ENQUÊTE. Dans un courrier adressé mercredi aux
militants LR, Bruno Retailleau s’est déclaré candidat à la présidence du parti,
qui lui avait échappé de peu en 2022. Il se préparait depuis des semaines.
Par Nathalie
Schuck
Publié le 12/02/2025 à 09h45
parti LR.
Fin janvier, François Bayrou,
prenant l'air badin, défiait Bruno Retailleau au détour d'un couloir,
en marge d'une réunion à l'Élysée : « Alors, tu le prends le parti ou
pas ? » Une évidence aux yeux de beaucoup, en macronie comme chez Les
Républicains, tant le ministre de l'Intérieur s'est imposé en quelques mois
seulement comme le nouveau patron de fait de sa famille politique. Mais pas
pour lui.
Pressé de toutes parts de ne pas laisser la
place à Laurent Wauquiez, éternel « bad boy » de la droite, et de
remettre enfin ce parti vermoulu au travail, le Vendéen a pris le temps de la
réflexion, longuement hésité, inquiet de faire une « connerie » (sic)
et qu'on ne lui reproche de délaisser sa mission de « premier flic de
France » pour assouvir une supposée ambition personnelle. N'a-t-il pas
bâti toute sa popularité sur son image de sincérité, sur le fait qu'il apparaît
au service, non de lui-même, mais des Français ?
Bruno
Retailleau, bombe à fragmentation de l'échiquier politique Ce mercredi
12 février, l'élu a officialisé sa candidature dans un courrier
adressé aux militants, promettant d'appliquer à la tête du parti la même
méthode qu'au ministère de l'Intérieur : « Parler vrai et agir
vite. » « Je veux faire gagner nos idées, et, pour cela, je veux
rassembler. Je ne veux pas de nouvelles déchirures et de nouvelles blessures
dans le parti », écrit-il, après avoir laissé planer le doute quant
à sa volonté d'y aller face à l'ancien président de la région
Auvergne-Rhône-Alpes.
L'ambition de Bruno Retailleau
Ce n'est que tout début février que les choses
ont définitivement basculé dans sa tête. Oui, il ira, et pas à moitié,
certainement pas en faisant campagne en catimini comme certains le lui
suggéraient. Ainsi va Bruno Retailleau qui, une fois passé le temps de la
réflexion, accélère à fond dès lors que sa décision est arbitrée. Chez cet
homme éminemment cérébral, le rapport à l'ambition a quelque chose de presque
féminin : chaque fois qu'il franchit une étape dans sa carrière, il a
besoin de se sentir solide sur ses bases et d'avoir fait le tour de son sujet –
après cinq mois à Beauvau, nous y sommes – et, surtout, d'être poussé par les
siens, encouragé. « Chez lui, l'appétit vient en mangeant mais il faut lui
tenir la cuillère ! » persifle un ancien compagnon de route.
Avait-il vraiment le choix, au fond ? Chez
les Républicains, famille politique légitimiste, le patron du parti fait figure
de candidat naturel pour l'Élysée. Cette bataille partisane n'a rien d'un pur
congrès militant. Qui irait se faire trouer la peau pour LR ? Il s'agit,
en vérité, d'une primaire dont sortira, selon toute vraisemblance, le nom du
champion de la droite pour la prochaine présidentielle.
Cela non plus, ça ne le fait pas forcément
rêver. Pas câblé comme nombre de ses congénères, Bruno Retailleau, 64 ans,
n'est pas grisé à l'idée de s'installer dans les appartements privés du général
de Gaulle et d'Emmanuel Macron. Il le répète à l'envi, et il aimerait qu'on
l'entende : il n'a « pas le virus ». Tout s'est passé si vite,
il faut dire. Pas même six mois à Beauvau et on lui prédit déjà de
« traverser la rue », comme on dit en macronie, pour s'installer au
55, rue du Faubourg-Saint-Honoré. Vertige… « Laissez-lui le temps de
digérer ! » presse l'un de ses complices.
Quand on le cherche, on le trouve
Si on tentait de lire dans ses entrailles,
après quelques années à croiser sa route, on dirait qu'il vibrerait davantage à
l'idée d'occuper Matignon, poste où l'on peut impulser des réformes, animer une
équipe, démêler des difficultés, arbitrer. « Faire », en clair, pour
paraphraser le titre du livre
de campagne de son ancien mentor, François Fillon (Albin
Michel). Mais ce n'est pas ainsi que se présentent les choses. À droite,
un vieil adage dit que « lorsque le TGV s'arrête devant ta porte, tu
montes à bord ». On ne choisit pas forcément de postuler à la
présidentielle, ce sont parfois les Français qui vous y forcent. Et Matignon
fait figure de poste inaccessible en l'état : la balkanisation de
l'Assemblée, consécutive à la dissolution, proscrit cette hypothèse car il
serait aussitôt, il le sait, censuré.
Ce n’est pas toi qui vas décider. Ce sont les
sondages et l’opinion. Si tu es en tête à droite pour la présidentielle, tu vas
faire quoi ? Nous faire une Jacques Delors de droite ?Un très
proche de Retailleau
Jusque parmi ses proches, les avis ont divergé
sur la bataille du parti. Ses plus proches conseillers, les Vendéens, à ses
côtés depuis près de quinze ans, poussaient à fond pour. D'autres, comme
François Fillon, étaient plus circonspects. Plus prosaïquement, Retailleau
craignait de manquer de temps, « de bande passante » comme dit l'un
de ses lieutenants. Beauvau est un maroquin dévorant qui consume votre temps,
votre énergie vitale, votre âme même, tant vous êtes confronté à la
« part ténébreuse » qui habite tout homme, comme il aime à dire.
Et il dort déjà si peu et mange à peine,
inquiétant ses proches à force d'ascèse. Récemment, un décollement de rétine
l'a contraint au port de lunettes de soleil, lui l'anti m'as-tu-vu, allergique
au bling-bling. Était-il bien raisonnable, dès lors, d'en rajouter une couche
avec un parti lourdement endetté qu'il faut rebâtir, plancher et toit
inclus ? C'est mal le connaître. « Clemenceau non plus n'était pas un
grand bonhomme ! Bruno a une santé de fer », se marre l'un de ses
amis, qui s'amuse qu'on excipe de sa frêle constitution une quelconque
faiblesse. Un leurre.
Bruno Retailleau, le
protégé de Macron ? Depuis ce 21 septembre 2024, jour de son
entrée au gouvernement qui a marqué un tournant dans sa vie, beaucoup parmi ses
fidèles lui répètent qu'il n'aura pas d'autre choix que de suivre les rails
désormais tracés sur sa route. « Ce n'est pas toi qui vas décider. Ce sont
les sondages et l'opinion, lui serine l'un de ses soutiens. Si tu es en tête à
droite pour la présidentielle, tu vas faire quoi ? Nous faire une Jacques
Delors de droite ? » À gauche, beaucoup n'ont jamais pardonné à
l'ancien président socialiste de la Commission européenne d'avoir calé devant
l'obstacle à quelques mois de la présidentielle de 1995.
Postuler aux commandes de LR, cela relève pour
lui, à dire vrai, d'une puissante logique. D'abord parce qu'il est au firmament
des sondages à droite, comme l'a montré un sondage OpinionWay opportunément
commandé par son mouvement Force républicaine début février, dévoilé
en exclusivité par Le Point. Personnalité la plus populaire à droite
avec 55 % de bonnes opinions, loin devant Bertrand, Wauquiez, Pécresse ou
Lisnard, il apparaît comme un rouleau compresseur : il tue non seulement
le match à droite pour LR (23 % des Français voient en lui le mieux
placé pour piloter le parti, contre 11 % pour Wauquiez) mais aussi pour la
présidentielle. « Aujourd'hui, Retailleau égale la droite. L'équation est
faite », résume Frédéric Micheau, directeur général adjoint d'OpinionWay.
Retailleau sait, aussi, qu'on ne prête qu'aux
riches. Qu'adviendrait-il si l'aventure Bayrou s'arrêtait et qu'il était
condamné à une sortie sèche du gouvernement ? Autant se sécuriser avec le
parti. L'hypothèse qu'il se retrouve au chômage technique semble toutefois peu
vraisemblable. Pas tant parce que le rusé Bayrou serait assuré d'une quelconque
longévité politique mais parce que Retailleau a gagné son rond de serviette à
la table du conseil des ministres. Changement de gouvernement ou pas, il y a
fort à parier qu'il serait reconduit. Lui qui a suivi le cursus honorum des
élus à l'ancienne et exercé tous les mandats, sauf maire, pourrait très bien
occuper d'autres fonctions, à Bercy par exemple. « L'économie est ma
langue maternelle », se targue-t-il. Reste que s'il devait quitter le
gouvernement, il n'aurait pas de piste d'atterrissage évidente. Nulle chance
qu'il récupère son ancien poste de patron des sénateurs LR. Son successeur,
Mathieu Darnaud, s'est subtilement imposé, surfant sur la fronde des élus de
son groupe qui ne voulaient pas se voir imposer un joker tout désigné.
Et on ne nous enlèvera pas de l'esprit qu'il ne
lui déplairait pas de rendre
à Laurent Wauquiez la monnaie de sa pièce. Quand Michel Barnier a trébuché
sur la censure, le patron des députés DR (Droite républicaine) a été plus que
suspecté par les « retaillistes » de manœuvrer dans l'ombre pour lui
chiper le ministère de l'Intérieur. Wauquiez démentira mordicus et Retailleau
se défendra toujours d'alimenter une quelconque guerre des chefs. Mais cet
homme coriace, sous ses airs policés, a une règle de vie : quand on le
cherche, on le trouve. Et force est de constater que, ces derniers mois, le
ponant l'a beaucoup titillé.
Le coming out « gaulliste »
Enfin, et ce n'est certainement pas l'argument
le plus médiocre, Retailleau s'était préparé à piloter LR en 2022, lors de la
dernière bataille interne. Il avait vraiment cru pouvoir y accéder, déterminé à
remettre enfin au boulot cette famille de pensée qui a cessé de réfléchir et de
produire des idées. En digne intello de la politique, ce lecteur compulsif qui
dévore chaque soir précis et essais sait qu'il a les capacités pour doter son
camp d'une colonne vertébrale idéologique, d'un corpus programmatique.
La
primaire est-elle une machine à perdre la présidentielle ?
Il ne l'avouera jamais, mais il a été meurtri
de se
faire battre de peu par Éric Ciotti, récoltant 46,3 % au second tour.
Des mois durant, après cet échec, on l'a vu douter, comme égaré au milieu de
nulle part, se cherchant un avenir dans un horizon bouché. « Pour lui,
c'était la défaite des intellos face aux pizzaïolos du Sud », cravache un
fin connaisseur de la droite. Ses proches le confessent : il a eu sa part
de responsabilité dans ce revers. À force de tergiverser, il est parti trop
tard à la fin de l'été 2022, sous l'amicale pression du patron du Sénat Gérard
Larcher. Leçon tirée : cette fois, il n'attendra pas.
À Découvrir Le Kangourou du jour Répondre À l'époque, un
autre élément moins dicible l'avait freiné en interne. Nombre d'élus de droite,
qui pourtant l'appréciaient en tant que chef des sénateurs LR, n'avaient pas
osé ou voulu le soutenir car il restait à leurs yeux une pièce rapportée.
« Pas question de laisser l'ancien bras droit de Philippe de Villiers
s'emparer du parti du général de Gaulle ! » maugréaient-ils sous le
manteau, prompts à voir en lui un « coucou » cherchant à se faufiler
dans leur nid. Les observateurs les plus avisés auront remarqué un subtil et
récent glissement sémantique chez Bruno Retailleau. Lui qui se définissait
invariablement comme un conservateur libéral se présente désormais comme
« gaulliste ». « Un blasphème ! » s'étrangle un
gardien du temple gaullien, qui abhorre le Vendéen et voit en lui une
dangereuse greffe. Ce à quoi les fidèles du Bruno Retailleau objectent que ce
n'est pas lui qui s'est jeté dans les bras de Marine
Le Pen, mais… Éric Ciotti.
Force est de constater que,
pour les Français interrogés dans les sondages, en particulier les
sympathisants des Républicains, ce débat sur sa provenance politique, supposée
pas suffisamment casher, appartient au passé. À leurs yeux, le ministre de
l'Intérieur, tout ancien villiériste qu'il soit, incarne la chance la plus
solide de victoire pour la prochaine présidentielle. Et pour une famille
politique sevrée du pouvoir suprême depuis plus de douze ans, ça n'a pas de
prix.
Ils veulent se partager ces avantages car les
places de ces élus et réélus sont bonnes et ne nécessitent pas beaucoup de
travail en fait à part beugler et semer le désordre dans notre assemblée nationale
en votant des lois insipides n’apportant pas grand-chose à la population lambda
qui elle galère pour boucler ses fins de mois car en plus certains de nos
concitoyens n’y comprennent rien dans cet aéropage d’élus et ministres dont on
n’arrive même pas à se rappeler les noms dans ces divers gouvernements sans
oublier le 1er ministre inutile et ou ils ne font que passer seul le
président est là pour décider soi-disant la politique du pays mais en tant que
procrastinateur maladif il a du mal à le faire à par bavasser en se soulant de
discours creux et orgueilleux comme paon qui fait la roue mais qui tourne mal
et quand il parle ce qu’il fait de moins en moins d’ailleurs car il n’a
plus rien à dire de positif et s’il l’a fait dans le passé doit être le candidat
gagnant à être le plus mauvais président de cette Veme république usée et obsolète
?!
Pour le reste la France notre pays est en
pleine déconfiture avec cette classe politique déplorable et son économie et
finance presque en dessous de zéro !?
Mais hélas comme nos citoyens ne pensent qu’à leur « chacun
pour soi dévastateur » principal de leur défaut et cela ne date pas d’hier
ni d’aujourd’hui d’ailleurs car même si on est indirectement protégé par l’Euro
de cette Europe dite unie on n’est pas loin de la faillite et quand ce sera là il
sera trop tard pour pleurer je dis ça parce que j’ai connu comme d’autres Français
de ma génération tous les présidents de cette Veme république usée et obsolète !?
Et tout le monde peut s’en rendre compte mais
il faut réfléchir pour cela et les Français ne sont pas très doués pour cela
ils préfèrent etre des assistés !?
Jdeclef12/02/2025 12h35
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