Les coups
de blues du président Macron
CHRONIQUE. Annonces
dramatiques, bains de foule à hauts risques, lancement de projets personnels
presque unanimement critiqués… Que cherche Emmanuel Macron ?
MAIS
COMME IL Y A TELLEMENT DE GOGOS CHEZ CERTAINS FRANÇAIS QUI AVALENT TOUT VOTENT
SI MAL ET NE SAVENT PLUS FAIRE LES BONS CHOIX DEPUIS 40 ANS « LES CAROTTES
SONT CUITES » !?
Et maintenant, ce vendredi, un « conseil de défense », où sont
convoqués en urgence la Première ministre et quelques membres du
gouvernement : sur l'approvisionnement du pays en gaz et électricité.
Puis, six jours après, le Conseil national de la refondation ! Avec ce
nouveau projet, lancé fin mai – trois mois après l'entrée des chars
russes en Ukraine et un mois après sa réélection, avec 58,54 %
des voix –, on a cru comprendre qu'il s'agissait, pour Emmanuel Macron,
de résistance. Comme pour de Gaulle en mai 1943, lorsque – le maréchal
Pétain et son gouvernement, installés à Vichy, s'étant soumis à l'ennemi – le
Général décidait, avec son délégué en France Jean
Moulin, d'unifier tous les mouvements de résistance intérieure sous la
bannière d'un Conseil national de la résistance.
Mais résistance à quoi ? Aux canicules ? Aux crises économiques et
sociales annoncées ? À Vladimir Poutine et à ses
alliés ? Personne n'a très bien compris pourquoi, en pleine crise
internationale, alors que les Français ont élu de nouveaux députés, alors que
l'Assemblée nationale a commencé à débattre jour et nuit et qu'un nouveau
gouvernement, avec à sa tête une femme respectée, Élisabeth Borne, vient à
peine d'entamer une tâche immense de reconversion économique et de réconciliation
nationale, le président de la République, non content de dresser contre
lui les diplomates par sa réforme du Quai d'Orsay, souhaitait maintenant créer,
en dehors des institutions de la République, « une instance de dialogue
réunissant toutes les forces politiques, économiques et sociales du pays pour
plancher sur les grands défis à venir ».
Son lancement est annoncé
pour le 8 septembre. Beaucoup y voient la marque d'une défiance
tenace de l'Élysée à l'égard du Parlement et des élus en général. D'ailleurs,
les Insoumis, le Rassemblement national et les Républicains ont déjà annoncé
leur refus de participer à ce nouveau « machin ». Le président du
Sénat, Gérard Larcher, troisième personnage de l'État, a fait savoir
qu'il condamnait cette initiative : « Vouloir réunir dans une
même instance des parlementaires, seuls constitutionnellement habilités à voter
la loi et contrôler l'exécutif, et des représentants de la société civile,
a-t-il écrit au chef de l'État, ne peut qu'aboutir à une confusion des
rôles. » L'ancien Premier ministre, Edouard Philippe, sera lui aussi
absent.
Macron : une refondation aux fondations très
incertaines
Pas
de grand rabougrissement !
Mais voilà. On dirait que c'est, pour Macron, une façon de se convaincre
qu'il reste maître du jeu. Un moyen, aussi, d'inquiéter les gens « en
place »… ou de réduire le rôle d'un Parlement dont il se méfie et même
d'élus régionaux et locaux dont il a pourtant tenté, à la fin de son précédent
quinquennat, de se rapprocher. En juin 2020, déjà, alors qu'il disposait encore
d'une écrasante majorité au Parlement, le maître de l'Élysée lançait ainsi une
« Convention citoyenne du climat ». Voulant ignorer qu'une commission
paritaire travaillait depuis des mois au Sénat sur le thème « Climat et
résilience », il invitait dans le parc de son palais 150 citoyens,
hommes, femmes de toutes régions, qui avaient « planché » durant des
semaines sur des sujets aussi vastes et nombreux que la bétonisation de
l'espace, un plan de biodiversité et la transformation écologique. Le président
partageait, disait-il dans un discours prononcé debout au milieu de la pelouse,
face à des invités sagement assis sur des chaises de jardin, leur objectif de
justice sociale. Mais sans vouloir taxer les dividendes et cesser d'attirer les
capitaux.
« Mon projet, clamait-il le
16 avril 2022 en manches de chemise au milieu d'une vaste scène
circulaire, face au Vieux-Port, est de réconcilier au lieu de diviser.
Je veux complètement refonder. Je veux que ce soient cinq années de
renouvellement complet, une réinvention, une nouvelle ambition. Nous avons bâti
une civilisation et une culture, une volonté de toujours porter cette voix
unique à l'égard du reste du monde. … » La guerre d'Ukraine avait
commencé. Mais à Marseille, où il tenait son grand meeting de
l'entre-deux-tours de la présidentielle, Macron semblait avoir retrouvé
l'enthousiasme de 2017. « Cette fierté française, clamait-il, c'est
cela ! Ce n'est pas le grand rabougrissement, la grande division, la
grande séparation, qui consisterait à dire à des enfants nés sur notre sol
qu'ils n'ont plus leurs droits… »
Sang et larmes
Est-ce le choc des résultats électoraux ? La prise de conscience qu'il n'arriverait décidément à rien en palabrant durant des heures au téléphone avec Poutine ? Ou les chiffres qui tombent, annonçant des lendemains économiques et sociaux plus rudes que prévu ? Quatre mois presque jour pour jour après le vibrant discours de Marseille et avant même de quitter le fort de Brégançon, où il laisserait à regret son jet-ski de jeune homme conquérant, le président réélu adoptait soudain un ton pessimiste. Au grand dam de son ministre de l'Économie Bruno le Maire, qui s'évertue à nous expliquer que la croissance repartira l'an prochain, il jouait « sang et larmes » façon Churchill. À Bormes-les-Mimosas le 19 août, il nous recommandait une « force d'âme pour résister aux incertitudes ». Puis, à peine de retour à Paris, et alors qu'il s'apprêtait à s'envoler pour Alger avec une impressionnante escorte, il multipliait les mises en garde. Dans une longue tribune publiée par l'hebdomadaire Challenges, il promettait de « défendre les finances des ménages français et de rénover nos institutions politiques ». Mais aussitôt, en ouverture du conseil des ministres de la rentrée, il sonnait « la fin de l'abondance, mais aussi des évidences et de l'insouciance » et insistait : « Je crois pour ma part que ce que nous sommes en train de vivre est plutôt de l'ordre d'une grande bascule ou d'un grand bouleversement. » Cette volontaire dramatisation visait-elle à lui donner l'allure d'un chef de guerre, au lendemain de la publication d'un sondage (Ifop) indiquant pour la première fois que la popularité de la Première ministre Élisabeth Borne dépassait, avec 41 % de satisfaits, celle du président qui l'avait nommée comme à regret ?Emmanuel Macron, le président et le jet-ski
Les trois jours en Algérie sans sa femme Brigitte allaient être une pénible
épreuve. Négocier, sans trop l'avouer, de futures livraisons de gaz. Accepter,
sans que cela se sache trop, l'accueil de futurs travailleurs algériens,
alors qu'une majorité de Français, de plus en plus proches sur ce point des
positions du RN, le refusent désormais. Aller jusqu'à Oran –
700 kilomètres aller-retour – pour y rencontrer des musiciens et promettre
d'accueillir en France des artistes avant de revenir à Alger signer un accord
avec le président Abdelmadjid Tebboune. Et soudain, bravant les consignes des
services de sécurité algériens et les réticences de ses propres gardes du
corps, faire arrêter sa voiture et en descendre sous les cris pour serrer
des mains, mais aussi affronter des insultes. C'était une folie. Sa femme
Brigitte le lui dirait à son retour, comme elle le lui dit chaque fois qu'en
France il plonge ainsi, souvent pour d'interminables minutes, dans une
foule mêlée et parfois menaçante. Mais c'est sa façon de se prouver qu'il
est libre. Et capable de défier tous les dangers.
Diplomatie de la culture face à la diplomatie de l'islam
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