2022 –
Qui sera le candidat de la droite ?
L’électorat
de droite détient les clés de la présidentielle. Enquête sur la bataille que se
livrent Pécresse, Bertrand et d’autres, dont un certain… Macron.
«Si on ne déconne
pas, cette élection présidentielle est pour nous : elle va se jouer à droite !
» se prend à
rêver tout haut un responsable éminent des Républicains. Simple bravade d'un
parti en manque de finances comme d'électeurs, ou réelle chance de percuter le
duel écrit d'avance entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron ? Force est de
constater que les scores cumulés des candidats de gauche dans les sondages pour
2022 plafonnent entre 26 et 28 %, à un niveau historiquement bas, quand
l'ensemble de la droite, Rassemblement national inclus, tangente la majorité
des suffrages. La France a-t-elle lentement dérivé vers la droite de
l'échiquier politique à la faveur des crises successives, des attentats qui
l'ont endeuillée depuis 2015 à la pandémie de Covid-19, en passant par la
révolte des Gilets jaunes ? « Les thèmes qu'on associe traditionnellement à
la droite reviennent à l'avant-scène, parce que le pays se décompose et qu'il
n'est plus possible de chanter le récit de la diversité heureuse, décrypte le sociologue et
essayiste québécois Mathieu Bock-Côté, auteur de La Révolution racialiste et
autres virus idéologiques (Presses de la cité), qui dresse le constat d'un « déclin
» français. L'insécurité n'est pas fictive, l'immigration
massive est vraiment devenue difficile à maîtriser et engendre une partition
implicite de la société, où se multiplient les zones de non-droit. Face à cela,
le pouvoir est paralysé par sa judiciarisation. »
Le marché
prédictif Hypermind- « Le Point » mise sur Bertrand
La
présidentielle est déjà pliée, si on en croit le marché prédictif Hypermind,
partenaire du Point. Pour les passionnés d'actualité
qui composent le panel de parieurs, Emmanuel Macron a 59,6 % de chances de
l'emporter, devant Marine Le Pen (16,3 %) et Xavier Bertrand (3,8 %).
Interrogée sur la personnalité qui représentera la droite, la communauté
Hypermind mise à 50 % sur le patron des Hauts-de-France, devant Michel Barnier
(12,7 %), Valérie Pécresse et Édouard Philippe (ex aequo à 11,8 %). Quant à François
Baroin , la probabilité qu'il soit en situation est évaluée à… 2 %. www.hypermind.com
Titanic. La droite, pourtant, peine à capitaliser
sur cette soif d'autorité, de radicalité, cette prédominance d'un sujet
identitaire commenté ad nauseam sur les chaînes d'information en
continu, CNews en tête, dont les talk-shows talonnent désormais ceux de BFM TV.
Faute d'avoir accompli leur aggiornamento sur les plans idéologique et
programmatique depuis la défaite de Nicolas Sarkozy en 2012, Les Républicains
semblent devenus un parti sans boussole, pire sans idées, où plus rien n'unit
un Européen libéral tel que Michel Barnier au champion de la triangulation
partisane Guillaume Peltier, favorable à une hausse de 20 % des bas salaires
comme à un retour à une forme de juridiction d'exception, sur le modèle de la
Cour de sûreté, abolie par la gauche en 1981. « Trop souvent,
la droite se contente d'être une gauche au ralenti ou, si l'on préfère, une
gauche pâle, strictement et platement gestionnaire, éreinte Bock-Côté, une vieille
barque usée qui prend l'eau, en plus d'être inrafistolable. » Un navire en perdition, sans cap
et dont beaucoup veulent sauter avant de percuter l'iceberg de 2022. Cette
demande de fermeté, Xavier Bertrand, seul candidat déclaré à ce stade à droite,
et Valérie Pécresse , sa principale concurrente, l'ont identifiée très tôt avec
leurs équipes rapprochées. Paradoxe, tous deux avaient rendu leur carte des
Républicains pour protester contre la ligne trop droitière d'un Laurent
Wauquiez , alors aux commandes du parti. « L'électorat
s'est déporté à droite sur les questions sécuritaires. Quand on teste des
mesures extrêmement répressives dans les sondages qualitatifs, le taux
d'adhésion est exponentiel, même chez les électeurs de Jean-Luc Mélenchon », explique un fidèle du président
de la région des Hauts-de-France, qui a frappé fort en proposant dans les
colonnes du Point une peine incompressible de
cinquante ans de prison pour les auteurs d'actes terroristes. Un raidissement
comparable à celui qu'avait connu le RPR après la défaite de Jacques Chirac à
la présidentielle de 1988. Fait symptomatique, tous les candidats putatifs de
droite à l'Élysée ont veillé à assister à la manifestation parisienne des
policiers le 19 mai devant l'Assemblée. « Tout le monde
se radicalise. Même Éric Ciotti est fiché S ! » se gausse un stratège de
l'Élysée, convaincu que la droite « raisonnable et
constructive », aujourd'hui incarnée au gouvernement par des personnalités comme Gérald
Darmanin ou Bruno Le Maire , a vocation à rejoindre en bloc Emmanuel Macron. La
fracture de la droite en région Paca, où la liste LR de Renaud Muselier a
accepté de fusionner avec celle de LREM pour faire barrage au RN, est perçue
comme une première victoire. « La recomposition politique amorcée par la
nomination d' Édouard Philippe en 2017 avance à grands pas. »
« France
éternelle ». D'où les constants signaux envoyés à cette frange de l'électorat
par le candidat officieux Macron , qui ne compte pas laisser Les Républicains
ni Marine Le Pen surfer, à onze mois du scrutin suprême, sur cette peur du
déclassement, cette angoisse existentielle sur la disparition possible de la «
France éternelle ». Plus qu'un glissement à droite, le président fait l'analyse
d'un « sentiment de dépossession ». « Les Français
ont l'impression d'avoir perdu la maîtrise de leur destin : la mondialisation
nous a percutés et l'Europe ne nous protège plus. Les deux tiers pensent qu'on
ne vit plus dans le même pays qu'avant, analyse l'un de ses tacticiens,
guère inquiet de la concurrence d'une droite « dévastée
idéologiquement, qui pense qu'il suffit de dire autorité et sécurité pour que
ça marche ».« Prenez la dernière cérémonie des César, on se dit : "Ce
n'est plus notre cinéma français !" Ça parle wokisme l'année qui suit la
mort de Michel Piccoli et Jean-Loup Dabadie. Regardez la candidate française à
l'Eurovision, à qui la compare-t-on ? À Édith Piaf, avec la gestuelle de
Jacques Brel.Il y a une demande de conservation positive. » Il n'est pas anodin que le chef
de l'État vienne d'accorder un entretien fleuve au trimestriel Zadig dans les
pas de François Mitterrand, feignant de connaître la moindre vallée, le moindre
ruisseau, de sa ville natale d'Amiens à ses terres d'enfance de
Bagnères-de-Bigorre, pour casser l'image d'un président techno et déraciné.
Outre les nouvelles manœuvres de déstabilisation de LR qu'il prépare en secret,
Emmanuel Macron veut s'adresser à l'électorat susceptible de se laisser séduire
par un candidat de droite . Il prend soin de traiter avec égards Nicolas
Sarkozy, qu'il a reçu le 31 mai. Le matin à l'Élysée, il a souvent l'œil rivé
sur L'Heure des pros, l'émission de l'éruptif Pascal Praud sur CNews. Son baromètre de
la nostalgie du pays. De même encourage-t-il ses ministres à coloniser les
médias de droite, aussi durs soient-ils, comme l'hebdomadaire Valeurs actuelles, auquel Marlène Schiappa et
Gabriel Attal ont accordé la primeur de certaines interviews. Les réformes
qu'il compte engager jusqu'à son entrée officielle en campagne début 2022,
enfin, seront autant d'assauts menés contre LR : du coup de pied qu'il veut
continuer à donner dans la fourmilière de l'appareil d'État, après avoir déjà
supprimé l'ENA et le corps préfectoral, à la réforme des retraites, qu'il
pourrait exhumer cet été pour fournir des gages de sérieux aux électeurs de
droite après la pluie de milliards du « quoi qu'il en
coûte ». « On a fait
mille fois pire que Mitterrand ! » s'exclame le chef de file des députés MoDem,
Patrick Mignola.
Échappée
belle. Le grand pari d'Emmanuel Macron ? Que la droite aura un problème
d'incarnation, faute de renouvellement de ses visages et de méthode prédéfinie
pour désigner son champion. « Ils font tous de la politique depuis vingt ans
! Le calcul que le président a fait en 2016, celui du renouvellement de la
classe politique, reste valable », veut croire l'un de ses proches. Une
difficulté supplémentaire que le premier des sarkozystes, Brice Hortefeux , à
jamais orphelin de son mentor, concède : « La droite
républicaine a un grand couloir de nage, parce que nous défendons ce que les
Français pensent. Le problème, c'est qu'on a une marque, une enseigne, mais pas
de coureur pour porter le maillot. » À l'Élysée, on mise sur une
bataille rangée à droite dès le 27 juin au soir, une fois les élections
régionales soldées, si aucune personnalité ne parvient entre-temps à s'imposer
dans les sondages. C'est le cas, pour l'heure : Xavier Bertrand , qui a tenté
l'échappée belle en se lançant dans la course dès la fin mars, fait certes la
course en tête dans les enquêtes d'opinion, mais peine à distancer ses rivaux
potentiels. Et l'ancien ministre de la Santé n'est pas à l'abri dans sa région,
où la macronie a aligné un bataillon d'assaut fort de cinq ministres et où le
RN menace de virer en tête, comme en région Paca. « Il peut y
avoir un accident thermonucléaire. Si l'un de nos candidats perd, cela
entraînera une redistribution complète des cartes à droite », alerte le député LR Fabien Di
Filippo, proche de Laurent Wauquiez . Faute de candidat naturel qui
s'imposerait à la rentrée, c'est une primaire qui départagerait les prétendants
à l'automne, sans que l'on sache encore si elle serait cantonnée aux seuls
militants LR, ouverte aux sympathisants ou à tous les Français comme lors de la
compétition interne de 2016.
Ticket à
l'américaine. Une perspective qui ravit le chef de l'État et ses soutiens,
convaincus qu'il s'agit d'une machine à perdre. « Un candidat
issu d'une primaire sanglante serait condamné à l'échec », édicte un de ses lieutenants. Et
s'ils avaient tort ? Si la droite était capable de surmonter ses divisions pour
ne pas passer son tour à la présidentielle pour la troisième fois consécutive ?
Et si la « droite la plus bête du monde » parvenait à s'unir en un effort
salvateur ? « On commet une erreur d'analyse sur la primaire
de 2016 : malgré tout ce qui a été dit depuis, François Fillon n'était pas si
clivant. Ce sont les affaires, avec le Penelope Gate, et son programme sur la
santé qui nous ont mis dedans », plaide le député LR et pécressiste Robin
Reda. « Une primaire ouverte donnerait un réacteur à la fusée et de la force à
un candidat, qui serait légitimé par 4 millions de votants », abonde l'eurodéputé LR Geoffroy
Didier , autre soutien de la présidente de la région Île-de-France. En
coulisses, un homme s'active pour que cette compétition se déroule, si elle a
lieu, sans haine ni reproches : l'incontournable Gérard Larcher . Fort de son
autorité de deuxième personnage de l'État, le président du Sénat se veut la
caution morale d'une primaire pacifiée et échange d'ores et déjà avec tous les
compétiteurs. L'objectif : constituer sans attendre une « dream team », une «
équipe de France » susceptible de former l'armature d'un gouvernement. Et que
le meilleur gagne. « Si Retailleau , Wauquiez , Barnier et Pécresse
y vont, Bertrand ne pourra pas refuser », parie un cadre LR. « Les élus de
base vont faire pression sur Bertrand et Pécresse pour qu'ils s'entendent », prophétise un sarkozyste
historique, qui rêve d'un ticket à l'américaine à la Joe Biden et Kamala Harris
: « S'ils y parviennent, c'est fini pour Macron ! »
Hélium. À moins que ne surgisse un homme
ou une femme providentiel(le). Dans les couloirs du 238, rue de Vaugirard
(Paris 15 e), siège des Républicains, l'idée d'une candidature de François
Baroin fait à nouveau son chemin. L'activisme du maire de Troyes, qui va
s'afficher aux côtés de candidats engagés dans les régionales, de Jean Rottner
dans le Grand Est à Hervé Morin en Normandie, intrigue. Fils spirituel de
Jacques Chirac, qui l'a pris sous son aile à la disparition brutale de son
père, proche de Nicolas Sarkozy comme du patron de LR, Christian Jacob ,
l'homme à la voix de velours pourrait tuer le match. « Il va
peut-être y avoir une offensive pour le regonfler à l'hélium, un baroud
d'honneur, mais je parie qu'il est trop tard », veut croire un pécressiste, que
l'hypothèse rend un brin nerveux.
Le
programme Fillon aux oubliettes
Le candidat
qui avait remporté le scrutin face à ses deux principaux concurrents
préconisait un programme drastique de réduction des dépenses publiques sur cinq
ans de 100 milliards d'euros. Une cure qui devait s'accompagner de la
suppression de 500 000 postes dans la fonction publique, soit un peu moins de
10 % des effectifs. À elle seule, l'Assurance-maladie devait supporter 20
milliards de coupes. Cela supposait une progression des dépenses de santé
inférieure à 2 % par an, bien au-dessous des 2,5 % atteints en 2019. Quant aux
allocations chômage, elles devaient devenir dégressives dans le temps. Sur les
retraites, l'ancien candidat de la droite proposait de repousser l'âge légal de
départ de 62 à 65 ans. Et la référence aux 35 heures dans le Code du travail
devait être abandonnée…
Après le
Covid… Avec la
crise du Covid, ce genre de programme n'est évidemment plus d'actualité.
Désormais, LR n'ose plus afficher de chiffre de suppression de postes dans la
fonction publique, même s'il assume vouloir s'attaquer au statut de la fonction
publique .
À l'époque,
le candidat qui avait le plus séduit l'électorat de droite misait sur un choc
fiscal pour faire repartir la croissance, avec 50 milliards d'euros de baisses
d'impôts, essentiellement centrées sur les entreprises, et en partie financées
par une augmentation de 2 points de la TVA. La priorité est aujourd'hui à
l'augmentation du pouvoir d'achat avec une division par deux de la CSG pour
augmenter les salaires de 5 %, sauf les plus élevés. Ce qui devrait coûter la
bagatelle de 34 milliards d'euros par an.
Pour autant,
LR n'a pas abandonné sa ligne pro-entreprises. À ce stade, le parti propose de
diminuer les cotisations patronales de 25 milliards sur l'ensemble des salaires
pour faire baisser le coût du travail. Le parti dirigé par Christian Jacob
prône toujours de repousser l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans.
Le temps de travail des fonctionnaires serait aligné sur le privé. Il mise
également toujours sur la lutte contre la fraude fiscale et sociale, ainsi que
sur une politique stricte de lutte contre l'immigration, dans la droite ligne
de François Fillon. En revanche, la réduction du déficit public n'est plus du
tout une priorité. Les Républicains semblent eux aussi convertis à l'argent
magique, tant leurs promesses de baisses d'impôts excèdent leurs mesures
d'économies sur la dépense.
Elle est comme le PS autre grand parti
de gauche qui n'a pas réussi de renaitre de ses cendres et végète
lamentablement !
Et bien sur la cerise sur ce gâteau
avarié il y a le RN ex FN et sa patronne M.LE PEN qui fausse cette mécanique politicienne
depuis 2002 à cause de cet avatâr qu’est son père JM LE PEN arrivé au 2eme tour
et donc encore une majorité de français ne veulent pas de cette extrême droite
et ce RN nouveau et le pli est pris !
Le problème tient à notre système électoral
de cette Veme république à réformer, à 2 tours qui fausse notre démocratie et
se termine toujours de la même façon le RN extrême droite et sa leader qui ne
peut battre le candidat qui lui est opposé en l’occurrence actuellement E.MACRON
en 2022 à moins !
Le seul pis-aller serait que les français
qui votent encore (pour ceux qui restent, car il y a de plus en plus d’abstention
de par la médiocrité des candidats de tous bords qui ne laisse pas beaucoup de
choix valables ?!)
Il faudrait qu’ils votent pour un(e)
candidat(e) sans s’occuper de l’étiquette politique du parti auquel ils sont
inscrits et ne se laissent pas influencer par les sondages pernicieux
médiatiques (mais là, il ne faut pas rêver connaissant la versatilité des
électeurs de tous bords ?!)
La France va mal, mais c’est de la faute
des français lambda qui ne prennent pas leurs responsabilités et manquent de
volonté !
Jdeclef 03/05/2021 13h15LP
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