« La
tambouille des partis, ça n’intéresse plus personne ! »
Après le
succès des régionales, les sympathisants des Républicains n’en restent pas
moins circonspects à l’approche de la présidentielle.
Qui
sont-ils ? Où vont-ils ? Malgré le triomphe des régionales, les
électeurs de droite restent déboussolés. À moins d’un an de la présidentielle,
ils se prennent à rêver que leur famille politique incarne une troisième voie
entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Mais le temps presse, et les
questions demeurent. Pourquoi s’abîmer dans un système de départage aux allures
de primaire quand l’union fait la force ? Faut-il pour autant se priver
d’un débat qui tranchera entre les lignes et les personnalités ? Paroles
du peuple de droite.
À Aix-en-Provence : « Nous, à droite, on est bonapartistes.
On a besoin d’un chef. Le projet… »
Renaud Muselier (LR), 71,39 % voix ; Thierry Mariani
(RN), 28,61 %. Le président (LR) sortant de Provence-Alpes Côte d’Azur a
réalisé 14 points de plus à Aix-en-Provence aux dernières élections
régionales que sur l’ensemble de la région – où il a réalisé un score global de
57,3 % suffrages contre 42,7 % pour son adversaire. La « ville
aux mille fontaines » est bien une terre de droite. D’ailleurs, la maire
sortante, Maryse Joissains, malgré des ennuis judiciaires (la promotion en
cadre A de la fonction publique territoriale de son principal collaborateur
serait illégale), a été tranquillement réélue en 2020, avec 43,53 % en triangulaire.
C’est dire qu’ici la question du départage des candidats pour
la prochaine présidentielle passionne. « Oui, il faut une primaire, lâche
Marc Altemer, 21 ans, étudiant en économie et en droit. Les militants
doivent avoir leur mot à dire. Nos idées sont travaillées, et les candidats à
la primaire sauront ne pas recommencer les erreurs du passé et ne pas se
déchirer publiquement. » « Une primaire ? Surtout pas,
s’exclame, pour sa part, Jean-Pierre Bouvet, retraité après avoir été élu
conseiller départemental pendant trente ans. Les candidats vont s’entre-tuer,
et le plus démagogue l’emportera. Mais il ou elle n’atteindra pas les
20 % nécessaires pour être au second tour de la présidentielle, ce qui
laissera Emmanuel Macron et Marine Le Pen en face à face. » Même si
la droite a un bon projet ? Il balaye l’argument : « Nous, à
droite, on est bonapartistes. On a besoin d’un chef. Le projet… » Il
laisse sa phrase en suspens, comme si celui-ci serait secondaire.
Si personne ne peut s’imposer à
droite, comment voulez-vous que ce candidat s’impose à la France ?Benjamin
Lariche, militant LR
Stéphane Paoli, adjoint à l’édile d’Aix, renchérit :
« Alors que la gauche a besoin d’un projet et de quelqu’un qui l’incarne,
à droite, on cherche plutôt l’homme ou la femme providentiel(le). C’est notre
tradition gaulliste. Et comme en ce moment, il n’y a aucun chef naturel qui se
dégage… » Alors, des primaires ? « Ce serait construire des
clivages artificiels sur des questions secondaires, alors que l’essentiel unit
les candidats. Et dans une primaire, ce sont toujours les électeurs de la
frange la plus raide qui se mobilisent le plus, désignant ainsi pour la
présidentielle un homme ou une femme qui ne convaincra pas la majorité des
Français. » Il milite, lui, pour un « panel, un large sondage
concernant uniquement les militants LR, qui mesurerait aussi les qualités des
candidats ».
Benjamin Lariche, 34 ans, qui milite « depuis
Sarkozy », est lui aussi favorable à un « panel » ou à une
primaire réservée aux seuls militants. Car « ce n’est pas Macron qui a
ruiné Les Républicains, c’est la dernière primaire. Si personne ne peut
s’imposer à droite, comment voulez-vous que ce candidat s’impose à la
France ? »
Pour Louis Isnardon, 70 ans, figure emblématique du
militantisme aixois, « malheureusement, la guerre des chefs a transformé
cette magnifique expérience de démocratie interne en grosse m…, qui a laissé
des blessures dans nos rangs jusqu’à maintenant ». Pour 2022, il est
dubitatif : « On était 994 militants sur la circo, on doit être
240 aujourd’hui. Peut-on faire une primaire avec si peu de militants,
quand on sait en plus que Xavier Bertrand n’y participera pas ? »
Présidentielle 2022 :
à droite, on se retrouve pour mieux se chercher
À Paris (15e) : « Le choix d’un candidat, ce
n’est pas une affaire de primaire ou de parti »
Assise sur un banc du parc Georges-Brassens, dans le 15e arrondissement
de Paris, Anne-Marie apprécie le petit concert donné sous une guinguette de
fortune. Accompagnée de son mari, Jean-Michel, cette préretraitée, électrice
d’une droite « libérale et traditionnelle », confesse avoir déjà voté
à gauche. Une seule fois. C’était en 2012 contre le président sortant
dont le style ne lui revenait plus et en raison de promesses non tenues. Neuf
ans plus tard, alors que la droite reprend des couleurs, elle affirme désormais
sa préférence pour l’ancien ministre de la Santé de Nicolas Sarkozy Xavier
Bertrand, tandis que Jean-Michel votera pour Emmanuel Macron « comme en 2017 ».
« Nous ne sommes pas toujours d’accord sur tout », reconnaît
l’élégant septuagénaire.
Son vote, lors des régionales, s’est porté sur Valérie Pécresse,
« parce qu’elle avait un bon bilan ». Un argument qui vaut aussi pour
Xavier Bertrand, tente de faire valoir Anne-Marie : « Nous pouvons
échapper à ce duel entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen si justement
nous sommes capables d’union. Ce qu’il a fait dans les Hauts-de-France me
semble plutôt rassembleur et positif. » Pour cette sympathisante de
droite, le souvenir de la primaire de 2016 pèse encore. Afin d’éviter
la fracture de son camp, mieux vaut, selon elle, privilégier l’homme fort des
sondages, Xavier Bertrand. C’est celui qui « fera la course en
tête », admet son mari, Jean-Michel : « Le choix d’un candidat à
l’élection présidentielle, ce n’est pas une affaire de primaire ou de parti. La
tambouille des partis, ça n’intéresse plus personne. Tout dépend de la valeur
intrinsèque des personnalités. » De ce point de vue, le choix du président
réélu des Hauts-de-France de s’affranchir des appareils partisans le
séduit : « C’est presque certain que je voterai Emmanuel Macron au
premier tour, mais, en cas de duel entre lui et Xavier Bertrand au second tour,
je voterai Bertrand. » Façon de réserver sa décision en l’absence d’une
candidature définitive à droite ?
Pierre Liscia : « La droite
peut être populaire sans être populiste »
À Bordeaux : « La droite ne se saisit pas assez des questions
écologiques »
À la terrasse de ce bar à vins situé à deux pas de la place des
Quinconces à Bordeaux, Chloé André, 27 ans, ne rechigne pas à afficher ses
convictions politiques. Verre de blanc à la main, la jeune entrepreneuse assume
son positionnement à droite. Aux régionales, elle a « évidemment »
voté pour l’éphémère maire (LR) de Bordeaux Nicolas Florian. Et, alors que se
profile la campagne présidentielle, cette électrice fidèle au camp conservateur
depuis sa majorité appelle de ses vœux à une primaire ouverte. « Avec tout
le monde, y compris Xavier Bertrand », insiste-t-elle. En 2012, la jeune
femme a voté Sarkozy aux deux tours, mais, en 2017, elle a refusé de glisser un
bulletin Fillon. Pas à cause de l’affaire des costumes, mais par rejet de certaines
positions de l’ancien Premier ministre. « Je suis de droite, mais Fillon
était bien trop conservateur sur les questions sociétales, comme
l’avortement. » En 2022, elle espère un candidat plus consensuel.
Xavier Bertrand ? « Peut-être, mais j’attends de lire ses
propositions pour me prononcer. » Parmi les préoccupations majeures
qu’elle entend retrouver dans le programme de la droite, Chloé André cite
« d’abord, la relance économique », puis, immédiatement après,
« la transition énergétique et écologique ». « La droite ne se
saisit pas assez des questions écologiques. C’est un manque criant qui lui
permettrait pourtant de toucher un électorat plus jeune. » La
sécurité ? « Après l’environnement », évacue-t-elle dans un souffle.
La droite doit d’abord répondre
aux inquiétudes quotidiennes des gens, l’emploi, mais aussi l’avenir
environnemental de leurs enfants.Anny
Bey, militante
Dans la station balnéaire huppée du Cap-Ferret, la conseillère
municipale d’opposition (divers droite) Anny Bey est loin d’être en désaccord
avec les propos de la jeune cheffe d’entreprise. À 58 ans, cette figure
politique du bassin d’Arcachon le martèle : « La sécurité, ça
suffit ! Ça doit être un élément du programme, mais ça ne peut pas faire
tout le programme ! » Et d’ajouter : « La droite doit
d’abord répondre aux inquiétudes quotidiennes des gens, l’emploi, mais aussi
l’avenir environnemental de leurs enfants. » Anny Bey, qui a milité
durant quatre décennies au RPR puis à l’UMP, dont elle a été la déléguée de circonscription,
ne supporte plus « les médiocres et les barons aux allures de diva ».
En clair ? « Exit Christian Jacob et François Baroin. » Aux
régionales, Anny Bey a refusé de donner sa voix à LR. Pas question de voter
pour la liste emmenée par son ennemi juré : Yves Foulon, le maire
sarkozyste d’Arcachon.
À l’orée de la campagne présidentielle, la militante est
inquiète : « Je connais trop ma famille politique et sa capacité à se
tirer une balle dans le pied à un moment ou à un autre. » Cette
anticonformiste exhorte sa famille à se donner un champion, sans plus tarder.
« Le peuple de droite auquel j’appartiens ne peut pas rester sans figure
tutélaire pendant des mois ! Il faut mettre en orbite un
candidat. » Grâce à une primaire ? « Pourquoi pas, à
condition que ce ne soit pas un duel entre François Baroin et Bruno Retailleau.
Pour que j’y participe, il faudra que Xavier Bertrand et Valérie Pécresse en
soient. » Pour 2022, le choix de notre Ferretcapienne est de
toute façon presque arrêté. « Ce sera Xavier Bertrand, car c’est
un gaulliste social. Mais j’attends quand même de voir de qui il va
s’entourer. »
Présidentielle 2022 : des ténors
de la droite en faveur d’une primaire ouverte
Retour à Bordeaux. Dans le quartier Caudéran, le plus huppé de la
ville, Cosette Foch n’en finit pas de se désoler de l’état de la droite. Cette
retraitée de 78 ans, passée par le RPR puis par l’UMP, a rompu avec le
parti en 2014. « Toujours écœurée » par le duel fratricide Fillon-Copé,
elle n’a jamais repris de carte. Elle observe, néanmoins, au jour le jour, la
vie de sa famille politique. « On n’a personne ! Pas de candidat
officiellement déclaré. On va encore une fois à la catastrophe. Le comportement
de la droite est décourageant et désespérant pour les militants. Malgré mes
presque quarante ans de militantisme, je suis déboussolée. » Le
résultat des élections régionales ? « Les sortants ont été réélus,
mais ce n’est pas suffisant pour dire que la droite est sauvée ! »
La présidentielle ? « C’est la première fois de ma vie que je ne sais
pas pour qui voter à dix mois du scrutin ! Baroin est trop mou. Wauquiez
est trop à droite. » Qui alors pour incarner la droite
républicaine ? Peut-être Xavier Bertrand. « Il me donne un peu
d’espoir. C’est le seul chez qui je sens une envie d’y aller. Il me semble plus
près des réalités et du terrain, plus proche des gens que les autres. Et quand
il s’exprime, tout le monde peut comprendre ce qu’il dit. Lui au moins ne parle
pas comme un énarque. » Reste le programme. « Il doit y avoir
deux grands thèmes. D’abord, la sécurité. Il faut absolument resserrer les
boulons, sans tomber évidemment dans l’extrême. Il faut aussi être plus
vigilant sur l’immigration. » Ce n’est pas tout. Colette Foch veut,
elle aussi, entendre parler de protection de l’environnement. « On va
avoir de très gros problèmes climatiques, et la droite n’en parle presque
pas. »
À Lyon : « À nous de montrer que l’on n’est pas la droite la
plus bête du monde »
Ils ont encore dans la tête la soirée du 27 juin au Selcius,
restaurant chic des bords de Saône, où Laurent Wauquiez célébrait son succès
aux régionales. « Cette victoire est due à la constance de Laurent
Wauquiez », se délectent Nicolas et Nathan, deux étudiants d’à peine
20 ans pour qui « le seul moyen de réussir, c’est le
rassemblement ». « Parce que, dans le fond, estime Nathan, il n’y a
pas de différences entre Wauquiez et Bertrand. » La primaire n’est pas en
odeur de sainteté. « C’est le meilleur moyen de nous diviser, puis de
perdre », renchérit un autre militant, la quarantaine. « La réalité,
c’est que Fillon aurait dû gagner ou au moins être au second tour. Mais ses
ennemis venaient de l’intérieur, poursuit-il. Maintenant, va-t-on réussir à
concilier les droites d’un Wauquiez, protectionniste et conservateur, d’un
Xavier Bertrand, plus social, et d’un David Lisnard, plus libéral ? »
Personne n’a encore la réponse, mais tout le monde voit bien qu’un espace s’est
ouvert pour LR. « Quand on se présente avec des valeurs claires, les
extrêmes reculent et on montre qu’on est bien plus à même de gouverner que LREM.
À nous de prouver que l’on n’est pas la droite la plus bête du monde »,
conclut un cadre du parti.
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Dans
ces aéropages de politiciens de tous bords usés qui ne pensent qu’à eux :
Il
y en a un qui (peut-être) peut faire l’affaire c’est BARNIER qui semble avoir
les pieds sur terre compétant et raisonnable !?
Mais
pour cela, il faudrait que les français lambda retrouve leur bon sens perdu
depuis longtemps et surtout qu’ils ne s’abstiennent pas de voter, ce qui est
improductif et ne peut pas leur apporter ce qu’ils demandent c’est à dire le
fameux changement en laissant de côté leur versatilité et culture du chacun
pour soi stérile !
Faute
de quoi ils se retrouveront avec ces scénarios lamentables que l’on revoit à chaque
élection présidentielle avec les mêmes qui en fait déçoivent depuis ces derniers
quinquennats et même avant, ce qui fait que le pays en plus végète, voire régresse
depuis des décennies par la faute d’une classe politique de tout bord médiocre,
mais surtout par les français qui mettent au pouvoir ces élus, en plus pas
toujours nets trainant aussi des casseroles d’affaires douteuses pour
certains !
Donc
pour résumer pour les français lambda, il faut enfin apprendre à mieux voter, car
cela devient indispensable !
Jdeclef
0707/2020 10h58
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