Procès de Mehdi Nemmouche : dans la « machine à tuer » de Daech
Les journalistes et
anciens otages Édouard Elias et Didier François, capturés en
juin 2013, ont témoigné mercredi au procès de Mehdi Nemmouche et
de quatre djihadistes.
Par Marion
Cocquet
« Un des premiers trucs qu'on s'est
demandé, quand on s'est retrouvé, ça a été : Est-ce que t'as
trouvé comment en finir ? On peut trouver un sac plastique, serrer. On
était prêts à le faire, on était prêts à s'aider l'un l'autre à mourir. »
Édouard Elias se tient tout droit à la barre, le cheveu un peu ébouriffé ;
il se tourne parfois vers le box où Mehdi
Nemmouche garde les yeux braqués devant lui, un pli mauvais aux
lèvres. Photographe de guerre, Édouard Elias avait 22 ans lorsque, le
6 juin 2013, il a été enlevé par l'État islamique avec le
grand reporteur Didier François, journaliste à Europe 1. Ils venaient
ensemble d'entrer en Syrie, pour documenter l'usage d'armes chimiques par le
régime de Bachar el-Assad.
Ce n'est pas facile de décrire onze mois
de captivité dans les geôles de Daech. Onze mois de tortures, d'humiliations,
de faim ; onze mois, aussi, durant lesquels s'est structurée la jeune
organisation terroriste progressivement rejointe par des armées de jeunes
djihadistes européens. Ce n'est pas facile et peut-être ce récit-là ne
pouvait-il, pour Édouard
Elias et Didier François, n'être fait qu'à deux voix. « Un binôme,
c'est comme un vieux couple, dit mercredi le jeune homme devant la cour
d'assises spécialement composée. On connaît de l'autre chaque respiration,
chaque intonation. La détention, ça ne crée pas de l'amitié mais des compagnons
de galère. Didier, j'avais choisi de partir avec lui, c'était un
père. » Didier François ajoute, plus tard : « Je n'aurais
jamais tenu onze mois si Édouard n'avait pas été à mes côtés avec son énergie,
son courage. »
« La règle, c'est qu'il n'y a pas de
règle »
Le groupe armé qui les capture les fait monter
dans un pick-up. On les emmène dans un premier bâtiment, on les met à genoux un
fusil sur la tempe – « clic, clic, premier simulacre d'exécution, ça fait
drôle », résume Édouard Elias –, puis ils sont menottés à des radiateurs,
privés pendant près de quatre jours d'eau et de nourriture. « J'ai eu des
hallucinations à cause de la déshydratation, je croyais voir ma grand-mère dans
sa cuisine, en train de me préparer à manger », dit le photographe.
« C'étaient des professionnels, ils ont su à quel moment, exactement, il
fallait nous donner de l'eau et de la nourriture », ajoute Didier
François. Un des geôliers, un jour, tente d'agresser sexuellement Édouard
Elias. « J'ai crié, Didier aussi, d'autres gardes sont arrivés. J'ai eu la
chance que ce soit un péché. »
Quand les otages de
Daech retrouvent leurs geôliers
C'est ensuite l'hôpital ophtalmologique d'Alep,
et les hurlements des prisonniers syriens que l'on torture jour et nuit. On
traîne un jour Édouard Elias dans le sang d'une victime égorgée, pour le mener
à l'interrogatoire. « Il n'y a pas un moment où il n'y a pas des gens en
train de mourir, c'est un abattage systématique, une machine à tuer, dit le
jeune homme. Ils ne posaient même pas de questions, ils ne cherchaient pas à
obtenir des informations : il n'y avait pas de sens. » « La
règle, c'est qu'il n'y a pas de règle, décrit Didier François. Le même qui va
venir vous donner une tasse de thé à un moment peut, deux heures plus tard,
vous mettre une raclée. Ce qui est systémique, c'est que vous soyez à leur
merci. Mais la façon de vous le faire vivre peut varier du tout au tout, d'un
moment à l'autre. » Le pire, ajoute-t-il, c'était d'entendre là des
voix d'enfants : les rires atroces des futurs « lionceaux du
califat », au milieu des tortures.
« Putain, ils vont finir par nous tuer par
bêtise »
Pour ne pas devenir fou, pour garder « un
esprit sain », il faut « devenir obsessionnel », résume Édouard
Elias : lorsqu'ils se rejoignent, les deux journalistes s'emploient à tout
retenir et à tout consigner. À compter les voix, repérer les hiérarchies,
enregistrer les kunyas, les noms de combattants que se donnent les
djihadistes – pour que leurs témoignages puissent être utiles, s'ils étaient un
jour libérés. « C'était en réalité assez passionnant d'un point de vue
journalistique, commente Didier François : on était au cœur du réacteur de
quelque chose de nouveau qui se mettait en place. On est alors face à une
rupture, à un mouvement que personne n'avait vu venir – et je crois que tout le
monde est surpris, y compris ceux qui le mettent en œuvre. »
Parmi les geôliers, il y a des francophones.
Qui participent aux tortures. Qui râlent, en bons Gaulois, quand, un soir de
ramadan, les Syriens leur confient la garde des otages pour fêter en famille la
rupture du jeûne. Et qui redoublent de haine contre les otages occidentaux.
Pendant le rituel des toilettes, par exemple, cette « tournée de
chiottes » où les otages sont extraits de leur cellule et doivent
emprunter le long couloir où des prisonniers agonisent, menottés à une barre
qui court le long du plafond. « La traversée était dangereuse, on partait
en expédition, raconte Édouard Elias. Pour les geôliers français, c'était
Disneyland, le petit train des otages qui passait. Ils se faisaient plaisir, on
se prenait des coups, des décharges électriques, plus on criait, plus c'était
fort, on organisait la file au retour en fonction de qui avait été blessé. On
se disait : Putain, ils vont finir par nous tuer par bêtise. »
Procès
Nemmouche : prison à vie pour le tueur « psychopathe » sans
remords« Les toilettes, c'est important, poursuit Didier François. Ça
permet de comprendre des choses, et de voler. Les gardes jetaient là
régulièrement des trucs qu'on n'avait pas : des stylos, des canettes vides
qui nous ont permis d'ouvrir les menottes. On avait parfois des engueulades
incroyables entre otages sur la question : Je tape ou pas à la
porte pour demander un tour supplémentaire de toilettes. – Ah non, tu vas les
énerver ! – À mon âge, je refuse de chier par terre. » Il
y a la faim, aussi. La faim, surtout. Édouard Elias : « J'ai vu un
jour une petite souris. J'ai trouvé ça mignon. Je me suis demandé quel goût ça
avait, cru. » Didier François : « La faim, c'est une arme
terriblement efficace, ça peut vraiment faire de vous un chien. Je me suis
surpris à être un salaud. Je piquais des olives, quand j'en voyais un qui
mangeait vite, je mangeais deux fois plus vite. Ça fout une claque. »
« Cette voix, je l'ai dans les
tripes »
Parmi les geôliers français, il y a Abou Amar,
ou Omar. Les anciens otages l'identifient comme
Mehdi Nemmouche – ce qu'il persiste à contester. Avec lui, raconte Didier
François, la relation a été très « évolutive ». Extrêmement violente,
d'abord. Puis plus calme. Il vient, sans cesse, trouver les otages. Pour parler
de la Bosnie, pour imposer des quiz. Il imite Christophe Hondelatte, chantonne
le générique de Faites entrer l'accusé, parle de cinéma, dit sa passion
pour Aznavour, donne à Didier François du « mon petit Didier ».
« Cette voix, cette façon de parler, cette aisance, je l'ai dans les
tripes, je l'ai entendue ici, dans cette salle, je suis formel, lance Édouard
Elias. Il parlait trop, il parlait tout le temps, il nous faisait chier pendant
des heures alors que j'aurais préféré continuer à jouer aux échecs avec
Didier » – les otages avaient réussi à se fabriquer un jeu. Le même
geôlier, qui raconte par le menu ses expéditions sanglantes dans les villages
et sa passion pour Mohammed Merah, lance un jour à Didier François qu'il lui
aurait bien coupé la tête mais que ses chefs ne sont pas d'accord. « La
torture des autres, dit le reporteur, c'était une façon de nous montrer ce
qu'ils auraient aimé nous faire : ça les mettait en colère de ne pas en
avoir le droit. »
Tuerie
du Musée juif : à Bruxelles, Nemmouche devant ses jugesD'autres
lieux de détention suivent l'hôpital d'Alep. À la fin août, le groupe des
otages est transféré dans une menuiserie, progressivement convertie en prison
alors même qu'ils y sont retenus. Des Britanniques rejoignent les geôliers, les
« Beatles » – bien plus violents que les Français. Les sévices
redoublent, et le froid s'ajoute à la faim lorsque l'hiver s'installe.
« Un jour, raconte Édouard Elias, les gardiens ont eu une super idée. Ils
ont dit à Didier : Tu en veux une grosse ou une petite ?
Didier a dit : une petite. Ils ont ramené une brouette de
neige pour faire dans la cellule une bataille de boules de neige. Sauf
qu'ensuite, ça a fondu. David Haines [humanitaire britannique assassiné par
Daech en septembre 2014, NDLR] a failli mourir de ce truc-là. » En
février 2014, les otages sont transférés vers un complexe pétrolier qu'ils
surnomment « Tataouine ».
« Je vois Sergueï. Il est mort »
À Découvrir Le Kangourou du jour Répondre À mesure
qu'avancent les négociations sur la libération de certains d'entre eux, les
violences redoublent. Le Russe Sergueï Gorbunov est assassiné au mois de mars
et, dans leur cellule, les otages doivent l'un après l'autre regarder la vidéo
de sa mise à mort. « Qu'est-ce que tu vois ? – Je vois Sergueï. Il
est mort. » « Le dernier jour, ça semblait être à notre tour
d'être libérés, raconte Édouard Elias. On avait été tabassés très fortement –
je ne pouvais plus marcher, j'ai rampé jusqu'à Didier pour lui dire : C'est
bon signe. » Le lendemain, les Français sont remis à la
Turquie. Avec une menace explicite : s'ils parlent aux autorités ou à la
presse, leurs camarades de détention seront exécutés.
C'était il y a onze ans. Didier François,
mercredi, dit ne pas supporter qu'on le fige dans une posture de victime et se
méfier de la psychologisation. Il faut l'insistance de son avocate, celle du
président Laurent Raviot, pour qu'il consente à décrire les sévices qu'il a
subis. « On m'a demandé comment je m'étais reconstruit, dit-il, mais je
n'ai jamais été détruit. » Édouard Elias, lui aussi, a repris son métier
de photographe de guerre. Avec un poids, une lourdeur nouvelle. Il y a quelques
semaines, il est retourné en Syrie et a retrouvé l'hôpital d'Alep. « J'ai
reconnu les marches, et puis l'odeur. Il y a toujours cette petite odeur de
mort. Elle ne partira jamais. »
On perd son temps à essayer de juger ce islam
terroriste ET CES CRIMINELS car ils sont
toujours présents et frappe naturellement à l’aveugle depuis 2001/2015 et après
jusqu’à maintenant périodiquement par des attentats divers sous différentes formes
il n’y a qu’à lire les faits dit divers concernant ce fléau pire que des épidémies
microbiennes que l’on n’a pas éradiqué totalement chez nos donneurs de leçons bienpensants
hypocrites car toujours en retard pour le juger ces faits alors qu’il faudrait
les éliminer et ils n’hésitent pas quand il s’agit de tuer des innocents sous
couvert de religion datant de l’âge des ténèbres !?
L’ISLAM quand il est terroriste est une plaie
comme un virus que l’on ne peut voir et il n’y a pas de vaccin comme pour des pandémies
il faut les éliminer et instituer la peur chez eux car c’est une tare à
consonance religieuse musulmane déviante extrémiste par des humains illuminés intolérants
devenus criminels et barbares pour imposer leurs dogmes donc il faut les
enfermer et surtout ne pas les relâcher car un jugement de notre justice de bienpensant
ne sert à rien quand ils sont fanatisés car la peine de mort est supprimée
en FRANCE depuis longtemps et que l’on a dévié vers un moralisme beat dont ces
individus se fichent totalement !?
Jdeclef 20/02/2025 15h34
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