« Hollande et Mélenchon sont les deux
faces d’une même pièce »
Milo Lévy-Bruhl, ancien conseiller
de Glucksmann, spécialiste de la pensée socialiste et opposé au
Nouveau Front populaire, affiche son pessimisme sur l’avenir de la gauche.
Rencontre.
Par Samuel Dufay
Publié le 09/02/2025 à 08h00
Temps de lecture : 6 min
Noyé dans la foule d'une brasserie de l'Odéon,
il évoque, avec son crâne rasé, sa barbe et ses fines lunettes cerclées, un
bobo égaré du 11e arrondissement. Ou bien un hussard noir de la
République, dont il a l'allure un brin austère. Difficile d'imaginer que le
discret Milo Lévy-Bruhl, 31 ans, a été la plume de Raphaël Glucksmann lors
des dernières élections européennes.
Rien ne prédestinait ce spécialiste du
socialisme à conseiller la
médiatique tête de liste du PS et de Place publique, davantage connue pour
son engagement en faveur des Ouïgours que sa passion pour les querelles
doctrinales. Et pourtant. Si le jeune docteur en philosophie politique a
accepté de jouer les sparring-partners pour Glucksmann, c'est peut-être,
précisément, parce que celui-ci ne venait pas du sérail. Quand il parle de
« Raphaël », Milo Lévy-Bruhl décrit un homme désintéressé et
attachant, l'un des rares responsables politiques à ne pas être animés par leur
narcissisme. « Je le prenais à tort pour un libéral, mais je l'ai
finalement cerné quand j'ai compris qu'il venait de la gauche antitotalitaire,
confie-t-il d'une voix douce. C'est une tradition extrêmement noble, mais mal
comprise : comme elle œuvre pour la gauche à partir de la critique de ses
dérives, elle est facilement assimilée à la droite. » L'aventure se
soldera par un résultat quasiment inespéré pour la tête de liste du PS et de
Place publique (13 %), qui permettra de rééquilibrer le rapport de
force à gauche par rapport à LFI.
La déconvenue n'en sera que plus amère. La
dissolution de l'Assemblée, décidée par Emmanuel Macron le soir même du
scrutin, efface en un clin d'œil la percée de son champion. Pendant que le
conseiller tremble à l'idée de voir le chef de l'État livrer les clés du
pays à l'extrême droite, ses camarades socialistes s'inquiètent pour leur
« circo ». Puis l'union avec LFI, sous le sigle du Nouveau Front
populaire (NFP), monopolise les écrans. Le conseiller, déjà rétif à la Nupes,
s'étrangle. Il rappelle à longueur d'interviews et de tweets les
différences entre cette alliance improvisée et le glorieux Front populaire de
1936. Il bondit quand Jean-Luc Mélenchon juge le niveau de ses lieutenants
Manuel Bompard et Mathilde Panot supérieur à celui de Léon Blum, accédant à
Matignon. Son grand homme n'était-il pas le dirigeant pendant plus de
vingt ans du plus grand Parti socialiste européen et un intellectuel d'une
immense envergure ? Il prend alors le large.
« J'ai
réancré le PS » : Olivier Faure lance la bataille du congrès
socialiste
Cette désillusion le marque. « J'ai été
bon dans mon rôle de conseiller, mais je me suis abîmé, se souvient-il
aujourd'hui. Quand vous croyez vraiment au socialisme, que vous êtes
indifférent à votre trajectoire personnelle, la politique est beaucoup trop
violente et déprimante aujourd'hui. » Et soudain, ce trentenaire à la voix
un peu lasse semble déjà revenu de tout. Selon lui, le « duel
pathétique » d'Hollande et de Mélenchon, les deux frères ennemis qui
rêvent de s'affronter à nouveau en 2027, risque de continuer à affaiblir la
gauche. « Le socialisme au sens où je l'entends, je ne le verrai sans
doute pas advenir de mon vivant – parfois, je me demande même s'il peut
revenir », avoue-t-il.
Idées reçues
Son socialisme à lui est à la fois
exigeant et conceptuel. « Les sociétés modernes sont confrontées à une
double impasse : la “réaction” sous ses différentes formes, notamment
nationaliste, qui sacrifie les individus à des cadres collectifs figés, et le
“libéralisme” qui valorise l'individu au point de lui sacrifier les cadres
collectifs, assure-t-il. Entre les deux, il y a le “socialisme”, c'est-à-dire
l'organisation collective de la société en vue de l'épanouissement des individus,
épanouissement qui passe lui-même par la participation de chaque individu à
cette organisation générale. »
L'opposition convenue entre gauche
réformiste et gauche révolutionnaire lui arrache un soupir :
« Distinguer gauche réformiste et gauche révolutionnaire, c'est mal poser
le problème, tranche-t-il. De la fin du XIXe au milieu du XXe siècles,
le socialisme professe le réformisme révolutionnaire, parce que la révolution
qu'il veut accomplir est une révolution sociale. Ce n'est pas une révolution
politique qui vise la “conquête de l'État” par la force ou par les urnes,
c'est une révolution qui entend remplacer les institutions de la société
capitaliste par celles de la contre-société socialiste. »
Milo Lévy-Bruhl porte un regard sévère sur la
gauche contemporaine. « Hollande et Mélenchon sont les deux faces d'une
même pièce. Le hollandisme parce qu'il a rendu indifférenciable l'exercice du
pouvoir d'État par les socialistes ou par les libéraux. Le mélenchonisme parce
qu'il transforme tous les affects socialistes présents dans la société en
affects antisocialistes : en colère, en ressentiment, en suffisance, en
esprit de secte, etc. Avec eux, le socialisme s'est dissous partout, dans
les institutions et dans la société. »
Cette gauche qui ne veut pas
gouverner
Sa déception à l'égard de la gauche, loin
d'être purement théorique, s'enracine dans une expérience personnelle. Avant
d'accompagner Glucksmann, il a frayé plusieurs années aux marges du Parti
socialiste (PS), avec les jeunes pousses de la nouvelle génération, comme le
député du Calvados Arthur Delaporte, le sénateur de l'Oise Alexandre Ouizille.
Il a aussi été la plume d'Olivier Faure ou, plus occasionnellement, de Boris
Vallaud. Jalousies mesquines, calculs à courte vue… Ce lecteur de Charles Péguy
n'a pas été enthousiasmé par sa plongée dans les coulisses de la politique
partisane. « Les socialistes d'aujourd'hui ont conservé des éléments
isolés de la doctrine socialiste traditionnelle – par exemple, la lutte contre
les inégalités ou la défense de la République –, mais ils sont incapables de
les inscrire dans la perspective historique d'ensemble. »
Loin de l'arène électorale
À Découvrir Le Kangourou du jour Répondre Aujourd'hui, le
retour de la haine des juifs à gauche, notamment au sein de LFI, qu'il
abhorre, s'apparente pour lui à une débâcle intime. Il s'enorgueillit de
compter parmi ses aïeux le célèbre anthropologue, sociologue et philosophe
socialiste Lucien Lévy-Bruhl, l'un des plus proches amis de Blum, dont il
est un spécialiste. Son grand homme, Français israélite parfaitement
assimilé, dreyfusard, ne représente-t-il pas justement la part juive du
socialisme, pour reprendre le titre d'une conférence sur le sujet pour le site
Akadem ? Milo Lévy-Bruhl a participé aux débuts de la
Revue K., magazine en ligne de centre gauche sur l'actualité du judaïsme
européen, avant de prendre du champ. « Aujourd'hui, on peut être juif et
de gauche. Mais il est impossible d'être juif et de militer au sein d'un parti
de gauche sans souffrir. »
Malgré ce désenchantement, le jeune homme n'a
pas renoncé à la politique. Plus à l'aise, de son propre aveu, dans le rôle
« d'analyste » et de « propagandiste » que dans le combat
électoral, il lance avec des amis une initiative qui reste, à ce stade,
nébuleuse : un « contre-projet » à Périclès (le plan de
l'entrepreneur Pierre-Édouard Stérin pour permettre au RN d'accéder au
pouvoir) et aux visées de Vincent Bolloré. Au programme : production
d'idées, diffusion d'une doctrine, formation et activisme, communication, avec
pour but la « contre-hégémonie morale et intellectuelle socialiste dans
l'opinion ». Sans rien exclure pour l'élection présidentielle de 2027, si
jamais « Raphaël » faisait de nouveau appel à lui.
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Mais ce que l’on n’a pas été capable de faire à
cause des Français pourtant ayant la chance d’être dans un des pays les plus démocratiques
du monde (à ce qu’on dit sur le papier) car les censures des bienpensants
donneurs de leçons hypocrites autre spécialité française marche très bien ce
qui rend à peu près notre pays difficilement gouvernable !?
Mais étant donné la niaiserie des citoyens
Français qui sont comme leur président inutile qui n’arrive pas à se décider et
qu’on dit procrastinateur (maladif) et bavard ils sont pareils car cela semble
les désintéresser ou bien pour certains ne rien y comprendre !?
Le 1er ministre le vieux BAYROU n’est
pas meilleur mais plus malin car chevronné il a roulé sa bosse c’est tout et a
partiellement réussi en vieux politicien rodé et espère rester le plus
longtemps possible jusqu’en 2027 mais là c’est encore loin de cette échéance et
ce n’est pas garantie que le pays aille mieux après ?!
Il faudrait enfin que les Français qui votent choisissent
mieux leurs politiciens et dirigeants de tous bords et se prennent en charge en
cessant de se regarder le nombril et en se plaignant éternellement et râlant
inutilement car c’est improductif pour la France qui continue à chuter
toujours plus bas en se dégradant quotidiennement dans toutes les composantes
politiques financières et autres de notre société ?!
(Tout le monde peut le constater par nos médias
chaque jour les seuls à faire leur beurre !?)
Jdeclef 09/02/2025 12h26
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