Algérie : l’arme de la diaspora
LETTRE DU MAGHREB. Alger tente de miser sur le
patriotisme de ses ressortissants en France, binationaux ou pas, pour effrayer
ses opposants. Pas gagné.
Par Benoît Delmas
Publié le 12/01/2025 à 11h00
Depuis des décennies, le
pouvoir algérien entrevoit « la main de l'étranger » derrière
chaque incident politique ou diplomatique. L'argument est pratique, imparable,
entretient le mythe d'une nation en danger, jalousée par des puissances
externes dont, au premier rang, la France suivie de près par le Maroc et
Israël. Que la guerre d'indépendance se soit achevée dans l'encre des accords
d'Évian il y a soixante ans n'y change rien, la « relation » est
plombée. « Main de l'étranger », le crincrin est connu, le refrain
usé. Cette fois-ci, « la main de l'étranger » est algérienne :
celle du marionnettiste que l'on devine derrière les quatre
influenceurs cueillis en France par la police pour des propos haineux. Ces
artisans de la haine ordinaire illustrent la volonté d'Alger d'utiliser sa
diaspora comme une arme.
La cible des influenceurs : les opposants
Qu’un quatuor d’influenceurs, roitelets sur
TikTok & Co avec quelques centaines de milliers d’abonnés,
tente de propager un incendie patriotique, cela relève de la bricole. Mais
il ne faut jamais sous-estimer le zèle des zélotes du pouvoir, ils sont prêts à
devancer des ordres qui n’arriveront jamais. Il y a peu, un influenceur,
Onitrazek, se dépeignait comme « un soldat de l’extérieur, un soldat
dormant »… En clair : un Algérien vivant en France qui attendrait
l’ordre pour prendre d’assaut son pays hôte. Ces Segpa du chaos
développent une posture guerrière qui échauffe les
enragés des réseaux sociaux, bravaches derrière leurs écrans, guère plus.
L'expulsion
ratée de l'influenceur algérien « Doualemn », déjà de retour en
France
La première diaspora algérienne se situe en
France. Largement. Depuis 2001 et une Marseillaise sifflée au Stade
de France, on est coutumier de cette fierté algérienne dans les virages des
enceintes sportives. Les « 1,2,3 viva l'Algérie » sont passés
dans le langage courant. De là à imaginer une diaspora aux ordres du pouvoir
algérien, il y a un fossé. Il ne faut jamais oublier que le régime algérien est
minoritaire en son pays. Les élections présidentielles sont verrouillées en amont
afin que le candidat du système soit élu puis réélu avec des chiffres qui
donneraient le tournis à n'importe quel despote du Sud global. Les quatre
mandats Bouteflika puis les
deux mandats d'Abdelmadjid Tebboune ont couronné l'abstention : ce
dernier obtenait 84,3 % des voix au premier tour avec une abstention de
53,90 % et 15,72 % de bulletins nuls et blancs. Malgré son échec, le
hirak a traumatisé le pouvoir qui a vacillé certains vendredis
de 2019 où l'on dénombrait jusqu'à neuf millions de manifestants dans
les rues du pays. Depuis, l'armée a mis au pas la société, emprisonnant à tout
bout de champ. Et il est hors de question qu'un nouvel hirak démarre de
l'étranger.
Les
dessous de l'arrestation d'« influenceurs » algériens en France
C'est pourquoi la principale cible des
« influenceurs » n'est pas la France, mais les Algériens considérés
comme des « traîtres », car hostiles au régime. Depuis le
Goncourt attribué le 6 novembre à Kamel Daoud puis l'arrestation de
Boualem Sansal à l'aéroport d'Alger, le 16 novembre, toute voix critique
venant de France est vouée aux gémonies par les médias et le régime. Alger
craint qu'un embryon de printemps arabe renaisse de ces contestations.
En utilisant les réseaux sociaux, une camarilla
d'influenceurs aux mobiles plus ou moins vertébrés, Alger aura tenté de
galvaniser le souverainisme de ses concitoyens. Et part du principe que la
cause unira son opinion publique derrière elle. Pari risqué. La fébrilité du
pouvoir algérien est réelle. L'arrestation
de Boualem Sansal, intervenue dans une opacité certaine à l'aéroport
d'Alger, a déclenché une série de réactions. Le président Macron, estimant que
« l'Algérie se déshonore » avec l'incarcération de Sansal, a énoncé
volontairement le mot qui blesse, celui de « déshonneur ». Comme s'il
tournait le dos.
FOG :
« L'immigration, Mayotte et la nouvelle guerre d'Algérie »
La diaspora envisagée comme un levier
Depuis plusieurs années, Alger courtise la
jeunesse franco-algérienne avec des campagnes « j'aime mon
pays » (bladi en VO.) afin qu'elle contribue au développement
du pays, vienne
y fonder des entreprises, participe aux élections (moins de 10 % lors
des derniers scrutins). En lançant une violente campagne contre les
binationaux, Alger risque de brûler ses vaisseaux. Si l'emprisonnement
de Sansal, 75 ans, n'a pas suscité de réprobation en Algérie, si les
propos d'Emmanuel Macron* ont fait mine de choquer Alger, la réalité est
beaucoup plus complexe. À ceux qui crayonnent à gros traits une nouvelle guerre
d'Algérie, le régime pourra dire à sa population, regardez comment certains
médias français parlent de nous, ils se croient sous la colonisation. Pendant
ce temps, la droite de la droite française expliquera à ses militants, regardez
comment les Algériens se comportent chez nous, c'est intolérable…
À Découvrir Le Kangourou du jour Répondre Alger caresse
ce vieux dessein de contrôler la diaspora afin d'en faire un levier
d'influence, voire une arme. Dans le cas présent, la diaspora dans son immense
majorité n'a pas moufté.
*« L'Algérie que nous aimons tant et avec laquelle nous partageons tant d'enfants et tant d'histoires entre dans une histoire qui la déshonore, à empêcher un homme gravement malade de se soigner. Ce n'est pas à la hauteur de ce qu'elle est. »
Car en plus nous subissons une immigration
importante de certains de leurs ressortissants qui ne supportent pas leurs
gouvernements totalitaires !?
Donc il faut vraiment tourner la page de ce MAGREBH
ALGERIE TUNISIE ET MAROC car ce sont des boulets onéreux que l’on traine ainsi
que nos restes de colonies Africaines ex AOF/AEF !?
Et comme malheureusement nous avons un
président trop jeune pour avoir connu cette guerre d’ALGERIE et les autres de
nos ex colonies : Nouvelle Calédonie qui va mal et Mayotte etc… Car n’y comprenant rien comme d’habitude car lui
ne servant à rien on est vraiment mal loti (d’ailleurs c’est un défaut inhérent
aussi à ses prédécesseurs !?)
Car la France en déliquescence économique grave
n’a pas besoin de cela en ce moment (ni avant d’ailleurs) mais nos
gouvernements et dirigeants de tous bords sont incurables et si on demandait
vraiment l’avis des Français on peut supposer que la réponse serait positive
pour enfin tourner la page définitive de cette situation post coloniale et
considérer enfin ces pays comme d’autres normaux du monde entier !?
Mais hélas on est mal gouverné pour ce sujet-là
et bien d’autres il faudrait que les Français prennent enfin la main de leur destin
c’est impératif et il y a du travail politique intérieur et extérieur !?
Pour l’instant hélas on subit des bienpensants
donneurs de leçons hypocrites bien français chez nos gouvernants désespérants !?
Jdeclef 12/01/2024 16h49
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