Macron plutôt que Hamon... Dans la tête de Jean-Yves Le Drian
Le soutien du ministre de la Défense au leader d'En
marche ! N’est plus qu'une question de jours. Un ralliement qui trottait
dans la tête du Breton depuis plusieurs mois
Depuis
plusieurs mois, les discussions privées entre François Hollande
et Jean-Yves
Le Drian se font rares. Les vieux compagnons de route sont en froid.
Et quand les rumeurs d'un ralliement du ministre de la Défense à Emmanuel Macron
remontent jusqu'à l'Élysée, le président de la République se décide malgré tout
à envoyer un SMS au Breton : « Ne le fais pas trop tôt, tu ferais une
connerie... » Mercredi soir, Jean-Yves Le Drian répond : « Je
t'annonce que je vais soutenir Emmanuel Macron. C'est imminent, ce sera la
semaine prochaine. Ma décision est prise. » « C'est trop tôt »,
lui répète le chef de l'État, qui demande à son ministre d'attendre
le 20 mars – date à laquelle le Conseil
constitutionnel publiera la liste officielle des candidats – afin de
ne pas plomber la campagne de Benoît Hamon
plus qu'elle ne l'est.Macron prêt à intégrer Le Drian dans son équipe
L'idée d'un ralliement à Emmanuel Macron trottait déjà dans la tête du menhir breton en pleine primaire de la Belle Alliance populaire. En janvier, la campagne de Manuel Valls prend une tournure ô combien difficile et l'entourage de Jean-Yves Le Drian lui conseille de « ne pas trop s'impliquer », de « faire attention ». Le message est entendu. Et si le Catalan insiste beaucoup, Le Drian modère son soutien. Il ne fera qu'une déclaration dans les colonnes de Ouest-France et ne compte pas prendre la parole au meeting de Valls à Rennes, finalement annulé du fait du ministre de la Défense. Au lendemain de la primaire, Jean-Yves Le Drian prend acte de la victoire de Benoît Hamon, mais il est hors de question de lui donner blanc-seing. Il ne se retrouve pas dans le programme du candidat et, pire encore, il n'a toujours pas digéré le passage éphémère de Hamon en Bretagne.
En 1997, le premier secrétaire du PS Lionel Jospin fait atterrir le trentenaire dans le giron de Jean-Yves Le Drian, qui lui offre sur un plateau la circonscription d'Auray. Après voir échoué avec les honneurs aux législatives et aux départementales, Benoît Hamon cède aux sirènes parisiennes et rejoint le cabinet de Martine Aubry. « Il n'a pas attendu ! Quand on ne met pas la gomme pour gagner une circonscription, ça ne va pas. Quand je vais me promener à Auray, on me dit : Il est où, votre gars, là, Hamon ? Je suis allé le soutenir pendant la campagne : j'ai l'air de quoi après ? Je n'étais pas content du tout. Je suis contre le tourisme en politique, ce n'est pas ma méthode », s'emporte encore aujourd'hui Jean-Yves Le Drian (1).
Les conseils du vétéran au garçon
Depuis
un moment, il observe l'impétueux Macron. À Bercy, les relations entre les deux
hommes sont bien plus amicales qu'avec Michel Sapin. Quand ses collègues
ministres s'agacent de la démission d'Emmanuel Macron, le vétéran Le Drian
se garde bien de sermonner le garçon et le conseille : « La seule
remarque que je pourrais faire, puisque je suis presque le doyen de ce conseil
des ministres, avec mon expérience, c'est que la vie politique, et en
particulier lorsqu'on est membre d'un gouvernement, c'est un peu comme au
football : il faut jouer collectif, sinon on ne gagne pas. »
Quand Jean-Christophe Cambadélis brandit la menace de l'exclusion pour les
élus PS qui soutiendraient Macron, il n'y prête même pas attention. « Il
ne compte tout de même pas me faire la leçon ? » lâche Le Drian à des
proches, leur rappelant qu'il est l'un des seuls socialistes à avoir remporté
un scrutin avec plus de 50 % des voix depuis le début du quinquennat.Les premières rumeurs d'un soutien du ministre de la Défense circulent dès novembre dans les couloirs de l'hôtel de Courcy à Rennes, siège du conseil régional. Là-bas, Jean-Yves Le Drian ménage ses macronistes. Mi-février, quelques hamonistes bretons fomentent un coup pour démettre Pierre Karleskind et Olivier Allain de leurs fonctions de vice-président de la région. Le premier est référent Macron pour le Finistère et le second ne cache pas son intérêt pour l'ancien ministre de l'Économie. Refus catégorique de Jean-Yves Le Drian. Si certains l'avaient déjà poussé à accepter le retrait de Richard Ferrand – secrétaire général d'En marche ! – de son poste de chef de file du groupe socialiste, il ne cédera pas une seconde fois face aux « grognards ». C'est d'ailleurs Ferrand qui joue les entremetteurs entre Jean-Yves Le Drian et Emmanuel Macron. Les deux hommes se connaissent bien et le porte-flingue macroniste assène, telle une maxime, sur les plateaux télé et au micro des radios : « Emmanuel Macron peut faire, pour la France, ce que Jean-Yves Le Drian a fait pour la Bretagne ! »
Le Drian maintenu à la
Défense ?
L'entourage
du ministre a beau tempérer en assurant qu'« aucune décision n'est prise
tant que le ministre ne s'est pas exprimé », le téléphone sonne souvent
entre les deux hommes. Le Breton travaille pour l'instant sur un scénario
« percutant » pour mettre en scène le ralliement. Seul l'agenda pose
problème. Une première date avait été arrêtée : le meeting
du 18 mars, où le candidat d'En marche ! devait présenter son
programme sur la Défense. Un programme sur lequel planchent d'ailleurs certains
membres du cabinet du ministre. François Hollande a, lui, demandé d'attendre
le 20 mars. Une date que Jean-Yves Le Drian devrait respecter.
« Le président a donné une date, non ? » tranche un proche. À
cette date aura d'ailleurs lieu le premier grand débat entre les candidats (sur
TF1), et le ministre pourrait bien y faire une apparition dans le public.
« C'est une image forte, ça donnerait de la confiance à Emmanuel Macron.
C'est une piste », glisse-t-on chez le Lorientais.
Une question reste néanmoins en
suspens : Emmanuel Macron a-t-il proposé à Jean-Yves Le Drian de rester à
la Défense en cas de victoire à la présidentielle ? Le sujet est tellement
délicat que rares sont les personnes mises dans la confidence, mais l'offre est
bien sur la table. Sur ce point, Jean-Yves Le Drian ne sait que faire.
« Il hésite beaucoup. Il joue gros », chuchote un de ses amis. Il
croyait ne plus avoir à faire ce choix cornélien entre ses deux amours :
la Bretagne et la Défense. En 2015, lors des régionales, il a dû s'y résoudre
pour respecter une promesse faite quelques années plus tôt avant d'obtenir
finalement l'autorisation de cumuler la présidence de région avec le ministère.
Fier d'avoir comme patron l'un des meilleurs ministres de la Défense de la Ve
République, l'électorat breton continuera-t-il d'accepter cette
situation ? Rien n'est moins sûr, d'autant que Le Drian comptait bien
revenir au bercail dès la fin du quinquennat jusqu'à ce que le retrait de
François Hollande bouleverse ses projets. S'il s'enquiert peu des états d'âme
des élus locaux, il ne veut pas non plus gâcher sa fin de carrière. Et il ne
serait pas surprenant de voir les pontes de l'armée et de l'industrie de la
Défense faire – une deuxième fois –campagne pour un cumul de leur
ministre préféré.
Mr LE DRIAN est un homme intelligent
peut être plus que bien d'autres une exception dans ce gouvernement de F.
HOLLANDE, il réfléchit à la différence de ceux de gauche ou de droite ça change
!
Jdeclef 10/03/2017 17h38
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