Roger
Karoutchi, premier vice-président du Sénat et membre du bureau politique de LR.
Roger Karoutchi : En réalité, mon initiative,
accompagnée de celle des 90 autres sénateurs, visait à alerter
sur notre calendrier : n’attendons pas début septembre ou mi-septembre
pour décider d’une méthode. Là, les choses sont claires, il y aura bien un vote
le 25 septembre des militants et adhérents sur la manière de
procéder. D’ici là, les candidats potentiels ou déclarés auront tous à
chercher les 250 parrainages d’élus nécessaires, c’est-à-dire que la
structuration même de la primaire a commencé. Les appels à candidature ont
été lancés, la règle sur les parrainages, établie, le principe d’un vote
électronique, retenu sous l’autorité de Jean Leonetti. Il y a encore des
ajustements à faire, mais tout cela devrait s’affiner dans les semaines qui
viennent. Le travail s’effectue discrètement mais les arbitrages se font. Nous
devrions être assez vite fixés. J’entends certains dire qu’ils ne veulent
pas d’une primaire, mais comment trancher, par définition, lorsque vous avez
plusieurs candidats ? Quelle autre solution qu’un vote ? Je veux bien
qu’on fasse l’impasse mais comment fait-on ? À la courte paille, sous la
prévision de Nostradamus ou de la Pythie de Delphes ? Nos adhérents ne
trouveraient pas cela très régulier.
Cotta – Primaire, pas
primaire ? Les Républicains dans un cul-de-sac
Vous affichez depuis longtemps votre soutien à Valérie Pécresse
après l’avoir combattue en Île-de-France pour la présidence de la région en
2010. A-t-elle toutes les qualités requises pour devenir présidente de la
République ?
Je vous
remercie de noter nos différences passées. Effectivement, je n’ai pas
toujours été pécrétiste, c’est le moins que l’on puisse dire. Mais ces
dernières années, elle a beaucoup évolué, beaucoup appris et beaucoup
transigé. Elle est passée par toutes les étapes : conseillère
régionale, députée, ministre et finalement présidente de l’Île-de-France,
une région compliquée. Aujourd’hui, elle a toutes les qualités pour être
présidente de la République après avoir été brillamment réélue en juin dernier.
Les Français ne veulent plus de l’amateurisme des élus macronistes. En
travaillant au quotidien auprès des Franciliens, elle a acquis cette
capacité d’écoute et cette fermeté de conviction. Valérie
Pécresse bénéfice aussi d’un double héritage à la fois chiraquien et
sarkozyste. Elle a l’expérience des ministères lourds comme le Budget ou
l’Enseignement supérieur, une rectitude sur le régalien,
l’immigration, la sécurité, le terrorisme et l’identité, mais aussi une
ouverture d’esprit sur les enjeux sociétaux qui fait honneur à la droite
républicaine. Président de la République, elle sera probablement moins dans le
discours ou le paraître, plus construite et rigoureuse. Je la soutiens
sans réserve, ce qui ne veut pas dire que je n’aiderai pas le candidat unique
de la droite que j’appelle de mes vœux, mais je constate qu’elle est
aujourd’hui la plus apte à rassembler pour battre Emmanuel Macron ou Marine Le
Pen.
Valérie Pécresse :
« Je suis 2/3 Merkel et 1/3 Thatcher »
Choisir Valérie Pécresse, c’est aussi faire preuve de
modernité.
Est-ce plus difficile d’être une
femme à droite, et qui plus est candidate à la magistrature suprême ?
Être une
femme, ce n’est pas une qualité, c'est un état. Mais un état qui ne doit
pas être une faiblesse, ce qui n’a pas été le cas pendant longtemps dans la vie
publique française. J’attends le jour où il n’y aura plus de différence de
traitement, plus d’écart de carrière entre les hommes et les femmes.
Le fait d’être une femme est aussi un net avantage en cas de duel
avec Emmanuel Macron. Nous subissons régulièrement un procès en archaïsme, des
accusations en passéisme. En un mot, nous serions dépassés. Choisir Valérie
Pécresse, c’est aussi faire preuve de modernité. À une certaine époque, on
disait que pour être une femme en politique, il fallait avoir les qualités d’un
homme. En clair, vous pouvez être une femme mais comportez-vous en homme
politique. Je pense que ce temps est révolu.
Féminisme en
politique : Valérie Pécresse répond à Michel Richard
Xavier Bertrand a répété qu’il ne participerait « en aucun
cas de figure » à une primaire tout en appelant au « bon sens des
Français ». Si Xavier Bertrand s’impose comme candidat, sera-t-il toujours
en mesure de rassembler après avoir refusé de jouer collectif ?
C’est plus
facile de rassembler quand on accepte de participer à une primaire selon les
règles collectives. Pour le moment, il nous répète qu’il ne participera pas à
une primaire, qu’il sera candidat coûte que coûte au nom d’une candidature dite
« naturelle ». Mais de quoi parle-t-on ? À ce principe,
j’opposerai plutôt une candidature naturelle et légitime. Qu’est-ce
que ça veut dire ? Cela signifie qu’il y a un temps, dans notre
famille politique, nous avions un candidat naturel et légitime
installé dans une structure politique incontournable. Souvent,
il s’agissait du président du parti. C’était par exemple Jacques Chirac ou
encore Nicolas Sarkozy, patron de l’UMP. Ce n’est plus le cas et le parti n’est
plus aussi puissant aujourd’hui, car nous sommes passés sous la barre des
100 000 adhérents. Dans ces conditions et sans candidat légitimé par une
structure partisane forte de son poids militant, nous n’avons
d’autre choix que d’organiser une primaire. Xavier Bertrand s’y refuse,
mais si un tel système de départage a lieu, il y aura forcément une forme de
médiatisation. Le risque pour lui serait la marginalisation, que les
électeurs se disent : « S’il est si sûr de lui, de son implantation,
pourquoi est-ce qu’il ne participe pas pendant que le reste de la droite prend
part au débat… ? »
Présidentielle : Xavier
Bertrand s’accroche à son étoile
J’ajoute que
si le peuple français vous reconnaît la capacité de rassembler en dehors de la
primaire, je vous garantis que ça se verra très vite… Après tout, pourquoi ne
pas courir ce risque ? Mais cela veut dire que nous nous
retrouverions avec un candidat issu de la primaire face à Xavier Bertrand. Je
nous souhaite beaucoup de courage et de détermination pour trancher en faveur
d’un candidat unique. Si nous allions à la présidentielle divisés,
nos électeurs ne nous le pardonneraient pas. Après nos échecs successifs
en 2012 et 2017 puis aux européennes, je vous le dis très
tranquillement : ce serait du suicide politique.
Est-ce qu’au
fond, le vrai problème de la droite n’est pas son trop-plein de candidats,
mais plutôt son manque d’idées neuves ?
Roger
Karoutchi a été ministre de Nicolas Sarkozy et est désormais soutien de Valérie
Pécresse. © Teresa SUAREZ/REA pour « Le Point »
Sur ce point, je m’inscris en faux.
Certes, le fait de ne pas avoir de candidat attitré depuis trois ans
fait que l’expression de la droite est morcelée. Et le morcellement de cette
expression contribue à rendre nos propositions sur l’immigration, la sécurité
et le terrorisme moins audibles. Pourtant, en réalité, nos idées ne datent pas
d’hier. Nous les portons au Parlement comme dans les médias depuis des années,
mais il y a trop de gens qui les portent et pas une seule voix. C’est notre
faiblesse de ne pas avoir de porte-voix unique – de leader incontesté si vous
préférez – malgré nos idées, qui sont les bonnes. Et qu’on ne nous fasse pas le
procès de ne pas les avoir appliquées au pouvoir. C’était il y a dix
ans ! Les temps ont changé, la droite a changé. La société est
devenue plus violente et la politique de plus en plus clivante. Sur le
fond, il y a peu de différence entre Valérie Pécresse et Xavier Bertrand quand
on parle d’immigration, de sécurité, de terrorisme. Il peut exister des différences
sur la couverture sociale, par exemple, mais il s’agit plus de débats
techniques que politiques. Sur ce que nous sommes, notre idée de la France, de
la francophonie, du rôle de la France dans le monde, sa place et sa sécurité,
ce que signifie le mot République ou l’autorité, nous sommes cohérents à
droite. La droite ne doit pas se réinventer tous les ans, mais savoir où elle
habite et parler d’une seule voix. J’invite ceux qui se présenteraient à une
primaire à réfléchir à leurs propres statures ou limites personnelles. Il
s’agit quand même de succéder au général de Gaulle.
Le
séguiniste que vous êtes se reconnaît-il dans le gaullisme social porté par au
moins deux des candidats, Xavier Bertrand et Valérie Pécresse ? Nous
sommes très loin du programme de François Fillon de 2017. A contrario, proposer
de redresser les comptes publics, n’est-ce pas un peu opportuniste alors que le
pays a dû creuser les déficits pour affronter la crise sanitaire ?
Pardon mais
laissons de Gaulle et Séguin là où ils sont. Le général de Gaulle est mort il y
a plus de cinquante ans et Philippe Séguin, il y a déjà une dizaine
d’années. Je conçois qu’il y ait forcément un héritage politique et
philosophique sur le fond à revendiquer, mais faut-il nécessairement aller
chercher une filiation ou des origines dès qu’un candidat propose un
projet ? Chez de Gaulle, il existe de grands thèmes comme la
participation, la solidarité, l’unité de la nation. Chez Séguin, la République,
l’autorité et le sens de l’État, le sacrifice de soi, etc. Ce sont des
valeurs très exigeantes. Il ne suffit pas d’en parler dans le confort d’un
bureau mais de se l’appliquer à soi-même en tant que responsable politique
puis, encore plus difficile, au pays. Que les candidats se revendiquent
gaullistes sociaux, très bien, mais je ne sais pas exactement ce que cela veut
dire. Gaulliste et social ? Social ou gaulliste ? Être
gaulliste, c’est déjà être social, bon sang ! Le vote des femmes, la
sécurité sociale, la participation, la réforme des allocations familiales,
l’intégration et l’autodétermination des anciennes colonies. Je ne sais pas ce
que ça rajoute d’être gaulliste si ce n’est un versant plus autoritaire. N’est
pas de Gaulle qui veut ! Seulement, le gaullisme, c’est un tout. C’est
l’autorité de l’État et l’ouverture d’esprit. Avoir une filiation gaulliste, ce
n’est pas renoncer à s’adapter. De ce point de vue là, vous allez trouver que je
rabâche mais Valérie Pécresse me paraît la plus crédible de ce côté-ci de la
filiation. La société de 2020 n’est plus la société de 1970, c’est
aussi logique que les propositions des candidats évoluent.
Ne craignez-vous
pas d’être écartelé à droite entre un macronisme libéral, finalement plus
réformateur, et un Rassemblement national plus ferme que vous sur
l’immigration ?
Roger
Karoutchi a fait ses armes avec Philippe Séguin. © Teresa SUAREZ/REA pour « Le Point »
Mais qu’ils vivent leurs vies, tous
ces gens ! Je m’en fiche de ce que pensent les macronistes. Arrêtons à
droite de nous définir par rapport aux autres. Un coup, si vous dites ça, vous
courez après le Rassemblement national, un autre, vous soutenez forcément le
gouvernement. Tous ces gens m’indiffèrent, qu’ont-ils fait ou prouvé ?
Emmanuel Macron serait incontournable ? Je rappelle à tout
hasard qu’au premier tour, Nicolas Sarkozy en 2007 réalisait
environ 33 % des voix, très loin des intentions de vote actuelles pour
Emmanuel Macron. La vérité, c’est que personne n’écrase le match parce que,
soyons clairs, la pandémie occupe tout le débat public. Pour le pays, ce ne
doit être ni Emmanuel Macron ni Marine Le Pen, mais la droite
républicaine, sûre de ses valeurs, tranquille et forte de ses convictions,
consciente qu’elle doit défendre la République et la nation. La
droite qui s’est mobilisée au plan local, lors des municipales et des
régionales, ce sont nos électeurs. Nous sommes majoritaires dans le pays. Dans
ces conditions, j’attends de nos candidats qu’ils incarnent des convictions,
des propositions et un dialogue avec les Français. Nous n’avons pas à nous
définir par rapport aux autres, ce sont les autres qui devraient se définir par
rapport à nous.
« Les idées de droite
ne sont portées ni par Macron ni par Le Pen »
À ma connaissance, Zemmour n’a pas demandé à participer à la
primaire de la droite.
On évoque
même le cas d’Éric Zemmour qui, selon notre premier sondage paru en juin
dernier, s’établit autour des 5 % d’intentions de vote. Suffisant pour
gêner n’importe quel candidat…
J’ai
beaucoup de sympathie pour Éric Zemmour que je côtoie depuis longtemps,
mais on connaît bien les thématiques qu’il défend en tant que polémiste, avec
un certain talent. Mais il y a des sujets, par définition, sur
lesquels il n’a jamais été interrogé. On ne lui a jamais demandé comment il
comptait créer de l’emploi, quelle politique agricole pour quelle forme de
décentralisation, de mise en valeur des territoires. Quelle politique sociale,
par exemple ? Jusqu’ici, nous sommes restés essentiellement sur les
thématiques qu’il affectionne comme l’immigration, la sécurité et le
terrorisme. En somme, des sujets régaliens. Il y a évidemment ces thèmes mais
aussi tout le reste, ceux qui font vivre le quotidien des Français.
Si vous voulez des Français avec un certain niveau d’éducation, de formation,
un niveau d’emploi, de solidarité digne de ce nom, il nous faut une politique
globale. Je sais qu’il doit sortir un livre aux allures de programme. Je le
lirai avec attention mais, à ma connaissance, Éric Zemmour n’a pas demandé
à participer à la primaire de la droite…
Zemmour connaît la France,
mais connaît-il les Français ?
Vous
revendiquez régulièrement votre approche constructive avec le gouvernement, la
politique de la main tendue. En cas de victoire d’Emmanuel Macron,
votre droite est-elle définitivement soluble dans
le macronisme ?
Moi, je dis
toujours bonjour mais je ne tends pas la main, surtout par les temps qui
courent. « Approche constructive », je ne sais pas ce que ça veut
dire… Ce sont surtout des formules, tout ça. Qu’est-ce que cela signifie
« constructif avec le gouvernement » ? Moi, je suis constructif
par rapport à moi-même. C’est déjà pas mal d’être cohérent. Est-ce que c’est le
cas pour tout le monde ? Je n’en suis pas si sûr. Il est évident que des
personnalités comme Édouard Philippe, Jean Castex, l’actuel Premier
ministre et d’autres seront dans la prochaine majorité présidentielle.
Mais dans un grand pays comme la France, il n’est pas bon de ne pas avoir
d’opposition claire, de lignes tranchées. Ce n’est pas pour autant que je suis
un opposant systématique quand je vois l’intérêt d’un texte pour les Français,
et j’ajouterai, comme bon nombre de sénateurs. Est-ce que cela fait de moi un
supplétif du gouvernement ou, inversement, un opposant irréductible ? Non,
je serai plutôt un homme de droite libre et serein.
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Car
LR et cette droite ont beaucoup trop de leaders candidats et la direction du
parti incapable dans désigner un d’où cette primaire qu'ils veulent organiser
un piège à couillons dans lequel ils sont pourtant déjà tombés en 2017 !
Où
les français leur ont botté le derrière pour ne plus voir ces politiciens fats
à égos démesurés, mais que l'on a trop vu !
D’ailleurs
cela a été pareil avec l’autre grand parti le PS devenu moribond !
Sauf
que là en plus on a hérité de LFI parti d’extrême gauche et son vieux leader
MELENCHON inutile tribun aboyeur de foire trublion de 70 ans !
Sans
oublier EELV les verts écolos « empêcheurs de tourner en rond »
qui ont marqué quelques points grâce aux élections municipales, mais qui se sont
déjà fait remarquer par leur médiocrité et ont piégé des gogos d’électeurs qui
croient à l’écologie (mais pas celle politique, comme ils la pratiquent !?)
Avec
bien sur le RN et M.LE PEN qui se voit déjà au 2eme tour, comme elle en a pris
l’habitude !?
Tout
cela pour remettre sur orbite E.MACRON notre président pseudo monarque sans
couronne en fait du même moule que ces politiciens ex élus chevronnés !
Donc
je répète et rabâche, et je m’en excuse envers les français qui ont le choix
pour le changement dans cette liste de prétendants que l’on connait maintenant,
bien que trop nombreux, mais par pitié qu’ils votent mieux que d’habitude et qu’ils
ne ramènent pas leurs choix à « un chacun pour soi trop personnel »
et abandonne leur versatilité en n’écoutant pas les sondages médiatiques en
avril 2022 en votant au 1er tour en masse de cette élection
présidentielle en retrouvant leur bon sens qu’ils ont perdu !
Jdeclef
28/08/2021 12h28
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