Emmanuel
Macron ou la stratégie du bulldozer ?!
ENQUÊTE. Sourd
aux critiques, le président « ne lâche rien ». Son impossibilité de se
représenter en 2027 l'a libéré de la contrainte de la popularité.
QUAND ON A ELU ET REELU UN
PRESIDENT AVEC TROP DE POUVOIR CELUI-CI DEVIENT TROP TOTALITAIRE ET SE PERMET
TOUT C’EST TOUT CAR IL Y A D’AUTRES EXEMPLES DANS NOTRE MONDE INTERNATIONAL
INSTABLE QUI VA MAL COMME LA PETITE FRANCE ?!
la comparaison est signée Ismaël Emelien, ex-conseiller élyséen, connu comme
le théoricien du macronisme, l'un de ceux qui connaissent le mieux le
président. « Emmanuel Macron est un pur-sang sur lequel il faut
mettre des lassos. » La formule, qui en dit long sur le
tempérament impétueux, voire incontrôlable, de celui qui gouverne la France
depuis six ans, est devenue culte au sein du premier cercle. Ces trois derniers
mois, sur sa réforme des retraites, le locataire de l'Élysée n'a laissé
personne, ni les syndicats ni la rue, le faire dévier de sa trajectoire. Façon
de montrer que les « lassos » de ses opposants n'ont pas de prise
sur son réformisme débridé.
Contre vents et marées, il a donc coché la case retraites et clôt un
chantier qu'il avait ouvert en 2019 puis mis en jachère jusqu'à la
campagne présidentielle. Après les crises des Gilets jaunes, du Covid, la
guerre en Ukraine, le jeune président réélu mais non rééligible peut désormais
se targuer, au nez et à la barbe de tous ceux qui, en France comme à
l'étranger, glosent sur son affaiblissement, qu'il a fait passer la loi la plus
contestée depuis qu'il est au pouvoir. « Il fonce depuis des
semaines, à marche forcée », s'inquiète un élu qui le soutient,
stupéfait. Et qu'importe le champ dévasté qu'il laisse derrière lui.
Macron :
« Je décide, ils exécutent »
« On ne lâche rien. » Le gimmick est omniprésent
dans la bouche du président. Encore plus depuis ce deuxième mandat et
l'accumulation d'embûches qui menacent de le mettre à l'arrêt. Il n'est pas
rare qu'Emmanuel Macron, presque nerveux, joigne la gestuelle à la parole. Le
poing fermé, le menton haut, conquérant. C'était le cas lors de son allocution
du lundi 17 avril, concoctée dans le bureau de son secrétaire général, Alexis
Kohler. La formule varie parfois. « Ne rien lâcher, c'est ma
devise », a-t-il proclamé en visitant le chantier de
reconstruction de Notre-Dame de Paris, peu avant que le Conseil constitutionnel
ne valide l'essentiel de son budget rectificatif de la Sécurité sociale
comprenant le report de deux ans de l'âge légal de départ à la retraite. Un
président qui, avant son élection, avait rendu un vibrant hommage à Jeanne
d'Arc et qui se pose aujourd'hui en (re)bâtisseur de cathédrale.
Bagarre
Les syndicats l'ont prié de temporiser avant de promulguer le texte. Le
président a apposé sa signature dans les deux heures qui ont suivi. « S'ils
n'avaient pas exprimé une telle demande, il aurait probablement attendu trois
jours avant de promulguer ! Mais tu ne comprends pas Macron si tu ne pars
pas du principe qu'il aime la bagarre, que ça ne lui fait pas
peur », analyse un intime. Et, plus il est accusé par ses
détracteurs de « jeter de l'huile sur le feu », plus
il campe dans sa posture du Jupiter autoritaire jusqu'au-boutiste.
Quand, depuis la Chine, le président pilonne Laurent Berger, le respecté
leader de la CFDT, puis recadre sa Première ministre, Élisabeth Borne, qui
appelle à observer une période de « convalescence », ses
-soutiens ne veulent pas y croire. Eux appellent à la vigilance et à
l'apaisement, lui poursuit sa stratégie de la tension permanente. Il est
sincèrement persuadé que les Français ont validé son projet de réforme dans les
urnes et que celui-ci aurait donc dû passer sans heurts. Le pays n'a-t-il
jamais été bloqué ?
« Le président pâtit d'une faille comportementale, psychologique,
d'un goût immodéré pour la conflictualité, ce qui affecte l'exercice du
pouvoir », dépeint crûment un compagnon de route. Pour
celui-ci, les déclarations controversées à propos de Taïwan trahissent ces
mêmes faiblesses, ces penchants impulsifs. Une sorte d'hubris, d'orgueil aussi.
Le comportement à l'égard de Laurent Berger tiendrait du même ressort que
l'hostilité manifeste vis-à-vis de son ancien Premier ministre, Édouard
Philippe. Une antipathie teintée de rivalité s'exprimant par une violence
irraisonnée. « Cette attitude est troublante. C'est comme si le
président était “déréglé”. Il enchaîne les fautes de carre. On pensait
accompagner une graine d'homme d'État, il n'est au fond qu'un technocrate
surdoué », dépeint ce même proche.
Le masochisme
géopolitique d'Emmanuel Macron
Le portrait est cruel. Emmanuel Macron a conscience qu'une partie
grandissante de la population le perçoit comme un autocrate froid enfermé dans
ses certitudes. Impérial, brutal et trop vertical, ce qui n'est, au fond, pas
pour lui déplaire. Un personnage perpétuellement épris d'un besoin d'en
découdre, gonflant les muscles, lui qui considère détenir le monopole de la
légitimité politique et ne compter aucun adversaire de sa trempe. Les trois
mois de conflit social ont cristallisé ce ressentiment. « Le
procès en autoritarisme est une caricature excessive, riposte le
député Renaissance Pieyre-Alexandre Anglade. Allons maintenant au bout
de la promesse de démocratie directe et de concertation. Les années ont
démontré la résilience de la majorité, malgré les épreuves. »
Claquemuré à l'Élysée ou délocalisé à l'étranger, le chef de l'État n'ignore
pas non plus que sa relation aux Français se retrouve détériorée. Son lien au
pays, c'est sa « meurtrissure », lâche un
fidèle. Mais après tout, son impossibilité de se représenter
en 2027 le libère de la contrainte de la popularité. « Dans
cette épreuve, il a peut-être perdu une bataille affective, mais il a remporté
la bataille de la démocratie et du courage, veut croire Clément
Léonarduzzi, son ancien conseiller spécial. Quand il ne sera plus là,
les gens oublieront les scories de forme et se rappelleront les aspects
positifs et transformants. Sa compétence, son engagement, sa capacité à être en
mouvement seront regrettés. »
Crever l'abcès
« À un moment, on nous fera crédit d'avoir fait quelque chose
d'utile pour l'avenir. Je n'exclus pas que se diffuse dans l'opinion le
sentiment qu'on ait fait preuve de courage politique et de
responsabilité », renchérit Marc Ferracci, député Renaissance.
Les pertes actuelles ne compteraient donc pas par rapport aux bénéfices
politiques à long terme. « Depuis 2017, Emmanuel Macron a fait
baisser le chômage, notre pays est plus attractif, nous créons des emplois et
réouvrons des usines. L'Europe est plus unie, puissante et souveraine. En 2027,
chacun sait que dix ans de macronisme auront été dix ans
utiles », estime Pieyre-Alexandre Anglade.
Pour neutraliser la colère, le chef de l'État veut rejouer le face-à-face
avec le peuple, donner des gages d'écoute. Retourner sur le terrain pour crever
l'abcès avec une partie du pays qui ne l'entend plus ou ne veut plus
l'entendre, renouer avec la France du travail, au risque de tomber dans
l'artifice d'une recette déjà usée. « La présidentielle, c'était
en 2022. Pourquoi proposer un nouveau programme et une nouvelle campagne avec
un an de retard et des larmes de crocodile ? » interroge
le sénateur centriste Hervé Marseille, président de l'UDI.
La parole performative et les rodomontades ne font cependant plus illusion.
Les promesses et les bonnes volontés se heurtent à un criant défaut
d'exécution. Depuis combien de mois, combien d'années Macron cite-t-il l'école,
la santé, l'écologie, le retour à l'ordre et la justice comme des chantiers
prioritaires ? Le charme est rompu, la magie du dépassement
évanouie. « L'impression de ne pas savoir où l'on va, d'avancer
cahin-caha au gré des crises nous mine », se désole un parlementaire
de la majorité. On ne parle plus du projet du président, vaporeux, mais des
fragilités de sa gouvernance, flagrantes. Il veut passer au « travailler
mieux » après le « travailler plus ». Mais qui l'écoute
encore ? Face à deux blocs d'opposants à l'Assemblée et à l'absence de
partenaire fiable, plus possible de proposer des textes de droite « et en
même temps » de gauche sans s'exposer au risque de perdre sur les deux
tableaux. Élisabeth Borne s'est engagée, de surcroît, à réserver le
49.3 aux seules lois budgétaires.
Emmanuel
Macron : « Je fonce, donc je suis »
« On va toucher à la limite d'un système bâti pour le bipartisme
et qui s'applique aujourd'hui à une situation de tripartisme, explique
la politologue Chloé Morin, autrice d'On aura tout essayé (Fayard). Cela
implique une vie politique durablement très conflictuelle, avec des majorités
de circonstance, sauf à ce que l'un des deux autres blocs s'effondre ou bien
que le bloc central se scinde en deux. » La Constitution de la
Ve République se conjugue mal avec autant d'éléments
d'instabilité. « Tout est configuré pour que cela parte dans le
décor, que ça déraille régulièrement et que tout cela mène chaque fois à un
emballement », anticipe un ponte de la majorité.
Après tout, combien de temps la Belgique est-elle restée sans
gouvernement ? Comme les dirigeants des démocraties parlementaires
voisines, Élisabeth Borne consacre désormais l'essentiel de son temps à
consulter les forces politiques de tous bords. À la seule différence qu'en
France, l'absence de culture de dialogue empêche tout compromis. L'« élargissement » auquel
le président aspire peine donc à trouver une traduction concrète. Il y a bien
des voix aux Républicains, certes minoritaires, qui appellent à une coalition
ou à un pacte majoritaire. Mais comment un président qui refuse de partager ne
serait-ce qu'une parcelle de son pouvoir avec son Premier ministre
accepterait-il de céder une part de son autorité à un camp politique qui l'a
combattu ? « Nous devons aller vers plus de
coconstruction, en évitant de donner l'impression de détenir le “monopole des
bonnes idées”, qu'on reproche souvent aux formations politiques. Il faut donner
envie aux gens de nous soutenir. On a encore quatre ans, on n'a pas le
droit de décevoir. Il s'agit de s'attaquer aux terreaux de l'extrême droite »,
alerte la députée Renaissance Astrid Panosyan-Bouvet. « Il faut
un système qui puisse permettre le partage des responsabilités », argue
le ministre Clément Beaune.
Roland
Cayrol : « Macron doit apprendre la coconstruction »
Nombre de Marcheurs redoutent que, en plus de l'échec du dépassement des clivages,
la décomposition politique à l'œuvre depuis 2017 ne mène au chaos. Qu'au
fur et à mesure du quinquennat le bloc central, dépourvu d'incarnation et de
ligne, rongé par les divisions, ne s'affaisse face à l'un ou l'autre des
extrêmes. Macron n'a d'ailleurs jamais cherché à cimenter une histoire
collective autour de lui. Qu'y a-t-il de commun entre Christian Estrosi et
Marisol Touraine ? « La tripartition nous oblige à nous
organiser. On n'a plus le luxe qui prévalait dans les années
1990-2000 quand les séguinistes et les chiraquiens avaient chacun leur
candidat, prend acte l'eurodéputé Stéphane Séjourné, président de
Renaissance, le parti présidentiel. La radicalité de chaque côté nous
donne un crédit important. Je suis convaincu qu'il existe encore une majorité
qui ne veut ni de l'extrême droite ni de l'extrême gauche. » Le
rassemblement contraint et forcé plutôt que la fragmentation mortifère.
Week-end à Rome
Autour du chef de l'État, on veut croire que, à l'issue des sénatoriales de
septembre, les conditions politiques seront enfin mûres et que le paysage sera
plus favorable pour envisager une nouvelle configuration. Renaissance
ambitionne d'ailleurs d'annoncer à ce moment-là la formation d'une liste
commune à la majorité pour les élections européennes. Certains imaginent – ou
rêvent – que l'UDI, voire les LR, les rejoigne. « Les LR vont
devoir commencer à regarder pour une liste commune proeuropéenne, sinon ils
feront 5 % », souligne un élu en vue.
En mai, Stéphane Séjourné réunit les
eurodéputés Marcheurs à Rome. La destination n'est pas choisie au hasard,
puisqu'en Italie les macronistes veulent fédérer les forces centristes. « Ce
n'est pas inutile de montrer qu'après Georgia Meloni, soit l'extrême droite au
pouvoir, un espace politique central peut être à même de remporter les
élections », glisse un soutien du président. Avec, en tête, le
scrutin… de 2032.
Il est gonflé comme un
baudruche pleine d’air vide de sens par son orgueil démesuré croyant être le
meilleur et sachant tout ce qui n’est pas le cas puisque depuis 5 ans et son 1er
quinquennat et 3 mois de son 2eme quinquennat entamé il n’a rien appris des Français
qu’il dédaigne voir même les insulte par ses diatribes irrévérencieuses du
style « moi je décide eux ils exécutent » car ce considérant pas du même monde qu’eux « ces
gens de peu » autre réflexion s’y sympathique qu’il avait déjà utilisé pour
humilier certaine catégories de Français lambda !?
Les Français sont un peuple révolutionnaire
il ont même créé la révolution que d’autres ont utilisés après dans leurs histoires
mais frondeurs du temps de nos monarchies dont certaines absolues de l’ancien régime
remontant même à des seigneuries féodales et çà c’est dans leurs gènes ancestraux
de plus des millénaires !?
Alors il va faire le tour
des popottes pour essayer de redorer son blason qui n’a d’ailleurs jamais
brillé même élu et réélu par défaut d’un artifice électoral de cette Vème république
monarchique usée qui a instillé par son action la peur des extrêmes droite ou
gauche dans la tête des Français certains ont eu peur car perdus dans cette classe
politique plus que médiocre !?
Il peut toujours éloigner les forces de l’ordre dans l’est ou il va se déplacer pour éviter heurts ou une paire de claque qu’il risquerait de subir d’un excité c’est trop tard s’il avait fait preuve d’un minimum d’intelligence il aurait pu attendre l’après 1er mai fête du Travail avec en plus la défection du patron de la CFDT :
L. BERGER dommageable !?
Le président de la République
se prend il pour un autocrate totalitaire ce qu’il semble vouloir être comme d’autres
connus dans ce monde instable avec son « je fonce donc je suis » c’est
très inquiétant !?
Jdeclef 19/04/2023 13h33CLP
Ce qui est plus grave c'est de censurer ce commentaire qui ne dit que la vérité que tout le monde peut constater par ces modérateurs du POINT inféodés à leur rédaction qui ne roule que pour le pouvoir présidentiel actuel en place ne respectant pas la liberté d'expression inscrite dans notre constitution ce qui est repréhensible car ne respectant pas la libre parole du peuple Français que le pouvoir dédaigne et humilie !
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