jeudi 10 août 2017

Opération sentinelle : la polémique est lancée une fois de plus en France pour ou contre ?!

"L'opération Sentinelle est un paratonnerre qui attire la foudre"

Bénédicte Chéron, historienne spécialiste des relations armées-société, prévoit des jours difficiles pour cette opération militaire inédite.


Quelque 10 000 soldats, dont 3 000 en réserve, sont engagés dans l'opération Sentinelle, lancée en janvier 2015 après les attentats de Charlie Hebdo et de l'Hyper Cacher. Leur mission est de « défendre et protéger les Français », selon le ministère de la Défense. L'attaque, samedi à l'aéroport d'Orly, d'une patrouille de l'opération Sentinelle a une nouvelle fois posé la question complexe de la sûreté dans les zones très fréquentées.
Bénédicte Chéron, spécialiste des relations entre l'armée et la société, est historienne au Sirice (Sorbonne-Identités, relations internationales et civilisations de l'Europe), une unité mixte de recherche qui regroupe les universités de Paris-I, Paris-IV et le CNRS.
Le Point.fr : Que pensez-vous de la pertinence de Sentinelle deux ans après sa mise en œuvre ?
Bénédicte Chéron : En termes d'image, cette opération est apparue légitime au départ, notamment par ce qu'elle apporte en termes de présence, de puissance et de reconnaissance de la part du pouvoir de l'importance de l'enjeu de sécurité pour la population. Aujourd'hui, deux ans et quelques mois plus tard, cette image apparaît brouillée, incompréhensible. Voire piégeuse à moyen et à long terme, sur les plans politique et militaire. Je ne nie cependant pas que cette image est ambivalente. Une forme de lien de proximité entre les armées et la société a été rétablie, ce qui n'est pas nul, mais ce lien repose sur un malentendu majeur. La démonstration est aussi faite que les militaires sont bien entraînés et font bien leur travail, comme on l'avait déjà vu dans de précédentes attaques qui les avaient visés. Ils ripostent efficacement, sans dommages collatéraux, avec sang-froid.
Pourquoi évoquez-vous une image « brouillée » ?
On a expliqué que cette opération était engagée pour protéger les Français de la menace terroriste, pour riposter à d'éventuelles attaques. Or qu'avons-nous vu au Bataclan ? La force Sentinelle n'a pas riposté alors qu'elle était présente. Ce n'est évidemment pas de la faute des militaires : si l'inefficacité a été totale, c'est parce que les soldats se sont trouvés dans l'incapacité d'agir en raison de leurs règles d'engagement, qui ont, depuis, évolué. Aujourd'hui, les responsables politiques continuent de dire que Sentinelle est une opération « protectrice », ce qui est difficile à confirmer ou à évaluer.
En revanche, elle apparaît bien comme une « mission paratonnerre ». Il ne sera plus possible de se voiler bien longtemps la face sur le fait que nous avons distribué sur le territoire national des cibles. Seraient-elles protectrices dans le sens où on s'attaque plus à Sentinelle qu'à d'autres ? Alors, disons-le : Sentinelle est un paratonnerre qui attire la foudre. Et si cela relève du parti pris et du choix politique, ne fermons pas les yeux. Nous ne sommes pas dans la définition de départ.
Quand vous dîtes que la mission est « incompréhensible », pensez-vous vraiment que les Français ne comprennent pas la volonté d'affichage sécuritaire ? Le gouvernement ne nie pas qu'il veut rassurer nos concitoyens…
Les Français peuvent tout comprendre, si on le leur explique. Et on ne peut pas prétendre qu'il serait impossible de toucher à Sentinelle, car les Français – soi-disant – ne le comprendraient pas. Ils ne sont pas complètement dupes car, dans les enquêtes d'opinion qui sont faites sur la perception des opérations militaires par les Français, 75 % d'entre eux approuvent l'opération Sentinelle. Mais ils ne sont que 48 % à la juger efficace (Ifop-Dicod-ministère de la Défense, octobre 2016). Il est cependant évident que plus l'opération Sentinelle dure, plus il deviendra difficile de faire accepter son effacement.
Vous parlez de « piège ». C'est un mot très fort…
On ne peut pas impunément placer des militaires sous les yeux des Français avec une mission qui n'est pas la leur sans qu'à un moment un sérieux problème se pose. Tout ce qui n'appartient pas à la mission première des militaires, à savoir le combat, a une légitimité, comme on le voit en cas de crise humanitaire, de menace terroriste imminente ou de catastrophe naturelle. Il en a toujours été ainsi, mais il devrait être admis que cela ne peut concerner qu'un nombre de membres du personnel marginal, ou être circonscrit dans le temps.
Or, Sentinelle, c'est tout le contraire : cela dure depuis plus deux ans sans interruption et cette opération mobilise massivement des militaires. Ce qui n'est pas anodin non plus, c'est que nous ancrons collectivement dans nos systèmes de représentation qu'il serait normal de voir 7 000 à 10 000 militaires déployés dans une fonction d'« auxiliaire de police ». François Hollande n'a-t-il pas encore dit samedi matin que Sentinelle agissait en « complément » des forces de police et de gendarmerie ? Alors que ce rôle de « complément » devient actuellement plus important que celui des forces qu'il est censé épauler… Sans le dire explicitement, on est en train de faire profondément évoluer l'image de la fonction militaire dans la société alors qu'elle était déjà sérieusement faussée.
Et comment résout-on ce problème, selon vous ?
En réduisant Sentinelle et en laissant les militaires expliquer la vraie nature de leurs fonctions. En acceptant de réfléchir vraiment au sujet des relations entre armées et société.
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Même dans ma ville de BRUNOY moyenne 26000 habitants de l’Essonne à 20 km de Paris, ils sont présents nos soldats on les voient patrouiller en ville et aussi une voiture grise avec couleur bleu blanc rouge sur l'aile marquée vigie pirate qui maraude dans les quartiers bien calmes au demeurant

Et on constate que les cibles sont les militaires de l’opération sentinelle, mais si l’on supprime ces soldats par soucis d’économie ou d’inefficacité, les terroristes se tourneront vers les forces de l’ordre classiques de police qu’il faudra augmenter et peut être même contre la population !

Peut-être est-ce dû à l’implantation d'un Institut Supérieur Etude Rabin Tamuldique à BRUNOY et ses écoles créées après la guerre tout comme celle de sa voisine la ville de YERRES ?

Le danger est loin d’être écarté, il faut que les français bien-pensants donneurs de leçons en prennent conscience et nos autorités dirigeantes aussi, la guerre contre le terrorisme islamique est chez nous et pas qu’à l’extérieur et perdure !


Jdeclef 10/08/2017 12h50

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