mercredi 18 août 2021

Les TALIBANS depuis la période de 1996/2001 ont appris de leurs erreurs par rapport au reste du monde démocratique libre occidental, cela ne les rends pas moins dangereux !

 

« Les talibans ont cette fois face à eux une société civile »

ENTRETIEN. Ils fascinent. Ils effraient. Ils demeurent mystérieux. Le spécialiste Jean-Pierre Perrin lève le voile sur ceux qui sont revenus au pouvoir en Afghanistan.

Ils sont de retour, mais qui sont-ils ? Sont-ils les mêmes que ceux qui faisaient exploser il y a 20 ans les bouddhas de Bamiyan ? Quels sont leurs chefs ? Qui forme le gros des troupes ? Quelles sont leurs stratégies ? Leurs ennemis ? Leurs alliés ? L’ancien journaliste Jean-Pierre Perrin est l’un des Français qui connaissent le mieux l’Afghanistan, où il est allé en reportage pour Libération dès les années 1980. Il en a rapporté plusieurs ouvrages passionnants, dont Jours de poussière, choses vues en Afghanistan (éditions La Table ronde) et le remarquable Djihad contre le rêve d’Alexandre (éditions Seuil), qui brosse entre présent et passé la fresque de ce pays rétif à nos schémas d’explication.

Le Point : En quoi les talibans version 2021 diffèrent-ils des talibans qui avaient conquis Kaboul en 1996 ?

Jean-Pierre Perrin : Tout d’abord, sur le plan de la gouvernance, les talibans de la période 1996-2013 étaient dirigés par une seule figure, charismatique, le mollah Omar, fakir du djihad, digne successeur du fakir d’Ipi qui avait résisté très longtemps aux Anglais au XXsiècle. Son charisme suffisait à insuffler le djihad. Ils sont passés à autre chose en diversifiant leurs qualités et en instaurant une direction à multiples facettes qui traduit cette pluralité, même si le mouvement reste très opaque.

Quelles sont les figures qui se dégagent ?

En premier lieu, Haibatullah Akhundzada, littéralement « la frayeur de Dieu », en charge des questions judiciaires et religieuses. C’est un maulawi (un religieux d’un rang supérieur), grand spécialiste des hadiths (les « dires » du prophète) qui, avec le Coran, fondent la loi islamique. Il a une légitimité religieuse que ne possédaient ni le mollah Omar ni le mollah Mansour. Les talibans ont recouru à un théologien versé dans le droit et le judiciaire, qui en Afghanistan passe toujours par le religieux. Du reste, la facile conquête des talibans du pays s’explique en partie par la déshérence d’un gouvernement incapable de régler le judiciaire. Or la société afghane, rurale, a constamment besoin du recours à ce volet pour régler des questions de terres, d’irrigations, de successions, de mariages… Dès que les talibans conquièrent un district, ils nomment un kazi. Akhundzada, lui-même fils d’un grand théologien, incarne cette grande préoccupation négligée par le gouvernement.

Prise de Kaboul par les talibans : peur sur la ville

La seconde figure est Sirajuddin Haqqani, qui garde une marge de manœuvre car il est considéré comme l’homme de l’ISI, les services secrets pakistanais. Il a dirigé les « réseaux Haqqani », responsables depuis des années des attentats les plus meurtriers à Kaboul, comme celui, en 2008, contre l’ambassade des Indes (60 morts) et dans l’est du pays. Mais il est en même temps l’homme de l’Inter-Services Intelligence (ISI) pakistanais dans le conflit afghan, comme l’était auparavant son père, d’autant plus que l’aire de leur tribu, les Zadran, est à cheval sur la frontière afghano-pakistanaise. Lorsque les talibans ont commencé à négocier avec les États-Unis, les Pakistanais ont réagi en plaçant un homme à eux. Lui aussi est le fils d’un père illustre, Jalaluddin Haqqani, un des leaders de la lutte antisoviétique, mais qui était resté trop clanique, trop tribal. Le fils s’est internationalisé, il est notamment responsable des questions militaires, des relations avec Al-Qaïda, avec les talibans pakistanais et les Pakistanais. Mais, parce qu’il est l’homme des Pakistanais, il ne sera jamais adoubé comme chef. La troisième figure est le fils du mollah historique Omar, Yakoub, qui incarne l’historicité du parti taliban. Il est là pour dire que les talibans de 1996 sont toujours là, que c’est la suite de l’histoire. Ce triumvirat a émergé à la faveur de la reconnaissance de la mort du mollah Omar, en 2015. Cette direction talibane est fortement « al-qaïdisée ». D’ailleurs, sitôt ce trio désigné par la choura, Ayman al-Zawahiri lui a fait allégeance. Une dernière figure a émergé, plus diplomatique, plus visible à nos yeux, le mollah Baradar, qui a dirigé les négociations à Doha, mais qui s’est rendu aussi à Moscou, à Pékin…. Qui dirige vraiment ? L’opacité est de mise et de règle.

Qui compose sociologiquement les talibans ?

Il y a toujours le noyau d’étudiants des madrasas pakistanaises qui rappelle le sens littéral du taliban, l’étudiant en théologie. Mais, contrairement à la génération précédente, la plupart sont devenus des combattants professionnels. Auparavant, il s’agissait de séminaristes qui partaient combattre pendant leurs vacances ou qui revenaient au village. Là, ils luttent à temps plein, toute l’année. Ce qui incarne le mieux ce tournant est Sara Khitta (Unité rouge ou du danger, ils portent des bandanas rouges), ultra-équipée (fusils à infrarouges la nuit pour les snipers), formée sur l’imitation des troupes de choc occidentales. Il s’agit d’un millier de combattants, à la fois montés en épingle dans les vidéos pour montrer qu’on n’est plus dans le folklore des camionnettes avec les kalachnikovs de 1996 qui fonçaient avec leur turban, sans uniforme ni treillis, mais qui demeurent très secrets pour renforcer la peur qu’ils inspirent. Seul le porte-parole des talibans a le droit d’en parler. Une de leurs bases se trouve dans le Paktîkâ, dans l’Est afghan, une province frontalière du Pakistan. Le seigneur des lieux est Sirajuddin Haqqani, dont nous avons parlé tout à l’heure. Le nom de leur mystérieux chef, qui ne semble pas être afghan, est Ammar Ibn Yasser. Il est décrit comme « le moudjahid des moudjahidin ». Son prédécesseur, Bilal Zadran, avait été tué par une frappe américaine, le 1er décembre 2017, dans la province du Helmand, au sud du pays.

L’Afghanistan livré aux talibans

Il y a les raflés, les recrutés de force dans les villages où les talibans arrivent en exigeant de chaque famille qu’on leur donne un fils. Cela vaut aussi pour les prisons qu’ils ouvrent et où ils ont récupéré un certain nombre de combattants. Enfin, la base s’est élargie à d’autres ethnies, notamment dans le Nord, qui avait été le bastion défensif contre les talibans en 1996 ; on a ainsi trouvé chez les talibans locaux, des Ouzbeks, des Tadjiks, des Turkmènes, et pas seulement des Pachtounes. Ces membres des autres ethnies ne sont pas strictement des talibans, ils sont plus rebelles que religieux. Mais les talibans continuent à être recrutés principalement dans l’une des deux composantes pachtounes majeures, les ghezaïs. Pourquoi celle-ci ? Parce qu’ils n’ont jamais été associés au pouvoir jadis, ils sont un peu « les mauvais élèves », à la différence de l’autre ethnie principale des Pachtounes, les dourani, qui ont participé à l’exercice du pouvoir.

Outre une certaine modernisation militaire, ont-ils combattu différemment ?

Ils ont fait preuve cette fois d’une véritable stratégie, ce qui n’était pas le cas auparavant. Ils ont attaqué depuis le Nord, là où on ne les attendait pas, ils ont enfermé dès le début le pays dans une nasse en contrôlant un à un les points de passage aux pays frontières. Ils ont bénéficié aussi de la très mauvaise gouvernance d’un pays, qui n’a jamais collé aux aspirations de la population, encore largement rurale, qui a préféré se mettre à l’heure de la modernité, de l’informatique, sans comprendre qu’elle se trompait de direction. La corruption largement pointée du doigt, qui a sévi aussi dans l’armée, n’explique pas à elle seule l’effondrement du pays.

En Afghanistan, si vous aidez un village, les autres villages aux alentours vont vouloir se venger et vous déclenchez un cycle de vendettas.

Cette incurie ne suffit-elle donc pas à expliquer la « démobilisation » des 300 000 soldats gouvernementaux ?

Non. Il faut souligner que les talibans ont joué à fond la carte de la religion pour impressionner leurs adversaires qui eux-mêmes sont religieux. Ceux-ci en ont peur, ils ont le sentiment d’affronter des soldats de Dieu, qui arrivent avec le drapeau blanc du prophète. Par ailleurs, c’est aussi le résultat de la démocratisation catastrophique de l’armée imposée par les Américains. C’est ainsi qu’on a vu des officiers hazaras nommés dans des régions pachtounes. Comment voulez-vous qu’ils soient obéis ? On a beaucoup parlé de l’aide apportée par les Américains, aide pour les infrastructures, routes, puits, bâtiments. Mais, en Afghanistan, si vous aidez un village, les autres villages aux alentours vont vouloir se venger et vous déclenchez un cycle de vendettas. C’est cette analyse que les Américains, comme les Français, n’ont pas eue.

Qui finance l’économie de la guerre des talibans ?

Nous avons toujours le Pakistan depuis que le ministre de l’Intérieur de Benazir Bhutto, en 1994, a persuadé celle qui était alors Première ministre de laisser tomber le Parti islamique de Gulbuddin Hekmatyar pour tout miser sur les talibans. Il y a ensuite l’impôt de guerre dans les villages qu’ils contrôlent. Chaque combattant doit être nourri dans le village où il entre, ce prélèvement n’étant pas considéré comme du racket ou du pillage, à la différence de ce qu’exigent les gouvernementaux. Enfin, n’oublions pas les pays du Golfe. Tout passe par Dubai, où existe une base arrière financière, car les pays du Golfe veulent garder un œil sur le mouvement, même si l’Arabie saoudite a rompu depuis l’arrivée au pouvoir de MBS. Quant à la Chine, elle n’investit pas à fonds perdu, même si elle a reçu officiellement plusieurs fois une délégation des talibans. Elle lorgne évidemment le réseau central de la route de la soie, mais aussi le cuivre (l’Afghanistan abrite la plus grande mine à ciel ouvert du monde) et le lithium.

Qu’est-ce qui différencie fondamentalement les talibans des membres de l’État islamique ?

Ce sont des rivaux, qui expliquent leur alliance avec Al-Qaïda. Ils ont combattu les membres de l’EI plus férocement encore que les Américains ou les forces gouvernementales. Leur référence religieuse n’est pas la même : les talibans se réclament d’un wahhabisme propre au sous-continent indien appris à la fois à l’université Deobandi (Inde) et Haqaniyya (Pakistan). Ils ont une dimension nationaliste, ils veulent imposer la charia, mais n’ont pas de vocation internationaliste, comme l’EI qui se réclame du salafisme et d’Azzam, l’ancien maître de Ben Laden, internationaliste qui avait démocratisé la guerre sainte au sens où n’importe qui pouvait la déclarer, et non plus seulement les oulémas. Pour autant, les talibans revendiquent le djihad, rendu nécessaire du fait de l’occupation du pays.

Arabie saoudite : MBS, la fin des illusions

Qu’est-ce qui attend les talibans ?

La différence avec 1996, c’est qu’à l’époque il n’y avait pas de société civile face à eux. Depuis 2001, celle-ci a explosé à toute vitesse, en même temps que la population des villes montait en flèche, près de 15 millions aujourd’hui, 4 à 5 millions dans les années 1990. Kaboul est aujourd’hui une métropole de 6 millions d’habitants, elle n’en comportait que quelques centaines de milliers dans les années 1990. La guerre civile, la déstructuration de la société, la misère expliquent notamment cet afflux. Or les talibans sont restés ruraux, ils ne comprennent rien à la société urbaine (même ceux de Kandahar). Voilà pourquoi la situation est tout à fait nouvelle : les talibans ont face à eux une société civile qui s’est beaucoup exprimée depuis quinze ans, notamment chez les femmes. Elle demeure le seul rempart face aux talibans. Les partis politiques, eux, ont été éradiqués depuis la guerre civile des années 1990. Les talibans n’ont jamais vraiment gouverné, même entre 1996 et 2001, quand même les ministres devaient aller se battre sur le front. Que vont-ils faire ? Un émissaire qatari qui a organisé les négociations entre les États-Unis et les talibans m’a confié : les talibans n’ont pas la moindre idée de ce que veut dire gouverner, je ne pense même pas que ça les intéresse.

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En essayant d’adopter une fausse conduite acceptable !?

Ce sont toujours des barbares sanguinaires fanatiques religieux extrémistes qui détestent l’occident judéo chrétien sur lequel ils veulent prendre une revanche de cet islam extrémiste moyenâgeux obscurantiste l’ex ambassadeur de France exfiltré de KABOUL a dit qu’ils n’avaient pas changé sur le fond on peut le croire ils sont devenus simplement plus intelligents ou fourbes comme on veut les qualifier !

Car les hommes ne changent pas fondamentalement on en a la preuve dans notre histoire ancestrale en France avec notre révolution de 1789 ou on a subi une période de 1793/1794 que l’on a nommé la terreur ou l’on guillotinait les français sans discontinuer quand on ne respectait pas les préceptes de cette époque noire après la mort de notre dernier roi Louis XVI !

Dans notre époque contemporaine l’Europe et le monde on subit deux guerres mondiales et le nazisme encore nostalgique à certains sans compter les multiples conflits à consonances religieux, sur fond de décolonisations des grands empires Africains de cette Europe donneuse de leçon

Pour résumer le problème Taliban n’est qu’une tare religieuse de plus plaie ouverte dans le mysticisme des hommes toujours plus présent dont on n’arrive pas à se débarrasser avec l’AFGHANISTAN depuis 1979 avec les russes et leur retrait et en 2001 avec les attentats islamiques il fallait frapper et réagir nettement plus fort et nous avons tous été désuni lors de cette coalition Européenne et US contre DAESH EI et AL QUAIDA et avons fait du politiquement correct hypocrite qui nous revient avec ces TALIBANS dans la face sans compter les suites à venir...

Jdeclef 18/08/2021 10h45LP


1 commentaire:

  1. Ce commentaire a été encore censuré par ces modérateurs minables du point qui ont peur de la vérité car cette crise d'AFGHANISATN et de ses TALIBANS couvait depuis 20 ans et nos dirigeants bien pensants pleutres donneurs de leçons viennent de prendre en pleine face leurs inactions flagrantes contre ces barbares religieux moyenâgeux et leurs cultures et religions obscurantistes sans comprendre que les religions mysticisme divers sont la plaie des hommes qui se font des guerre sans cesse en leur nom qui donc leur faiblesse on n'avait pas agi assez fermement en 2001 contre les attentats islamiques qui n'ont pas cessé par manque de volonté et culture du politiquement correct hypocrite on paie le début de l'augmentation de notre insécurité et ce n'est pas fini ces Talibans ont attendu longtemps patiemment il vont rattraper leur frustration car anti- occidentaux et anti mécréants chrétien ou athée et ce n'est pas notre laïcité qui nous protègeras ni nos dirigeants de tous bords cela doit être la fête dans nos zone de non droit que l'on n'arrive déjà pas à contrôler dans notre pays

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