Gérard
Araud – Pourquoi l’Afghanistan s’effondre comme un château de cartes
CHRONIQUE.
Depuis 2001, l’Amérique a dépensé des milliards de dollars pour bâtir un
État et une armée afghane. En quelques jours seulement, tout s’est délité.
En
Afghanistan, les États-Unis et leurs alliés n’ont pas lésiné pour
l’emporter : vingt années de guerre menée par des forces occidentales qui
ont atteint jusqu’à l’effectif de 140 000 hommes en 2011 ; plus d’un
millier de milliards de dollars dépensés dans le pays pour le pacifier, mais
aussi pour construire des infrastructures et des écoles et développer l’économie ;
l’entraînement et l’armement d’une armée nationale ; des élections
organisées au mieux. L’objectif était de doter l’Afghanistan d’un gouvernement
et d’une administration modernisateurs, capables d’empêcher le retour des
talibans.
Afghanistan : la déroute de
l’Occident
Pourtant, quelques milliers de soldats américains se retirent et
voilà que le gouvernement de Kaboul s’effondre comme un château de cartes. L’ennemi
qui ne contrôlait que 15 % du pays, il y a quelques mois, vole
de victoire en victoire et s’empare des capitales provinciales l’une après
l’autre. L’armée se délite laissant derrière elle le matériel impressionnant
que lui avaient livré les Américains. Les étrangers quittent précipitamment le
pays. C’est une débâcle qui évoque irrésistiblement le
printemps 1975 au Sud-Vietnam au moment de la ruée communiste sur
Saïgon. L’image de l’ambassadeur américain, drapeau sous le bras, montant dans
un hélicoptère sur le toit de son ambassade, sous le regard terrifié des
Sud-Vietnamiens qu’il laissait derrière lui, revient hanter les Américains. Les
talibans sont aux portes de Kaboul.
Villages Potemkine
Aux États-Unis, les interventionnistes se déchaînent contre Biden
qu’ils rendent responsable du désastre pour avoir décidé le retrait du résidu
des forces américaines. En revanche, nul ne s’interroge sur le fait qu’un
gouvernement qui a bénéficié d’un soutien international massif pendant des
décennies et qui savait que, tôt ou tard, les Américains partiraient n’est
aujourd’hui capable ni d’arrêter des forces, certes, aguerries, mais sans
armement lourd ni même de bénéficier de la loyauté des populations. Au
XVIIIe siècle, Potemkine présentait à sa maîtresse Catherine II
des villages construits dans les provinces récemment arrachées aux Turcs. En
réalité, il ne s’agissait que de façades. On peut se demander aujourd’hui si le
gouvernement afghan avec son administration et son armée n’était pas
qu’un« village à la Potemkine », qui, vu comme la création et la
marionnette de l’étranger, n’était ni ancré dans les traditions locales ni
accepté par toutes les communautés. Une pichenette et la façade que ne soutient
aucun contrefort s’effondre… On en est là.
Afghanistan, Irak, Mali :
l’Occident au tapis
Je me suis rendu en Afghanistan avec le Conseil de sécurité des
Nations unies lorsque j’y représentais la France. Je me rappelle l’impression
mitigée que nous avait faite une classe politique qui nous disait ce que nous
espérions entendre dans un anglais parfait ; je me souviens d’un agent
français des Nations unies qui m’avait confié sa stupéfaction devant le niveau
de corruption des autorités locales malgré son expérience de circonstances
comparables. C’étaient, chaque année, des milliards de dollars qui
disparaissaient dans la nature, me disait-il ; nul n’est soucieux du bien
commun, ajoutait-il. Un rapport américain jugeait d’ailleurs que la corruption
était encore plus dangereuse pour le pays que les talibans, sans compter
l’argent de la drogue dont le trafic n’a jamais été aussi florissant que depuis
l’intervention occidentale : on estime que l’Afghanistan fournit
aujourd’hui près de 90 % de l’opium mondial.
Cotta – En Afghanistan, l’échec
cuisant de la communauté internationale
Faut-il enfin rappeler que l’étranger reste toujours l’étranger,
en particulier dans un pays aussi fier et traditionaliste que
l’Afghanistan et que toute force de libération devient d’occupation au fil
du temps, a priori après vingt années ? Au risque de choquer des lecteurs,
j’ajouterais que les talibans sont sans doute plus proches des mœurs, des
croyances et des pratiques de la majorité du pays que les élites de Kaboul.
Afghanistan, le cimetière des empires
Aux pays de la région d’assumer leurs responsabilités
Dans ce contexte, on peut, certes, critiquer la décision de Joe
Biden, mais la politique étrangère, c’est souvent le choix entre deux mauvaises
options. En l’occurrence, l’autre branche de l’alternative aurait été la
poursuite indéfinie de l’intervention militaire sans perspective crédible de
victoire après vingt années de vains efforts militaires, politiques et
financiers ; une guerre éternelle avec son cortège toujours plus long de
victimes civiles. Il faut savoir arrêter les frais.
Le départ des troupes américaines va rendre au conflit sa vraie
dimension qui est locale et régionale. Jusqu’ici, tous les acteurs se
positionnaient par rapport aux États-Unis. Désormais, ce n’est plus
possible : les Afghans vont devoir régler leurs comptes entre eux et
les puissances voisines assurer par elles-mêmes leur sécurité. Aux Chinois, aux
Russes, aux Iraniens, aux Indiens et aux Pakistanais d’assumer leurs
responsabilités. Ils n’ont pas plus que les Américains d’intérêt à voir
l’Afghanistan devenir une base terroriste et l'on peut penser qu’ils seront
plus réalistes que les Occidentaux dans leurs attentes vis-à-vis des forces
locales. Après tout, la chute de Saïgon n’a eu aucune conséquence majeure en
dehors de l’Indochine… Il est loin d’être assuré qu’il en serait
différemment si Kaboul tombait.
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En
2001 il n'avait que 24 ans et était encore à l'ENA dont il sortira en 2004 !
Et
ne prendra le pouvoir qu'en 2017 après les attentats de 2015 en France !
On
a vu sa façon de diriger le pays en pseudo monarque parvenu que ce soit pendant
les crises à répétitions multiples manifestations de mécontentements affaire
Benalla « gilets jaunes » et pandémie mal gérée pas terminée et
vaccination bâclée !
Alors
la crise afghane le dépasse comme le reste, ce grand bavard et ses discours
creux alambiqués s’écoutant parler bien tournés, mais creux et inefficaces !
Car
gouverner c'est agir et lui ne sait pas, car il a été président trop jeune et
les français croyaient aux changements depuis si longtemps y ont cru tant pis
pour eux, mais aussi pour la France ce qui est plus grave, ils en tiendront peut-être
compte en 2022 en votant mieux, mais avec la versatilité de certains et la
culture du chacun pour soi destructrice, cela parait utopique !
Il
faut avoir connu tous ces politiciens élus de tous bords depuis de Gaulle car âgé
comme moi pour comprendre cela !?
Jdeclef
17/08/2021 11h58
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