Jeanne Moreau, une carrière riche de plus
de 130 films
VIDÉOS. La comédienne a été retrouvée sans vie ce lundi, à
son domicile parisien. Au cours de sa carrière, elle a tourné avec les plus
grands réalisateurs.
Née le 23 janvier 1928 à Paris d'un père restaurateur et d'une mère danseuse anglaise, l'inoubliable interprète de « Tourbillon » dans Jules et Jim, de François Truffaut, a tourné dans plus de 130 films. L'actrice qui a fasciné Welles (Une histoire immortelle), Bunuel (Journal d'une femme de chambre), Antonioni (La Notte) ou Losey (Eva), avait reçu en 1992 le césar de la meilleure actrice pour La Vieille qui marchait dans la mer, un film réalisé par Laurent Heynemann. Lauréate du prix d'interprétation féminine 1960 à Cannes (pour Moderato Cantabile de Peter Brook), elle fut la seule comédienne à avoir présidé deux fois le jury de ce Festival (en 1975 et 1995). Elle y a aussi été plusieurs fois maîtresse de cérémonie.
« Plus le temps passe, plus ma peau
devient fine »
Elle
a été toute jeune pensionnaire de la Comédie-Française, a joué avec Gérard
Philipe Le Cid au Festival
d'Avignon, a enregistré plusieurs albums de chansons, dont « Le
Tourbillon », chanson culte du film de François Truffaut Jules et Jim qu'elle avait chantée
aux côtés de Vanessa Paradis à Cannes en 1995, réalisé deux longs métrages et
tourné pour la télévision, dirigée notamment par Josée Dayan. À la veille de
ses 80 ans, elle reconnaissait avoir vécu dans son métier des moments
de passion qu'elle n'avait pas vécus dans sa vie. « On dit toujours qu'en
vieillissant les gens deviennent plus renfermés sur eux-mêmes, plus durs. Moi,
plus le temps passe, plus ma peau devient fine, fine... Je ressens tout, je
vois tout », notait-elle avec son phrasé inimitable.Un antagonisme profond la sépare de son père, « un homme élevé par des parents du XIXe siècle » qui supportait mal que sa femme lui échappe. « Ça m'a rendue enragée de voir comment une femme pouvait se laisser malmener », confiait-elle. Son goût pour la lecture lui vient de son oncle, « un homme extraverti » qui lui donnait des livres, « ce qui était interdit, j'ai toujours lu en cachette », et lui payait des cours de danse. « J'ai découvert la sexualité sur le tard, à travers les livres et parce qu'on a vécu dans un hôtel de passe à Montmartre » à Paris, s'amusait cette grande séductrice.
Ambassadrice
du cinéma français
À 19 ans,
après le Conservatoire, elle fait ses débuts à la Comédie-Française qui
représente pour elle « la discipline, l'exactitude ». « Cela me
convenait. J'aimais l'école puisque mon père ne tenait pas à ce que je fasse de
longues études et qu'il m'imaginait fonctionnaire ou épouse d'un
restaurateur ». Sa rencontre avec Louis Malle pour Ascenseur pour l'échafaud en 1957 est déterminante. Un
an plus tard, Les Amants (Lion
d'Or à Venise) a été « un cadeau de rupture ». « Je suis
toujours partie la première, je n'aime pas être abandonnée », disait-elle.
En plein chagrin d'amour, elle fait la connaissance de Marguerite Duras,
Margaux comme elle l'appelle. « Comme j'étais devenue une star, que je
pouvais imposer le sujet, le metteur en scène, l'acteur, je me suis dit : je vais rencontrer cette femme. Je
lui ai écrit, elle m'a reçue. » Duras la dirigera dans Nathalie Granger (1973).Au fil des ans, elle travaille avec les plus grands réalisateurs et collectionne les films phares de la Nouvelle Vague. « Tourner, c'est entrer dans leur univers, c'est la meilleure façon pour pouvoir incarner leurs fantasmes et, grâce à eux, j'ai une famille incroyable de femmes qui sont en moi et m'accompagnent », disait-elle. En 1962, Jules et Jim inaugure sa collaboration avec François Truffaut. « On m'a prêté beaucoup d'aventures amoureuses avec des metteurs en scène. Je n'en ai pas eu 36. Avec François, ça n'a jamais abouti, justement à cause de son amour des femmes, je ne voulais pas être une parmi tant d'autres », racontait cette femme mariée deux fois, et mère d'un fils, Jérôme.
Pour La Vieille qui marchait dans la mer, elle a reçu en 1992 le césar de la meilleure actrice et « Jeanne la Française », comme on l'appelle à l'étranger, est devenue les années suivantes une sorte d'ambassadrice du cinéma français. Elle a reçu en 1998, des mains de Sharon Stone, un oscar d'honneur pour l'ensemble de sa carrière, et, dix ans plus tard, un Super César d'honneur lors des César 2008. Jeanne Moreau se disait « mystique et frivole », capable de s'angoisser pour le drame du Darfour mais aussi d'aimer l'élégance et les belles choses. Elle aimait comparer la vie à un jardin, « un jardin en friche qu'on nous donne à la naissance » et qu'il faut « laisser beau au moment de quitter la terre ».
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Une grande et belle actrice s'en va, qui a marqué, ce qu'il y avait de mieux dans le cinéma français de cette génération de grands comédiens français qui restera dans nos mémoires !
Jdeclef 31/07/2017 13h09
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire