RETAILLEAU CONTRE WAUQUIER ?!
Fin janvier, François Bayrou, prenant l'air badin, défiait Bruno Retailleau au détour d'un couloir, en marge d'une réunion à l'Élysée : « Alors, tu le prends le parti ou pas ? » Une évidence aux yeux de beaucoup, en macronie comme chez Les Républicains, tant le ministre de l'Intérieur s'est imposé en quelques mois seulement comme le nouveau patron de fait de sa famille politique. Mais pas pour lui.
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Pressé de toutes parts de ne pas laisser la place à Laurent Wauquiez, éternel « bad boy » de la droite, et de remettre enfin ce parti vermoulu au travail, le Vendéen a pris le temps de la réflexion, longuement hésité, inquiet de faire une « connerie » (sic) et qu'on ne lui reproche de délaisser sa mission de « premier flic de France » pour assouvir une supposée ambition personnelle. N'a-t-il pas bâti toute sa popularité sur son image de sincérité, sur le fait qu'il apparaît au service, non de lui-même, mais des Français ?
À LIRE AUSSI Bruno Retailleau, bombe à fragmentation de l'échiquier politique Ce mercredi 12 février, l'élu a officialisé sa candidature dans un courrier adressé aux militants, promettant d'appliquer à la tête du parti la même méthode qu'au ministère de l'Intérieur : « Parler vrai et agir vite. » « Je veux faire gagner nos idées, et, pour cela, je veux rassembler. Je ne veux pas de nouvelles déchirures et de nouvelles blessures dans le parti », écrit-il, après avoir laissé planer le doute quant à sa volonté d'y aller face à l'ancien président de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
L'ambition de Bruno Retailleau
Ce n'est que tout début février que les choses ont définitivement basculé dans sa tête. Oui, il ira, et pas à moitié, certainement pas en faisant campagne en catimini comme certains le lui suggéraient. Ainsi va Bruno Retailleau qui, une fois passé le temps de la réflexion, accélère à fond dès lors que sa décision est arbitrée. Chez cet homme éminemment cérébral, le rapport à l'ambition a quelque chose de presque féminin : chaque fois qu'il franchit une étape dans sa carrière, il a besoin de se sentir solide sur ses bases et d'avoir fait le tour de son sujet – après cinq mois à Beauvau, nous y sommes – et, surtout, d'être poussé par les siens, encouragé. « Chez lui, l'appétit vient en mangeant mais il faut lui tenir la cuillère ! » persifle un ancien compagnon de route.
Avait-il vraiment le choix, au fond ? Chez les Républicains, famille politique légitimiste, le patron du parti fait figure de candidat naturel pour l'Élysée. Cette bataille partisane n'a rien d'un pur congrès militant. Qui irait se faire trouer la peau pour LR ? Il s'agit, en vérité, d'une primaire dont sortira, selon toute vraisemblance, le nom du champion de la droite pour la prochaine présidentielle.
Cela non plus, ça ne le fait pas forcément rêver. Pas câblé comme nombre de ses congénères, Bruno Retailleau, 64 ans, n'est pas grisé à l'idée de s'installer dans les appartements privés du général de Gaulle et d'Emmanuel Macron. Il le répète à l'envi, et il aimerait qu'on l'entende : il n'a « pas le virus ». Tout s'est passé si vite, il faut dire. Pas même six mois à Beauvau et on lui prédit déjà de « traverser la rue », comme on dit en macronie, pour s'installer au 55, rue du Faubourg-Saint-Honoré. Vertige… « Laissez-lui le temps de digérer ! » presse l'un de ses complices.
Quand on le cherche, on le trouve
Si on tentait de lire dans ses entrailles, après quelques années à croiser sa route, on dirait qu'il vibrerait davantage à l'idée d'occuper Matignon, poste où l'on peut impulser des réformes, animer une équipe, démêler des difficultés, arbitrer. « Faire », en clair, pour paraphraser le titre du livre de campagne de son ancien mentor, François Fillon (Albin Michel). Mais ce n'est pas ainsi que se présentent les choses. À droite, un vieil adage dit que « lorsque le TGV s'arrête devant ta porte, tu montes à bord ». On ne choisit pas forcément de postuler à la présidentielle, ce sont parfois les Français qui vous y forcent. Et Matignon fait figure de poste inaccessible en l'état : la balkanisation de l'Assemblée, consécutive à la dissolution, proscrit cette hypothèse car il serait aussitôt, il le sait, censuré.
Ce n’est pas toi qui vas décider. Ce sont les sondages et l’opinion. Si tu es en tête à droite pour la présidentielle, tu vas faire quoi ? Nous faire une Jacques Delors de droite ?Un très proche de Retailleau
Jusque parmi ses proches, les avis ont divergé sur la bataille du parti. Ses plus proches conseillers, les Vendéens, à ses côtés depuis près de quinze ans, poussaient à fond pour. D'autres, comme François Fillon, étaient plus circonspects. Plus prosaïquement, Retailleau craignait de manquer de temps, « de bande passante » comme dit l'un de ses lieutenants. Beauvau est un maroquin dévorant qui consume votre temps, votre énergie vitale, votre âme même, tant vous êtes confronté à la « part ténébreuse » qui habite tout homme, comme il aime à dire.
Et il dort déjà si peu et mange à peine, inquiétant ses proches à force d'ascèse. Récemment, un décollement de rétine l'a contraint au port de lunettes de soleil, lui l'anti m'as-tu-vu, allergique au bling-bling. Était-il bien raisonnable, dès lors, d'en rajouter une couche avec un parti lourdement endetté qu'il faut rebâtir, plancher et toit inclus ? C'est mal le connaître. « Clemenceau non plus n'était pas un grand bonhomme ! Bruno a une santé de fer », se marre l'un de ses amis, qui s'amuse qu'on excipe de sa frêle constitution une quelconque faiblesse. Un leurre.
À LIRE AUSSI Bruno Retailleau, le protégé de Macron ? Depuis ce 21 septembre 2024, jour de son entrée au gouvernement qui a marqué un tournant dans sa vie, beaucoup parmi ses fidèles lui répètent qu'il n'aura pas d'autre choix que de suivre les rails désormais tracés sur sa route. « Ce n'est pas toi qui vas décider. Ce sont les sondages et l'opinion, lui serine l'un de ses soutiens. Si tu es en tête à droite pour la présidentielle, tu vas faire quoi ? Nous faire une Jacques Delors de droite ? » À gauche, beaucoup n'ont jamais pardonné à l'ancien président socialiste de la Commission européenne d'avoir calé devant l'obstacle à quelques mois de la présidentielle de 1995.
Postuler aux commandes de LR, cela relève pour lui, à dire vrai, d'une puissante logique. D'abord parce qu'il est au firmament des sondages à droite, comme l'a montré un sondage OpinionWay opportunément commandé par son mouvement Force républicaine début février, dévoilé en exclusivité par Le Point. Personnalité la plus populaire à droite avec 55 % de bonnes opinions, loin devant Bertrand, Wauquiez, Pécresse ou Lisnard, il apparaît comme un rouleau compresseur : il tue non seulement le match à droite pour LR (23 % des Français voient en lui le mieux placé pour piloter le parti, contre 11 % pour Wauquiez) mais aussi pour la présidentielle. « Aujourd'hui, Retailleau égale la droite. L'équation est faite », résume Frédéric Micheau, directeur général adjoint d'OpinionWay.
Retailleau sait, aussi, qu'on ne prête qu'aux riches. Qu'adviendrait-il si l'aventure Bayrou s'arrêtait et qu'il était condamné à une sortie sèche du gouvernement ? Autant se sécuriser avec le parti. L'hypothèse qu'il se retrouve au chômage technique semble toutefois peu vraisemblable. Pas tant parce que le rusé Bayrou serait assuré d'une quelconque longévité politique mais parce que Retailleau a gagné son rond de serviette à la table du conseil des ministres. Changement de gouvernement ou pas, il y a fort à parier qu'il serait reconduit. Lui qui a suivi le cursus honorum des élus à l'ancienne et exercé tous les mandats, sauf maire, pourrait très bien occuper d'autres fonctions, à Bercy par exemple. « L'économie est ma langue maternelle », se targue-t-il. Reste que s'il devait quitter le gouvernement, il n'aurait pas de piste d'atterrissage évidente. Nulle chance qu'il récupère son ancien poste de patron des sénateurs LR. Son successeur, Mathieu Darnaud, s'est subtilement imposé, surfant sur la fronde des élus de son groupe qui ne voulaient pas se voir imposer un joker tout désigné.
Et on ne nous enlèvera pas de l'esprit qu'il ne lui déplairait pas de rendre à Laurent Wauquiez la monnaie de sa pièce. Quand Michel Barnier a trébuché sur la censure, le patron des députés DR (Droite républicaine) a été plus que suspecté par les « retaillistes » de manœuvrer dans l'ombre pour lui chiper le ministère de l'Intérieur. Wauquiez démentira mordicus et Retailleau se défendra toujours d'alimenter une quelconque guerre des chefs. Mais cet homme coriace, sous ses airs policés, a une règle de vie : quand on le cherche, on le trouve. Et force est de constater que, ces derniers mois, le ponant l'a beaucoup titillé.
Le coming out « gaulliste »
Enfin, et ce n'est certainement pas l'argument le plus médiocre, Retailleau s'était préparé à piloter LR en 2022, lors de la dernière bataille interne. Il avait vraiment cru pouvoir y accéder, déterminé à remettre enfin au boulot cette famille de pensée qui a cessé de réfléchir et de produire des idées. En digne intello de la politique, ce lecteur compulsif qui dévore chaque soir précis et essais sait qu'il a les capacités pour doter son camp d'une colonne vertébrale idéologique, d'un corpus programmatique.
Il ne l'avouera jamais, mais il a été meurtri de se faire battre de peu par Éric Ciotti, récoltant 46,3 % au second tour. Des mois durant, après cet échec, on l'a vu douter, comme égaré au milieu de nulle part, se cherchant un avenir dans un horizon bouché. « Pour lui, c'était la défaite des intellos face aux pizzaïolos du Sud », cravache un fin connaisseur de la droite. Ses proches le confessent : il a eu sa part de responsabilité dans ce revers. À force de tergiverser, il est parti trop tard à la fin de l'été 2022, sous l'amicale pression du patron du Sénat Gérard Larcher. Leçon tirée : cette fois, il n'attendra pas.
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À l'époque, un autre élément moins dicible l'avait freiné en
interne. Nombre d'élus de droite, qui pourtant l'appréciaient en tant
que chef des sénateurs LR, n'avaient pas osé ou voulu le soutenir car il
restait à leurs yeux une pièce rapportée. « Pas question de laisser
l'ancien bras droit de Philippe de Villiers s'emparer du parti du
général de Gaulle ! » maugréaient-ils sous le manteau, prompts à voir en
lui un « coucou » cherchant à se faufiler dans leur nid. Les
observateurs les plus avisés auront remarqué un subtil et récent
glissement sémantique chez Bruno Retailleau. Lui qui se définissait
invariablement comme un conservateur libéral se présente désormais comme
« gaulliste ». « Un blasphème ! » s'étrangle un gardien du temple
gaullien, qui abhorre le Vendéen et voit en lui une dangereuse greffe.
Ce à quoi les fidèles du Bruno Retailleau objectent que ce n'est pas lui
qui s'est jeté dans les bras de Marine Le Pen, mais… Éric Ciotti.
Force est de constater que, pour les Français interrogés dans les sondages, en particulier les sympathisants des Républicains, ce débat sur sa provenance politique, supposée pas suffisamment casher, appartient au passé. À leurs yeux, le ministre de l'Intérieur, tout ancien villiériste qu'il soit, incarne la chance la plus solide de victoire pour la prochaine présidentielle. Et pour une famille politique sevrée du pouvoir suprême depuis plus de douze ans, ça n'a pas de prix.
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Ils rejouent la guerre des chefs ces minables politiciens
gonflés d’orgueil comme des baudruches crevée car LR à un déjà ministre
RETAILLEAU mais pseudo « macronien » en place donc un avec avantage et
un autre qui était en retard car n’a peut-être pas réagi assez vite n’arrivant pas
à se décider car pas si sûr de lui WAUQUIEZ qui se cherche encore d’ailleurs mais
qui faisait mine de ne pas se présenter avant car pas si franc que cela et là
enfin été obligé d’annoncer sa candidature pour ne pas perdre le coche car ayant
perdu l’initiative et la main car étant obligé de renvoyer la balle au bond
comme dans un smash de match de mauvais tennis !?
Mais c’est cela la France partisane en plus mal
gouvernée et mal protégée par notre président MACRON donneur de leçon bienpensant
hypocrite surement un de nos dirigeants les plus incompétents et inutiles de
cette V eme république usée de + 66ans que j’ai tous connus donc raison de ma déception
largement confirmée par d’autres Français car je ne suis pas le seul dans un
pourcentage important de citoyens qui l’ont même réélu ce qui est difficile à
comprendre et qui n’ont pas été capable de se séparer de lui et devront le
supporter jusqu’en 2027 alors qu’il continue de les dédaigner voire même les
insulter quelque fois « ces gens de peu et d’en bas pas de son monde
petit bourgeois selon lui » !?
Il a raison il est de toute façon inéligible de
par notre constitution et peut encore faire des erreurs ou inepties digne de sa
dissolution stupide d’ici là car les Français lambda se désintéresse de cette classe
d’élus politiciens de tous bords de cette politique politicienne médiocre ce
qui est dommage car cela touche leur avenir et la France alors tant pis pour
eux !?
Jdeclef 13/02/2024 16h34
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