CRITIQUES DE BON SENS: Commentaires d'articles de presse sur fait de société ou politique du monde
jeudi 22 juillet 2021
Si elle veut coiffer au poteau les autres prétendants LR à la présidentielle :
Pécresse :
« Oui, je veux sortir la France de cet étau Le Pen-Macron »
EXCLUSIF.
Ordre, réussite, fierté française… Candidate à sa succession à la région
Île-de-France, Valérie Pécresse dévoile les lignes d’un projet très
présidentiel.
Il
y a un temps pour tout. » Cette phrase
bien connue de L'Ecclésiaste sied comme un gant à l'état d'esprit actuel de Valérie
Pécresse. Méthodique, la présidente de la région Île-de-France, candidate à sa
réélection en juin, franchit une haie après l'autre : les régionales d'abord,
pour lesquelles elle est donnée largement en tête face à une gauche dont l'une
des têtes d'affiche, Audrey Pulvar, est menacée de pulvérisation et un
Rassemblement national porté par la valeur montante du parti, Jordan Bardella.
Soucieuse de montrer aux électeurs de droite qu'ils auront le choix pour la
présidentielle, Valérie Pécresse nous livre ses solutions pour le pays, face à
un Emmanuel Macron qu'elle accuse d'avoir la main qui tremble et une Marine Le
Pen qui se repaît selon elle des problèmes des Français. Pas encore candidate à
l'Élysée mais déjà lancée vers 2022, elle regarde bien au-delà des frontières
franciliennes, comme en témoigne le long entretien sur les questions
régaliennes qu'elle nous a accordé. Une première pierre sur la longue route
qui, espère-t-elle, la conduira jusqu'aux portes du pouvoir. Un entretien
réalisé au mois de mai 2021.
Le Point :Des
militaires mettent en garde dans « Valeurs actuelles » sur une « guerre civile
» latente . Adhérez-vous au discours décliniste selon lequel notre pays serait
au bord du chaos ?
Valérie Pécresse :
Notre nation se déchire, elle se fissure. Nous avons perdu l'envie de vivre
ensemble, d'avoir un destin collectif, un ciment commun, parce que nous avons
perdu notre fierté française. J'entendais récemment le président préconiser une
« déconstruction » de l'histoire de notre pays. Eh bien, je prône précisément
l'inverse : nous devons engager une reconstruction française pour remettre
debout les repères qui forgent notre identité ! Reconstruire, c'est contrôler
nos frontières, réduire l'immigration et affermir nos valeurs pour les
transmettre à ceux que nous accueillons afin de mieux les intégrer. J'ai
expliqué après l'attentat de Rambouillet qu'il existait à mes yeux un lien
entre terrorisme et immigration. Cela a choqué, c'est pourtant la stricte
réalité.
Ne cédez-vous pas ainsi à une « lepénisation des esprits », sous
la pression électorale du Rassemblement national ?
Au contraire, c'est en refusant de voir la réalité en face qu'on
fait le jeu du RN. Je ne mets pas un signe égal entre immigration et
terrorisme. Il ne s'agit pas de mettre en cause l'immigration économique, de
travail, qui a tant apporté à notre pays dans les Trente Glorieuses. Mais je
constate, d'une part, qu'un attentat islamiste sur quatre a été commis par un
étranger. D'autre part, que trois attentats sur quatre sont le fait de
Français, dont l'immense majorité est issue de l'immigration, qui ont développé
une haine de la France. Il y a donc un lien indéniable entre terrorisme,
immigration incontrôlée et intégration ratée. Nous ne faisons respecter ni nos
frontières, ni nos valeurs. C'est la double peine. Il y a urgence à réviser la
directive européenne « retour » [celle qui permet le renvoi d'individus en situation irrégulière
vers un pays autre que celui où ils sont nés, NDLR] et à
instaurer une procédure d'asile à la frontière pour pouvoir renvoyer les
clandestins dans leurs pays d'origine. Cela doit être un mandat impératif pour
la présidence française de l'Union européenne en janvier 2022.
Emmanuel Macron pèche par angélisme sur les questions migratoires
?
Le jour où il accordait son entretien au Figaro
sur la sécurité [le
18 avril, NDLR], il préconisait sur la chaîne américaine CBS une «
déconstruction » de notre histoire. Sur les valeurs de la République, sur
l'autorité, sur la sécurité, le « en même temps » ça ne marche pas ! On ne peut
pas choisir son histoire de France. On ne peut pas choisir l'ordre à moitié. On
ne peut pas vouloir plus de sécurité « et en même temps » maintenir la culture
de l'excuse. Il y a deux angles morts dans la pensée du président. Le
premier : comment faire pour que l'immigration soit choisie et l'intégration
réussie ? Le second : la question de la sanction. Il ne suffit pas de dire
qu'on veut « plus de bleu » en augmentant les effectifs policiers, encore
faut-il que la réponse judiciaire soit au rendez-vous et que la peine soit
exécutée. Les juges de Bobigny se plaignent de prononcer des « peines fictives
», car jamais pleinement exécutées. En attendant les milliers de places de
prison promises, je propose d'aménager sans délai des bâtiments publics en
centres de détention et d'y placer des délinquants sous bracelet électronique,
pour les éloigner de leurs quartiers et les mettre hors d'état de nuire.
Vous sentez une colère chez les Français sur ces questions
d'autorité ?
Je pousse depuis plusieurs années un cri d'alarme qui n'est pas
entendu. Dès 2019, je réclamais un choc d'autorité. En 2018, je proposais un
vrai plan banlieue à Jean-Louis Borloo, chargé d'y réfléchir à la demande de
l'Élysée. Mais son rapport a été jeté à la poubelle avec cette phrase terrible
: « Ce ne sont pas deux mâles blancs qui vont régler les problèmes de la
banlieue. » En racialisant le débat, Emmanuel Macron a commis une faute morale
: celle de délégitimer les élus qui se battent au quotidien pour les habitants
des quartiers populaires. Résoudre cette fracture passera par une stratégie de
peuplement. Il faut arrêter d'ethniciser les quartiers. On a créé des ghettos
pour acheter la paix sociale, on a fait du séparatisme urbain. Résultat : le
tissu social s'est déchiré, comme en témoigne cette habitante de Montpellier
qui a dit au président que son fils ne savait pas « que Pierre est un vrai
prénom »… Seule la fierté française retrouvée et la laïcité seront les ciments
qui feront vivre Pierre et Mohammed dans le même quartier. Notre région est la
première à avoir établi une charte de la laïcité contraignante : l'association
qui refuse de l'appliquer ne reçoit pas un centime de notre part.
Comment mettez-vous en place cette « stratégie de peuplement »,
concrètement ?
Je demande d'engager un plan sur dix ans pour casser les ghettos,
en fixant une règle : pas plus de 30 % de logements très sociaux dans un
quartier , pour que les classes moyennes soient majoritaires. C'est ce que je
fais en Île-de-France et ça fonctionne. Nous devons déconstruire la doxa de
gauche du « toujours plus de logement social au même endroit », qui conduit à
concentrer toute la détresse sociale et les populations arrivées récemment et à
créer des ghettos. Comme l'a montré Christophe Guilluy, quand les classes
moyennes désertent un quartier, le niveau des écoles baisse. Or sécurité et
éducation sont les deux piliers pour engager la reconstruction française. Les
enfants qui grandissent dans les quartiers populaires doivent se dire : « Oui,
le rêve républicain, pour moi, c'est possible. » C'était d'ailleurs notre ligne
politique en 2007, sous Nicolas Sarkozy.
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