Macron et l'armée : les militaires "écorchés"
par un "président à poigne"
La presse de ce samedi revient largement sur les reproches
formulés par le président de la République au chef d'état-major des
armées Pierre de Villiers.
Ce
samedi 15 juillet, la presse nationale et locale a consacré de
nombreux articles à la tension qui oppose Emmanuel Macron et le chef d'état-major des
armées.
Le Figaro
(Guillaume Tabard)
« [...]
C'est en quelque sorte à domicile
que Villiers s'est fait recadrer. Devant ses pairs, devant les siens. Par les
mots utilisés ensuite : pas digne,
je n'ai besoin de nulle pression et de
nul commentaire, rappel au sens
du devoir et de la réserve. Et bien sûr ce je suis votre chef qui sonne comme une injonction à rentrer dans
le rang séance tenante. C'est vrai, le président de la République est le chef
des armées. On se souvient, autour d'un même 14 Juillet, Jacques Chirac rappelant à
propos de son ministre des Finances, un certain Nicolas Sarkozy, qu'en
matière de budget militaire je décide,
il exécute. Mais alors, on était dans le rapport de forces politiques.
Là, c'est le lien hiérarchique qui est rappelé. Et on a du mal à imaginer que
ce qui est à proprement parler une humiliation ne soit pas intentionnel.
[...] »
Courrier Picard
(Bertrand Meinnel)
« [...]
Une réaction publique brutale qui tranche avec ce que le nouveau président
cherchait à mettre en scène depuis des mois. Certes, il réaffirme ainsi la
primauté du pouvoir civil sur l'autorité militaire, la renvoyant à son rôle de
grande muette. Et il confirme que le jeune homme bien élevé a aussi vraiment du
caractère : celui d'un président à poigne. Les prochains qui voudront
sortir des rangs sont avertis. [...] Surtout, cette intervention s'ajoute à la
litanie des reproches sur la stratégie de communication du président ; sur
ses équipes totalement dévouées au chef et repliées sur elles-mêmes et leurs
certitudes ; sur des ministres techniciens et sous contrôle étroit ;
et sur une majorité parlementaire de députés débutants et entièrement aux
ordres. [...] »
L'Union/L'Ardennais
(Hervé Chabaud)
« [...]
Ces militaires salués et félicités pour ce qu'ils font ici et ailleurs, mais
écorchés et malmenés par le discours d'un président qui pense mieux porter les
étoiles que ses généraux ont été magnifiques de retenue. S'il y a eu une
rupture, elle a été silencieuse. Dans la profondeur des regards, il y avait
cette colère glacée de ceux qui donnent tout et auxquels on n'accorde que le
droit de se taire et d'obéir en disant merci tout en ayant de moins en moins
pour agir juste. Sans doute est-ce en cela que la vision présidentielle est
renouvelée et tant pis pour ceux qui sont écorchés dans leur uniforme.
[...] »
Sud-Ouest
(Christophe Lucet)
« [...]
Le jeune président, qui n'a ménagé aucun geste et aucun symbole pour endosser
l'uniforme de chef des armées, a pourtant choisi ce moment pour rappeler
durement la grande muette à son devoir de réserve. Et ce silence dans les rangs intimé aux
généraux à travers Pierre de Villiers, assorti d'un je suis votre chef bien senti, pose question. Depuis sa prise de
fonction, Macron a montré de l'autorité naturelle. Était-il besoin de recadrer
à ce moment précis et aussi sèchement un chef d'état-major qui est intervenu
dans le débat budgétaire à la demande des députés, et n'a fait que répéter, en
termes certes crus, ce qu'il dit depuis longtemps sur les besoins d'une armée
handicapée par l'usure des matériels alors que ses missions - extérieures
et intérieures - n'ont jamais été si lourdes ? Macron a jugé qu'il en
allait de sa crédibilité et a choisi d'éteindre la première flamme de
contestation sans s'attarder sur l'effet psychologique négatif que ce coup de
menton peut avoir sur un moral des troupes déjà entamé par les difficultés du
terrain et par le manque de moyens. [...] »
Charente libre
(Dominique Garraud)
« [...]
Depuis sa prise de fonction, Emmanuel Macron se met
souvent en scène sur les scènes militaires, en sous-marin, au Mali, dans les
hôpitaux auprès des blessés, peaufinant l'image d'un chef proche de ses troupes, reconnaissant et admiratif. Après la
douche écossaise des coupes budgétaires, il a promis une relance de l'effort de
défense dès l'année prochaine pour atteindre 2 % du PIB en 2025. En
attendant, les responsables militaires ont le choix entre l'obéissance et la
démission. La bienveillance
macronienne a ses limites auxquelles la hiérarchie militaire n'est certainement
pas la dernière à devoir se confronter. »
L'Est républicain
(Philippe Marcacci)
« [...]
Cela aurait été parfait s'il n'y avait eu, en plein jour d'hommage militaire,
la polémique sur le tour de vis imposé au ministère de la
Défense. Par deux fois, Pierre de Villiers, le chef d'état-major des armées,
est monté au front pour indiquer son désaccord : comment peut-on
imposer 850 millions d'euros de restrictions (le plus gros effort
demandé à un ministère) au moment où, face au terrorisme, l'engagement atteint
des sommets ? Ce qui a déclenché les foudres de Jupiter. Silence dans les
rangs a exigé Emmanuel : Je suis
votre chef. Personne ne discutera ici l'un des fondements de la
République : la prédominance du politique sur le militaire. Reste que,
après le temps du cérémonial et de l'international [investiture, G7, G20 et 14 Juillet],
l'exécutif va maintenant devoir prendre les dossiers à bras-le-corps. Le budget
sur lequel il a semblé bien hésitant, la loi travail... Et, dans cet été de
tous les dangers, lors de ses premiers pas qui comptent tant, il faudra plus
qu'un coup de menton pour imposer ses vues. »
La Nouvelle République du
Centre-Ouest (Denis Daumin)
« [...]
Fallait-il déplorer, l'avant-veille du défilé, la disette budgétaire annoncée
comme l'a fait Pierre de Villiers, notre très chevronné chef
d'état-major ? Le couac
était programmé sans doute. Le jeune président qui a vite appris la musique a
redonné le temps, le ton et la mesure. Silence dans les rangs, une seule tête,
la sienne, gauche-droite, gauche-droite,
la troupe, remise au pas, est en marche, évidemment. »
La Montagne
(Florence Chédotal)
« [...]
Au passage, Macron a en commun avec eux le fait d'être extrêmement chatouilleux
si son autorité vient à être contestée. La Grande Muette en a fait les frais.
D'autres avant. Mais l'excès d'autorité sonne parfois comme un aveu de
faiblesse. Macron, qui avait pourtant ouvert grand les fenêtres pour aérer,
devra sans doute se montrer vigilant pour ne pas jeter une chape de plomb sur
la vie politique, en cherchant à mettre au pas et réduire au silence tout ce
qui bouge. Car la vie n'est pas que transcendance. Parfois, le retour au réel
est brutal. En mettre plein la vue ne peut durer qu'un temps. »
L'Éclair des Pyrénées
(Michel Bassi)
« [...]
Cette affaire inspire deux réflexions. La première a trait à l'exercice de
l'autorité. Le danger qui guette ceux qui en sont investis est de tomber dans
l'autoritarisme. Est-ce irrespectueux de dire que ce danger menace Emmanuel
Macron ? Et ce danger est d'autant plus visible que la cause paraît juste
à nos concitoyens. Certes, le président a promis que l'an prochain les crédits
pour la Défense augmenteraient sensiblement. Mais l'impression, fâcheuse,
demeure. La seconde réflexion a trait à la communication présidentielle. Que
Macron veuille la verrouiller peut se comprendre. Mais la méfiance qu'il
manifeste à l'égard des journalistes présente des inconvénients au simple plan
de l'information à laquelle le peuple a droit. [...] »
Journal de la Haute-Marne
(Patrice Chabanet)
« [...]
Visiblement, la leçon a déjà été retenue. À Nice et dans toutes les villes où
l'on a célébré le 14 Juillet, la sécurité a été nettement renforcée.
Daech n'a pas pu empêcher notre pays d'observer son rituel républicain et son
art de vivre. On peut d'ailleurs se demander si les massacres commis par cette
mafia islamiste n'ont pas encouragé les dirigeants des grandes puissances à
accélérer la prise de Mossoul et, bientôt on l'espère, de Raqqa. Il ne faut
jamais l'oublier : la mort répandue à Nice avait germé là-bas. »
Courrier de l'Ouest
(Marc Dejean)
« De
la fête assassinée à la commémoration nationale. D'un 14 juillet à
l'autre, Nice et ses 86 morts méritaient, hier, cet hommage du pays
et les témoignages de compassion mêlant officiels et anonymes. Un an après le
tragique attentat, il faut se souvenir de toutes ces vies fauchées. Comme il
convient de se remémorer le chemin déjà parcouru depuis le massacre de la
promenade des Anglais et les autres drames. La France meurtrie à plusieurs
reprises se sentait alors en guerre.
[...] »
Dernières Nouvelles d'Alsace
(Pascal Coquis)
« [...]
De sommets mondiaux en réceptions de dignitaires étrangers de premier plan
(Poutine, Trump), Emmanuel Macron semble dessiner les contours de ce qui est
déjà une politique étrangère. Peut-être y a-t-il même là les prémisses d'une
doctrine. L'ambition de se positionner en médiateur est en tout cas évidente.
Accueillir de façon aussi ostensiblement chaleureuse un Donald Trump totalement
isolé, ce n'est pas seulement faire acte de civilité. C'est tendre un fil de
vie et éviter au locataire de la Maison-Blanche de se couper du monde, en tout
cas de l'Europe. Parce que, qu'elle le veuille ou non, l'Europe ne peut se
couper des États-Unis. Pour la France, cela revient à se positionner au centre
du jeu, de redevenir sinon un acteur important du concert des nations à tout le
moins un interlocuteur incontournable. »
Ouest-France
(Michel Urvoy)
« [...]
Certes, Donald Trump reste imprévisible, mais on ne peut le laisser isolé.
Emmanuel Macron a bien raison de saluer nos amis américains et de susciter
ainsi chez Donald Trump cette solidarité entre nous qui contribue à bâtir la
paix dans le monde. C'est donc une nouvelle vision de la France que le
président américain va remporter chez lui, après cette visite éclair. Ainsi, de
jour en jour, la France redevient la France, non pas hautaine, méprisante,
repliée sur elle-même, mais la France généreuse, ouverte, bâtisseuse de paix,
la grande Nation ! »
Le Monde
(Éditorial)
« [...]
L'autre différence est que les gouvernements démocratiques se battaient pour
Vaclav Havel, Nelson Mandela et Andreï Sakharov. Les opposants aux régimes
totalitaires étaient des causes célèbres en Occident. Il ne se passait pas un
sommet ni une conférence internationale sans que leurs noms soient évoqués. Des
négociations au plus haut niveau étaient ouvertes pour tenter d'obtenir leur
libération, l'amélioration de leurs conditions de détention, voire leur
échange. Cette ère-là est révolue. Au G20 de Hambourg,
les 7 et 8 juillet, le sujet a été évité : le
président Xi Jinping était là. [...] »
Midi Libre
(Éric Marty)
« En
ce lendemain de commémoration de nos combattants de la liberté, saluons l'un de
nous, mort dans un silence assourdissant en Chine. Prix Nobel de la paix en
2010, Liu Xiabo s'est éteint malade jeudi, dans les geôles à peine entrouvertes
de son pays. Amoureux de liberté de conscience et de la démocratie, il était la
figure de proue de Tian'anmen. La communauté internationale, qui s'émeut avec
véhémence contre Pékin, demande la libération de sa femme, la poétesse Liu Xia,
en résidence surveillée par un régime qui ne tolère pas que l'on pense par
soi-même ni qu'on ose revendiquer des élections libres. L'atelier du monde
goûte peu qu'on l'empêche de commercer, d'exploiter et de polluer en paix.
Décrété essentiel pour nos économies obnubilées par la rentabilité des marges,
le régime chinois peut dormir sur ses deux oreilles, les leviers qu'il détient
empêchent tout boycott mondial de protestation. »
La République des Pyrénées
(Jean-Marcel Bouguereau)
« [...]
Emmanuel Macron semblait s'être inspiré de Barack Obama. Eh bien non !
Certes, lui aussi utilise les réseaux sociaux pour apparaître cool et moderne. Comme dans cette
vidéo largement diffusée de Macron au standard de l'Élysée, souhaitant un bon anniversaire à son interlocuteur
et, du coup, lui expliquant que l'augmentation de la CSG de 1,7 point ce n'est pas la mer à boire !
Mais Obama, lui, faisait des points de presse réguliers et, de plus,
disposait d'un porte-parole. On ne peut pas réclamer de la transparence dans la
loi de moralisation de la vie politique et l'interdire dans le fonctionnement
élyséen. Mais je vous parie que ça ne va pas durer longtemps, car ce
verrouillage va finir par se retourner contre Macron. »
Le Télégramme
(Christine Clerc)
« [...]
On ne devrait donc pas s'étonner de voir Philippe quasi absent des écrans
le 14 Juillet, sauf pour déclarer à une télé : le président de la République a dit, le
président, chef des Armées, tiendra... D'ailleurs, l'ancien maire du Havre,
jugé traître à son parti LR,
n'est-il pas un homme seul ? Sa surprenante popularité n'est-elle pas très
fragile ? En acceptant d'être désavoué le surlendemain même d'un discours,
relu par l'Élysée, où il annonçait, pour cause de déficits, le report de
promesses comme la suppression de la taxe d'habitation, ce juppéiste n'a-t-il
pas montré une certaine... souplesse d'échine ? Seulement voilà :
alors que ses électeurs socialistes commencent à douter, Macron ne peut se
permettre de décevoir, en même temps,
ceux de droite et du centre. Pour garder son équilibre, il ne lui suffit pas de
jouer les pères de la patrie et
de nous étonner en caressant le dos de Trump. Il devrait se garder d'humilier
son Premier ministre. »--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Peut être
pire pour les militaires entraînes à obéir plus que d'autres sans faillir !
Un en 2007 excité devant tout faire et avaler tout soit disant qui n’a été qu’un pétard mouillé qui a fait pschitt et un autre en 2012 super mou président dit normal n’arrivant pas à prendre des décisions fermes, soit deux quinquennat médiocres qui ont pousser les français à vouloir le changement radical que ce soit des dirigeants et des partis politiques et leurs politiciens médiocres !
Et cette fermeté semblant ce faire jour par le président qui veut marquer son autorité sur le gouvernement et ses ministres mais aussi sur les hauts fonctionnaires qui se lâcheraient en terme de protestations trop appuyées ou indiscipline pour certains !
Bien sûr cela ne peut déplaire qu’à ceux, aux caractères frondeurs qui se croient tout permis protégés indirectement par leurs fonctions même importantes pour certains, car ils vont apprendre qu’il y a des limites à ne pas dépasser !
En ce qui concerne, pour les français lambda en général, il faudra faire avec, ils l’ont élu, et un peu plus de discipline et de garde-fou devient nécessaire à tous les niveaux de notre société !
Jdeclef 15/07/2017 13h17
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