qui doit me porter au pouvoir en lieu et place de celui qui l'occupe en ce moment. C'est peut-être ce qu'espère Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen ou Nicolas Dupont-Aignan, mais pas moi. Il y a ceux qui espèrent que les Gilets jaunes vont hâter l'agenda pour tirer au plus tôt les dividendes des échecs de Macron, avec une dissolution ou je ne sais quoi. Un scénario qui serait inédit dans l'histoire de la Ve. Ma parole n'est pas indexée là-dessus.
La stratégie populiste de Jean-Luc Mélenchon ne le pousse-t-elle pas à légitimer in fine une forme de violence contre l'État de droit  ?
Je ne crois pas qu'on en soit arrivé là, mais il doit faire attention à ses mots. On ne peut pas laisser passer ce qu'il dit à l'égard des journalistes, car cela laisse se développer une violence contre eux. Une violence qui n'est pas que verbale... Autant je crois le débat légitime sur l'actionnariat des médias et de leur contrôle par des groupes dépendant de la commande publique, autant je ne comprends pas sa vision paranoïaque des journalistes dans un moment où de lourdes menaces pèsent sur la liberté de la presse. Quand on est un républicain de gauche, on doit être le gardien jaloux, tatillon et méticuleux d'un certain nombre de principes. On ne doit rien céder à la tentation du pouvoir personnel. Les jours que nous vivons révèlent l'éthique profonde de nos responsables politiques. C'est en cela, aussi, que je diffère de la stratégie de Jean-Luc Mélenchon.
« Incontestablement, les Gilets jaunes ont souligné certaines convergences entre Jean-Luc Mélenchon et moi », a dit Marine Le Pen. En est-on vraiment arrivé là, à un rapprochement extrême gauche-extrême droite  ?
J'ai longtemps résisté à cette idée-là. C'est pour m'opposer à ce rapprochement que j'ai fait le choix politique de me rendre aux côtés de La France insoumise pour manifester contre les ordonnances Macron. C'était une manière pour nous de reconnaître que Jean-Luc Mélenchon avait acquis une centralité à gauche et dont le résultat à l'élection présidentielle faisait de lui l'homme capable de rassembler. Or, Jean-Luc Mélenchon s'est justement soustrait à cette responsabilité historique qui était de rassembler la gauche et l'écologie politique. Il est d'ailleurs surprenant de voir que lui, qui s'est longtemps réclamé de François Mitterrand, considère désormais que l'histoire de l'unité de la gauche n'est plus une référence pertinente. Il y a un agenda populiste au sein de La France insoumise. Il est devenu prioritaire et il a amené à cette confusion entre Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen. Pourtant, il y a une autre alternative possible. Regardez en Espagne, Podemos n'a jamais entretenu la confusion et a assumé un dialogue avec un certain nombre de composantes de la gauche afin de gouverner.
La vraie différence est donc en France, car Jean-Luc Mélenchon n'est pas dans l'optique de Podemos. D'ailleurs, je me demande ce que peuvent penser Pablo Iglesias et Íñigo Errejón des choix de leur partenaire français de La France insoumise qui font référence à Étienne Chouard alors qu'il n'est pas du même champ politique et ne partage pas les mêmes fidélités politiques. Si une personne doit fasciner à gauche, c'est Cédric Herrou et pas Éric Drouet. Oui, je crois que ce que fait Cédric Herrou par le droit contre l'État peut inspirer la gauche. Et la responsabilité d'un dirigeant comme Jean-Luc Mélenchon, c'est de ne pas participer à la confusion en passant sous silence les errements d'Éric Drouet ou de Maxime Nicolle sur le pacte de Marrakech par exemple.
Ce rapprochement est-il inéluctable ?
Par ses choix, ses mots et ses fascinations, Jean-Luc Mélenchon entretient une zone grise. C'est préjudiciable pour la France. En refusant de signer le manifeste en faveur de l'accueil des migrants, car il y voyait un piège politique, il a fait sauter une digue. Quand Mélenchon parle, Le Pen récolte. Je doute que ce soit la colonne vertébrale politique d'Éric Coquerel ou de Clémentine Autain.
Il y a un « esprit munichois » chez Jean-Luc Mélenchon, comme le dit Benjamin Griveaux ?
C'est une outrance qui disqualifie Benjamin Griveaux. Depuis des mois, j'ai bien vu ce jeu qui consiste à choisir ses adversaires afin de confisquer le débat et de le restreindre à une opposition entre pro-européen libéraux et anti-européen nationalistes. La réalité, c'est qu'il existe d'autres voies. Cette situation, celle d'un pays à bout de nerf où le débat est bloqué, ne date pas de l'élection présidentielle. C'est le fruit d'un effacement du clivage droite/gauche avec l'impression bien réelle que cette opposition était surjouée sur les plateaux de télévision et n'existait pas dans les politiques menées. Emmanuel Macron et ses marquis, leur arrogance, leur vanité et leur prétention ont accentué cet effacement du débat. Ils portent une responsabilité considérable. On les voyait fanfaronner au début du quinquennat. Ils se sont vus trop beaux et ont été violemment saisis par la réalité de la situation. C'est l'hubris grecque par excellence. On ne voyait pas autant cela chez Nicolas Sarkozy qui était, lui, dans la jouissance de l'exercice. Le comportement d'un personnage comme Benalla, l'impunité dans l'entourage d'Emmanuel Macron et la mise en scène de tous ces symboles liés à Bonaparte, à Louis XIV et l'Ancien Régime… Tout cela reflète l'immaturité profonde du président de la République. C'est plus que de l'impréparation à gouverner. Dans la tempête, il apparaît d'autant plus seul. Ce n'est pas la solitude du pouvoir, c'est la faiblesse de son dispositif politique. Qui sont les poids lourds qui peuvent porter les institutions quand elles sont menacées ? Un paquet de matelots a déjà sauté à l'eau depuis le début du quinquennat.
Il y a pourtant plusieurs poids lourds au gouvernement, des gens venus de la gauche, d'ailleurs, comme Jean-Yves Le Drian.
C'est incompréhensible qu'un homme comme lui, qui se revendique de gauche, laisse passer tout cela. Il a une responsabilité immédiate. Si la République vacille aujourd'hui, c'est que la jambe gauche n'est plus. Il fait partie de ceux qui ont voulu Emmanuel Macron et l'ont installé au pouvoir afin de rester eux-mêmes également. Aujourd'hui, alors que la situation se tend, on ne les entend plus ou si peu. Une chose est sûre : cette incarnation de la politique est en train de s'éteindre. C'est une classe politique qui n'a plus d'idées, qui n'a pas de solutions mais qui est prête à toutes les transhumances d'un parti à un autre pour rester en place. La réalité de ce silence montre que ce qu'on appelle un poids lourd n'en est pas un.






Mais quelle réponse apporte « votre » gauche ? Vous avez fermé la porte à une alliance avec le PS pour les européennes. Et Yannick Jadot mène sa barque en solitaire. Rien de neuf sous le soleil : la gauche est déchirée.
Elle l'est encore, oui, mais il faut regarder les choses avec lucidité. On ne reconstruit pas la gauche en quelques mois. Nous sommes sortis essorés du quinquennat Hollande. Il n'y a pas eu qu'une défaite politique née de l'incapacité à résoudre les grands problèmes que sont le chômage, les inégalités, le défi éducatif et le déficit démocratique. Non, si la gauche a été disqualifiée en 2017, c'est qu'il y a eu un échec moral qui s'est incarné dans les lois El Khomri, la déchéance de nationalité et le 49.3, élément de coercition et de domination. Et que reste-t-il de cette campagne présidentielle  ? Des gens qui ne se disent plus de gauche. Ils sont « ni de gauche ni de droite  » ou « et de gauche et de droite ». Il y a les sociaux-libéraux passés chez Macron, à droite donc. Il y a Jean-Luc Mélenchon qui a préféré le populisme à la gauche. Et il y a les Verts actuels qui estiment que l'écologie n'est ni de droite ni de gauche. Mais il reste aussi des idées, comme la remise en question du rapport au travail et du financement de la protection sociale, que j'ai porté et qui ont eu cette fonction et cette vertu de féconder de nouveau le débat à gauche.
Il y a donc des idées, mais personne pour les incarner…
Il y a les idées mais sans dynamique citoyenne, on en reste à la dynamique des partis. Et celle-ci est stérile puisque les appareils n'ont plus de stratégie pour le pays. Le Parti socialiste voudrait une alliance avec tout le monde à gauche aux européennes, mais avec des gens qui ne siégeraient pas dans le même groupe, n'auraient pas la même position sur la Commission européenne et les contenus des textes. C'est la stratégie du chacun sauve sa peau, mais main dans la main. Il n'y aura pas de reconstruction sans prise de risque autour d'un projet clair. C'est ce que j'ai dit à Olivier Faure : « Tant que vous restez arrimés à la stratégie du PSE, un appareil européen qui n'a d'autres propositions que de se choisir un candidat à la présidence de la commission qui veut reconduire ce que faisait Juncker, ce ne sera pas possible. » Ce n'est pas du sectarisme, c'est parce qu'à cette étape de la reconstruction de la gauche dans la République et en Europe, on doit un minimum de clarté aux citoyens.
Est-ce que c'est l'intérêt de la gauche d'y aller divisée ? Ségolène Royal fait le même constat : celui de rassembler et de reconstruire une gauche entre Macron et Mélenchon

De ce point de vue là, elle n'a pas tort, mais elle a deux passifs majeurs : elle a voté Macron dès le premier tour et elle n'a pas quitté le gouvernement au moment de la déchéance de nationalité. On confond les choses si l'on croit que l'unité de la gauche ne peut passer que par l'unité des appareils. Voilà pourquoi, avec Génération.s, nous portons une alliance citoyenne. Voilà pourquoi nous nous entendons avec Place publique (le mouvement lancé par Raphaël Glucksmann, NDLR). L'idéal serait de mettre nos mouvements – que ce soit Place publique, Génération.s, les communistes ou les Verts – au service d'une liste citoyenne où l'on retrouverait certains de nos représentants. Tout cela prend du temps et l'erreur serait de se décourager parce que ça ne va pas assez vite. La gauche s'incarnera dans un collectif et c'est seulement qu'elle aura un véritable succès dans les urnes. On laissera alors les vieux appareils poursuivre leur course folle de canard sans tête, et décéder.
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C’est pitoyable ce qui prouve que ces restes d’anciens partis de l’ancienne politique sclérosée et les mauvaises habitudes sont toujours présentes !

A l’image de leurs leaders trop vus rejetés par une majorité de français lors de la dernière élection présidentielle avec ce président qui croyait enfoncer une porte ouverte qui vient de lui revenir dans la figure en se refermant !

Les MELENCHON, LE PEN, BENOIT HAMON, sans compter, ceux devenus inexistant dont on ne se souvient même plus du nom de leur leader comme le PS, avec aussi une SEGOLENE ROYAL s’accrochant aux branches pour une place aux élections européennes et LES VERT EELV la liste est longue et même LR à droite avec WAUQUIEZ sans envergure et sa clique divisée sans idées en plus stériles !

La France des partis ancienne époque semble bien révolue, de toute façon les électeurs en avaient une indigestion !

Et cerise sur le gâteau le parti du président la REM un pétard mouillé car composé de trop de novices !

Comme le président n’a plus la cote chez les français le pays va à vau l’eau jusqu’à quand, l’avenir proche le dira, car ce n’est pas ce grand débat fumeux qui devrait changer quelque chose car nos concitoyens déjà maintes fois leurrés ne croient pas à un résultat (s’il y en a un ?)

Notre président a fait trop de faute en ne comprenant pas et surtout n’écoutant pas les français en se moquant d’eux et même les insultant en les rabaissant à des gens de peu entre autres erreurs, se prenant pour un monarque sans couronne, il en paie les conséquences, alors il est comme « un chien qui coure en rond après sa queue » !

Le seul problème étant pour le peuple c’est qu’il faudra encore attendre 2022 pour peut-être encore changer du fait de notre, constitution désuète de cette V eme république qui donne trop de pouvoir à nos présidents !

Jdeclef 12/01/201910h43 LP

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