Ce que
mijote Marine Le Pen (rien elle est en vacances !?)
Pour mener
la bataille de 2022, la candidate va s’affranchir du Rassemblement national.
Confidences de prérentrée.
Sur
la table basse du salon, légèrement gondolée par l'eau salée de La
Trinité-sur-Mer, traîne un dernier souvenir des vacances. Je vous aiderai à vivre, vous m'aiderez à mourir, premier
roman de la journaliste Nathalie Saint-Cricq, qui relate le grand amour,
improbable et platonique, de Georges Clemenceau au crépuscule de sa vie. Marine
Le Pen l'a dévoré pendant les heures passées, ce mois d'août, en Bretagne, dans
le jardin de la maison louée à deux pas du berceau familial, où le clan Le Pen
se retrouve chaque été. « C'est
passionnant. On découvre un homme terriblement charmeur, capable d'élans
incroyables de gentillesse, de compliments, et quelques minutes plus tard
basculant avec une cruauté inouïe dans un égocentrisme délirant. »
Elle sourit. « Ça m'a rappelé
mon père… »
Ce patriarche tant admiré, mais dont elle achèvera cet automne de
se libérer en se lançant seule, détachée de son parti, dans sa troisième course
à la présidentielle. Le 12 septembre à Fréjus, Marine Le Pen abandonnera les
rênes du Rassemblement national au fidèle Jordan Bardella et se lancera
officiellement dans la course, libre de tout « carcan » partisan. Rebaptiser le parti
après la défaite de 2017 « était une
étape essentielle, mais être la candidate du RN oblige, confie
son conseiller Philippe Olivier. Elle va rencontrer des gens potentiellement ministrables, chercher des
ralliements qui voudront peser sur le programme. Elle sera libre de faire les
arbitrages qu'elle souhaite… » Libre,
Marine Le Pen ?
Sonnée par les régionales. La
notion s'est imposée au cours de l'été comme une évidence, au fil des sorties
en mer et des dîners entre amis ponctués de séances de travail : les « libertés » malmenées
des Français, accablés depuis dix-huit mois de contraintes sanitaires, seront
le thème majeur de son lancement de campagne présidentielle. « Liberté de choisir la politique mise en œuvre »,« liberté
d'en parler » à l'heure où « la stigmatisation de toute opinion contraire devient
asphyxiante », détaille la candidate. Liberté « d'exercer librement son métier »
avec ou sans pass sanitaire. Liberté « de vivre dignement avec le salaire que l'on gagne », «
liberté d'entreprendre », « liberté de maîtriser ses frontières » alors
que la crise afghane fait redouter de nouveaux flux migratoires…
Dans le salon de sa maison de La Celle-Saint-Cloud où elle nous
reçoit ce dimanche, Marine Le Pen, que ses amis bretons avaient vue arriver « épuisée » au milieu de
l'été, sonnée par les résultats médiocres enregistrés aux élections régionales
et départementales sur fond d'abstention record, a retrouvé son ardeur. Dans la
petite cuisine en désordre, la candidate se sert un Nescafé, repoussant de la
main l'un de ses six chats, tandis que deux autres, s'élançant de leur arbre
d'intérieur, s'accrochent aux voilages. « Et voilà. Deux trous dans le rideau ! Merci,
Piccolina ! » La coupable file dans le jardin.
Marine Le Pen écarte une lourde pile de dossiers - la base de son programme. Et
annonce calmement qu'elle demandera, cette semaine, un rendez-vous au président
de la République. « M. Macron
était-il au courant des conditions de retrait des Américains d'Afghanistan, qui
ont laissé derrière eux des milliers de blindés, de fusils d'assaut ? Je veux
aussi évoquer avec lui ce que je pense utile : ne pas créer de nouvelles routes
d'immigration, mais créer, dans le cadre d'une collaboration internationale,
des cités de l'asile dans les pays limitrophes. » Le
mouvement est habile… À l'heure où les candidats à une primaire de la droite
effectuent cette semaine leur rentrée en ordre dispersé, quel meilleur symbole
d'un duel inévitable entre la présidente du RN et Emmanuel Macron… qu'une
rencontre à l'Élysée ?
À l'écart des anti-pass. Car
une certaine confiance n'empêche pas d'être lucide : nul n'ignore, au
Rassemblement national que la dynamique qui semblait porter le parti au début
de l'année s'est brutalement brisée au soir des élections régionales. Pourtant,
les critiques qui se sont déchaînées après la défaite sur sa stratégie - la « banalisation »
de la candidate, sa « perte de
contact » avec les électeurs, son « manque de crédibilité indépassable »
depuis le débat manqué de 2017 - l'ont laissée de marbre. Les causes de
l'abstention massive ayant touché, selon l'Ifop, 71 % de ses électeurs (soit 5
points au-dessus de la moyenne générale), seraient ailleurs… « Les Français ne votent plus parce qu'ils ont le sentiment
que leur vote ne sert à rien, et c'est hélas bien souvent vrai, il suffit de
regarder la composition de l'Assemblée nationale,
estime-t-elle. On assiste donc
à une multiplication de mouvements de rue qui, en réalité, sont des mouvements
de frustration de ne pas être entendus. Je prends l'engagement d'airain de
mettre en œuvre la proportionnelle et le référendum d'initiative populaire.
Car, si les lois votées ne sont pas l'expression de la majorité du peuple
français, alors on se retrouvera avec une forme de sécession électorale.
»
Hors de question, dès lors, de modifier la ligne de « normalisation »
tracée par la candidate, ni de donner de la voix dans une « fébrilité » périlleuse
qui risquerait de ruiner la stature qu'elle s'efforce de forger depuis
plusieurs mois : celle d'une « présidentiable
» responsable, « doublement
vaccinée » et se tenant à l'écart des manifestations anti-pass sanitaire
agrégeant chaque samedi des colères disparates. « Les plus radicaux sont nos adversaires aujourd'hui, qui
courent derrière notre programme en disant n'importe quoi »,
ironise un membre du bureau politique. Les saillies autoritaires de Xavier
Bertrand proposant cet été d'« interdire le
salafisme » ou de Valérie Pécresse appelant à « stopper l'immigration signent »,
affirme Marine Le Pen, « la
victoire totale de nos idées. […]
Le problème de LR, c'est qu'en réalité ils sont
sur ces sujets totalement divisés. Mme Pécresse et M. Bertrand ne peuvent pas
être sincères : on ne les a jamais entendus lorsque des politiques exactement
inverses ont été mises en œuvre. »
« Culture de gouvernement ». Quant
à Emmanuel Macron, « il énonce des
constats, sur l'Otan, sur l'immigration, la sécurité… La gauche hurle, ce qui
crée l'illusion qu'il a fait quelque chose, et puis ça s'arrête là. Tout va se
jouer là-dessus. Sur la confiance qu'auront les électeurs dans la capacité des
candidats à mettre en œuvre leurs promesses »,
ajoute Marine Le Pen, négligeant de souligner ses propres légèretés et incohérences
passées sur le terrain économique ou l'appartenance à l'Union européenne. « La société post-Covid n'est plus celle de 2017 »,
balaie-t-elle en observant que l'Europe évolue sur les questions migratoires - « le fait que l'Union n'ait rien dit lorsque le Danemark a
voté, en juin, une loi très restrictive sur l'asile est un vrai tournant »,
avance-t-elle. L'économie ravagée par la crise imposera de « faire des choix »
en matière de fiscalité, de protection sociale… « Je les ferai »,
promet-elle, entretenant le flou, pourtant, sur le financement de ses projets.
Supprimera-t-elle des dépenses ? Créera-t-elle des impôts ? Privatisera-t-elle
certaines entreprises publiques ? « Nous avons rompu avec la culture d'opposition pour arriver à une
culture de gouvernement. Notre programme et nos équipes sont solides »,
décrypte Philippe Olivier.
Dans l'intimité de sa maison de vacances cet été, en contact
régulier avec son directeur de campagne, quelques proches conseillers et les
membres des Horaces (ce club mystérieux de hauts fonctionnaires qui nourrissent
ses choix), la candidate a tranché les derniers arbitrages, en « tirant les leçons »
des erreurs de la dernière présidentielle, assure-t-elle. Sur le front
opérationnel, d'abord. La direction très politique de sa dernière campagne,
pilotée par le maire de Fréjus, David Rachline, avait entraîné quelques
frictions. « Tout le monde
travaillait en silo, les gens ne se parlaient pas »,
se souvient un eurodéputé. Un profil très différent animera la campagne de 2022
: l'ancien préfet Christophe Bay, passé par les cabinets de Jean-Pierre
Chevènement comme de Brice Hortefeux sous la présidence Sarkozy - où il a
laissé le souvenir d'un excellent professionnel. Il n'a toujours pas pris sa
carte au RN : c'est la candidate seule qu'il conseille, dans l'ombre, depuis
2017. « Il maîtrise les dossiers de l'immigration et
de la sécurité, mais c'est surtout un organisateur hors pair, d'un tempérament
calme, consensuel, confie un cadre fraîchement
recruté. Il saura souder les équipes. »
Le programme de la candidate, « quasiment écrit », reflétera
cette nouvelle approche - plus ciblée, et ouverte aux ajustements. « Je vais être la candidate des solutions concrètes », affirme
Marine Le Pen, qui pense pouvoir traduire les grands enjeux civilisationnels en
thèmes touchant la vie quotidienne de chacun. Sur le burkini à la piscine, le
pouvoir d'achat - une vaste campagne sera lancée par le parti dès la rentrée
sur ce thème, mettant l'accent sur la hausse des prix des carburants -, le
logement… « Certains jeunes, notamment étudiants, sont en
situation de précarité lourde, avec des conséquences sur leurs choix de circuit
d'études. Je proposerai donc une APL-Plus pour les étudiants. »
Et, parmi les 22 mesures promises pour 2022, articulées autour du triptyque « protection, projection, transmission »
détaillé au printemps, « certaines vous
surprendront » assure-t-elle. Dans quelle mesure exactement ?
Grand emprunt. Détachée
des contraintes du parti, Marine Le Pen s'autorisera-t-elle, pour rassembler
au-delà de son camp, à renverser quelques totems - comme la retraite à 60 ans
et 40 annuités, dont les transfuges de LR réclament depuis longtemps l'abandon
? Les bouleversements économiques induits par la crise l'autorisent en tout cas
à rebattre les cartes sur des terrains où elle se sait fragile, en même temps
qu'ils ouvrent de nouvelles pistes pour « réenchanter » un programme
archiconnu, centré sur la souveraineté et le régalien depuis des décennies. « Il faut prendre un certain nombre de mesures, d'actes
forts », la presse Robert Ménard, redevenu depuis quelques semaines,
après des années de brouille, l'un de ses fervents soutiens, et qui lui a
récemment adressé une lettre où il délivre ses conseils, qu'il publiera
mi-septembre.
Certains aspects de son projet, inspirés du caractère « visionnaire » prêté au
général de Gaulle, devront projeter la France dans l'avenir, tel ce grand
emprunt qu'elle espère souscrire auprès des Français pour développer les « secteurs de souveraineté »
de demain. « Je crois que
les Français ont envie de participer à une œuvre de redressement du pays
», dit-elle. C'est probablement vrai. À eux, demain, de choisir avec
qui§
Et
si le choc avec Macron n’avait pas lieu…
Un nouveau duel Macron-Le Pen en 2022 ?
Billevesées ! Joseph Macé-Scaron ne croit pas au choc annoncé, il en fait
la trame de son nouveau roman, La Surprise du chef (Éd. de
l’Observatoire), immersion savoureuse dans les coulisses de notre vie
politique. C’est une œuvre de fiction, mais comme l’auteur, longtemps
journaliste politique (notamment au Point), ex-patron des rédactions du Fig Mag
et de Marianne, essayiste en vue, reste un entomologiste de la vie publique, le
réel affleure à chaque page. Macé-Scaron lance dans le jeu présidentiel un
général, Philippe Beaupréau de Montjois, double littéraire de Pierre de
Villiers. Dans la vraie vie, l’hypothèse d’une candidature de l’ancien chef
d’état-major des armées s’estompe, mais le lecteur s’en moque puisque cela
n’est qu’un prétexte pour dépeindre – avec réalisme – la cour
médiatico-politique, à l’orée d’une présidentielle incertaine. Et le mordant
mais subtil Macé-Scaron, qui, pour notre plus grand bonheur, cisèle ses phrases
à l’ancienne, excelle à croquer et décortiquer les acteurs qui, à l’avant-scène
des chaînes d’info ou dans les coulisses des palais de la République – ou des
palais tout court –, au milieu des boiseries et devant des grands crus,
composent l’éternelle comédie du pouvoir. Avec gourmandise, il en fixe certains
d’un trait cruel. Et ce nostalgique propulse dans l’univers aseptisé du nouveau
monde macronien des personnages de l’ancien, aux aspérités attachantes
– ah le savoureux portrait de cette Marie-France et « son chignon
aussi impeccable que celui des geishas d’Hokkaido » ! En mariant le
désenchantement d’un Muray à la facétie d’un Goldoni, Joseph Macé-Scaron, sans
se prendre au sérieux, propose un récit palpitant, et inattendu. Comme pourrait
l’être le résultat de la prochaine présidentielle, que l’on nous prédit à haut
risque. Autant donc la commencer en se gondolant !
------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Depuis
2002 ou son père J.M. LE PEN s’est qualifié au 2eme tour de la présidentielle à
cause de la bêtise et erreur de JOSPIN de cette gauche déjà usée !
On
rejoue un scénario éculé de 2eme tour du FN dont elle a changé le nom le sigle
RN ça qui bien sûr n’a rien changé dans son parti d’extrême droite et en
mettant sur la touche son père ce qui a été assez long !
Elle
croit à son élection et cela fait depuis les derniers quinquennats ou l’on voit
son parti monter dans les sondages de mécontents qui veulent sanctionner les
pouvoirs en place mais les français lambda ne sont pas encore assez fous pour
mettre l’extrême droite au pouvoir car elle leur fait peur heureusement !
Mais
il faut le dire, cette politicienne élue est une coquille vide qui trouble à
chaque fois l’élection présidentielle au 2 eme tour, ce qui a permis à MACRON d’être
élu facilement à cause de notre système électoral de cette Veme république obsolète
dont la démocratie s’étiole qui ne correspond plus à ce qu’attende les français
!
Il
faudrait que cela cesse et que les électeurs votent mieux au 1er
tour pour écarter définitivement cette extrême droite et sa leader RN, car l’élection
serait plus valable si le président de la république avait une vraie majorité
et non pas être élu par défaut !
Jdeclef
26/08/2021 11h34
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire