Services
publics, commerces, transports... La décivilisation au quotidien
Tous les jours, un peu partout dans notre
société, les incivilités, les insultes, les agressions se multiplient et les
professionnels sont au bout du rouleau.
QUAND
IL N’A PLUS A LA TETE DE NOTRE PAYS DES DIRIGEANTS EFFICACES QUI PRENNENT LES
PROBLEMES A BRAS LE CORP LE PEUPLE DERAILLE ?!
Il y a quelques semaines, Lena Montaletang, pharmacienne à
Angoulême, a connu l'agression de trop. Une cliente à qui elle refusait de
délivrer un antidiabétique, parce qu'elle la soupçonnait de le détourner dans
le but de perdre du poids, a littéralement pété un plomb. « J'ai eu
peur, confie l'apothicaire. Des gens malpolis, insultants,
agressifs, j'en ai tous les jours. Souvent c'est lié à des ruptures de stock,
des refus de payer ou d'avancer la part mutuelle, des ordonnances falsifiées.
Je prends sur moi. Mais là, la cliente refusait de sortir, elle me filmait avec
son téléphone portable, elle menaçait de mettre mon nom et mon officine sur les
réseaux sociaux, de revenir avec d'autres, de cramer ma pharmacie. J'ai décidé
de porter plainte. » Bien sûr, elle n'était pas dupe, elle savait que la
police ne donnerait pas suite, que ce n'était pas assez « grave » pour
cela. Mais le Conseil national de l'Ordre des pharmaciens lui a conseillé de ne
pas laisser passer. Selon le bilan annuel de l'organisation, les violences ont
augmenté de 17 %. « Ne rien faire, argumente le représentant
national sécurité, Alain Marcillac, c'est accepter de vivre dans cette
société de la décivilisation évoquée il y a quelques semaines par Emmanuel
Macron. C'est accepter de vivre dans un monde où tout est prétexte à
l'agressivité, aux insultes, aux violences. »
Tous les secteurs sont touchés. Fin avril, Yannick Morez,
maire de Saint-Brevin-les-Pins, mettait fin à son mandat, après avoir été ciblé
par un incendie criminel à son domicile. Comme lui, 1 293 maires ont rendu leur
écharpe tricolore depuis les dernières élections municipales, soit environ 3,7
%. Selon l'Association des maires de France (AMF), de nombreux
conseillers municipaux seraient également partis. En cause donc, les violences
verbales, physiques et symboliques, souvent déportées sur les réseaux sociaux,
subies quotidiennement par les élus. En 2022, 2 265 plaintes et signalements
pour violences contre des élus ont été enregistrés par le ministère de
l'Intérieur. Un bond de 32 % en un an. Et celui-ci est probablement
sous-évalué, en raison des conséquences attendues ou des représailles.
Démissions. Autre secteur, même constat
: à La Poste, 13 651 incivilités, dont 3 803 menaces ou violences physiques,
ont été recensées en 2022 pour 65 000 facteurs et environ 3500 salariés de La
Banque postale. « On peut prendre une claque pour un colis non arrivé »,
raconte Marie Vairon, conseillère bancaire et secrétaire générale Sud PTT, qui
déplore « des agressions devenues quotidiennes ».
Insultes, crachats, bousculades, intimidations, menaces…
C'est aussi le lot quotidien des équipes de la RATP, qui a vu exploser les
chiffres. Élodie Dovale y travaille comme agente d'exploitation. Elle s'occupe
de l'accueil, de la vente et du contrôle des titres de transport. « Il y a
douze ans, quand j'ai commencé, les agents au guichet étaient à peu près
protégés. Aujourd'hui, c'est fini. L'autre jour, un client m'a jeté mon clavier
d'ordinateur à la figure parce que le paiement sans contact de sa carte bleue
ne fonctionnait pas », dit-elle. Résultat, plus personne ne veut faire ce
métier. Selon le rapport annuel de la santé, de la sécurité et des conditions
de travail du secteur bus, les démissions ont été multipliées par six entre
2020 et 2021. Les absentéismes et les arrêts maladie sont également en hausse.
Quant aux recrutements, ils sont à la peine.
18 %
En 2016, c'était le pourcentage des salariés en contact avec
le public qui indiquaient avoir subi au moins une agression verbale, physique
ou sexuelle au cours des douze derniers mois.
L'hôpital n'est pas en reste. En mai, l'Observatoire de la
sécurité des médecins faisait état d'une hausse de 23 % du nombre des violences
envers le personnel soignant en 2022. « Pour une attente un peu trop
longue, des papiers demandés à l'accueil, les coups partent très vite »,
confirme Michel Fuentès, secrétaire général FO Santé dans les Alpes-Maritimes. «
Certes, l'hôpital, et plus encore les urgences, est un lieu particulier. Les
gens ont mal, ils ont peur, il y a de l'attente. Le stress peut s'entendre. Pas
la violence », s'insurge-t-il. Le 19 mai, à Nice, une aide-soignante a été
empoignée et mordue par un patient alors qu'elle tentait de lui mettre un
masque à oxygène. Bilan : une entorse de ligament au poignet droit et trente et
un jours d'interruption temporaire du travail. Deux jours plus tard à Reims,
une infirmière était mortellement poignardée par un déséquilibré. « Il y a
un ensauvagement de la société », observe Pierre-Marie Tardieux, chef des
urgences de l'hôpital Pasteur 2, au CHU de Nice, qui se souvient encore de la
fois où un homme a ouvert le feu au milieu des urgences. C'était en 2003. «
À l'époque, tout le monde était sous le choc. Une équipe de sécurité avait été
installée. Aujourd'hui, c'est presque devenu banal. »
« Un problème d'éducation ». Quand et
pourquoi cette violence a-t-elle commencé ? Agathe, professeure d'économie dans
un lycée général et professionnel, a vu le vent tourner il y a une dizaine
d'années environ. « Il y a un problème d'éducation, risque-t-elle. Les
élèves se sont toujours un peu mal parlé entre eux, chambrés, insultés, mais
cela restait entre pairs. Aujourd'hui, on a le sentiment qu'ils ne savent plus
faire la différence entre l'adulte, l'enseignant et leurs camarades. Ils n'ont
plus les codes. » Des exemples, elle en a des dizaines : il y a quelques
jours, un de ses élèves s'est assis à sa place et, au lieu de sortir ses
affaires, a posé une bouteille de Coca-Cola de 1,5 litre sur sa table. «
Comme s'il était assis sur une terrasse de café. Il ne voyait pas le problème.
»
« Les gens sont devenus sans gêne, impatients, ils
veulent tout tout de suite, comme s'ils étaient sur Amazon ou Deliveroo »,
abonde un restaurateur de l'Hérault. « Ils tapent sur les tables ou
claquent des doigts pour nous appeler. Pas un bonjour, pas un merci… Si vous
avez le malheur d'avoir servi une assiette ébréchée, un vin un peu trop
bouchonné, d'avoir oublié une commande, on vous menace de publier un avis sur
Google », s'énerve le patron. Romain Vidal, propriétaire d'une brasserie à
Paris, déplore les visioconférences faites en pleine salle, sans se soucier des
autres clients. La grande phrase ? « J'ai payé, j'ai le droit. »«
Cela justifie tout : les caprices, les insultes, l'agressivité, la casse, le
vol… », soupire Marcel Bénézet, président de la branche des cafés, bars,
brasseries pour le GNI-Synhorcat, lui-même restaurateur. Internet, c'est
certain, n'a pas aidé. « Les gens pensent tout savoir parce qu'ils sont
allés sur Doctissimo. C'est limite si certains ne me dictent pas mes ordonnances
», confie une jeune généraliste parisienne. Comme les policiers, les
pompiers, les élus, les enseignants, elle constate une désacralisation de sa
fonction. Marine, professeure des écoles dans les Hauts-de-Seine, confirme. «
Les parents ne se gênent pas pour remettre en question ma manière de faire, ma
pédagogie, ma notation. Si leur enfant a une mauvaise note, ils viennent
demander des comptes. » Dans le privé, c'est encore plus prégnant. « On
se retrouve coincé entre les parents, flippés à l'idée de voir leur enfant
échouer, et la direction, elle-même soumise à la pression du rectorat, des
classements et des rendements », indique Frank Pécot, professeur de sport
et secrétaire général du syndicat de l'enseignement privé. Résultat : «
Pour acheter la paix sociale, certaines collègues ne s'embêtent plus et
haussent systématiquement d'un point ou deux les copies », dénonce un
enseignant.
Chacun pour soi. La crise du Covid
semble avoir fait tomber les derniers barrages. Comme si les mois passés
enfermés chez soi, à se protéger des autres, à s'en méfier, avaient accru le
chacun pour soi, l'individualisme, et in fine contribué à faire oublier les
règles basiques du vivre-ensemble. « Au début de la crise, les gens nous
volaient les gels hydroalcooliques et les masques, alors qu'on était en pénurie
criante. C'est comme si on n'en était jamais revenu », constate une
infirmière.
Bien sûr, cela n'explique pas tout. Il y a aussi des raisons
structurelles liées aux métiers, à l'organisation des entreprises, aux
restrictions budgétaires, au manque de personnel, à la digitalisation des
services, qui a complexifié l'accès aux services publics. « On demande aux
gens de faire notre travail, sans tenir compte de ceux qui n'ont pas d'accès
Internet, qui ne parlent pas bien français, qui ne savent pas lire, ne
comprennent pas. Certains se voient retirer leurs allocations à la suite d'une
erreur commise en toute bonne foi », déplore Sylvain Nicolas, conseiller
Pôle emploi et élu FO pour la région Bretagne. « Le problème, c'est qu'on
est en première ligne », dit-il, en évoquant le drame de 2021, lorsqu'une
conseillère de l'agence de Valence a été tuée par un homme armé. Depuis, toutes
les agressions sont enregistrées, mais cela ne change rien au fond du problème.
« Les plus agressifs sont les plus fragiles financièrement », explique
Benoît Szatkowski, conseiller bancaire à la Société générale et élu du
personnel. La banque a fait les comptes : sur les 1 060 signalements
enregistrés en 2022, 46 % correspondent à un refus de se soumettre aux règles
de fonctionnement de la banque (attendre, donner ses papiers d'identité, etc.),
34 % concernent des opérations en attente retardant l'arrivée d'un chèque ou
d'un virement par exemple, et 10 % sont relatifs à la perception de frais. «
On est confronté à la détresse sociale », dit-il. Et puis, il y a ces
incitations à multiplier les offres lors de leurs échanges avec les clients.
Autant d'irritants qui s'ajoutent à un contexte déjà hautement inflammable.
« L'agressivité appelle
l'agressivité ». Dans son supermarché, Alexandra a vu le nombre
d'incivilités dessiner la même courbe que les prix : « Ce sont des cartes
bleues qui ne passent pas, des coupons de réduction périmés, des remises en
question de la somme à régler, l'attente aussi… Quand ils arrivent à la caisse,
ils se déchargent sur nous, dit-elle. Le problème, c'est que l'agressivité
appelle l'agressivité. On a parfois du mal à se contenir soi-même. » Peu à
peu se dessine l'idée d'une société « à cran », où pour être gagnant
il n'y aurait d'autre solution que de montrer les dents. Le pire, c'est que
cela marche, soupire Élodie Dovale, l'agente de la RATP. « Bien sûr, il
faudrait ne pas céder. Quand je verbalise une mère de famille qui a pris par
erreur le ticket demi-tarif de son enfant et que je laisse passer un homme sans
titre de transport parce qu'il devient violent, ce n'est pas juste. Mais entre
ça et le risque qu'un membre de mon équipe se retrouve avec quinze jours d'ITT,
mon choix est vite fait, fait-elle valoir. Est-ce que, en faisant
cela, je cautionne cette façon de faire ? Est-ce que j'incite d'autres
personnes à fonctionner ainsi ? Est-ce que je contribue à faire sombrer la
société dans cette violence ? Sans doute. Mais ce n'est pas à moi d'éduquer les
gens. » Comment ne pas cautionner ? Aux urgences de Nice,
Pierre-Marie Tardieux se pose la question quotidiennement. « On avise en
fonction de l'urgence, de la dangerosité de la personne, de notre état de
fatigue aussi. Ça, je l'assume. Le problème, c'est cette idée de "prime à
l'agressivité" que celadonne à tous les autres », dit-il. Pour ne pas
« banaliser », il demande à ses équipes de déclarer systématiquement
les incidents, « même si ça prend du temps, même si c'est fastidieux, même
si malheureusement cela ne changera rien au traumatisme ». Des affiches
rappellent en outre les sanctions dont sont passibles les personnes agressant
physiquement ou verbalement le personnel hospitalier. « Puisqu'il n'y
a plus d'éducation, plus de limites, plus d'empathie, plus de sens moral, plus
de sens civique, plus de conscience du bien public, peut-être faudrait-il
penser à appliquer réellement ces peines, dit-il. Si les gens
payaient réellement chaque fois qu'ils nous insultent ou nous crachent à la
figure, ils y réfléchiraient sans doute à deux fois. » En attendant, le
CHU a renforcé la vidéoprotection dans ses couloirs. Des portiques de sécurité
ont été installés à l'entrée des urgences et des boutons d'urgence reliés au
centre de supervision urbain de la police municipale ont été mis en place dans
chaque box. Une équipe de sécurité régule en outre les entrées dans le bâtiment
et le personnel soignant peut suivre des formations à la gestion des violences
en général, et à celle des familles en particulier. Dans d'autres hôpitaux, des
formations au krav-maga, un art martial d'autodéfense, sont également
proposées. Bienvenue dans l'ère de la décivilisation
Quand
un pays pourtant libre et démocratique comme le nôtre dit des droits de l’homme
ou du droit d’asile que peu ne respecte dans un monde et qui est mal gouverné par
nos dirigeants de tous bords qui se croient ,tout permis comme l’étaient nos
monarques absolus de l’ancien régime (malgré un épisode révolutionnaire en 1789
) advenu par la colère des Français ne supportant plus leurs rois et misères et
surtout ayant faim d’ailleurs ensuite gommé par la période impériale napoléonienne
autre totalitarisme pour retrouver après nos républiques avec celle-ci la Veme république
gaullienne usée de 65 ans devenue pseudo monarchique avec trop de pouvoir donné
à nos présidents par ces Français qui ne réfléchissent plus ne sachant pas à
quel saint se vouer craignant la venue hypothétique des extrêmes gauches/droites !?
Alors
bien sur ces citoyens lambda ils râlent protestent manifestent sans cesse et les
incivilités fusent pour tout et n’importe quoi devenant violentes criminelles
pour régler leurs simples comptes dans leurs vies quotidiennes jusqu’à pour certains
vouloir faire leurs lois pour supplanter celles qui selon eux ne sont pas
appliquées ou laxistes voire inefficaces !?
De
plus il faut aussi apprendre que notre pays de 551000 km² et peuplé de 68
millions d’habitants n’est pas un grand pays (qui fut puissant dans le passé) et
donc balayer devant notre porte de la part de nos dirigeants qui se succèdent protégeant
mal leurs peuples !?
Car
notre France et ses concitoyens glissent vers l’anarchie qui les mènera à
perdre leurs libertés déjà mal encadrées vers une démocrature déjà en filigrane
comme dans d’autres grands pays connus et çà c’est plus que préoccupant !?
Jdeclef
15/06/2023 13h23
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