Monde
ANALYSE
John Ellis Bush, surnommé Jeb, s'est lancé
officiellement dans la course à la présidentielle américaine de 2016...
Présidentielle
aux Etats-Unis: Jeb Bush, au nom du père, du frère et des républicains
Pourtant, la réussite de sa carrière politique est
pour beaucoup due à ses origines familiales. Sans les réseaux construits par
son grand-père, Prescott Bush, sénateur du
Connecticut, puis par les deux George Bush, Jeb n’aurait pas l’envergure
politique qu’il a aujourd’hui. « Tout le monde dans le Parti républicain
leur doit quelque chose, résume
Nicole Bacharan, historienne et politologue spécialiste des Etats-Unis.
Et Jeb Bush bénéficie de fait d’une notoriété immense chez les Américains, ce
qui est loin d’être le cas de ses adversaires à l’investiture. »
« Le fait dynastique »
Mais c’est une notoriété à double tranchant… « Au
sein même de son parti, beaucoup considèrent que c’est le
passif de l’ère W. Bush qui a grevé les élections de 2008
et 2012 », détaille François
Durpaire, historien des Etats-Unis. En outre, « nombre
d’Américains sont heurtés par le fait dynastique, que le pouvoir présidentiel
soit phagocyté par quelques familles », analyse Nicole Bacharan. Et comme
il est déjà presque
certain qu’Hillary Clinton va être investie chez les démocrates…Alors, pour ne pas créer de sentiment de déjà-vu chez les électeurs, Jeb Bush tente de mettre en avant d’autres aspects de son histoire personnelle. Tout d’abord, son expérience politique, en tant que gouverneur de Floride de 1999 à 2007. Un Etat d’une grande importance pour l’élection présidentielle : c’est l’un des swing states qui a voté démocrate en 2008 et 2012.
Le plus centriste des candidats
Ensuite, sa crédibilité pour le vote hispanique. Marié
à une Mexicaine depuis ses 21 ans, il est complètement bilingue. Un avantage
non déterminant pour les primaires, puisqu’au moins l’un de ses grands
concurrents, le sénateur Marco Rubio, est d’origine cubaine. « Mais on
sait que ce vote fut décisif lors de l’élection de 2012, et les républicains ne
peuvent pas faire deux fois la même erreur », explique Nicole Bacharan. Plus
généralement, ses prises de position sur la question de l’immigration – il s’est déclaré favorable à demi-mot
pour une régularisation massive – le mettent à part sur l’échiquier
politique républicain. Il est le plus centriste des candidats, et donc le plus
crédible pour la présidentielle.Pour le reste, du point de vue économique, il a la confiance des milieux des affaires ; du point de vue des mœurs, il est catholique et très conservateur. « Beaucoup de choses vont se jouer dans “l’effet primaire” : je vote pour celui que j’aime ou celui qui a le plus de chances d’être élu, explique François Durpaire. Le choix de la raison a déjà été fait en 2012, le centriste Mitt Romney l’ayant emporté alors que le Tea Party était en pleine ascension. »
« Quelque chose d’hésitant chez lui »
La grande inconnue réside donc dans l’attitude du
candidat. Par le passé, Jeb Bush a montré des signes de faiblesse, notamment en
1994, alors qu’il tombe en dépression après son échec à l’élection du
gouverneur de Floride. Et puis il n’exerce plus de mandat depuis 2007, ayant à
l’époque clamé ne pas souhaiter prendre la suite de son frère. « Je ne
suis pas sûre qu’il ait les épaules pour aller au bout d’une campagne pour
l’élection présidentielle, lance Nicole Bacharan. Il y a quelque chose
d’hésitant chez lui. Ce n’est pas un grand orateur capable de soulever les
foules, sa femme était ouvertement contre sa candidature… Il faut être
increvable, avoir la niaque pour gagner ! Au fond, sans ce nom, il ne
serait pas un candidat sérieux. »--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
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