Pécresse :
« Oui, je veux sortir la France de cet étau Le Pen-Macron »
EXCLUSIF.
Ordre, réussite, fierté française… Candidate à sa succession à la région
Île-de-France, Valérie Pécresse dévoile les lignes d’un projet très
présidentiel.
Il
y a un temps pour tout. » Cette phrase
bien connue de L'Ecclésiaste sied comme un gant à l'état d'esprit actuel de Valérie
Pécresse. Méthodique, la présidente de la région Île-de-France, candidate à sa
réélection en juin, franchit une haie après l'autre : les régionales d'abord,
pour lesquelles elle est donnée largement en tête face à une gauche dont l'une
des têtes d'affiche, Audrey Pulvar, est menacée de pulvérisation et un
Rassemblement national porté par la valeur montante du parti, Jordan Bardella.
Soucieuse de montrer aux électeurs de droite qu'ils auront le choix pour la
présidentielle, Valérie Pécresse nous livre ses solutions pour le pays, face à
un Emmanuel Macron qu'elle accuse d'avoir la main qui tremble et une Marine Le
Pen qui se repaît selon elle des problèmes des Français. Pas encore candidate à
l'Élysée mais déjà lancée vers 2022, elle regarde bien au-delà des frontières
franciliennes, comme en témoigne le long entretien sur les questions
régaliennes qu'elle nous a accordé. Une première pierre sur la longue route
qui, espère-t-elle, la conduira jusqu'aux portes du pouvoir. Un entretien
réalisé au mois de mai 2021.
Le Point :Des
militaires mettent en garde dans « Valeurs actuelles » sur une « guerre civile
» latente . Adhérez-vous au discours décliniste selon lequel notre pays serait
au bord du chaos ?
Valérie Pécresse :
Notre nation se déchire, elle se fissure. Nous avons perdu l'envie de vivre
ensemble, d'avoir un destin collectif, un ciment commun, parce que nous avons
perdu notre fierté française. J'entendais récemment le président préconiser une
« déconstruction » de l'histoire de notre pays. Eh bien, je prône précisément
l'inverse : nous devons engager une reconstruction française pour remettre
debout les repères qui forgent notre identité ! Reconstruire, c'est contrôler
nos frontières, réduire l'immigration et affermir nos valeurs pour les
transmettre à ceux que nous accueillons afin de mieux les intégrer. J'ai
expliqué après l'attentat de Rambouillet qu'il existait à mes yeux un lien
entre terrorisme et immigration. Cela a choqué, c'est pourtant la stricte
réalité.
Ne cédez-vous pas ainsi à une « lepénisation des esprits », sous
la pression électorale du Rassemblement national ?
Au contraire, c'est en refusant de voir la réalité en face qu'on
fait le jeu du RN. Je ne mets pas un signe égal entre immigration et
terrorisme. Il ne s'agit pas de mettre en cause l'immigration économique, de
travail, qui a tant apporté à notre pays dans les Trente Glorieuses. Mais je
constate, d'une part, qu'un attentat islamiste sur quatre a été commis par un
étranger. D'autre part, que trois attentats sur quatre sont le fait de
Français, dont l'immense majorité est issue de l'immigration, qui ont développé
une haine de la France. Il y a donc un lien indéniable entre terrorisme,
immigration incontrôlée et intégration ratée. Nous ne faisons respecter ni nos
frontières, ni nos valeurs. C'est la double peine. Il y a urgence à réviser la
directive européenne « retour » [celle qui permet le renvoi d'individus en situation irrégulière
vers un pays autre que celui où ils sont nés, NDLR] et à
instaurer une procédure d'asile à la frontière pour pouvoir renvoyer les
clandestins dans leurs pays d'origine. Cela doit être un mandat impératif pour
la présidence française de l'Union européenne en janvier 2022.
Emmanuel Macron pèche par angélisme sur les questions migratoires
?
Le jour où il accordait son entretien au Figaro
sur la sécurité [le
18 avril, NDLR], il préconisait sur la chaîne américaine CBS une «
déconstruction » de notre histoire. Sur les valeurs de la République, sur
l'autorité, sur la sécurité, le « en même temps » ça ne marche pas ! On ne peut
pas choisir son histoire de France. On ne peut pas choisir l'ordre à moitié. On
ne peut pas vouloir plus de sécurité « et en même temps » maintenir la culture
de l'excuse. Il y a deux angles morts dans la pensée du président. Le
premier : comment faire pour que l'immigration soit choisie et l'intégration
réussie ? Le second : la question de la sanction. Il ne suffit pas de dire
qu'on veut « plus de bleu » en augmentant les effectifs policiers, encore
faut-il que la réponse judiciaire soit au rendez-vous et que la peine soit
exécutée. Les juges de Bobigny se plaignent de prononcer des « peines fictives
», car jamais pleinement exécutées. En attendant les milliers de places de
prison promises, je propose d'aménager sans délai des bâtiments publics en
centres de détention et d'y placer des délinquants sous bracelet électronique,
pour les éloigner de leurs quartiers et les mettre hors d'état de nuire.
Vous sentez une colère chez les Français sur ces questions
d'autorité ?
Je pousse depuis plusieurs années un cri d'alarme qui n'est pas
entendu. Dès 2019, je réclamais un choc d'autorité. En 2018, je proposais un
vrai plan banlieue à Jean-Louis Borloo, chargé d'y réfléchir à la demande de
l'Élysée. Mais son rapport a été jeté à la poubelle avec cette phrase terrible
: « Ce ne sont pas deux mâles blancs qui vont régler les problèmes de la
banlieue. » En racialisant le débat, Emmanuel Macron a commis une faute morale
: celle de délégitimer les élus qui se battent au quotidien pour les habitants
des quartiers populaires. Résoudre cette fracture passera par une stratégie de
peuplement. Il faut arrêter d'ethniciser les quartiers. On a créé des ghettos
pour acheter la paix sociale, on a fait du séparatisme urbain. Résultat : le
tissu social s'est déchiré, comme en témoigne cette habitante de Montpellier
qui a dit au président que son fils ne savait pas « que Pierre est un vrai
prénom »… Seule la fierté française retrouvée et la laïcité seront les ciments
qui feront vivre Pierre et Mohammed dans le même quartier. Notre région est la
première à avoir établi une charte de la laïcité contraignante : l'association
qui refuse de l'appliquer ne reçoit pas un centime de notre part.
Comment mettez-vous en place cette « stratégie de peuplement »,
concrètement ?
Je demande d'engager un plan sur dix ans pour casser les ghettos,
en fixant une règle : pas plus de 30 % de logements très sociaux dans un
quartier , pour que les classes moyennes soient majoritaires. C'est ce que je
fais en Île-de-France et ça fonctionne. Nous devons déconstruire la doxa de
gauche du « toujours plus de logement social au même endroit », qui conduit à
concentrer toute la détresse sociale et les populations arrivées récemment et à
créer des ghettos. Comme l'a montré Christophe Guilluy, quand les classes
moyennes désertent un quartier, le niveau des écoles baisse. Or sécurité et
éducation sont les deux piliers pour engager la reconstruction française. Les
enfants qui grandissent dans les quartiers populaires doivent se dire : « Oui,
le rêve républicain, pour moi, c'est possible. » C'était d'ailleurs notre ligne
politique en 2007, sous Nicolas Sarkozy.
Vous ne croyez pas si bien dire : il y a dans ces quartiers une
énergie entrepreneuriale qu'il faut encourager. Selon la façon dont on s'y
prend, on fera de ces jeunes des délinquants ou des atouts pour la France. Je
veux qu'être français soit synonyme de réussite. Ça passe par le travail, le
mérite et certainement pas un RSA jeune. La gauche a supprimé les bourses au
mérite pour les bacheliers défavorisés avec mention très bien. C'est l'inverse
qu'il faut faire ! C'est pourquoi nous leur distribuons des bourses de 1 000
euros, ainsi qu'aux décrocheurs scolaires qui décident de reprendre leurs
études. C'est un exemple de la France de la deuxième chance. Sécurité et
éducation, cela veut dire construire les places de prison qui manquent, mais
aussi assurer la formation des détenus. Je crois qu'une personne peut toujours
s'amender, se réinsérer. Nous devons être fermes avec le crime, mais tendre la
main à celui qui a payé sa dette.
Le RN surfe sur l'insécurité. Il accuse Emmanuel Macron de semer
le « chaos ».
Marine Le Pen prospère sur les problèmes. Elle ne veut pas les
régler, elle ne propose jamais de solution ! Lorsque nous avons voté le
bouclier de sécurité à la région - une convention unique en France avec le
ministère de l'Intérieur pour cofinancer des commissariats ou de la
vidéoprotection -, les élus du RN ont eu la tremblote : ils ont refusé de le
voter ! Le vrai rempart au Rassemblement national, c'est la droite
républicaine. Nicolas Sarkozy est le seul qui ait réussi à faire baisser le
vote FN, en 2007. Et c'est quand la droite assume ses valeurs d'ordre et
d'autorité qu'elle peut reconstruire la France. J'ai installé le siège du
conseil régional à Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis, à 300 mètres d'un
carrefour de la fourgue et du deal, pour envoyer un message de reconquête. Je
ne comprends pas pourquoi les ministères ne s'installent pas de l'autre côté du
périphérique !
Le Parlement débat du projet de loi sur le séparatisme. Vous ne
trouvez pas que le président a évolué sur ces questions depuis le début du
quinquennat ?
Son inconstance interpelle les Français : quel Emmanuel Macron
ont-ils en face d'eux le lundi, puis le mardi ? La France, ce n'est pas un
choix à la carte. On ne peut pas être un jour un président communautariste et
le lendemain afficher des positions chevènementistes. Moi, je trace un sillon
droit : celui des valeurs de la République et de la laïcité. La défenseure des
droits, saisie par le CCIF (Collectif contre l'islamophobie) - association
dissoute depuis l'assassinat de Samuel Paty -, me reproche d'interdire les
burkinis sur les îles de loisirs de la région. Les Verts et le Front de gauche
ont refusé de voter l'interdiction du burkini. Ils disent défendre les droits
des femmes mais acceptent leur soumission. Nous avons une partie de la gauche
islamo-gauchiste qui a perdu sa boussole républicaine. Si elle s'emparait de la
première région de France, cela conduirait au chaos. Je le dis clairement :
pour la gauche, ne pas poser une cloison étanche avec les Insoumis,
contrairement à ce que la droite fait avec le RN, c'est un poison mortel.
J'aime ma région, j'aime mon pays, et je constate que tous les
problèmes que j'ai identifiés dans ma région sont ceux de mon pays, donc je ne
vais pas me taire. Mon message sur l'autorité ou l'efficacité de l'action
publique est national. Ce que je fais pour la région, je le veux pour la
France. J'ai la conviction que les solutions de la droite sont les bonnes pour
le pays. Une droite qui assume ses valeurs : l'ordre - je suis une femme
d'ordre -, la liberté - j'ai quitté Les Républicains pour avoir une parole
libre -, la valeur travail et le mérite. Ces valeurs, on ne doit les laisser ni
à l'extrême droite, ni à Emmanuel Macron. Ma droite, c'est la droite
authentique, celle de Jacques Chirac à Nicolas Sarkozy, qui, parce qu'elle est
fidèle à ses valeurs, n'a pas peur de s'ouvrir. Quand la droite se rétrécit,
elle perd ; quand elle s'élargit, elle gagne.
Vous louez Sarkozy sur les questions régaliennes. Vous reprenez
aussi à votre compte ses propos de 2016 : « Dès que l'on devient français, nos
ancêtres sont gaulois » ?
Bien évidemment, car c'est notre roman national ! Il y a, dans le
rebelle Vercingétorix ou l'indomptable Jeanne d'Arc, le « Tigre » Clemenceau ou
le résistant de Gaulle, des destins universels pour vibrer ensemble. Les
Gaulois, c'est notre histoire, même si nous ne sommes pas tous gaulois.
Si vous remportez les régionales, vous vous présenterez à la
présidentielle ?
Nous faisons face à des enjeux régionaux importants, et je ne me
tromperai pas d'échéance. Aujourd'hui, mon engagement pour l'Île-de-France est
à 100 %. Si la région capitale devient décroissante, indigéniste et
islamo-gauchiste, ce sera dramatique pour tout le pays. Vous ne me détournerez
pas de ce combat.
Pourquoi ne pas le dire clairement, comme Xavier Bertrand ?
Vous vous posez des questions que je ne me pose pas. Elles ne se
posent pas tant que les Franciliens ne me renouvellent pas leur confiance.
S'ils ne le font pas, je quitterai la vie politique. Si je n'ai pas la
confiance de mes administrés après leur avoir donné six ans d'amour et
d'énergie, ce ne sera plus la peine pour moi de poursuivre. Oui, je veux sortir
la France de cet étau Marine Le Pen-Emmanuel Macron dont personne ne veut. Je
mettrai toute mon énergie pour que ce duel n'ait pas lieu. Ça passe par la
reconstruction d'une grande force politique de la droite et du centre, par la
constitution d'une équipe, le choix d'un leader, mais ce sont des sujets qu'il
faudra aborder en temps et en heure.
Pourriez-vous apporter votre soutien à Xavier Bertrand s'il était
le mieux placé pour éviter un nouveau match Macron-Le Pen ?
Toutes les ambitions sont légitimes. Quant à moi, je souhaite que
la droite porte un certain nombre de sujets dans les prochains mois, qui sont
les défis de la France contemporaine : immigration, intégration, banlieue, mais
aussi éducation, écologie et progrès. J'apporterai toutes mes forces à cette «
dream team » de droite que nous devons faire émerger pour éviter un remake du
second tour de la présidentielle de mai 2017.
Marine Le Pen peut-elle être élue présidente de la République ?
Oui. Quand le pays est en colère, il ne vote pas pour, il vote
contre. Son élection nous conduirait à la faillite économique et républicaine.
Les deux.
Les Marcheurs murmurent que vous avez vocation à devenir Première
ministre si Emmanuel Macron est réélu. Pouvez-vous nous dire, de la façon la
plus claire qui soit, que ça ne vous intéresse pas ?
Pour moi, c'est non. Parce que son projet n'est pas le mien. Parce
que le « en même temps » ne marche pas. Je ne sais pas faire de la godille
politique, ce n'est pas mon ADN. Ce n'est pas comme ça qu'on obtient des
résultats. À trop vouloir ménager la chèvre et le chou et à gouverner à coups
de sondages, certes on garde sa popularité mais on finit avec un bilan qui
n'est pas à la hauteur. Où sont les grandes réformes ? L'État est en faillite -
François Fillon l'a dit dès 2007 -, et nous avons réendetté la France de
centaines de milliards d'euros avec la crise du Covid. Oui, il fallait une dose
de morphine pour amortir le choc de la crise, mais comment enlève-t-on la
perfusion sans une réforme radicale de l'État, sans mettre fin à tous les
gaspillages, sans supprimer nos normes tatillonnes ? Il faut en finir avec
l'enfer bureaucratique qui nous met des boulets aux pieds.
Emmanuel Macron vient justement d'annoncer la suppression de l'ENA
…
Expliquer que la crise n'a pas été gérée par la faute des
énarques, quelle démission du politique ! Si la crise a été mal gérée, c'est
parce que les politiques n'ont pas su diriger leur administration. Je travaille
avec des fonctionnaires à la région, et je peux vous dire que ce sont des
machines de guerre avec une culture du résultat. Le gouvernement fait des
fonctionnaires et des corps de l'État les boucs émissaires de la défaillance
des politiques. C'est injuste. Si on baisse le niveau de recrutement de la
fonction publique, ce sera bien pire. Il n'y aura pas de reconstruction
française sans transmission aux jeunes de l'éthique du service public.
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Elle
doit s’y prendre maintenant, elle a raison de se porter candidate car en IDF
région de 12 millions elle est populaire et connue et l'a jusqu’à maintenant
gérée convenablement !
De
plus se décider avant une primaire LR que ce parti risque de refaire malgré l’échec
cuisant de ses leaders en 2017 est moins risquée car elle peut entrainer les
électeurs sur son nom !
Bien
sur une femme dans notre société machiste patriarcale est peut-être une
difficulté après l’échec de Ségolene Royal cette illuminée PS, mais la société
des français lambda a changé une présidente serait un vrai changement pour contrecarrer
ces kyrielles de vieux politiciens ringards que l’on subi depuis trop longtemps
et surement meilleurs que ceux qui nous gouvernent actuellement si médiocres y
compris le président actuel et son 1er ministre et gouvernement de
pattes cassées qu’on a pu juger lors de la crise sanitaire dans sa totalité vaccination
bâclée comprise et la gestion du pays !
Que
les français prennent ce risque pas si grand pour essayer enfin de changer se
serait surement un progrès !
Jdeclef
22/07/2021 18h36
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