mercredi 10 juillet 2019

Pourquoi avoir-t-on attendu si longtemps pour dénoncer soi-disant l’effet placebo de ses médicaments !?

Homéopathie : « Pourquoi rembourserait-on une pratique magique ? »

ENTRETIEN. L'homéopathie ne sera plus remboursée par la Sécurité sociale à partir de 2021. Le Dr Fraslin démonte les arguments des pro-granules.


Il est l'un des plus virulents adversaires de l'homéopathie. Médecin généraliste dans la banlieue nantaise, Jean-Jacques Fraslin a été parmi les premiers signataires de la tribune qui, en mars 2018, sonnait la charge contre les «  médecines alternatives  » et appelait notamment à dérembourser les granules. Cofondateur du collectif No Fake Med créé à cette occasion, utilisateur frénétique de Twitter, il s'est récemment offert le luxe d'un procès en diffamation intenté par le président de la Fédération française des sociétés d'homéopathie, Daniel Scimeca, qu'il avait publiquement accusé de «  charlatanisme  ». Alors que le ministère de la santé a annoncé un déremboursement de l'homéopathie à partir de 2021, Jean-Jacques Fraslin répond aux arguments des pro-granules.
Le Point : Selon l'Assurance maladie, les traitements homéopathiques n'ont représenté en 2018 que 126,8 millions d'euros, sur un total de 20 milliards pour l'ensemble des médicaments remboursés. Pourquoi faire du déremboursement un tel enjeu ?



Jean-Jacques Fraslin : En réalité, on ne sait pas exactement combien coûte l'homéopathie : la Sécurité sociale rembourse aujourd'hui les granules à hauteur de 30 %. Mais un chiffrage précis devrait prendre en compte le remboursement des consultations et la prise en charge des complémentaires santé. Gardons cependant le chiffre de 126 millions. Suffit-il à justifier que l'on continue de rembourser un produit dont on sait qu'il ne contient aucun principe actif ? Faut-il demander à l'ensemble du système de financer ce qui est de l'ordre de la pure croyance, de la pratique magique ? Ce serait d'autant plus choquant que le remboursement contribue, en retour, à asseoir la légitimité de l'homéopathie dans l'esprit des patients : ils ne peuvent pas imaginer que l'Assurance maladie prenne en charge un produit dont l'efficacité n'est pas prouvée. Cela a même longtemps été le premier argument des homéopathes eux-mêmes : si les granules ne servaient à rien, elles ne seraient pas remboursées ! Rappelons au passage qu'elles ne le sont que depuis 1984, sur décision de la ministre de la Santé Georgina Dufoix. Et que l'homéopathie n'est entrée dans l'enseignement universitaire qu'en 1994, ce qui lui donne également du poids – comme le fait que le Conseil de l'ordre des médecins reconnaisse des généralistes homéopathes, ou que l'Union européenne accorde aux produits homéopathiques le statut de médicament. Ailleurs, pourtant, les choses se passent autrement.
C'est-à-dire ?
Au Québec, par exemple, un généraliste qui prescrit de l'homéopathie commet une faute grave, et peut être traduit devant le Collège des médecins, l'équivalent du Conseil de l'ordre. La ministre de la Santé espagnole María Luisa Carcedo a lancé récemment un grand plan de lutte contre les pseudo-sciences, et milite aujourd'hui auprès de ses collègues européens pour retirer aux granules le statut de médicament. Elle est encore bien seule, malheureusement.

 «  Si l'homéopathie était efficace, nous devrions jeter aux orties tout ce que nous savons de la chimie et de la physique  »

Certaines études citées en exemple prouveraient l'efficacité de l'homéopathie, comme celle du médecin David Reilly, en 1994, sur l'asthme allergique.
Il n'en existe pas qui soit probante. En 2014, le Conseil national australien de la recherche en santé et en médecine (NHMRC) a fait reprendre par un collège de spécialistes chacune des études existantes. La conclusion a été sans appel : aucune étude de qualité, menée dans les règles de l'art et avec suffisamment de participants, n'a pu démontrer un effet supérieur à l'effet placebo. La Haute Autorité de santé vient de mener la même enquête, avec le même résultat. Ce qui est logique : si l'homéopathie était efficace, nous devrions jeter aux orties tout ce que nous savons de la chimie et de la physique. Elle a été imaginée au XVIIIe siècle, alors que la science était encore très balbutiante. Son concepteur, Samuel Hahnemann, en a édicté arbitrairement les principes, tel Moïse brandissant les tables de la Loi. Personne n'a pu leur donner le moindre fondement scientifique. Prenez le principe de la haute dilution : une goutte de la substance de base est diluée dans 99 gouttes de solvant pour donner la première «  centésimale hahnemannienne  » (1CH). Qui est elle-même diluée pour donner 2 CH, et ainsi de suite. Jusqu'à arriver à une goutte sans plus aucun principe actif, qui imprégnera la bille de sucre. Le résultat est que toutes les granules ont exactement la même composition chimique : 75 % de lactose, 25 % de saccharose. Évidemment, on peut en consommer sans risque – comme on ferait d'une hostie.
Homéopathie : l'effet placebo en question

Mais comment comprendre alors que l'homéopathie soit pratiquée depuis plus de 200 ans, et que tant de patients en ressentent les bénéfices ? Par le seul effet placebo ?
Par l'effet placebo et par l'effet contextuel, qui est plus efficace encore. Certains médecins homéopathes facturent la consultation jusqu'à 115 euros, dont 23 seulement sont remboursés par la Sécurité sociale, et l'on sort immanquablement du cabinet avec une prescription de cinq ou dix tubes différents. Lorsqu'on a pratiqué la chose pendant des années et plusieurs fois par an, il devient très difficile d'admettre que l'on s'est trompé...
Ses défenseurs assurent pourtant que l'homéopathie est également efficace sur les animaux.
Il se trouve que l'effet placebo fonctionne aussi sur les animaux ! Moins que sur les hommes, évidemment. Mais un animal de compagnie ou d'élevage est sensible au comportement de son maître, au climat de confiance ou d'angoisse qu'il instaure, aux soins dont il est l'objet. Sans compter que bien des propriétaires vont crier au miracle homéopathique alors qu'une maladie virale, par exemple, aura disparu d'elle-même...

«  Il y a beaucoup moins d'adeptes de l'homéopathie chez les ouvrières  »

Dans leur Livre blanc, les homéopathes insistent sur le risque de voir les patients s'en remettre à la médecine conventionnelle, dans un pays qui souffre déjà d'une surconsommation de médicaments et alors que l'antibiorésistance est un enjeu majeur de santé publique.
Il faut d'abord rappeler qu'il y a une spécificité franco-française dans la surconsommation d'antibiotiques, comme d'ailleurs d'antidépresseurs. C'est un problème, c'est certain : il faut que les médecins apprennent à moins prescrire et à résister aux patients qui réclament à toute force une ordonnance. Mais cela n'a rien à voir avec l'homéopathie : dans les nombreux pays où elle n'est pas ou plus remboursée, on ne constate pas de surconsommation de médicaments. Au contraire ! Une étude allemande, menée sur 44 000 personnes, a montré que les pro-homéopathie coûtaient environ 20 % plus cher à la sécurité sociale que les autres patients. Et une étude espagnole, qu'ils allaient davantage aux urgences. Cette même étude montre également que les personnes souffrant d'un cancer sont plus nombreuses à renoncer à la radiothérapie et à la chimiothérapie lorsqu'elles sont adeptes de l'homéopathie.
Les consommateurs d'homéopathie vantent cependant les mérites d'une médecine individualisée et «  holistique  », c'est-à-dire qui appréhende la personne de façon globale et qui, pour cela, prend son temps.
Il faut dire qu'à 115 euros la consultation comme le demandent certains homéopathes, on peut se permettre de consacrer une heure entière à un patient ! Ce qui explique, d'ailleurs, qu'il s'agisse globalement une médecine de privilégiés. On sait ainsi que le consommateur-type est une consommatrice, urbaine, de classe sociale très aisée, mère d'un ou plusieurs enfants. Il y a beaucoup moins d'adeptes chez les ouvrières, par exemple.
Ce type de traitement ne répond-il pas tout de même à une envie de thérapies alternatives, naturelles, à une époque où la chimie inquiète et où le public redoute de nouveaux scandales sanitaires ?
Sans aucun doute. L'homéopathie tire par exemple bénéfice d'être confondue avec la phytothérapie, la médecine par les plantes. Le public ne connaît pas toujours le principe de haute dilution et ne sait pas que, dans les substances de base, on trouve aussi du zinc, du mercure, du carbonate de magnésium... ou des choses plus étranges. Le luesinum, par exemple, emploie des prélèvements effectués sur des chancres syphilitiques primitifs. Et l'oscillococcinum, des foies et des cœurs de canards de Barbarie décomposés. Je dois dire que, dans ce second cas, j'ai du mal à saisir le «  principe de similitude  ». Ce principe veut que l'on administre à dose infinitésimale un produit qui, à forte dose, provoquerait le symptôme que l'on cherche à combattre. Mais quel rapport entre des abats de canards pourris et des symptômes grippaux ?
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Pour protéger les revenus ou bénéfices du laboratoire BOIRON principal fabricant ?!

Mais on vient surtout de devenir une société de nombreux donneurs de leçons divers en créant indirectement des inquiétudes, voire psychose envers les français lambda en troublant leur simple bon sens !

Pour diverses raisons dont les lobbys commerciaux dans tous les domaines de consommations ou utilisations diverses de produits voire de nos comportements dans notre vie quotidienne jusqu’à ce que les français ne sachent plus où donner de la tête !

Il n’y a qu’à ouvrir le matin sa télévision/radio ou son média favori avec publicité invasive et très nombreuses ou rubriques diverses avec chroniqueurs conseillant quoi que ce soit pour notre santé notre façon de vivre de se nourrir et distillant des conseils avisés de spécialistes divers médecins et autres sur n’importe quel sujet (sans oublier les réseaux sociaux poubelles bien sûr !)

Le plus bel exemple étant le bio qui n’est pas une mauvaise chose sur le fond mais qui se disperse à tout va maintenant sans garantie, qu’on s’y perd sur n’importe quel produit et dans cette gabegie de bons conseils, l’état n’est pas en reste, car lui aussi en met une bonne couche, car il y retrouve son compte et donne l’impression de bien s’occuper du peuple lambda (seulement c’est de la politique politicienne...)

Résultat çà effraie les plus faibles de nos concitoyens qui croient à tout et c’est souvent surtout une histoire de gros sous !

Ah oui et n’oublions pas l’écologie débridée qui donne bonne conscience à certains politiciens élus pour obtenir des ministères fumeux dont ils font un mauvais usage !

En fait si l’on réfléchit un peu avec bon sens le fameux principe de précaution pervers est en train de nous revenir dans la figure et n’empêche rien, car déjà dame nature et progrès trop rapides nous remet souvent les pieds sur terre par exemple ?!

Jdeclef 10/07/2019 11h41 LP

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