Le nouveau président turc Recep Tayyip
Erdogan et son homologue et modèle russe, Vladimir Poutine.
En effet, après avoir assuré deux mandats présidentiels, et alors que la Constitution russe ne permet pas d’en briguer un troisième consécutif, Vladimir Poutine avait choisi en 2008 Dmitri Medvedev comme poulain pour le remplacer avant de se faire nommer Premier ministre, et ainsi garder la mainmise sur la Russie. Pour Poutine comme pour Erdogan, l’opposition crie aux dérives autocratiques. Et si le président russe a l’armée à sa botte, son homologue turc a réduit les pouvoirs de la sienne, qui n’a plus aujourd’hui qu’un rôle consultatif. Pour Adnan Khan, journaliste pour le quotidien canadien The Globe and Mail et qui vit à Istanbul, «Erdogan s’inspire de Poutine pour resserrer son emprise sur la Turquie».
Turquie: Erdogan dans les pas de Poutine
TURQUIE - Elu président de la Turquie ce dimanche après trois mandats
de Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan semble avoir adopté la même méthode
de conquête du pouvoir que Vladimir Poutine…
«Une nouvelle Constitution pour une
nouvelle Turquie (…) si je suis élu président. Une nouvelle Constitution, cela
signifie un nouvel avenir», promettait le mois dernier Recep Tayyip Erdogan
devant des milliers de partisans au cours d’un meeting à Istanbul. Un nouvel
avenir, oui, mais d’abord pour lui, fraîchement élu chef de l’Etat. Car cette
modification de la norme suprême n’est pas vraiment un acte désintéressé.Présidentialiser le régime pour renforcer ses pouvoirs
Il ne s’en est pas caché, le premier ministre islamo-conservateur turc, au pouvoir depuis onze ans, est déterminé à faire modifier la Constitution de la Turquie. Premier président turc élu au suffrage universel ce dimanche, il a bien l’intention de renforcer ses tout nouveaux pouvoirs. Aujourd’hui encore, le rôle de chef d’Etat en Turquie est assorti de prérogatives essentiellement honorifiques. En cause: le régime parlementaire instauré par la Constitution de 1982. Il prévoit que l’exercice du pouvoir exécutif revient au gouvernement, qui partage par ailleurs le pouvoir législatif avec la Grande Assemblée nationale turque. Un système qui n’accorde qu’un rôle symbolique au président de la République et qui ne sied pas à Erdogan, installé dans ce nouveau fauteuil pour un mandat de cinq ans renouvelable, qui a déjà déclaré qu’il entendait mener «une présidence active».La méthode Poutine
Après onze ans passés à la tête du gouvernement, Recep Tayyip Erdogan s’apprête à endosser le costume de président de la République. Mais pourquoi passer des fonctions de Premier ministre tout-puissant à celles, honorifiques, de chef de l’Etat? Parce que pour rester au pouvoir, Erdogan n’avait pas d’autre alternative. Arrivé au terme de son troisième mandat de Premier ministre, soit le maximum autorisé par la Constitution, Erdogan ne pouvait plus se replier que sur les fonctions présidentielles pour rester aux commandes de la Turquie, quitte à modifier les textes pour conserver ses prérogatives. Une stratégie de conquête du pouvoir qui n’est pas sans rappeler les méthodes de Vladimir Poutine.En effet, après avoir assuré deux mandats présidentiels, et alors que la Constitution russe ne permet pas d’en briguer un troisième consécutif, Vladimir Poutine avait choisi en 2008 Dmitri Medvedev comme poulain pour le remplacer avant de se faire nommer Premier ministre, et ainsi garder la mainmise sur la Russie. Pour Poutine comme pour Erdogan, l’opposition crie aux dérives autocratiques. Et si le président russe a l’armée à sa botte, son homologue turc a réduit les pouvoirs de la sienne, qui n’a plus aujourd’hui qu’un rôle consultatif. Pour Adnan Khan, journaliste pour le quotidien canadien The Globe and Mail et qui vit à Istanbul, «Erdogan s’inspire de Poutine pour resserrer son emprise sur la Turquie».
La démocratie maîtrisée
Elu dès le premier tour dimanche avec 52 % des suffrages, Erdogan, comme son modèle russe, est devenu un maître en matière de «démocratie maîtrisée», où suffrage universel et bourrage des urnes ne seraient pas forcément contradictoires. Durant la campagne présidentielle, si les concurrents d’Erdogan ont librement pu faire campagne, ils n’ont eu aucune visibilité dans les médias, majoritairement tenus par les proches du nouveau président. «Les candidats ont pu mener librement leur campagne électorale et le droit de rassemblement a été respecté», ont relevé les observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) dans un premier rapport sur le déroulement du scrutin présidentiel turc. «Mais l’utilisation par le Premier ministre de sa position officielle et la couverture partisane des médias lui ont conféré un net avantage», ont-ils ajouté.
Le président Erdogan n’est pas entièrement libre de
remanier seul les institutions, et pour changer la Constitution et
présidentialiser le régime turc, il lui faudra attendre les élections
législatives de 2015, puisque pour le moment, il ne dispose pas d’une majorité
suffisante pour le faire. Mais même s’il ne
parvient pas à constituer la majorité aux deux tiers dont il a besoin, Recep
Tayyip Erdogan pourrait se reposer sur son pouvoir de fait sur les institutions
pour continuer à diriger la Turquie d’une main de fer.
Ce n'est pas une bonne nouvelle pour
l'Europe ni pour la Turquie (et surtout
le peuple laïc) car comme d'habitude dans ces régions instables aux niveaux
religions, un islam plus rigoriste risque de s'installer dans ce grand pays à
90% de musulmans avec plus de pouvoir pour ce dirigeant rigide autoritaire à la
limite pseudo dictatorial
L'arrivée de l'AKP (parti d'ERDOGAN) au pouvoir a fait
craindre à l'Union européenne, et à beaucoup de Turcs, que la laïcité kémaliste
puisse être menacée
L'opposition laïque du parti créé par
Atatürk, le CHP Parti républicain du peuple, récuse une laïcité de façade et
dénonce un pouvoir personnel qui aurait pour but d'en finir avec la laïcité.
Cette opposition stigmatise une collusion du pouvoir avec des dirigeants
religieux comme Fethullah Gülen; en Turquie, des groupes religieux ont en
effet une grande influence dans le milieu éducatif ; ils pointent les
manquements de l'éducation nationale, réclament une plus grande place pour la
religion à l'école et veulent la promotion du créationnisme musulman.
En 2013, Erdoğan doit faire face à un
vaste mouvement protestataire rassemblant plusieurs millions de personnes pour
manifester contre un projet immobilier qui aurait détruit le parc Gezi
d'Istanbul.
La répression policière lui est alors imputée, ainsi que des
critiques sur son autoritarisme.
Il est également accusé de visées islamistes,
illustrées par la possible reconversion du musée Sainte-Sophie en mosquée
Des scandales liés à des écoutes sur
des secrets d'État ainsi que la volonté du Premier ministre de fermer les
réseaux sociaux YouTube et Twitter sont également critiqués comme des atteintes
aux droits de l'homme ; Yaman Akdeniz, professeur de droit de l'Internet à
l'université Bilgi d'Istanbul déclare ainsi :« Le pays n'a jamais atteint de
tels niveaux de censure »
En juin 2014, un an après le début des
manifestations, Amnesty International dénonce le « harcèlement judiciaire et
policier » du gouvernement Erdogan, mettant l'accent sur la partialité de la
justice, la violation de la liberté de rassemblement et les violences
policières etc etc...
jdeclef12.08.2014 -
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