jeudi 4 juillet 2019

Extraordinaire la carrière de cette femme de pouvoir rigide mais professionnelle !


BCE : Christine Lagarde, woman of power !

Végétarienne, sportive, féministe, médiatique, la nouvelle patronne de la BCE succède à l'hermétique et expert Mario Draghi. Une rupture de style.


Chaque parole prononcée par Mario Draghi pendant la crise monétaire pesait des milliards d'euros en Bourse. Christine Lagarde, qui lui succédera en octobre, est beaucoup plus diserte que l'Italien et présente un visage mille fois plus glamour de l'institution. La BCE a forgé durablement sa politique monétaire grâce à Draghi ; avec Lagarde, elle s'offre une communication et un visage avenant. Bien sûr, certains tiquent. « C'est une avocate, elle n'a pas une connaissance parfaite de la finance pure », entend-on à Bruxelles. Les mêmes critiques que lors de son passage à Bercy, où l'on disait qu'elle n'était « pas économiste »... « Draghi était un patron irremplaçable, elle sera une très bonne animatrice d'équipe », prédisent certains. Beaucoup spéculent sur le choix de son numéro deux, qui, lui, saura la conseiller pour les choix les plus techniques.
Christine Lagarde, 63 ans, pourrait s'agacer de ce genre de critiques, légèrement sexistes, si elle n'en avait pas l'habitude depuis ses débuts. Lorsqu'elle se présente pour son premier entretien d'embauche dans un grand cabinet français spécialisé en droit des affaires, elle « ose » demander si un jour elle pourra accéder au statut d'associé. La réponse est cinglante : « C'est exclu, vous êtes une femme. Oubliez. » Après la mort prématurée de son père, Robert, professeur d'anglais à l'université, et une fois son bac en poche, elle qui ne savait pas très bien parler l'anglais décide de partir étudier aux États-Unis. Un voyage qu'elle décrit elle-même comme la recherche psychanalytique du père... C'est ce qui lui permettra d'y revenir pour touver son premier emploi au cabinet Baker & McKenzie, dont l'associée-gérante à Paris était une femme. La perspective était moins bouchée qu'en France... En 1999, elle en prend la tête, à Chicago, une pionnière à ce niveau.

Elle a raté deux fois le concours d'entrée à l'ENA

Aux États-Unis, il n'y a pas de congé maternité. Lors de la naissance de son premier fils, elle prolonge son activité professionnelle jusqu'à deux jours de l'accouchement. « Je continuais à allaiter lorsque j'ai repris mon activité », confiait-elle dans un entretien accordé à Elle, en mars dernier. Pour le second enfant, c'est encore plus rocambolesque : alors que l'accouchement est imminent, elle assure sa présence lors d'un conseil d'administration tandis qu'en bas de l'immeuble une ambulance attend au cas où... Christine Lagarde, née Lalouette, divorcée de Wilfried Lagarde, élève ses deux fils et accepte l'idée qu'ils ne poursuivent pas forcément le parcours des grandes écoles dans une famille par ailleurs bardée de diplômes. L'un de ses enfants choisit la voie de l'apprentissage des métiers de la restauration et possède désormais son propre restaurant, La Maison des protéines ; le second devient architecte. Elle-même a raté deux fois le concours d'entrée à l'ENA et n'en fait pas une fixation... On peut donc réussir au plus haut niveau sans passer par la grande école de l'administration française. Voilà qui devrait faire réfléchir nos élites...
Christine Lagarde est une ascète : végétarienne depuis plus de quatre décennies, vous ne la surprendrez jamais devant un gigot d'agneau. Si vous devez l'inviter à dîner, privilégiez plutôt les soupes de légumes. Levée à 5 heures du matin, elle s'astreint à la pratique de la natation, un sport dans lequel elle a brillé durant son adolescence au Havre en décrochant, en natation synchronisée, une place sur le podium du Championnat de France 1971. Sur le vélo d'appartement, tandis qu'elle pédale, elle peut lire ses dossiers. Dans les ascenseurs ou lors des longues stations assises, elle travaille ses fessiers en contractant ses muscles. « Si on me demande ce qui m'arrive, je dis que je prépare mon corps au ski », glisse-t-elle, avec humour, dans un entretien au Parisien paru en 2017.

Christine Lagarde bascule peu à peu dans le camp sarkozyste

C'est Jean-Pierre Raffarin qui, le premier, remarque ce talent. Il en parle à Jacques Chirac. Un premier contact pour entrer au gouvernement Raffarin en 2004 n'aboutit pas... En mai 2005, Christine Lagarde vit donc à Chicago quand, à 5 heures du matin, à l'heure où elle se lève, son secrétariat parisien l'informe que Thierry Breton cherche à la joindre. La formation d'un nouveau gouvernement est en cours. Elle comprend que quelque chose va lui être proposé... Puis c'est Dominique de Villepin, pressenti comme Premier ministre, qui la joint et lui propose son premier maroquin ministériel : déléguée au Commerce extérieur. Elle demande à réfléchir. Villepin la coupe : « Vous avez le temps que vous voulez, mais je ne raccrocherai pas avant d'avoir votre réponse. » Christine Lagarde se jette à l'eau et ne résiste pas à « Villepin l'irrésistible ». C'est un souvenir qu'elle a raconté au magazine Challenge en mars 2008. L'avocate qui dirige un cabinet pesant alors 1,4 milliard de dollars entre, dans l'anonymat, au 24e rang protocolaire du gouvernement Villepin... Son franc-parler provoque aussitôt un accroc quand elle déclare, deux jours après sa prise de fonction, que le Code du travail français est « compliqué » et « constitue un frein à l'embauche ». Villepin la reprend. Les nombreuses tentatives de réforme de ce fameux code entreprises depuis 2005 donnent plutôt raison à cette diplômée en droit social, mais il n'est pas dit que le Code du travail ait beaucoup gagné en simplicité...
La fin de l'ère Chirac approche et Christine Lagarde bascule peu à peu dans le camp sarkozyste. Pour lui, elle organise à chacun de ses voyages officiels des réunions de campagne avec les Français de l'étranger. Après la victoire de Sarkozy, le président ne l'oublie pas et lui offre le portefeuille de l'Agriculture et de la Pêche. Cela n'a pas grand-chose à voir avec les compétences de Christine Lagarde... Ce n'est qu'un intérim entre mai et juin 2007, le temps d'organiser les législatives. Dès le 19 juin, elle succède à Jean-Louis Borloo à Bercy, lui-même reprenant le portefeuille de l'Environnement laissé vaquant par Alain Juppé, défait aux législatives... Là encore, c'est la première femme à se voir confier les cordons de la bourse. Elle défend aujourd'hui avec ardeur le « gender budgeting », ces politiques économiques qui choisissent de confier aux femmes les manettes dans ce domaine. Elle cite volontiers une étude du FMI qui démontre que seulement 2 % des banques du monde ont une femme à leur tête.
À Bercy, elle n'a pas toujours un rôle facile puisqu'il lui revient d'expliquer aux partenaires européens que la France ne respectera pas les règles budgétaires européennes. L'objectif des 3 % a été repoussé à la fin du mandat. Et, même à la fin du mandat, en 2012, le déficit du gouvernement Fillon est encore très au-dessus (4,8 % avec une dette à 90,2 % du PIB, selon l'INSEE). Au sein de l'Eurogroupe, le charme de Christine Lagarde est insuffisant à restaurer le crédit de la France au moment où les autres États européens accomplissent des efforts sans précédent pour revenir dans les clous...

Plongée au cœur de la crise grecque

Et puis arrive la pénible affaire de l'arbitrage dans le dossier Tapie contre Crédit lyonnais. La suspicion de fraude qui entoure cette procédure la rattrape. Une instruction est lancée. En tant que ministre, elle ne peut comparaître que devant la Cour de justice de la République. Au départ, il est question de « complicité de détournement de fonds publics ». Mais, après l'instruction, il n'est plus question que de « négligence ayant permis un détournement de fonds publics commis par un particulier ». L'avocat général, Jean-Claude Marin, a défendu le non-lieu en faveur de Christine Lagarde et a requis la relaxe. Christine Lagarde est déjà au FMI quand le procès a lieu. Elle pose alors une semaine de congé pour y assister en décembre 2016. L'ancienne ministre a bien été reconnue coupable de « négligence », mais la cour l'a dispensée de peine et n'inscrit pas cette condamnation au casier judiciaire. Ce qui lui est reproché n'est pas d'avoir avalisé la procédure d'arbitrage mais de ne pas avoir constesté la sentence qui accordait 403 millions d'euros à Bernard Tapie et 45 millions d'euros au titre du « préjudice moral ». Auditions et perquisitions à son domicile – comme à celui de son compagnon, Xavier Giocanti – ne l'ont pas déstabilisée plus que cela dans son travail au FMI, dont elle a conservé le soutien tout au long de la procédure.
À Bercy, en pleine tourmente financière, elle a pu se frotter à la finance internationale et c'est sur la base de cette expérience que Nicolas Sarkozy soutient sa candidature au FMI en mai 2011. Le symbole est fort une fois de plus : la France vient de subir une humiliation mondiale avec l'affaire DSK. Le fait de remplacer Dominique Strauss-Kahn par Christine Lagarde est aussi une manière d'éloigner du FMI une affaire sulfureuse en matière de mœurs...
La Française se retrouve plongée au cœur de la crise grecque. Le plan de redressement très dur de la troïka (BCE, Commission, FMI) laisse des traces dans l'opinion grecque désormais hostile à l'Europe. Mais, à Bruxelles, c'est l'intransigeance du FMI, en plus de celle des Allemands, qui est pointée du doigt... Pourtant, en août 2011, Christine Lagarde est la première à appeler les États à ne pas tuer la croissance en réduisant trop rapidement la dette. Un tournant. Le FMI prône une économie tournée vers la croissance. C'est peut-être ce type de discours qui a convaincu Emmanuel Macron de défendre son nom pour la BCE au moment où la France, avec 100 % de dettes et un déficit flirtant avec les 3 %, aura besoin que la BCE reste souple et dans les pas de la politique de Draghi.
Beaucoup ont plaidé la cause de Christine Lagarde autour du chef de l'État qui voulait absolument éviter le candidat allemand, Jens Weidmann, à ce poste. Le nom de Lagarde était déjà dans les tuyaux depuis quelque temps. Elle-même a consulté le comité d'éthique du FMI avant les annonces de sa nomination pour huit ans à ce poste inamovible. Son mandat au FMI courait jusqu'en 2021. Elle le rompt avant terme. Pour féminiser la hiérarchie de la BCE  ? Au magazine Elle, elle confiait : « On peut être monumentalement heureux, à tout point de vue, mentalement, physiquement, sexuellement, à 50 ans et bien au-delà. » Christine Lagarde, une power woman comblée par quatre mentors politiques : Raffarin, Villepin, Sarkozy et Macron.
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Qu'on l'aime ou pas cette femme à une compétence que l'on peut difficilement lui contester et être la tête de la BCE est somme toute logique après le FMI, car c'est un poste stratégique et elle si connait en termes de finances internationales !

Mais les pays composant l'U.E. de la zone euro ont dû soucis à se faire en terme de rigueur, car ce sera une dame de fer plus retors que même A.MERKEL qui elle est en fin de course !

Et il ne faut pas croire comme E. MACRON semble le penser qu'elle favorisera plus la France particulièrement !

Jdeclef 04/07/2019 08h35LP

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