Prise de
Kaboul : le silence anxieux du Maghreb
ANALYSE.
Alors que les talibans ont repris le pouvoir en Afghanistan, l’absence de
réaction de la population et des forces politiques au Maghreb interroge.
Aux bombardements d’images provenant d’Afghanistan, le Maghreb aura
répondu par un stupéfiant silence. L’entrée triomphale des talibans dans la
Green Zone n’aura provoqué qu’un « wait and see » sibyllin. Le tocsin
médiatique n’aura pas engendré un mot plus haut que l’autre. Calme plat. En
2001, dans le sillage des attentats menés par Al-Qaïda, structure hébergée par
les talibans, on embastillait à tour de bras de Rabat à Tunis. Vingt ans après,
on se contente de prendre note. Dirigeants et ministres des Affaires étrangères
allient prudence et pragmatisme. En perte de vitesse, on aurait pu imaginer que
les tenants de l’islam politique affirment leur bonheur, embrassent ces
nouveaux maîtres qui accomplissent ce dont ils rêvent depuis longtemps :
l’affirmation d’un État régi par les normes islamiques. Motus. Le PJD au
pouvoir au Maroc ne dit mot, le roi veille, quand Ennahdha en Tunisie est
empêtré dans la crise constitutionnelle du 25 juillet. On trouvera bien un
groupe de combattants libyens réfugiés à Istanbul pour affirmer sa sympathie
aux talibans. En Algérie, le MSP, parti islamiste lié aux Frères musulmans, a
émis des commentaires positifs par la voix de son président, Abderrazak Makri.
Pour lui,
« le mouvement taliban cherche à absorber toutes les composantes de
l’arène afghane, à construire un État de justice, de vérité et de droit, à la
souveraineté nationale, au respect des droits et libertés, et à se concentrer
sur le développement pour sortir le pays de la pauvreté et de la misère et
faire face aux effets de la longue guerre ». Les seuls qui semblent
satisfaits, en privé, sont les plus grands adversaires de l’islam
politique : les salafistes. Satisfaits que les Américains aient mordu la
poussière, satisfaits que l’ordre islamique règne à nouveau en Afghanistan,
satisfaits que l’islam politique et son goût pour les urnes soient déchus.
Standing
ovation
En 2001, il
y eut un petit 11 septembre avant le 11 Septembre. Quarante-huit
heures avant les attentats de Manhattan, deux Tunisiens venus de Bruxelles
assassinent le commandant Massoud dans une grotte du nord-ouest du pays. Le
combattant n’avait de cesse d’alerter l’Occident sur les méfaits probables de
Ben Laden & Co. Lorsque les Tours jumelles s’effondrent, c’est
une standing ovation qui accueillera la nouvelle dans les cellules d’une
prison tunisoise. L’un des blocs héberge les condamnés des grands procès voulus
en 1992 par le régime Ben Ali. Deux cent soixante-cinq membres ou
sympathisants du parti islamiste Ennahdha ont été condamnés à l’issue de deux
journées d’un procès expéditif, contesté à l’international. Pour ces détenus
sans histoires, la télévision est autorisée à petites doses. Le journal de
20 heures de France 2 est encore diffusé en Tunisie (Ben
Ali suspendra la chaîne après un reportage illustrant la réalité de sa
dictature).
Araud – Afghanistan :
l’Amérique s’en remettra, l’Europe peut-être pas
Brahim,
détenu durant seize années, se remémore la scène. Il avait vingt ans. Quand le
JT dévoile les images de la seconde tour s’effondrant sur elle-même, c’est un
charivari. « Nous étions jeunes, nous partagions un rejet des États-Unis,
certains ont lu ces images comme une défaite infligée à l’impérialisme
américain », explique-t-il. Mais chez les plus affûtés, les
« séniors », « on comprend rapidement que ce n’est pas bon pour
nous, que le contexte international va devenir violent ». Les espoirs
d’amnisties à force de pressions internationales s’amenuisent. Deux mois après,
Jacques Chirac galope de Tunis, à Alger, un courant d’air qui prend le pouls
des dirigeants au sujet du dossier afghan. En échange d’une fermeté maghrébine,
on fermera les yeux sur les méthodes peu « droits de l’homme », le
bagne de Tazmamart (Maroc) ou le sol ensanglanté du ministère de
l’Intérieur tunisien. Les Maghrébins partis combattre aux côtés d’Al-Qaïda
seront renvoyés pour détention dans leur pays d’origine.
L’islamisme
affiche ses divisions. Deux mondes se côtoient dans les cellules sans jamais se
parler : les locaux et les « Afghans ». « Nous nous sommes
rendu compte que ceux qui étaient en Afghanistan n’avaient aucune culture
islamique, qu’ils étaient ignares et brutaux, que leurs objectifs politiques se
résumaient à la guerre », poursuit Brahim. Aucun dialogue ne s’instaure
entre ces islamistes aux objectifs différents. Entre deux corvées, les
prisonniers politiques apprennent l’arabe littéraire afin de pouvoir poursuivre
des études coraniques poussées, « l’étude du texte ». Les barbus
troglodytes issus des bataillons Ben Laden et de Guantanamo sont à l’isolement.
Les tentatives de discussion à travers portes ou murs se soldent par un revers.
La révolution de 2011 libérera les islamistes d’Ennahdha, la justice
transitionnelle établira des dizaines de milliers de dossiers de violences indues
commises à leur égard, ils gagneront les élections démocratiques. Les
« Afghans » purgeront leurs peines jusqu’au bout. Une génération a
passé, les combattants d’hier ont désormais des problèmes de genoux, prennent
des médicaments pour le cœur et vivent une vie banale sous la vigilance de la
sûreté nationale.
Grise mine
pour les djihadistes
Le
stupéfiant silence constaté sur les rives nord de l’Afrique corrobore une
réorganisation des priorités. Si le Maghreb, réalité qu’il n’aime pas qu’on lui
remémore, fut l’un des plus importants fournisseurs de combattants pour l’État
islamique durant la période 2011-2015, il a désormais mis en œuvre les
protocoles sécuritaires pour que cela cesse. Les attentats commis à Nice et à
Rambouillet le furent par des Tunisiens installés de longue date en France.
Quand la Tunisie fut désignée par le Homeland US comme le premier pays en
nombre de ressortissants étrangers sur le sol syrien, ce fut un électrochoc. La
jeune démocratie essaimait donc de jeunes pousses barbares. Plusieurs
dizaines de milliers d’hommes quittèrent Tunis pour Istanbul, aller simple
pour le califat. La douane mit quelque temps à se rendre compte que beaucoup de
célibataires quittaient le pays sans billet retour. Ils furent nombreux à
échouer à rejoindre la Syrie, intégrer les rangs de ceux qui édifiaient le
califat. Un certain nombre expliquaient leurs choix par pur opportunisme.
« La dictature ne m’a rien apporté, la démocratie non plus, alors je tente
Daech », lançait dans le Sud tunisien un trentenaire au chômage. Ils sont
un bon millier à être rentrés au pays, après un passage par la case prison. Des
peines entre un et trois ans pour la plupart d’entre eux. Les attentats
de 2015 (Bardo, Sousse, Tunis) puis la tentative de prise de Ben
Guerdane dans le Sud, à la frontière libyenne, furent l’acmé du combat. Après,
faute de victoires dans la région, le reflux fut patent.
Afghanistan – « Pour
Al-Qaïda, la victoire des talibans est la sienne »
La victoire
des talibans en Afghanistan ne semble pas raviver les plaies de 2001. Pour
l’instant. Si une jeune génération, plombée par la crise économique et
sociale, déçue par la démocratie en Tunisie ou le maintien des
« systèmes » en place au Maroc et en Algérie, se cherchait de
nouveaux combats, Kaboul pourrait fournir son poids de symboles. Mais en proie
à une énième vague pandémique, confrontée au manque d’accès aux vaccins, la
région a d’autres soucis qu’un nouveau chaos afghan. Quant au logiciel Taliban
2.0, il semble tout entier tourné vers l’Afghanistan. Le pays aura un pouvoir
d’absorption, mais pas d’exportation d’éléments combattants, il apportera aux
éléments étrangers tout ce qu’un État avec sa structure d’État lui permet, mais
ça ne semble pas à l’agenda. Si le tocsin résonne à Kaboul, il n’effraie plus
l’Afrique du Nord.
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Ces
pays issus de la colonisation française encore bien présente dans les mémoires
de ces pays avec aussi l’Afrique francophone ex AOF/AEF et quelque fois
certains de nos DOM/TOM n’apprécient pas la France et les français, il faut
savoir s’en rendre compte sans faire du politiquement correct hypocrite comme nos
bien-pensants donneurs de leçons qui ne peuvent s’empêcher de se garder de se mêler
de leurs affaires depuis plus de 60 ans !
Les
magrébins notamment musulmans qui ne sont pas francs loin de là, comme l’ALGERIE
parmi d’autres donc se taisent en ne faisant pas de commentaires sur la reprise
de l’AFGHANISTAN par ses TALIBANS religieux extrémistes !
Car
ces pays LIBYE, ALGERIE, TUNISIE, MAROC etc. de ce continent africain du nord dernière
frontière géographique séparée par la Méditerranée grands pourvoyeurs d’immigration
que nous subissons en France depuis 60 ans et dans l’Union Européenne !
Après
des guerres moyen-orientales depuis 2001 ponctuées d’attentats islamiques de fanatiques
barbares religieux qui n’ont pas cessé, avec le départ des USA et l’abandon de
cet AFGHANISTAN repris en main par ses fanatiques religieux dangereux cela peut
être considéré comme une défaite qui peut nous revenir dans la face !
Nous
sommes hélas gouvernés dirigés et mal protégés par des dirigeants pleutres qui
ne veulent pas comprendre la dangerosité de cette situation et l’insécurité qui
augmente car continuant à palabrer entre eux, alors qu’il faut agir fermement et
rapidement en érigeant un bouclier virtuel efficace pour ne plus laisser ces
Talibans s’infiltrer et pervertir les musulmans français nombreux dans notre
pays !
Jdeclef
25/08/2021 10h06
Censure qui ne sert à rien arbitraire débile de ses modérateurs du Point qui ne veulent toujours pas regarder la vérité en face et qui devraient être sanctionné car ne respectant pas le liberté d'expression inscrite dans notre constitution et son improductifs car leur actions protège indirectement ces fanatiques religieux extrémistes qu'il faut dénoncer avant qu'ils ne sèment chaos jusqu'à chez par incitation au désordre voire guerre civile !
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