mardi 9 décembre 2014

IL FAUT TRAITER TOUTES VIOLENCES QUEL QUELLES SOIENT AVEC UNE EXTRÊME RIGUEUR SANS DISCRIMINATION AVEC UNE JUSTICE TRÈS FERME!





INTERVIEW L'historien de l’immigration et directeur d’études à l’EHESS commente la sortie du Premier ministre…

Valls et «le manque d’indignation»: «Il livre un discours moralisateur», estime Gérard Noiriel

 «On manque d'indignation dans notre société». Revenant sur les manifestations de ce week-end en soutien au couple agressé à Créteil pour ses origines juives, Manuel Valls a déploré le manque de «mobilisation» de la société face au racisme et à l'antisémitisme. La France a-t-elle oublié comment s’indigner ? Gérard Noiriel, historien de l’immigration et directeur d’études à l’EHESS analyse pour 20 Minutes les dessous d’une démobilisation française.

Les Français ne savent-ils plus s’indigner?

Les gens ont aujourd’hui tendance à réagir de façon épidermique à l’actualité, et ne s’inscrivent plus dans une action militante à long terme, comme ce pouvait être le cas dans les années 1970 par exemple. Pour autant, je ne pense pas qu’ils soient moins vertueux ou qu’ils aient moins de sens moral. Face à des questions qui tournent en boucle dans le débat public, il y a peut-être une forme de lassitude. Souvent traitées à la lumière de faits divers, ces thématiques ont été banalisées et la parole galvaudée.

Comment enrayer cette démobilisation?

Mettre l’accent sur la responsabilité des citoyens pour les faire culpabiliser n’est pas la solution. Quand j’entends Manuel Valls livrer un discours moralisateur, en reprochant aux Français de ne pas assez s'indigner, je désapprouve. Les pouvoirs publics ont une responsabilité à assumer et la mobilisation civique des citoyens ne se décrète pas depuis un plateau de télévision. Ce sont les acteurs de terrain, ceux qui travaillent au quotidien dans les quartiers populaires, qui peuvent lutter efficacement contre les préjugés. Il faudrait valoriser davantage leur action et relancer une véritable politique d’éducation populaire pour redonner au peuple sa capacité d'indignation.

Un sondage IFOP pour la Fondapol faisant état d’une montée de l’antisémitisme chez les musulmans fait polémique, l’intitulé des questions et les méthodes d’enquête sont discutés. Quelles influences peuvent avoir des chiffres ainsi collectés?

C’est un phénomène que je dénonce depuis longtemps et pour lequel il y a matière à s’indigner! La façon même dont les instituts de sondage formulent parfois les questions a une influence directe sur le résultat de l’enquête. Ce n’est pas anodin d’affirmer « les Français pensent que… » ou « les musulmans pensent que… ». Avec ce type de questionnaires, on crée des catégories de population, on induit des réponses et on engendre une suspicion qui alimente les préjugés.





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