Pourquoi
« l’autojustice » gagne du terrain en France ?!
ENQUÊTE.
Impossible à quantifier, la tentation de se faire justice soi-même semble tout
de même progresser. Une perte de confiance en une justice jugée trop
« laxiste ».
IL
NE FAUT PAS S’ETONNER SI CERTAINS DE PLUS EN PLUS NOMBREUX VEULENT REGLER LEURS
COMPTES HORS LES LOIS QU’ILS VEULENT SUPLANTER A CELLES DE LA REPUBLIQUE AVEC
UN INSECURITE INDUITE EN NETTE AUGMENTATION ?!
Roanne, département de la Loire, octobre 2022. Un père de famille passe
à tabac un mineur isolé de seize ans, suspecté d'avoir commis une agression
sexuelle sur sa fille de six ans. Escarène, un village près de Nice,
octobre 2022, encore. Une victime d'un cambriolage pense avoir identifié
son voleur, un homme qui clame son innocence est roué de coups par plusieurs
individus. Retrouvé grièvement blessé par les gendarmes, il décédera deux jours
plus tard.
Nantes, octobre 2022, à nouveau. Les proches d'une femme poignardée à
mort en pleine rue démarrent une enquête parallèle pour identifier l'auteur du
meurtre. Beauvais, juin 2023. Un père de famille tabasse à coups de pied
le jeune qui vient de percuter son fils de 8 ans alors qu'il pratiquait un
rodéo urbain en scooter. Tribunal correctionnel de Niort, 2 juin 2023. Le
père de Kevin Trompat, tué en novembre avec sa compagne Leslie, est jugé pour
avoir cherché à recruter un détenu pour tenter d'éliminer en prison les
responsables de l'assassinat de son fils.
Un sombre et préoccupant tableau. En France, ces derniers mois, plusieurs
actes d'individus souhaitant se faire – ou se faisant – justice eux-mêmes ont
défrayé la chronique. Bien sûr, le désir de vengeance n'a rien de nouveau. Sa
mise à exécution non plus. On pense, parmi les affaires les plus médiatiques, à
ce jour de mars 1985, où Jean-Marie Villemin, le père du petit Grégory, a
tué d'un coup de fusil son beau-frère, Bernard Laroche, persuadé qu'il en était
l'assassin.
Une violence débridée
S'il est impossible à quantifier – le ministère de la Justice ne dispose pas
de statistiques nationales, le fait qu'un auteur d'infraction se fasse justice
lui-même relevant du mobile, non de l'infraction elle-même –, le phénomène n'en
reste pas moins problématique. Passer outre la loi, l'État de droit, les
institutions… Les passages à l'acte dans le cadre de vengeance personnelle font
flotter dans l'air une atmosphère inquiétante.
Car la « méthode », parfaitement illégale, est aussi le produit
d'une époque où tensions exacerbées côtoient recul du sens commun. Cette
violence débridée, Emmanuel Macron a tenté de la nommer en parlant récemment de
« processus de décivilisation ». Alors d'où vient cette croyance que
l'on peut s'arroger le droit de ne plus rien respecter ? Récemment, sur un
autre sujet, celui de la montée de la violence contre les maires, le sénateur
LR Philippe Bas déclarait au Point :
« La violence vient d'une individualisation de notre société, dans
laquelle on supporte de moins en moins les décisions de l'autorité prises dans
l'intérêt général, chacun voyant son propre intérêt avant celui de la
collectivité et ayant de plus en plus de mal à supporter les limites qui sont
apportées par l'autorité publique. »
Décivilisation : Jérôme Fourquet analyse les
raisons d'un « pétage de plombs »
Voilà qui pourrait s'appliquer en tout point à cette tentation de se faire
justice soi-même, qui se matérialise de plus en plus par un passage à l'acte
violent. Parmi les pistes qui pourraient expliquer le phénomène, le chercheur
au CNRS Gilles Favarel-Garrigues, coauteur avec Laurent Gayer d'un ouvrage
intitulé Fiers de punir, le monde des justiciers hors-la-loi (éditions
du Seuil) estime en effet que le terreau fertile au développement de
l'autojustice se nourrit de l'idée selon laquelle la justice serait « trop
laxiste » et la police « trop distante ». Une perte de confiance
en l'institution, en quelque sorte. « On se fait justice soi-même, car on
pense que les pouvoirs publics seront incapables de régler le problème »,
confirme Gilles Favarel-Garrigues.
« La vengeance n'a pas sa place dans notre État de droit »
Un constat que partage Abdelkrim Grini, le procureur de la République de
Roanne. Confronté à deux reprises à ce phénomène d'autojustice dans sa
juridiction, le procureur affirme : « On voit en effet souvent que
les personnes ont un discours de plus en plus radical, parfois sectaire, qui
n'est pas conforme à la réalité. Je ne dis pas que la justice est parfaite,
elle a ses défauts, parfois elle peut être un peu lente, car il y a un manque
de moyens. Parfois des procédures peuvent donner l'impression que certaines
personnes n'ont pas été entendues, certaines personnes peuvent s'estimer lésées
et, de ce fait, se donnent le droit de se faire justice elle-même. »
Après l'affaire qui a secoué Roanne en octobre dernier, le père vengeur a
fait l'objet d'un procès en janvier et a été condamné à huit mois de prison
avec sursis pour violences en réunion. Abdelkrim Grini, qui portait la voix du
ministère public à l'audience – et qui s'est à l'occasion vu reproché sur les
réseaux sociaux de poursuivre un père qui voulait seulement défendre son
enfant – ne veut pas transiger : « En tant que procureur, je peux
entendre la colère et l'émotion de ce père, mais la vengeance n'a pas sa place
dans notre État de droit, notre société ne doit pas l'accepter. »
La légitime défense : notion hautement inflammable
À l'audience, le procureur avait tenu à rappeler que ces violences,
survenues vingt-quatre heures après la commission de l'agression sexuelle
présumée, ne rentraient pas dans le cadre de la légitime défense, très
clairement définie par le Code pénal. L'article 122-5 dispose :
« N'est pas pénalement responsable la personne qui, devant une atteinte
injustifiée envers elle-même ou autrui, accomplit, dans le même temps, un acte
commandé par la nécessité de la légitime défense d'elle-même ou d'autrui, sauf
s'il y a disproportion entre les moyens de défense employés et la gravité de
l'atteinte. »
« L'autojustice » n'est pas de la légitime défense
Ainsi, dans le cas de Roanne, si le père de famille avait surpris en
flagrant délit le mineur en train de procéder sur sa fille mineure à des
gestes d'ordre sexuel, c'est-à-dire au moment même où il se trouvait dans la
chambre, et s'il l'avait interpellé et exercé sur lui une violence légitime
pour le maîtriser ou le faire partir, alors ces faits auraient pu rentrer dans
le cadre très strict de la légitime défense. En allant retrouver l'auteur des
faits présumés – qui a depuis été mis en examen et placé en centre éducatif
fermé – plus d'un jour après les faits, pour le passer à tabac avec des
« armes par destination », à savoir un câble électrique et un bâton,
ce père de famille s'est donc rendu coupable d'un délit.
Le problème, c'est que cette rengaine sur une justice prétendument
« laxiste » trouve un large écho auprès de la société, les citoyens
reprenant volontiers l'argument à leur compte. En octobre dernier, en plein
direct, le présentateur Cyril Hanouna s'empare du terrible meurtre de la petite
Lola. Devant ses téléspectateurs, le chantre de
l'infotainment déclarait au sujet de la meurtrière présumée :
« Pour ce genre de personne, le procès doit se faire en quelques heures et
terminé, c'est perpétuité direct, il n'y a même pas de
discussion. » Faisant fi de toute précaution, Cyril Hanouna
appelait à une justice expéditive, devant ses millions de
« fanzouzes ».
Meurtre de Lola : retour sur huit heures de barbarie
Un populisme médiatique, mais pas que. « Des voix politiques assez
importantes – qui jusqu'à une date récente émanaient de l'extrême droite –
propagent aussi un discours très critique vis-à-vis de la police et de la
justice. On l'a vu, par exemple, lors de la manifestation de policiers portée
par le slogan “Le problème de la police, c'est la justice”. Tout un
tas d'hommes politiques, allant jusqu'au PS, ont déclaré être solidaires du
mouvement, et donc de ce slogan », analyse aussi Gilles Favarel-Garrigues.
En critiquant ainsi le supposé laxisme des instituions, par pur opportunisme
politique, les oppositions s'attaquent en réalité directement au gouvernement
en place (quel qu'il soit), dans la mesure où le régalien dépend de lui, tout
en faisant mine d'oublier qu'il existe en France une séparation des pouvoirs.
En tentant de décrédibiliser les institutions, c'est l'État de droit tout
entier qui se retrouve écorné.
« J'ai tellement honte »
Mais loin des fantasmes sur une justice laxiste, il faut compter aussi avec les
déçus. Ceux qui ont perdu foi en elle. C'est le cas de Yasin Hansye, le frère
de la jeune Shaïna, poignardée et brûlée vive par son petit ami en 2019, à
Creil (Oise). Vendredi 9 juin, celui qui a toujours nié les faits était reconnu
coupable et condamné à dix-huit ans de réclusion criminelle. Le parquet avait
requis contre lui une peine de trente ans, demandant ainsi à ce que l'excuse de
« minorité » soit levée. Le petit ami de la jeune adolescente –
15 ans au moment des faits – était lui âgé de 17 ans
et 3 mois en octobre 2019.
Shaïna, 15 ans et brûlée vive, « il y a eu une
persistance à ne pas la croire »
Dans un long message posté sur les réseaux sociaux, Yasin a fait part de son
désespoir : « J'ai tellement honte de notre justice en France
[…] Il a pris seulement dix-huit ans ce mec et sortira dans quelques
années […] Il a assassiné Shaïna un vendredi soir et la justice lui a répondu
en assassinant Shaïna un vendredi soir, en tant que grand frère je ne peux rien
faire de plus, je n'ai pas pris les armes en 2017 et
en 2019 pour me faire justice moi-même et je vous assure que, la
détention, je n'aurais pas eu peur. »
Que répondre à ce frère meurtri dans sa
chair et dans son âme ? Que répondre, de manière générale, à toutes ces
victimes de violences sexuelles et conjugales, qui, s'estimant lâchées par
les institutions, s'abandonnent malgré elles à leur colère ? Si l'opinion
publique n'a pas sa place dans les prétoires, nul doute que des efforts sont
encore à mener pour redorer l'image d'une institution en évidente souffrance.
Prévenir un lent et dangereux délitement en rappelant que, en France, c'est la
justice qui poursuit, juge et sanctionne, et ce, de manière proportionnée et
individualisée. Ne pas la laisser se faire dépasser, pour que, toujours, elle
puisse remplir son indispensable mission.
C’est
tout à fait logique cette opinion et réaction de certains de nos concitoyens
qui ne croient plus en notre justice qu’ils jugent laxiste inefficace voir aussi
donnent le sentiment qu’elle protège mieux les accusés condamnés que les
victimes de crimes ou délits en matière de sanctions trop faibles par un code pénal
inadapté et voire trop lente et aussi quand ces jugements sont appliqués
ce qui n’est pas toujours le cas !?
Parallèlement
notre justice que l’on dit impartiale et indépendante ne l’est pas car c’est le
président qui choisi et nomme le ministre de la justice dit « garde des
sceaux » (exemple flagrant pour le dernier en place DUPONT MORETTI ex
avocat qui à fait toute sa fortune avec sa spécialité des acquittements surtout
pour vice de forme) et bien sûr inféodé indirectement au pouvoir en place donc
à sa politique !?
Ce
qui donnent le sentiment à beaucoup de Français pour sa justice sensé les défendre
et les protéger de ne pas faire son travail ce qui arrange bien cette voyoucratie
et grande truanderie voire criminels divers devenus plus violents et dangereux
ne la craignant plus s’entourant eux aussi d’avocats chevronnés surtout en plus
si ce sont des politiciens de tous bords élus par ces Français lambda qui les
ont élu et réélu !?
Mais
la dégradation de notre justice est liée directement à cette bienpensante gouvernance
de donneurs de leçons bienpensant hypocrite politiciens de tous bords élus qui
ne pense qu’à eux et à leurs avantages lucratifs et protecteurs !?
Alors
on dit que la France est devenue République bananière et c’est ce qu’elle est
depuis + de 40 ans avec cette V eme république (et même avant sous la IVeme) à
cause de Français naïfs qui avalent tout et ne savent pas choisir leurs
dirigeants et politiciens il n’y a pas de quoi être fier ?!
Jdeclef
19/06/2023 11h51
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