Kamel Daoud
Chroniqueur, écrivain et reporter
CHRONIQUE. L’Hexagone est devenu le couteau
suisse de la vie politique algérienne. Un pays à la fois exécré et envié, objet
d’une multitude d’instrumentalisations.
Publié le 17/02/2025 à 06h20
« L'Algérie sera-t-elle la cause
de la chute de la Ve République comme sa
révolution fut la cause de la chute de la IVe ? »
(si c’était le cas ce ne serait pas une grande perte) s'interrogeait la semaine dernière un
éditorialiste d'un journal islamiste algérien. La France « intime »,
cette France imaginaire, ennemie
éternelle et idéale pour esquiver le présent en ressassant un passé
glorieux, est toujours un sujet brûlant dans les médias et sur les réseaux
sociaux algériens. Le remake de la
guerre d'indépendance,
vécu aujourd'hui sur le mode du fantasme, de la propagande, de l'hystérie
et des manipulations
communautaires dans
l'Hexagone, s'étend au pays honni, certains allant jusqu'à rêver d'un
« pouvoir putschiste » en France.
Question bête : à quoi sert la France en
Algérie ? La France, c'est-à-dire cette image intérieure qui symbolise à
la fois le refus de l'universel et du monde en même temps que le désir et
la rancœur ? Réponse : cela sert à plusieurs
« cuisines locales ».
1 – La France sert à ranimer le passé. L'unique
success-story algérienne est celle de sa guerre d'indépendance, militarisée à
l'extrême. Plus on avance dans le temps, plus la carrière de vétéran offre une
solution rare pour éprouver un frisson pimentant la banalité du présent.
Ennemie éternelle, la France permet aux héros de se croire éternels.
Malgré
un « climat délétère » entre Alger et Paris, le président Tebboune se
dit ouvert au dialogue
2 – La France sert de terrain de jeu au courant
islamiste, qui y mène sa contre-croisade. Le révisionnisme du récit de la
décolonisation, traditionnellement perçu comme issu de la « gauche »
anticoloniale mondiale, plurielle, semble s'être intensifié en Algérie. Les
jeunes générations sont amenées à croire que la guerre était une guerre
sacrée, une contre-croisade, une guerre pour Allah. Sur leur site, les
théologiens musulmans, les oulémas, n'hésitent plus à remplacer dans
l'iconographie hagiographique les six membres fondateurs du FLN par les six
fondateurs de l'association des oulémas musulmans. La
France, c'est l'impiété, la chrétienté, l'ennemi d'Allah, la laïcité, etc.
Le pacte algérien,
entre chantage et schizophrénie
3 – La
France sert précisément à contenir tous les courants progressistes algériens,
modernistes
ou réformistes. C'est avec attention que l'on associe ce pays
« imaginaire » à des valeurs neutralisées par le récit de la
colonisation. Voici l'explication : la laïcité, l'égalité des sexes, le
droit de disposer de son corps et de sa sexualité, la démocratie et la liberté,
les élections, tout cela représente des valeurs françaises et occidentales,
c'est-à-dire des valeurs coloniales et oppressives.
Comment
les réseaux du régime algérien déstabilisent la France
4 – On retiendra de ces valeurs celle de l'universalisme.
Ennemi juré du particularisme, des retraits dans sa propre bulle, du rejet de
l'altérité et des changements, du refus du monde. Le regard algérien dominant
(mais non unique) considère la France comme étant un peu tout cela.
Celle-ci sert à définir l'enfermement comme
une souveraineté. L'ailleurs, c'est la France, c'est dangereux,
envahissant et mortel pour l'authenticité. C'est le meilleur combustible pour
les conservateurs et les vétérans de guerre, qui se considèrent comme les gardiens
féodaux de la « terre ». Après tout, ils ont contribué à sa
libération. Par conséquent, elle leur revient de droit.
Algérie : l'arme de la
diaspora
5 – La France,
c'est le grand coupable. Cela sert à se défausser de sa
responsabilité actuelle en invoquant celle du passé. Échecs, fuite des
« cerveaux », jeunes désœuvrés, politiques désastreuses, routes mal
construites ? Tout ce cirque ne devient tolérable que si l'on identifie un
coupable « externe », une France hypothétique située dans une
« théorie du tout » cosmique.
Le grand
« gâchis » de la relation franco-algérienne
À Découvrir Le Kangourou du jour Répondre C'est en
quelque sorte ce faisceau de « perceptions » qui alimente la
propagande antifrançaise et qui explique les paradoxes que l'on connaît. Ce
pays, la France, est celui que l'on veut punir, mais où l'on désire vivre.
C'est ce pays qui sert de souveraineté décentrée (on ne se définit comme
algérien que proportionnellement à sa proclamation antifrançaise). C'est ce
pays qui fait partie de l'intime que l'on refuse et qui incarne le monde que
l'on rejette, en jurant qu'il ne nous aime pas et qu'il veut nous voler nos
puits et nos
ossements sacrés. Sujet ambigu, corps de la passion muette et violente,
destination du voyage et de l'insulte.
Kamel Daoud – Le rire triste
de l'Algérie
Au VIIIe siècle, un poète
éclatant illumina la langue arabe dans l'empire abbasside. Aboû Nouwâs
était réputé pour son esprit vif, ses vers audacieux, son
enthousiasme pour le vin et la vie passionnée, son individualisme et son
mépris pour les théologiens de son temps. Al-Amin, le calife de l'époque et le
fils du célèbre Hâroun ar-Rachîd, aurait eu ce poète comme maître puis comme
poète de cour. Selon la « tradition », il l'invitait parfois à
célébrer la débauche dans ses éloges, mais l'emprisonnait également pendant des
semaines pour son comportement impétueux et excessif. Finesse cruelle du
pouvoir absolu : quand le calife voulait transmettre un message aux radicaux
religieux, il invitait Aboû Nouwâs à briller par son art ; quand le
dirigeant décidait de réprimer les libéraux, il faisait emprisonner
Aboû Nouwâs. Le poète, corps politique et exutoire. Il y a un peu de
France et de ses vins dans le mythe d'Aboû Nouwâs.
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Moi ou d’autres qui ont subit ces évènements
comme on les appelait hypocritement pour ne pas dire le comble des faux jetons qui
nous gouvernaient si mal car beaucoup de ma génération encore vivants et ceux
qui ne sont pas tombés « la bas » ont atterrit comme moi à ORAN dans
la grande base navale MERS EL KEBIR avec un uniforme de marin sur le dos (pourtant
à titre d’exemple dans ma rue en face chez moi de ma ville en France un des
jeunes comme moi de cette époque y est mort car tué par cette guerre coloniale)
car tout cela n’est pas du roman c’est la réalité historique contemporaine !?
Car bien sûr il ne faut pas compter sur Mr
MACRON notre président trop jeune à l’époque de cette guerre grand bavard
donneur de leçons hypocrites bienpensant de faire quoi que soi d’utile il ne
sait rien faire et pas que pour cela et ne sert à rien car il gouverne mal et
ne nous protege pas et en plus ne garantissant même pas totalement la liberté d’expression
inscrite dans notre constitution pourtant utile donc il faut le supporter jusqu’en
2027 car indéboulonnable à cause des Français
lambda et inéligible après !?
Moi comme d’autres je continuerais à commenter
l’inqualifiable pour essayer de convaincre les Français de se prendre en charge
pour notre pays libre et démocratique car le trop c’est trop dans cette Vème république
obsolète usée de + de 60 ans car même de Gaulle n’a pas réussi !?
IL FAUT LAISSER VIVRE L’ALGERIE COMME ELLE VEUT
ET NE PAS S’EN OCCUPER COMME N’IMPORTE QUEL PAYS SOUVERAIN DE NOTRE MONDE
MALADE C’EST TOUT ?!!!
Jdeclef 17/02/2028 11h05
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