Le rap à l'école : bonne ou mauvaise idée ?
Le rap entre peu à peu dans les classes, tous niveaux et
toutes matières confondues. Rien d'étonnant : il s'agit d'un véritable
couteau suisse pédagogique !
Le rap est aujourd'hui utilisé comme vecteur d'apprentissage dans l'enseignement primaire, secondaire, et fait l'objet de nombreuses recherches à l'université. Il intéresse des disciplines variées, de manière parfois inattendue. En éducation musicale, dans le Programme national de pilotage d'octobre 2009 en Arts appliqués et culture artistique, le rap côtoie désormais les auteurs classiques, le rock et la musique pop. Il est également étudié en éducation civique, en lettres, et aussi en langues étrangères, à l'école, à l'université ou en dehors du système scolaire.
En 2012, la maison d'édition scolaire Nathan faisait entrer le rappeur havrais Médine dans un livre d'histoire de terminale par la publication de son rap « 17 octobre » dans un chapitre sur la guerre d'Algérie. Un professeur de mathématiques s'est même servi du rap pour expliquer le théorème de Pythagore à ses élèves. Comment expliquer un tel engouement chez les enseignants pour une musique pourtant encore aujourd'hui très contestée ?
Une musique qui parle aux élèves
Dans le cadre de ma profession,
j'organise régulièrement des ateliers slam en lettres et en anglais. Pour
l'année prochaine, j'ai prévu d'organiser une journée (semaine ?) urbaine
qui mettra à l'honneur le slam, le rap, le graff et, peut-être aussi, le skate
et/ou le BMX. La classe à qui j'ai proposé ce projet l'a adopté à l'unanimité.
Pourquoi un tel enthousiasme ? Parce que, disent-ils, « ça nous
parle ».À l'heure actuelle, face à un désintérêt grandissant des élèves pour l'école, de nombreuses recherches s'orientent vers les facteurs susceptibles de stimuler leur motivation. Des chercheurs comme Roland Viau insistent sur le fait que, pour être motivés, les élèves doivent trouver un intérêt aux activités qu'il leur est demandé de réaliser. Ainsi, une activité qui fait sens pour l'élève est une activité qui, par exemple, correspond à ses centres d'intérêt. D'autres recherches mettent l'accent sur l'importance des émotions, notamment du plaisir, dans les apprentissages, particulièrement à l'occasion d'activités créatives.
Le rap parle à de très nombreux élèves, c'est indéniable. Ils s'y intéressent pour de multiples raisons. Tout d'abord, c'est une musique qui, par les thèmes qu'elle aborde, convient à un esprit de rébellion caractéristique de l'adolescence. Ensuite, il y a dans les modes de verbalisation rapologique une fonction de cryptage (notamment par l'usage du verlan et du veul, forme de verlanisation du verlan) qui répond à leur goût pour le secret et qui dresse une frontière entre le monde adulte et le leur. Enfin, en plus de l'aspect cryptique du rap, la surabondance de jeux de et sur les mots lui donne un aspect ludique dont les adolescents raffolent.
Le rap, véritable couteau suisse
didactique
Le rap constitue donc un bon
outil didactique. Mais comment les enseignants s'en servent-ils ? Citer
Médine dans un livre d'histoire permet d'attirer l'attention des élèves sur un
événement qui, parfois, leur paraît très lointain et ne leur semble pas les
concerner (aux dires de certains de mes élèves). Le fait que des rappeurs s'y
intéressent peut insuffler un regain d'intérêt chez eux. D'autant que Médine
est réputé pour son grand attachement à l'histoire. Il est également réputé
pour écrire des textes très documentés.Quels que soient leur niveau de scolarisation et les rapports qu'ils entretiennent avec l'institution scolaire, les rappeurs sont fans de littérature et de chanson française et ils s'en inspirent. Leurs textes regorgent de références et d'hommages à nos grands auteurs, romanciers, poètes et chanteurs à texte comme Renaud, Jacques Brel, Georges Brassens, Boris Vian, Victor Hugo, Verlaine, Rimbaud, Baudelaire, Voltaire. Ces auteurs et chanteurs font partie de leur patrimoine culturel, aux côtés de grands auteurs étrangers tels que Lewis Carroll. Aussi, des manuels scolaires font figurer, à pied d'égalité, des extraits de chansons, de poésies et de romans appartenant à des genres différents, dont le rap.
Il est donc tout à fait envisageable d'établir un pont entre le rap, la chanson à texte et la littérature française, en préambule à une étude de texte littéraire ou poétique. Les figures de style, les échos sonores, les jeux sur les mots sont légion dans les textes de rap. Pourquoi ne pas les étudier en les comparant à des auteurs plus classiques pour montrer aux élèves que les techniques employées par les uns et par les autres sont finalement les mêmes. Les élèves peuvent également être invités à produire des textes plus ou moins longs, poétiques ou autres (pourquoi pas des parodies, pour rester dans le style provocateur du rap qui plaît tant aux adolescents) en français ou en langues étrangères, qu'ils apprennent ensuite à rapper.
Par ailleurs, les scansions propres au rap sont de fabuleux outils d'apprentissage : le rythme, les rimes et les effets de répétition procurent aux élèves une aide précieuse quand il s'agit de mémoriser. D'où une utilité certaine pour l'apprentissage de règles de grammaire, de formules mathématiques, de dates, etc. Des enseignants ont donc utilisé ces rythmes particuliers en cours de langues, notamment pour apprendre les verbes irréguliers :
Enfin, les enseignants de FLE (Français langue étrangère) et FLS (Français langue seconde) sont de plus en plus nombreux à utiliser le rap dans leurs cours. Parmi ses apports, on trouve principalement la sensibilisation à divers registres de langue, l'apprentissage lexical, phonétique et phonologique, l'apprentissage de techniques poétiques, l'étude de points culturels et sociaux (l'immigration, l'exclusion sociale…).
Quid de la violence exprimée par
le rap ?
Peut-on légitimement proposer de
tels textes à nos élèves ? Et pourquoi pas ? Après tout, certains de
nos plus grands romanciers, poètes et chanteurs « à texte » ont
produit eux aussi des œuvres d'une violence certaine qui, en leur temps, ont
parfois causé des ennuis à leurs auteurs. Et pourtant, elles sont aujourd'hui
considérées comme des éléments majeurs de notre patrimoine culturel. À titre
d'exemple, citons La Charogne
de Baudelaire, J'irai cracher sur
vos tombes de Boris Vian, Lemon
incest de Serge Gainsbourg et Le Gorille de Georges Brassens. Et puis, comme le dit
Valérie Morel, inspectrice pédagogique régionale en éducation musicale,
« c'est le rôle du professeur d'expliquer le texte ».En effet, étudier un mouvement musical exige d'en étudier l'histoire et le contexte social dans lequel il a été produit. Mes recherches m'ont amenée à comprendre que la violence exprimée par le rap n'est somme toute que symbolique et rituelle. La violence symbolique est l'une des composantes de toute société, quels qu'en soient le lieu et l'époque ; elle aide à réguler les tensions du quotidien. Aborder ce point au cours d'une étude de textes de rap me paraît indispensable afin de comprendre l'essence même de cette musique, mais aussi afin d'en dédramatiser, auprès des jeunes comme des adultes, les références violentes qui sont trop souvent prises au premier degré. Ainsi que le souligne le groupe NTM, « Il serait temps de comprendre aussi que NTM n'a l'intention de niquer la mère de personne ». Autrement dit, il est grand temps de réaliser que les insultes proférées dans les textes de rap sont à prendre au second degré, au moins.
Les rappeurs ont pris pour leitmotiv « le savoir est une
arme ». Ils font de la connaissance au sens large l'arme suprême grâce à
laquelle nous pouvons diriger et assumer notre existence. Par conséquent, quoi
de plus logique que d'inviter le rap dans nos séquences pédagogiques pour
instruire nos élèves !
Ça
fera peut-être plaisir à une catégorie de population connue qu’il ne faut pas stigmatiser
peut-être ?!
Il n’est
pas prouvé que cela permette aux jeunes de mieux apprendre et parler le français
et en plus colle une étiquette sur ceux qui pratique le RAP autrement que faire
une autre forme de musique ou chanson (notamment
faire toute forme de propagande douteuse) car beaucoup écouté chez certains
jeunes !
De
toute façon on a une propension en France à importer des cultures outre-Atlantique
US (mauvaise ou bonne) au détriment
de notre culture européenne et française pourtant riche en matière de langue et
musique, de plus elle véhicule quelque fois violence et critique véhémente de
notre propre société !
Cela
ne semble encore une fois de plus une mauvaise idée de bien-pensant bobo dit intellectuels
qui polluent notre société !
Jdeclef
25/08/2017 12h44 LP
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