Parmi ses
revirements les plus spectaculaires, on trouve son rapport aux religions. Ses
idéaux républicains - maçonniques aussi - l'ont conduit à adhérer avec rigueur
à l'esprit de la loi de 1905. Il s'est acharné, longtemps, à défendre la
séparation des cultes et de l'État, mais également à promouvoir une
émancipation vis-à-vis de tous les dogmes religieux. Il a moqué « les
bigots et les Tartuffe ostentatoires », les invitant à pratiquer leur foi
dans la discrétion : « Faites ça chez vous, dans votre cœur, dans votre
pratique, montrez que vous êtes bon, et laissez-nous tranquilles. La France ne
va pas passer son temps à discuter des religions. »
Dans son dernier programme présidentiel, L'Avenir en commun,
il écrivait vouloir une République laïque, ajoutant que, lui président, il
refuserait de rencontrer des chefs d'État qui imposeraient à ses ministres
femmes le port du voile lors d'entretiens bilatéraux. Et, quand, sur le plateau
de L'Émission politique en 2017, il lui a été demandé si Marine Le Pen
avait eu raison de refuser de se couvrir les cheveux pendant son entretien avec
le mufti de Beyrouth, il a dit approuver ce refus. En 2015, sur la chaîne KTO,
celui qui se définit comme un « féministe » expliquait voir dans
le voile « un signe de soumission » . Les exemples sont nombreux qui le
mettent donc dans le camp des laïcs purs et durs.
Ferments de guerre civile. Mais voilà…
Les Mélenchon sont nombreux, qui se contredisent. Ce qui valait hier, même
prononcé avec la plus grande des forces, ne vaut pas forcément aujourd'hui.
Qu'est donc allé faire ce « laïcard », en novembre 2019, à la manifestation
contre l'islamophobie coorganisée par le Collectif contre l'islamophobie en
France - maintenant dissous -, au cours de laquelle des militants salafistes
ont scandé en arabe « Dieu est grand » ? Pourquoi, depuis quelques années, s'en
prend-il à Charlie Hebdo, alors même qu'il fut le formidable laudateur
de Charb, après l'attentat de janvier 2015, et qu'il avait milité, en 2002,
avec le journal satirique pour demander la dissolution du Front national ? Pour
quelles raisons voit-il dans la loi contre le « séparatisme » voulue par
Macron, non pas une volonté de lutter contre l'islamisme, mais contre l'islam ?
Pourquoi n'explique-t-il pas à ceux de ses camarades, qui jugent « racistes
» les dessins de Charlie Hebdo, ce qu'est le voltairisme, dont il
fut la plus éloquente des incarnations ?
Pour lui, nous raconte un de ses amis, la période comporte
des ferments de guerre civile, dont les musulmans seraient les premières
victimes : « Il a l'angoisse du désordre religieux. Il voit les choses en
historien et redoute que les musulmans en prennent plein la figure comme les
protestants hier. Quant à la manifestation contre l'islamophobie, il s'est fait
avoir, comme d'autres… » Il y a aussi, pour comprendre ses revirements, la
base sociologique de son mouvement qui exprime de fortes aspirations
identitaires, quand lui n'est, en réalité, jamais aussi à l'aise que sur des
questions sociales. Être Marx ou Luther King, il lui faut choisir. Il
reprochait, fut un temps, au Parti socialiste de ne plus jouer son rôle
d'éducateur des masses et de se laisser, au contraire, éduquer par l'extérieur,
en adhérant à des modes. N'est-il pas lui-même sujet à ce phénomène ?
Choc des civilisations. Né à Tanger en
1951, Mélenchon a grandi au milieu de musulmans. Bien que catholique, sa mère
portait le voile en certaines occasions. L'ancien trotskiste peine, depuis, à
dissocier la religion de ses fidèles, surtout lorsqu'il s'agit de l'islam.
Bouffeur de curés, oui, bouffeur d'imams, un peu moins. Que ce soit dans le
Maroc de son enfance ou dans cette France qu'il escompte un jour présider, il
voit les musulmans comme, socialement, les moins bien lotis. Partant, il estime
qu'on ne doit pas humilier un pauvre, fût-il un peu trop fanatique de sa religion.
« Je viendrais à convaincre quelqu'un qui porte un voile de ne plus le
porter, mais je ne le brutaliserais pas. » Celui dont les parents «
sont morts dans la foi chrétienne » se sent, en revanche, plus libre de
critiquer la religion du Christ, qui est celle de l'enfant de chœur qu'il
était.
Le « choc des civilisations » est sa hantise. Ces
mots, il les emploiera au sujet de Benoît XVI, après le fameux discours de
Ratisbonne au cours duquel le cardinal Ratzinger, ce « chef politique »,
semblait opposer l'islam et le christianisme en reprenant un dialogue entre
l'empereur byzantin Manuel II Paléologue et un savant perse. S'il fut le
premier à dénoncer, en 2014, la visite du pape François au Parlement de
Strasbourg, il garde pour ce pape une affection liée à ses origines
sud-américaines et à ses engagements sociaux dans les quartiers pauvres de
Buenos Aires. « Lui, il est avec nous », glisse-t-il parfois à ses
camarades.
La question sensible de l'immigration révèle également les
multiples visages de Jean-Luc Mélenchon. « Je crois que l'Europe qui a été
construite, c'est une Europe de la violence sociale, comme nous le voyons dans
chaque pays chaque fois qu'arrive un travailleur détaché, qui vole son pain aux
travailleurs qui se trouvent sur place », déclarait-il le 5 juillet
2016 au Parlement européen. « On m'a dit, ce jour-là : "T'as entendu
la dernière de Jean-Luc ?" Je n'y ai pas cru sur le moment », se
remémore un élu Insoumis. « Le pain volé aux Français », des mots plus
souvent entendus dans la bouche de militants d'extrême droite que dans celle
d'un homme de gauche qui, sur un tract de campagne en Essonne, dans les années
1990, présentait de « petits Français » avec un « papa sénégalais », une «
maman algérienne » et un « grand-père espagnol ». Le même Mélenchon fut
également à l'origine d'un scandale lié à une caricature sur l'immigration. En
1990, dans son bulletin À gauche , il publia un dessin censé dénoncer
la politique du Premier ministre, Michel Rocard. Jean-Marie Le Pen, Jacques
Chirac et Michel Rocard sont alignés devant un enfant noir effrayé et les trois
crient à l'unisson : « Mesures pour l'immigration. »
Odes à la fraternité. Ainsi est le
leader insoumis, vertigineux au possible, qui se laisse emporter par ses
pulsions, par son verbe, par ses vérités du moment et qui, prouesse, s'en sort
toujours indemne puisque présumé, malgré ses propos, bienveillant avec les
étrangers. Ses amis le savent, doivent composer avec, expliquer derrière aux
journalistes qu'il n'a pas dit tout à fait ce qu'il a dit, que sa pensée est
plus « complexe », comme ils l'ont fait à la suite des propos de leur
leader sur les attentats « écrits » de 2012 et de 2017. Le sexagénaire
heurte par moments une jeune génération d'élus et de militants Insoumis,
pourtant indulgente, qui a une sensibilité extrêmement vive sur les questions
du vivre-ensemble. Ceux-là ont été convaincus par ses odes à la fraternité, et
moins par ses propos sur le « problème » que poserait la communauté
tchétchène, prononcés - puis regrettés - après l'assassinat de Samuel Paty. Ils
ont aimé son discours de 2012, à Marseille, la ville où du Maroc il est arrivé
à 11 ans. Se tournant vers la Méditerranée, il avait salué, ému, l'apport des
populations du Maghreb et de l'Afrique subsaharienne. Mais où est sa cohérence
lorsque, dans Le Choix de l'insoumission, un livre-entretien paru en
2017, il exprime cette conviction : « Une fois que les gens sont là, que
voulez-vous faire ? Les rejeter à la mer ? Non, c'est absolument impossible.
Donc il vaudrait mieux qu'ils restent chez eux. » Une déclaration qui
n'est pas sans rappeler celle du Parti communiste français des années 1970 : «
L'immigration est une chance pour la France, mais est-elle une chance pour le
tiers-monde ? » Un jour oui, un autre non.
Il y a quelques mois, il prônait la « créolisation »
de la société. Ses sympathisants ont applaudi. Savent-ils seulement qu'il n'a
pas toujours été le défenseur d'un différentialisme culturel ? En 1985, tout
juste élu au Sénat, il réclamait un « droit à la ressemblance » pour
critiquer le « droit à la différence » mitterrandien qui avait cours dans
ces années-là. Le compagnon de route de Julien Dray, cofondateur de SOS
Racisme, précisait sa pensée en ces termes : « Exalter la différence, c'est
développer une idéologie de la frustration, c'est un baratin dangereux et
pleurnichard. » On sait combien la tentation est grande à la gauche du PS
d'abandonner l'approche sociale au profit des questions d'identités ethniques
ou de genre. Beaucoup réclament cette grande conversion. S'ils veulent
cependant connaître les dangers de l'ethnicisme, on leur recommande la lecture
d'une tribune signée Mélenchon, parue dans Marianne en 2000 : «
L'ethnicisme sous toutes ses formes est un obscurantisme. Il conduit toujours
tout droit à l'exclusion, au crime et à la guerre civile. » Il se voulait
alors le rempart contre les tentatives de fragmentation de la nation. Ministre
de l'Enseignement professionnel, il avait rejeté l'intégration des écoles
bretonnes Diwan dans le service public, au nom du « refus de l'enfermement
religieux mais aussi linguistique » .
Dangers du complotisme. Combien sont
donc les Mélenchon ? La question se pose aussi pour la science. La France, pays
de Pasteur, est travaillée par un fort sentiment complotiste qui se manifeste
aujourd'hui contre les vaccins anti-Covid. « Ce vaccin ne me rassure pas »,
a déclaré dans un premier temps le député Insoumis, qui n'ignore pas son
influence sur des Français qui n'ont pas toujours son niveau d'information,
ajoutant : « Je ne suis pas médecin, je ne suis pas épidémiologiste, je ne
sais pas, je sais juste qu'un certain nombre de conditions ne me semblent pas
respectées. » En 2001, dans Libération, il donnait pourtant
l'impression d'avoir saisi les dangers du complotisme : « L'obscurantisme
de notre époque, c'est l'ignorance de la science et de la technique. »
Idem en 2009 lorsqu'il invitait, sans aucune réserve, les Français à se faire
vacciner contre la grippe A (H1 N1).
Sur l'Europe, l'intégrationniste Mélenchon a laissé place au
souverainiste. Le 29 mai 2005, les Français rejettent le traité européen. Un
résultat dans le résultat intéresse particulièrement Mélenchon : 70 % des
classes populaires ont voté non. Il appelle à tourner la page de la «
social-bobocratie » . Grâce à l'Europe, le socialiste trouve enfin
l'oreille du peuple. Celle qu'il n'avait pas su trouver en 1992, lors du
référendum sur le traité de Maastricht, qu'il avait défendu. Dans L'Événement
du jeudi, cette année-là, il avait cosigné, avec Julien Dray et
Marie-Noëlle Lienemann, une tribune en faveur du traité européen et d'une «
nation européenne » - un texte digne du « souverainisme européen »
cher à Emmanuel Macron. « J'appelle cela de l'expérience, se défend-il
à présent. L'homme de gauche que je suis s'est trompé, même si je reconnais
que l'euro est une bonne protection pour notre monnaie. »
Déceptions. Il lui fallait surtout, à
l'époque, être loyal, ne pas déplaire à l'Élysée. Après s'être opposé à
François Mitterrand en 1991 et avoir obtenu de lui qu'il puisse être libre de
voter contre l'intervention militaire française dans le Golfe, il ne
s'imaginait pas décevoir une nouvelle fois celui qui est alors tout pour lui.
Mélenchon le surnomme encore « le Vieux » et s'abstient d'émettre la moindre
critique à son endroit. Même du fameux « tournant de la rigueur » de 1983, si
critiqué à gauche, il fait une autre lecture, éloignée de « l'exercice de
dénigrement habituel » (dixit l'Insoumis) : « C'était d'abord un moyen
pour Mitterrand de préserver les conquêtes de 1981. La France a été agressée
par le capital dès l'arrivée au pouvoir. » Parfois, lors de réunions avec
des Insoumis, il s'énerve d'entendre de jeunes militants critiquer la promesse
déçue de 1981. « Tu ne la veux pas ta cinquième semaine de congés payés ?
Donne-la à quelqu'un d'autre ! » Ce rapport à François Mitterrand a pesé
sur ses décisions et l'oblige, encore actuellement, à défendre l'héritage, en
dépit des déceptions et, parfois, contre ses propres convictions.
Mais, encore une fois, combien
sont donc les Mélenchon ? Les questions brûlent et méritent des réponses que
nous avons tenté d'obtenir, à travers des SMS, avec le risque que le candidat à
la présidentielle 2022 nous envoie de nouveau paître. Sa réponse : « Je ne
vous ai pas envoyé paître, car j'ignorais que vous paissiez. Je suis très
flatté par votre proposition. Cependant, je ne souhaite pas m'exprimer dans un
tract comme le vôtre. Merci de ne pas insister. » L'espoir nous est
cependant permis, puisque Mélenchon varie !
Grandeur et décadence de cet élu qui fut
ministre PS sous le gouvernement Jospin, qui maintenant a basculé en aboyeur de
foire tribun d’extrême gauche qui a créé ce parti LFI entrainant certains français
dans ces discours et meetings à grand spectacle !
Mais qui maintenant vient de confirmer son inutilité
comme vieux politicien médiocre empêcheur de tourner en rond à la limite
fauteur de trouble par ses diatribes déjantées vers des français qui peuvent s’y
laisser prendre, mais à la limite de l’anarchie par ses appels a l’action
envers le gouvernement en place et en plus « cerise sur ce gâteau avarié »
voudrait être président de la république ce qui d’ailleurs n’est pas le seul
politicien à espérer et vouloir la fonction suprême !
Il fait partie de ces politiciens élus ou non
qui ne servent à rien, sauf à semer discorde et désordre dans les esprits des français
lambda inutilement de par cette mauvaise politique politicienne !?
Donc il ne faut pas s’étonner si notre pays n’évolue
pas comme notre Veme république devenue obsolète qu’il faudrait changer pour
plus de vraie démocratie utile avec des libertés mieux encadrées pour éviter
les dérapages de plus en plus fréquents de vieux politiciens ringards qui aboient
pour se faire remarquer rien d’autre d’utile !
jdeclef 10/06/2021 10h59
Jdeclef 10/06/2021 10h46
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